Publius Helvius Pertinax (latin :Imperator Cæsar Publius Helvius Pertinax[1] Augustus), né le àAlba Pompeia[2],Ligurie, ou possiblement àPeille[3], actuellement enFrance, et mort le, est unempereur romain, qui régna dejanvier àmars193. S'il ne put réellement affirmer une politique particulière durant soncourt règne, il passe à la postérité comme un empereur favorable auSénat et représentant des anciennes vertus romaines.
Sa carrière avant de devenir empereur est principalement connue par l'Histoire Auguste[4], complétée par lelivreII d'Hérodien[5] et l’Épitomé de Cæsaribus d'Aurelius Victor[6]. Sa biographie dans l’Histoire Auguste, ouvrage anonyme inégalement fiable, s'inspire sans doute de l'œuvre perdue deMarius Maximus et la qualité de son information est confirmée en partie par une inscription deCologne[7].
Né dans la ville d'Alba Pompeia d'un pèreaffranchi, Helvius Successus, enrichi dans la manufacture et le commerce de laine, il commença sa carrière commegrammaticus (professeur degrammaire), puis, désireux de changer de métier et avec le soutien de son patron, il devient officier[8] dans unecohorte enSyrie vers160. Se distinguant dans laguerre parthique qui suivit de163 à166, il est promu plusieurs fois, sert enBretagne (actuelleGrande-Bretagne) vers 166 puis le long duDanube vers167, dirige laflotte du Rhin vers168 et devintprocurateur des fondations alimentaires enItalie avant de recevoir un autre poste de procurateur enDacie en169.
Victime d'intrigues de cour — selon l'Histoire Auguste — durant le règne deMarc Aurèle, il est rapidement rappelé pour aiderClaudius Pompeianus dans les guerres germaniques, notamment après l'invasion de l'Italie du Nord par lesQuades. Grâce à ses compétences et au patronage de Pompeianus, il entre auSénat vers170 et se voit confier des légions dans les guerres danubiennes. Selon laChronique d'Eusèbe de Césarée c'est en sa présence qu'aurait eu lieu le « miracle de la pluie » où une armée romaine encerclée fut providentiellement sauvée par un orage. En175 il fut nomméconsul suffect. Il participe alors à la répression de la révolte d'Avidius Cassius ce qui le conduit dans la province deSyrie en (175). Il est ensuite nommé gouverneur deMésie — supérieure (vers176-177) et inférieure (vers 177-178) —, des troisDacies (178-179), puis de Syrie (179).
Pertinax fait partie du groupe des « Amis du prince », composé des gendres et des proches collaborateurs de Marc Aurèle. Marc Aurèle sur son lit de mort (en180) leur recommande de veiller et de conseiller le jeune empereurCommode. Peu survivront aux purges politiques imposées par Commode[9]. Durant lesannées 180, il épouseFlavia Titiana, fille du sénateurFlavius Sulpicianus, qui lui donne un fils, également nommé Publius Helvius Pertinax Junior, consulsuffect en aux côtés de Quinctus Macer, et une fille, Helvia. Après la conjuration deLucilla, Perennis le force à se retirer de la vie publique. Pertinax reprend alors les activités de son père enLigurie.
Trois ans plus tard, après la mort de Perennis, il est rappelé pour éviter une mutinerie militaire en Bretagne. Il y acquiert une réputation de stricte obéissance à la discipline. En187 il doit quitter la province, officiellement à cause du ressentiment au sein des troupes face à cette discipline.
La fin du règne de Commode le voit parvenir aux plus hautes distinctions. Il estproconsul de la prestigieuse province d'Afrique vers188-189. Il estpréfet de la Ville, c'est-à-dire de Rome, de190 à192. Début 192,Commode le prend comme collègue pour le consulat. Lorsque Commode est assassiné le, et sans que son implication dans ce meurtre soit certaine, il apparaît comme l'homme de la situation : les conspirateursLætus,préfet du prétoire, et Eclectus lui offrent l'empire le jour même de l'assassinat. LeSénat le porte au pouvoir le[10].
Devenu empereur, il dépense dans un premier temps beaucoup pour obtenir l'appui des prétoriens, puis il tente de restreindre le train de vie officiel, en vendant des biens acquis par Commode. Surtout il impose aux soldats une stricte discipline, comme il l'a toujours fait. La garde prétorienne est déçue du faibledonativum qui lui fut accordé et tente de le remplacer parFalco, mais la tentative échoue.
Pour soutenir l'activité économique, il semble avoir repris une disposition légale d'Hadrien, en autorisant l'occupation des terres en friche, en toute propriété et avec une exonération fiscale de dix ans, sous condition de les cultiver. De plus, il supprime les péages imposés par Commode[11].
Le, un groupe de soldats, furieux de n'avoir reçu que la moitié de leur paye, fait irruption dans le palais et tue Pertinax.Didius Julianus prend le pouvoir, ce qui déclenche une guerre civile pour la succession, finalement remportée parSeptime Sévère. Dès son arrivée à Rome, Septime Sévère fait exécuter les soldats meurtriers de Pertinax, et lui organise des funérailles d'État pour sonapothéose. Il célèbre également plusieurs années de suite desjeux pour l'anniversaire de sa naissance et de son couronnement. Plus tard, Septime Sévère prit même le surnom de Pertinax[12].
Compte tenu de la brièveté de son règne, lesmonnaies à l'effigie de Pertinax sont rares et ne proviennent que de l'atelier monétaire de Rome[13]. Elles présentent de fins portraits de l'empereur barbu et frisé. Les thèmes sont classiques : l'Abondance, l'Équité, la Providence, les Libéralités (distributions de nourriture) offertes par l'empereur. Plusieurs monnaies furent frappées après sa mort pour marquer sonapothéose[14].
L'écrivain duXVIIIe siècleNicolas Edme Restif de La Bretonne s'est amusé à écrire une généalogie fantaisiste, incluse dansMonsieur Nicolas, prétendant que sa famille descendait de cet empereur et expliquant quepertinax se traduit en français par « rétif », « entêté », « têtu »[15],[16] ;
↑Hérodien, traduction de Denis Roques,Histoire des empereurs romains de Marc-Aurèle à Gordien III, Les Belles Lettres, Collection la Roue à livres, Paris, 1990(ISBN2251339035),livreII.