Percy Bysshe Shelley (prononcé :/ˈpɜːsibɪʃˈʃɛli/[3]) est unpoèteromantiquebritannique, né le près deHorsham (Sussex) et mort le en mer au large deViareggio (Toscane)[4]. Connu pour ses œuvres poétiques, sa passion pour les idéaux révolutionnaires et sa critique sociale, Shelley est considéré comme l'un des plus grands poètes romantiques anglais. Époux de la romancièreMary Wollstonecraft Godwin, il laisse une empreinte durable sur la poésie romantique et la littérature.
Percy Bysshe Shelley[5] est l'un des plus grands poètesromantiques britanniques. Si les anthologies reprennent surtoutOzymandias,Ode to the West Wind,To a Skylark etThe Mask of Anarchy, ses œuvres les plus importantes sont de longs poèmes visionnaires tels queAlastor, or The Spirit of Solitude[6],Adonais,Prometheus Unbound, et son poème inachevéThe Triumph of Life.
Sa célébrité est aussi associée à celle de ses contemporainsJohn Keats etLord Byron, qui comme lui moururent encore jeunes, ainsi qu’à la femme qu’il épousa en secondes noces, la romancièreMary Shelley, autrice deFrankenstein, dont il préfaça l’édition de 1818.
En 1858, un membre de l'aristocratie britannique nomméEdward John Trelawny publia un compte rendu de sa vie enItalie avec Shelley etLord Byron, sous le titreRecollections of the Last Days of Shelley and Byron, une ode au génie des deux hommes, mais plus particulièrement de Shelley que, malgré son caractère fantasque, Trelawny ne pouvait s'empêcher d'aimer et d'admirer, alors que le ton du livre est beaucoup plus sévère pour Lord Byron, alors en pleine gloire[11]. En 1876, Trelawny, âgé de84 ans, republia sesRecollections sous le titreRecords of Shelley, Byron and the author[12].
Fils de Sir Timothy Shelley, secondbaronnet de Castle Goring, et d’Elizabeth Pilfold son épouse, il est élevé dans le Sussex auprès de son précepteur, le Révérend Thomas Edwards de Horsham.
Il fait ses premières études au pensionnatSion House deBrentford, un établissement à la discipline sévère, dont il a très tôt à souffrir, puis il est inscrit aucollège d'Eton. À cause de sa santé fragile, de sa beauté efféminée, il est le souffre-douleur de ses camarades. Pour se consoler, il se réfugie dans les études, apprenant à lireLucrèce dans le texte latin, se passionnant pour la chimie et l'occultisme. Cela lui vaut le surnom de « Shelley le fou », ou celui, encore plus venimeux pour l'époque, de « Shelley l’athée ».
Il compose déjà des romans :Zastrozzi (1808), unroman gothique[13], qui se ressent fort de l’influence d'Ann Radcliffe,Saint Irvyne or the Rosicrucian (1810)[14] et des poésies :Wandering Jew, en collaboration avec Thomas Medwin,Original Poetry by Victor and Cazire (1810), en collaboration avec sa cousineHarriet Grove, à laquelle il vouera toute sa vie un amour platonique. Il est maintenant avéré queZastrozzi etSaint Irvyne ont tous deux été inspirés à Shelley par la lecture deZofloya, ou le Maure[15], le roman gothique deCharlotte Dacre.
À Oxford, il se lie d'amitié avecThomas Jefferson Hogg, épicurien mondain, et esprit caustique. Ensemble, ils composent, font imprimer et distribuent une brochure de sept pages intituléeLa Nécessité de l'athéisme ()[16]. Ce pamphlet fait aussitôt scandale, et les deux amis sont convoqués par le rectorat de l'université. Son refus de paraître devant « ces messieurs » provoque son renvoi d'Oxford, et celui de Hogg, le. Le père de Shelley obtient sa réadmission, à la condition qu'il se rétracte. Mais l'impétueux adolescent refuse, ce qui entraîne la rupture avec sa famille. On pense qu'à cette époque, le jeune homme fut membre d'une société secrète à l'université d'Oxford, qu'il continua de fréquenter en cachette malgré son expulsion, pour des réunions clandestines.
Il s’établit à Londres, s’entiche d’une jeune fille, Harriet Westbrook, fille d'un hôtelier enrichi, qu'il épouse à Édimbourg, après un romanesque enlèvement. C'est l'été 1811. Il a 19 ans, elle en a 16.
Shelley invite alors son ami Thomas Hogg à partager son foyer, et même sa femme, selon ses principes de l'amour libre. Comme la jeune femme y trouve à redire, il renonce à cette idée, et emmène Harriet dans leLake District, pour se consacrer à l'écriture. Les relations du jeune couple commencent à s'altérer avec la venue d'Eliza, la sœur aînée d'Harriet.
Au printemps 1814, Shelley se lie d'amitié avec le poèteSouthey et le philosopheGodwin, dont il courtise une des filles, la blondeMary, âgée de dix-sept ans. En même temps, il se jette tête baissée dans la politique, discourt dans des réunions et prône un mode de vie naturel et libertaire, qui le fait devenir végétarien pour des raisons éthiques[17].
Mary Shelley.
Ses écrits révolutionnaires,Declaration of Rights (Dublin, 1812)[18] etThe Devil’s Walk (1812)[19], attirent l’attention des autorités. On l'inscrit sur les listes de suspects, et, pour se soustraire à des poursuites imminentes, il se déplace constamment d’un bout à l’autre du Royaume-Uni, trouvant tout de même le temps de publier lepoème philosophiqueQueen Mab (Londres, 1813), et uneRefutation of Deism, qui prend fait et cause pour l'athéisme (1814, in-8)[20].
Il entreprend un voyage à travers la France, qui le conduit jusqu'en Suisse. À son retour en Angleterre, Harriet est enceinte, ainsi que Mary Godwin. De l'été 1815 à l'été 1816, Shelley s'installe à Bishopgate près de la forêt de Windsor, entouré de ses femmes, bientôt rejointes par la sœur de Mary et Clara Clairmont, la maîtresse de Byron, enceinte elle aussi. Shelley fait alors la rencontre deThomas Peacock, romancier et essayiste. Ce bon vivant, qui lui redonne le goût de la viande, lui fait découvrir les plaisirs ducanotage. Ensemble, ils font de longues promenades en forêt. En réponse à un article de Peacock, Shelley improvise laDéfense de la poésie[21] suivie peu après de son poème allégorique envers blancsAlastor ou l'Esprit de la solitude (1816)[22]. La santé de Shelley connaît sa période la plus florissante, son moral est au zénith, son inspiration s'en ressent : les lettres à Peacock constituent la partie la plus intéressante de sa correspondance.
C'est alors qu'Harriet donne naissance à un fils, Charles Bysshe. La famille de Shelley, furieuse qu'il ait délaissé sa femme et son enfant, rompt toute relation avec lui. Il repart alors pour la Suisse en, avec Mary Godwin et Clara Clairmont.
L'hiver 1816-1817 est marqué par les drames familiaux. Le, Harriet Shelley se noie dans laSerpentine deHyde Park. Soupçonnant un suicide, on procède à une autopsie qui révèle qu'elle était de nouveau enceinte, mais sans doute d'un autre que Shelley. Vingt jours après, le, le poète régularise son union avecMary Godwin dont il avait déjà un fils, William, et dont il aura peu après une fille. Clara Clairmont, maintenant brouillée avec Byron, dont elle avait eu une fille prénomméeAllegra, confie son enfant à la charge de Shelley. Le, le tribunal confie à la sœur du poète les deux enfants laissés par Harriet avec obligation pour Shelley de leur verser une pension annuelle de200 livres pour leur entretien.
C’est au milieu de tous ces embarras qu’il crée le chef-d'œuvre,Laon et Cynthia ou la Révolution dorée renommé plus tard enLa Révolte de l'Islam (Londres, 1818)[23].
Comme il ne peut plus vivre en Grande-Bretagne, il s’établit en Italie en 1818, sans espoir de retour. Il y retrouveLord Byron, auquel il restitue la petite Allegra, se lie avec lui d’une forte amitié, visite les grandes villes :Florence,Naples,Venise,Rome, écrivant beaucoup :The Cenci (1819),tragédie en cinq actes[24] ;Prometheus unbound (Prométhée délivré, 1820), poème sur le thème de la rédemption de l’humanité[25] ;The Ode of the West Wind (L'Ode au vent d'ouest)[26]. Il fait la connaissance de Teresa Viviani, qui lui inspire sonEpipsychidion (1821)[27], d’un mélodieux mysticisme, etAdonais (1821, in-4), inspiré par la mort deJohn Keats[28].
Shelley et son épouse Mary vont louer une villa àLa Spezia. D’une activité intellectuelle intense, Shelley traduitPlaton,Spinoza,Eschyle,Goethe,Calderon. Alors que le poète préfère la solitude, à l'inverse de sa femme, qui aime être entourée, des amis se sont groupés autour du couple. Byron leur fait de fréquentes visites. Parmi les intimes, le lieutenantEdward Williams et sa compagneJane. Celle-ci, qui chante et joue de la guitare, éveille la jalousie de Mary Shelley, en inspirant au poète des vers sur le thème de l'amour. Le lieutenant et Shelley ont un goût commun pour les poètes grecs et latins, la navigation et le tir au pistolet.
L'été 1822, Shelley et son ami Williams construisent un petit voilier,l'Ariel, pour traverser le golfe de Livourne. Ils s'embarquent le accompagnés d'un jeune mousse, Charles Vivian. Le temps est lourd, la mer agitée. Après deux heures de navigation,l'Ariel est submergé par la tempête. Au bout de dix jours, les trois corps seront rejetés sur lagrève. Dans la veste de Shelley, on retrouve un petit volume d'Eschyle et un recueil deJohn Keats.
Les corps sont incinérés à la manière antique sur la plage deViareggio, en présence de Byron et deLeigh Hunt, l'ami de Keats. Le, les cendres du poète sont placées dans lecimetière non catholique de Rome, cimetière où est enterré son fils William, mort en 1819 à l'âge de trois ans (mais l'emplacement de ses restes n'a pu être retrouvé). Quelques semaines plus tard, Trelawny fera déplacer la tombe à un endroit jugé plus approprié du même cimetière[29].
Quelques poèmes, traduction de Paul Baillière, gravures sur bois de Charles Berriat, Paris, Aux dépens d'un amateur, en vente chez Charles Bosse Libraire, 1924(BNF31361955)
Œuvres choisies, I/III. Texte anglais et traduction en vers par Maurice Castelain. Paris, Belles-Lettres. 1929-1931-1935 (3 volumes)
Défense de la poésie, Traduction de Franck Lemonde, Éditions Payot & Rivages, 2011
Ode au vent d'Ouest. Adonais et autres poèmes, Traduction deRobert Davreu, Édition bilingue, Points Poésie, 2011
Écrits de combat, traduction de Félix Rabbe, Albert Savine et Philippe Mortimer, précédés deShelley, un exilé parmi nous d'Hélène Fleury, Éditions l'Insomniaque, 2012(ISBN978-2-915694-46-8)
↑Jacqueline Genet,William Butler Yeats, Les fondements et l'évolution de la création poétique, Paris, Presses Univ. Septentrion,
« "Il me fallut des années, écrit Yeats en 1901, avant de pouvoir me libérer de la lumière italienne de Shelley, mais maintenant je pense que mon style est le mien." Cependant même ainsi dégagé de cette emprise de jeunesse, même après avoir réagi contre elle, Yeats conserva pour Shelley une admiration nuancée sans doute, mais fidèle (page 504). »
↑Percy ByssheShelley,The Necessity of Atheism(lire en ligne).
↑« Why should you call me to account for eating decently? If I battened on the scorched corpses of animals, you might well ask me why I did that. »,The Vegetarian,. George Bernard Shaw adopta un régime végétarien à partir de vingt-cinq ans sous son influence :« Shelley fut le premier à me faire réaliser la barbarie de mon régime alimentaire », écrit-il dans son autobiographie. De plus, dans sa biographie parFélix Rabbe,Shelley (Nouvelle Librairie parisienne, 1887), il est décrit comme un végétarien convaincu.
↑La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Tome vingt-neuvième (Saavedra-Sigillaires). Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfuset al.. Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, Société anonyme de La Grande Encyclopédie,p. 1147-1148.