Dans lecalendrier juif,Chavouot se déroule durant « sept semaines entières » ou « cinquante jours jusqu'au lendemain du septièmeshabbat »[v 1], après la fête dePessa'h. De là viennent son nom deFête des Semaines (Chavouot, enhébreu) et celui dePentecôte (cinquantième [jour], engrec ancien) dans lejudaïsme hellénistique. Cinquante jours constituent sept semaines, selon la façon de compter de laBible, et lechiffre 7 est éminemment symbolique[1].
Le jour de la Pentecôte est mentionné dans laPremière épître aux Corinthiens (16:8), oùPaul annonce qu'il compte rester àÉphèse« jusqu'à la Pentecôte », en se référant probablement à la fête juive.
LesActes des Apôtres situent explicitement lors de la fête juive[6] le moment où les premiers disciples deJésus de Nazareth, qui sont réunis au nombre de cent vingt[7], reçoivent l'Esprit saint dans leCénacle de Jérusalem : des « langues » de feu se posent sur chacun d'eux, formalisant la venue de l'Esprit dans un épisode de communication inspirée. Elle permet aux disciples de s'exprimer dans d'autres langues que lejudéo-araméen galiléen et d'être compris par des étrangers, ce qui a pu être assimilé à dupolyglottisme ou à de laglossolalie[8],[9],[2].
« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. »
Le récit desActes insiste à la fois sur l'universalité de l'événement, qui concerne les quelque cent vingt disciples de Jésus, au nombre desquels lesDouze, et dont sont témoins des gens venus de « toutes les nations », ainsi que sur son caractère cosmique[7]. L'image du feu — conforme à la tradition juive de l'époque sur l'épisode de larévélation sinaïtique que l'épisode entend renouveler — matérialise la « Voix » divine. Latradition chrétienne perçoit et présente la Pentecôte comme la réception du don des langues qui permet de porter la promesse dusalut universel aux confins de la Terre[2] ainsi que semble en attester l'origine des témoins de l'événement, issus de toute ladiaspora juive[v 4].
La prise de possession des disciples par l'Esprit saint évoque les transes prophétiques et l'apôtre Pierre cite une prophétie deJoël[v 5] qui concerne tant la Terre que le Cosmos[v 6], annonce la venue d'un peuple de prophètes, un statut accordé à tout disciple de Jésus qui peut s'engager dans une mission universelle[7] et assurer la diffusion de l'Évangile : le discours de Pierre conduit 3 000 Juifs pieux aubaptême[10].
« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes. »
— Actes 2:41
Dans un épisode rapporté par le seulÉvangile selon Jean, celui de la dernièreCène qui se déroule la veille de saPassion, Jésus annonce la venue duParaclet (traduit par le « Consolateur » ou le « Défenseur ») :
« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous,l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous[v 7],[v 8]. »
Dans lecatholicisme, le concileVatican II a remis à l'honneur le culte rendu à l'Esprit saint. L'un des objectifs de la réforme liturgique du concile a été d'insister sur la période pascale de cinquante jours. La semaine de fête après la Pentecôte est alors supprimée tandis que, à partir du lundi de Pentecôte, le cycle annuel reprend là où il a été interrompu aumercredi des Cendres.
Cette fête donne parfois lieu à des célébrations particulièrement festives, notamment au sein descommunautés charismatiques[14].
La Pentecôte est une occasion spécifique de célébrer leSaint-Esprit, troisième personne de laTrinité. À travers la Pentecôte, l'Église commémore aussi l'anniversaire de sa propre fondation[19].
À cette occasion, les fidèles invoquent Dieu pour qu'il envoie l'Esprit saint « sur l'Église et les Églises de notre temps » et, sur un plan plus individuel, que l’Esprit leur soit accordé de manière personnelle[14].
Les trois symboles bibliques utilisés par la liturgie sont la colombe, mentionnée lors dubaptême de Jésus[20], le souffle du vent et les langues de feu[21] répandues lors de la venue de l'Esprit[22].
Dans la tradition catholique, lamesse chantée le jour de la Pentecôte comporte laséquencegrégorienneVeni Sancte Spiritus. Dans quelques rares églises catholiques d'Europe occidentale, un usage hérité duMoyen Âge veut que des pétales de rose soient lancés sur les fidèles pendant que le chant est entonné.
Depuis2018, chaque lundi de Pentecôte,Marie est fêtée sous le vocable de Mère de l’Église selon le vœu du pape François. Tous lesdiocèses et lesparoisses célèbrent officiellement cette fête qui souligne que Marie est à la fois Mère du Christ et de l’Église.
Conformément à la volonté dupape François, la mémoire de Marie Mère de l’Église est désormais obligatoire pour toute l’Église derite romain, le lundi après la Pentecôte[23].
La Pentecôte est célébrée le septièmedimanche, soit quarante-neuf jours après le dimanche dePâques. Sa date est variable, puisque Pâques est unefête mobile[n 3]. Elle se place toujours entre le et le.
EnFrance, le lundi de Pentecôte a été unjour férié depuis leconcordat de 1801 jusqu'en 2004. Entre 2004 et 2007, à la suite de la décision dugouvernement Raffarin d'en faire unejournée de solidarité envers les personnes âgées et handicapées, il devient non chômé pour de nombreuses entreprises, les salariés devant alors travailler sans percevoir la rémunération supplémentaire relative à un jour férié. Les règles concernant ce travail non rémunéré se sont toutefois assouplies dès 2008, et les salariés ne sont plus tenus de travailler[27]. Dans la polémique liée à cette mise en place, l'épiscopat français déclara qu'il n'y avait pas d'objection d'ordre religieux à sa suppression mais réclama une concertation[28].
↑Le cinquantième jour à partir dePâques est mobile car Pâques est mobile: La date de Pâques est fixée par leconcile de Nicée au premier dimanche après la premièrepleine lune qui suit le. LesÉglises occidentales, qui ont adopté lecalendrier grégorien, célèbrent souvent Pâques à une date différente de celle desÉglises orthodoxes, qui elles se réfèrent toujours aucalendrier julien. Le décalage peut aller jusqu'à cinq semaines selon les années.
↑Par exemple le dimanche de Pentecôte de l'année prochaine se déroulera le 24 mai, alors que celui de l'année en cours est le 8 juin.
↑Ce jour férié existait en Italie jusqu'à ce que le gouvernement l'incorpore aux congés payés pour éviter un pont à effet délétère sur l'économie.[réf. nécessaire]
OlivierMarin et LudovicViallet,Pentecôtes médiévales : Fêter l'Esprit Saint dans l'Église latine,VIe – XVIe siècles, Presses universitaires de Rennes,(ISBN978-2-7535-8086-2).
RobertCabié,La Pentecôte : L’évolution de la cinquantaine pascale au cours des cinq premiers siècles, Tournai, Desclée,coll. « Bibliothèque de Liturgie »,.