Paul Rougnon est le fils de Louis Rougnon et Claire Clotilde Robin. Élève au lycée Bonaparte (devenu depuis lelycée Condorcet), il entre auConservatoire de Paris en 1861 en tant qu'élève-auditeur, puis devient élève-titulaire en 1862[1]. Le directeur du Conservatoire est alorsDaniel-François-Esprit Auber. Il étudie auprès de maîtres tels qu’Édouard Batiste en solfège (première médaille en 1865)[2],François Bazin pour l'harmonie et accompagnement pratique (troisième accessit en 1868)[2],Ambroise Thomas pour la composition (premier prix de contrepoint et fugue en 1870)[2],Antoine François Marmontel pour le piano etCésar Franck pour l'orgue.
En 1873, à 27 ans, sous le directorat deAmbroise Thomas, Rougnon devient professeur de solfège pour les instrumentistes hommes auConservatoire de Paris jusqu'à son départ en retraite en 1921[3]. Il se consacre au professorat et à l'Orphéon, tout en composant de nombreuses œuvres, certaines à visées pédagogiques (compositions pour les concours de fin d'années), d'autres à visée populaire (dans le cadre de l'Orphéon). Ses traités de solfège et de piano sont toujours réédités (par les éditions Combre[4]) et utilisés dans de nombreux conservatoires aujourd'hui. Par ailleurs, influencé parAdolphe Sax[5], dont il a fréquenté l'atelier, et par l'essor des instruments à vent, il compose de nombreux airs pour fanfares. Il reçoit la médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 pour l'ensemble de ses ouvrages d'enseignement.
Devenu professeur au Conservatoire de Paris, il y enseigne jusqu'à sa retraite en 1921, le solfège pour les instrumentistes[3]. C'est en 1911, sous la présidence deGabriel Fauré, que le Conservatoire déménage de la rue du Conservatoire à la rue de Madrid. Parmi les élèves de Rougnon, on compteAlfred Cortot (qui vantera son enseignement, comme l'indique son biographeBernard Gavoty),Yves Nat, Fernand Oubradous[7], Noël Gallon[8],André Bloch,Henri Mulet. En 1896,Théodore Dubois succède àAmbroise Thomas à la direction duConservatoire de Paris. Il inaugure la pratique de confier à des compositeurs la création d’œuvres spécifiquement destinées aux concours d'instrument des fins d'années académiques. Paul Rougnon, à sa demande, se lance dans la composition d’œuvres de concours pour divers instruments (alto, trompette, piano). Parallèlement au professorat et aux compositions de concours, il participe à partir de 1873, comme administrateur et compositeur, à l'Orphéon et aux Sociétés musicales mutuelles, qui, à la fin duXIXe siècle et au début duXXe siècle, visaient à mettre l'art choral à la portée de tous.
« Depuis mon entrée au Conservatoire, en qualité d'élève, jusqu'à ma sortie en qualité de retraité, j'ai connu une quantité de professeurs de chant se succédant les uns aux autres en apportant chacun leurs systèmes, leurs procédés, leurs méthodes.
La même observation peut être faite pour toutes les branches du vaste enseignement musical au Conservatoire : solfège, instruments de musique, harmonie, contre-point et fugue, composition. Chaque professeur enseigne selon ses idées personnelles et sous sa propre responsabilité. Ce sont les succès de ses élèves dans les examens et les concours qui viennent démontrer sa valeur.
C'est donc une grosse erreur de prétendre qu'au Conservatoire, l'enseignement est rétrograde et soumis à une unité de doctrines qui établit une sorte d'éteignoir paralysant les progrès des élèves. Je ne connais pas d'établissement scolaire musical où l'enseignement soit plus libre et plus libéral, laissant aux élèves toute latitude d'utiliser, selon les impulsions de leur nature, les principes qu'ils y ont recueillis. »
— Paul Rougnon, Souvenirs de 60 années de vie musicale, éditions Margueritat
Le Chant de Pâques, interprété par leténorJean-Alexandre Talazac en 1879, lors d'un concert à la salle du Trocadéro.
Le chant de la mutualité, composé pour faire chanter la foule lors d'une intervention du président de la RépubliqueÉmile Loubet, en 1904, à laMaison de la Mutualité[9].
La ville deBonnes, où se trouve la maison familiale du musicien, possède une impasse Paul Rougnon[13].
Rougnon a composé un Hymne patriotique poitevin, « Les enfants du Poitou » (qui fut longtemps joué par les élèves duconservatoire de Poitiers).
Pour les 30 ans d'enseignement de Paul Rougnon, ses élèves et collègues, en présence du compositeurGabriel Fauré alors directeur du Conservatoire, lui offrent un buste à son effigie, par le sculpteur Marcel Legastelois (1883-1914), fils deJulien Prosper Legastelois[14].
Son œuvre « Premier solo de concert » pour trompette est enregistrée par la trompettiste Judith Saxton dans le disque collector de l'International Trumpet Guild en 2011[17].
Cette œuvre fait également l'objet d'un enregistrement du trompettiste finlandais Jouko Harjanne, dans son disqueVirtuoso Trumpet (2011)[18].
Le mouvement et les nuances d'expression dans la musique. Première partie : Dictionnaire musical des locutions étrangères, italiennes, allemandes, etc. Deuxième partie : Étude analytique sur le mouvement et les nuances d'expression dans la musique. Troisième partie : Étude sur le métronome, son utilité, son usage, son histoire. Éditeur P. Dupont. 1893
Principes de la musique. Étude développée. Édition Delagrave. 1936
Cours de piano élémentaire et progressif formant un cours complet de mécanisme. Éditions M Combre
Texte pratique de prosodie musicale. Éditions Enoch et Cie
Mon piano. Hygiène du piano. Petit dictionnaire explicatif et historique des éléments constitutifs du piano. Éditions Fischbacker. 1921
Traité pratique d'harmonie. Éditions Gallet
Grandes études journalières de solfège à changement de clef. Éditions du Ménestrel. 1907[19]
Solfège élémentaire : théorique, analytique et pratique à la portée des jeunes élèves. Éditions Combre
Paul Rougnon est cité dans laBiographie universelle des musiciens et Bibliographie générale de la musique, d'Arthur Pougin et François-Joseph Fétis (réédité en 2010 par Nabu Press).
Il est mentionné par Jean-Philippe Navarre dans la préface de la réédition desGaietés du Conservatoire, d'Albert Lavignac (éditions Mardaga, 2002)[22].
L'enseignement de Rougnon est évoqué dans labiographie d'Alfred Cortot, parBernard Gavoty.
↑ab etcPierre, Constant, 1855-1918.,Le Conservatoire national de musique et de déclamation : documents historiques et administratifs recueillis ou rencontrés par l'auteur, Claude Tchou pour la Bibliothèque des introuvables,(ISBN2-84575-098-6 et978-2-84575-098-2,OCLC70811455,lire en ligne), p. 844
↑Souvenirs de 60 années de vie musicale et de 50 années de professorat au Conservatoire de Paris, par Paul Rougnon, Editions Margueritat
↑Isabelle du Ranquet, Dossier de visite conférence de juin 2012, dans le cadre du VIIe parcours imaginaire par le collectif d'animation du quartier Lorette-Martyrs, 9éme histoire
↑Jean-PhilippeNavarre,Albert Lavignac, Les gaietés du Conservatoire (1899), et autres textes humoristiques de Henri Maréchal et Piero Coppola, Editions Mardaga,, 234 p.(ISBN978-2-87009-798-4,lire en ligne)