Pour les articles homonymes, voirHuet.
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Parentèle | Robert David d'Angers (gendre) ![]() |
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Paul Huet, né àParis le et mort dans la même ville le, est unpeintre etgraveurfrançais.
Il est l'élève dePierre-Narcisse Guérin et d'Antoine-Jean Gros, mais est en rupture avec eux. Paul Huet reste connu pour ses paysages romantiques, œuvres tourmentées à la touche large, aux couleurs contrastées et aux sujets menaçants. Jouant d'opposition marquée d'ombres et de lumières devant une nature sauvage, Paul Huet a été un des peintres les plus proches de Lamartine, par l'expression romantique du paysage. Surnommé« le Delacroix du Paysage »[2], la modernité de sa peinture par sa facture, ses couleurs, sa quasi-absence de sujet, travaillant en plein-air font de l'artiste un précurseur de l'impressionnisme.
Paul Huet naît àParis le au 212,rue des Boucheries-Saint-Germain, cinquième enfant d'une famille rouennaise de drapiers normands ruinée par laRévolution et l'Empire[3].
Il perd sa mère en 1810 et devient pensionnaire àChoisy-le-Roi, puis étudie aulycée Henri-IV à Paris. Il est impressionné par uneeau-forte deRembrandt sur laquelle est écrit en latin« Tacet, sed loquitur » (« muette mais parlante »).
En 1816, il devient l'élève deJean Julien Deltil[4], dans son atelier de l'île Seguin qu'il fréquente pendant dix ans. Il suit également les cours dePierre-Narcisse Guérin dont l'académisme le rebuta. Guérin lui déclare qu'« il ne sera jamais qu'un petitVan Loo[5] » et« jamaisprix de Rome »[3]. À partir de 1819, il est dans l'atelier d'Antoine-Jean Gros auxBeaux-Arts de Paris[6]. Il est fasciné par leChasseur à Cheval deThéodore Géricault.
Il étudie avec Gros de 1818 à 1822, non sans difficultés, car ce dernier le récuse comme élève au début. Il commence sa série de cavaliers avecLe Retour du grognard. En 1822, à l'Académie Suisse, il rencontreEugène Delacroix qui vient de présenter auSalon saBarque de Dante et celui-ci vient le voir peindreL'Orage à la fin du jour ou Le Cavalier dans sa chambre du 27,rue Madame. Une profonde amitié va unir les deux hommes pendant toute leur vie[7].
La mort de son père en 1823 le met en difficulté financière. Il peint alors de nombreux bouquets de fleurs et séjourne enNormandie, où il peint des paysages lors de voyages pittoresques qu'il pratique toute sa vie durant (Houlgate,Trouville-sur-Mer ouGranville).
En 1826, il rencontreBonington, qui l'initie à l'art deConstable qu'il a découvert au Salon de 1824. Le graveur anglaisSamuel William Reynolds, graveur deJoshua Reynolds, vient le visiter et l'encourager. Influencé par Bonington et les frèresFiedling, il est reproché à Huet d'être un imitateur de l'école anglaise[8], mais il est aussi, par la suite, crédité d'avoir initié le travail des paysagistes quipeignaient sur le motif, hors des ateliers.
Fin 1829, Paul Huet réalise une Vue générale de Rouen, prise du Mont-aux-Malades pour undiorama[9],[10].
Bien que gravement malade en 1826 — probablement à cause de malnutrition —, Paul Huet débute au Salon en 1827. En 1828, il séjourne à nouveau en Normandie, où il développe avec Bonington un fructueux échange artistique, au cours de séances de travail en plein air[11]. On peut voir dans les œuvres de cette période l'influence deTurner dont lesRiver's Scenery pousse Paul Huet dans une nébulosité et une imprécision[12].
Victor Hugo découvre son atelier avec enthousiasme :« C'est un jeune homme du plus beau talent. Vous partagerez la satisfaction de Delacroix et la mienne », écrit-il[12]. Républicain engagé, Paul Huet prend part auxjournées de 1830 et s'implique dans les batailles politiques dans une opposition virulente à lamonarchie de Juillet. Il pratique la caricature politique sur l'instance deDaumier, alors interné à laprison Sainte-Pélagie[13], mais publie également de nombreuseseaux-fortes, présentées à la galerie Gaugain où laduchesse du Berry le découvre et achèteUne chaumière. Il tombe gravement malade. Remis, il voyage à travers l'Auvergne, lavallée du Rhône jusqu'àAigues-Mortes ; la pratique de l'aquarelle devient déterminante.
Il devient un intime de l'écrivainLamartine, dont il apprécie lelyrisme, mélange d'exaltation et de profonde mélancolie, depuis qu'il a lu en 1820 lesMéditations Poétiques[14]. L'œuvre de Paul Huet s'inscrit alors pleinement dans lemouvement romantique. Ses amis sontDelacroix,Alexandre Dumas,Théophile Gauthier, Lamartine.
L'irascibleDelécluze, défenseur deIngres, lui reproche dans leJournal des débats en 1833 de« négliger absolument le dessin » alors que laVue générale de Rouen de Paul Huet est récompensée par une médaille au Salon de la même année[15]. En juillet, Paul Huet, encouragé parGranet, descend dans le Midi son carnet d'aquarelles sous le bras. En août et en septembre, il se rend àArles,Nîmes etAigues-Mortes[16].
En 1834, il épouse sa nièce, Céleste Richomme[17], peintre et copiste. À partir de 1835, sa touche s'affermit. En 1837, il est nommé professeur de dessin de laduchesse d'Orléans avec l'entremise d'Alexandre Dumas qui s'amuse qu'un républicain se mette au service de la noblesse. Il est reçu parGeorge Sand àNohant et correspond avec elle[18].
En 1839, alors queDaguerre vient d'inventerson procédé photographique, leduc d'Orléans commande au peintre une suite d'aquarelles sur les villes méridionales. Le peintre est saisi par cette invention, il écrit à son ami Ducaisne :« Je suis tout étourdi de la découverte de Daguerre (mais) je suis sans inquiétude pour l'art lui-même[19]. » La même année, Céleste meurt dephtisie, après plusieurs séjours dans le Midi et àNice, dont le climat était favorable à son épouse. Il reçoit les insignes de chevalier de laLégion d'honneur le.
Après un voyage enItalie àRome, Huet épouse Claire Sallard en 1843 de 19 ans sa cadette. Son fils René naît le. Il commence la pratique dupastel. Bien que refusé au Salon avecCorot, le peintre vit avec une aisance discrète vendant régulièrement sans marchand à une clientèle bourgeoise[20].
En 1845, il se rend aux thermes d'Eaux-Bonnes, dans lesPyrénées-Atlantiques, avec son ami Delacroix, pour soigner« un engorgement du poumon »[21]. Il découvre l'Espagne, séjourne àPau où en 1846 naît sa fille Edmée le.
Après 9 ans d'absence à Paris, il revient auSalon de 1848 où il reçoit une médaille d'or. Il s'oppose auxinsurrections de Juin 1848 les armes à la main pour rétablir l'ordre. La République rétablie, il tente d'impliquer le gouvernement comme protecteur des arts. Il souhaite restaurer les palais nationaux et y faire pratiquer les jeunes artistes pour leur donner du travail en travaillant à la décoration et en copiant les chefs-d’œuvre pour« rendre l'art populaire »[22].
Il pratique alors lapeinture sur le motif enNormandie et àFontainebleau. Il est fasciné parWatteau, dont il possède plusieurs toiles[23]. QuandVictor Hugo appelle au soulèvement contre leCoup d'État du 2 décembre 1851, il est sur les barricades et dans les manifestations. Il est malmené et manque d'être fusillérue Saint-Placide, par un peuple parisien s'estimant trahi. Il s'offre comme commissaire à la Révolution à son domicile 55,rue du Cherche-Midi. La répression s'abat faisant plusieurs morts.David d'Angers est arrêté. Vaincu, ses amis en exil et atteint d'uneophtalmie qui l'empêche de travailler pendant six semaines, il est pris de colère et de désespoir. Il se rétablit à la fin de l'hiver[24].
Mis à l'index par le gouvernement deNapoléon III en 1852, il se définit comme un« exilé de l'intérieur ». De plus il se remet difficilement d'unerougeole. En 1855, il peintL'Inondation deSaint-Cloud. Delacroix est enthousiaste :« VotreGrande inondation est un chef-d'œuvre, elle pulvérise la recherche des petits effets à la mode ! », lui écrit-il le et il lui obtient une médaille supplémentaire à l'Exposition universelle de Paris[25].
En 1856, il contracte lafièvre typhoïde lors d'un séjour en Normandie et s'en remet difficilement ; il reste à nouveau alité six mois et pendant plus de deux ans, il est incapable travailler régulièrement. Il écrit alors ses pensées[26]. En 1857, le gouvernement lui achèteL'Inondation de Saint-Cloud pour lemusée du Luxembourg.
Rétabli mais fragile, il travaille auTréport, àDives ou dans laforêt de Fontainebleau. En 1858, Eugène Delacroix le visite et note dans son journal au mardi :« J'ai été trois heures et demi chez Huet. Ses tableaux m'ont fait impression. Il y a une vigueur rare ; encore des endroits vagues, mais c'est dans son talent. On ne peut rien admirer sans regretter quelque chose à côté. En somme, grands progrès dans ses bonnes parties. En voilà assez pour faire des ouvrages qui restent dans le souvenir, ce qui m'est arrivé pour ceux-ci. J'y ai pensé avec beaucoup de plaisir toute la soirée[27]. »
En 1861, les décès successifs de son frère aîné et de sa nièce Caroline l'anéantissent complètement. Sa femme décide de les installer àSèvres. Il voyage àLondres en 1862 à l'occasion de la présentation de sa grandeInondation à l'Exposition Universelle. Il est déçu de revoir la peinture deConstable qu'il semble préférer dans son souvenir et est enchanté par la vue desTurner et de leurs folies[28]. Il rend visite à lafamille d'Orléans en exil à Londres. Il apprécie la ville, ses parcs mais aussi commente sa misère sociale. Il part enCornouailles et auCumberland dont il rapporte une douzaine delavis dont des vues deStonehenge.
En 1863, il achète un chalet àChaville et se passionne pour l'art japonais qu'il a découvert à Londres. Il prononce l'éloge funèbre de Delacroix qu'il ouvre par les mots deGoethe :« Messieurs. Les morts vont vite », que Delacroix aimait citer. Désigné héritier par Delacroix, il reçoit la collection delithographies deCharlet, des peintures de Monsieur Auguste et des esquisses de Portelet, mais ne recevant aucun souvenir de Delacroix, dessin ou peintures, il participe à la vente de l'atelier en 1864 où il achète entre autres une tête de cheval, une figure académique[25]. En 1864, il voyage enHollande pour découvrirRembrandt etRubens. Il participe à l'exposition universelle de 1867, mais vit mal les critiques deThéodore Rousseau devenu académicien et président duSalon, alors que poussé par ses amisMichelet etErnest Meissonier, il s'est présenté à l'Académie des beaux-arts sans succès.
Son fils René-Paul Huet (1844-1928), élève aux Beaux-Arts, assiste son père en marouflant esquisses et toiles sur de meilleurs supports. En 1868, sa fille Edmée (1846-1910) épouse RobertDavid d’Angers (1833-1912), le fils du célèbre sculpteur et ami de longue date du peintre. Le mariage est difficile, malheureux et inquiète le peintre. Après un dernier séjour en Normandie, àÉtretat en particulier, Paul Huet meurt le, au 35,rue Madame, dans le6e arrondissement de Paris[29] d'une embolie pulmonaire et« de chagrin ». Sur son bureau, on trouve un mot« MORT JE SUIS ». Il est enterré le à Paris aucimetière du Montparnasse[30]. Lors de son discours,Ernest Chesneau déclarait que le paysage avant Paul Huet,« était un art décoratif, un art de combinaison académiques ; il en a fait un art de passion, un art héroïque »[31]. Selon son amiJules Michelet,« Il était né triste, fin, délicat, fait pour les nuances fuyantes, les pluies par moments soleillées, c'était plus qu'un pinceau, c'était une âme, un charmant esprit, un cœur tendre[32]. »
Dans la partie basse duparc de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), leMonument à Paul Huet parArmand Bloch lui rend hommage.
L'œuvre de Paul Huet évolue d'un paysage rêvé, idéalisé, romantique qui rappelle par ses cieux tourmentés la peinture deGeorges Michel à une peinture naturaliste qui préfigure l'impressionnisme par des aquarelles et des carnets de voyage, précis voire ethnographiques sur les régions françaises. Son œuvre est donc marqué par le lyrisme« des orages et la fureur des flots » cher aux écrivainsVictor Hugo,Jules Michelet ouAlexandre Dumas. Ses aquarelles sont des études des variations et des effets atmosphériques, suggérant formes et coloris d'autant qu'il est un des premiers artistes français à pratiquer l'aquarelle avec une liberté comparable à celle des peintres anglais. Profondément marqué parConstable à ses débuts, l'influence deTurner est notable autour de 1828 où il dissocie les formes et les lumières, dont l'aquarelle "Matinée d'hiver près du Pont-Neuf" est un exemple frappant. Cette pratique tend à disparaître après 1835.
Il utilise des tons purs depuis 1828 dans une époque qui valorise les tons rompus. À partir de 1845, sa touche se fait large et juxtaposée évoluant à partir de 1862 pour une touche plus ronde qui sera vue et assimilée parClaude Monet,Alfred Sisley ouCamille Pissarro alors que les peintresimpressionnistes ont pu comparer Turner et Huet auSalon et à l'Exposition universelle de 1855. À partir de 1863, son œuvre devient pré-impressionniste par des effets de dégradation de la lumière aussi bien dans les aquarelles de paysages d'Apt dans leVaucluse[33] que dans son dernier chef d'œuvre une peinture à l'huile :LaLaïta à marée haute (1865-1868).
Cependant, l'œuvre de Paul Huet reste peu ou mal connue car peu étudiée dans sa totalité, la dernière grande rétrospective de Paul Huet datant de 1938[34].
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