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Naissance | Gand |
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Décès | (à 35 ans) Overveen |
Sépulture | Cimetière d'honneur de Bloemendaal |
Nom de naissance | |
Nationalité | belge, néerlandais |
Formation | Bauhaus(- ![]() |
Activités | |
Conjoint | Arda Hessefelt, Trude Jalowetz |
Organisation | Membre du Conseil de la résistance néerlandaise |
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A travaillé pour | Académie royale des beaux-arts de La Haye(- New Art School(d)(- Co-op 2(d) ![]() |
Genre artistique | photographie |
Lieu de détention | Prison de Scheveningen, Petit séminaire Beekvliet à Sint-Michielsgestel |
Distinction | |
Archives conservées par |
Croix de la résistance 1940-1945 |
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Paul Guermonprez (né àGand le et mort àOverveen le) est unphotographe belgo-néerlandais dont les photos marquent la transition vers le reportage documentaire à caractère social. Actif dans la résistance néerlandaise pendant laSeconde Guerre mondiale, il est arrêté et fusillé par les allemands à 35 ans.
Paul Gustave Sidonie Guermonprez est né à Gand le. Avec son frère Oscar, il passe son enfance àBruxelles, où le père, George Charles Guermonprez, travaille comme ingénieur civil à la commune[2].
Pendant laPremière Guerre mondiale, George Charles Guermonprez est soldat dans l'armée belge. La famille se réfugie auxPays-Bas en 1917. De 1920 à 1924, le père Guermonprez est directeur de Gemeentewerken àHelmond. La famille s'installe ensuite àSliedrecht[2].
Juste avant de partir en Indonésie, en 1931, il épouse Arda Hessefelt. Le mariage se termine rapidement par un divorce. Il se remarie en 1939 à l'artiste textileTrude Jalowetz (1910-1977)[3].
Après des études interrompues au Département de chimie et de technologie du MTS deDordrecht, Paul Guermonprez termine une formation à laSuikerschool (École du sucre) àAmsterdam en 1930. En 1931, il se rend dans lesIndes néerlandaises pour travailler dans une plantation de sucre.
En chemin, il photographie les villes portuaires et la vie sur le bateau. Sur place, il fait une série de photos de la vie quotidienne et de la culture du peuple indonésien. Il alterne un style documentaire avec des compositions d'images typiques de la Nouvelle Photographie. L'une des photos, qui montre un Indonésien dans une posture d'attente, est publiée en 1933 dans le magazine de cinéma d'avant-gardeFilmliga[2].
Il est limogé le, en partie pour des raisons économiques et en partie parce qu'il s'oppose aux relations inégales entre les colons hollandais et les indonésiens[2].
Lors du voyage de retour, il écrit à ses parents qu'il envisage d'exercer les métiers de cinéaste, photographe ou éditeur / imprimeur. Il considère la «publicité par photomontage et (ou) typographie» comme un possible soutien de famille dans les années de crise[2].
Il a hérité son goût pour la photographie de son père qui était un photographe amateur. Encore enfant, il a construit son premier appareil, installé une chambre noire chez lui et photographié les personnes de sa famille[2].
En 1932, il va étudier la photographie et l'architecture auBauhaus deBerlin, jusqu'à la fermeture de l'école par lesnazis en 1933. Il y est l'élève deWalter Peterhans[4].
De retour aux Pays-Bas, il travaille de la fin 1934 à la fin 1938 comme professeur de photographie à laNieuwe Kunstschool àAmsterdam. Fondée en 1933 parPaul Citroën et Charles Roelofsz , cette école est inspirée des principes duBauhaus.De septembre 1935 à 1942, il enseigne aussi dans le département de dessin publicitaire de l'Académie royale des beaux-arts de La Haye. Parmi ses élèves, se trouventAat Breur-Hibma, Violette Cornelius, Henk van der Horst et Kryn Taconis[4].
En 1937, il voyage enYougoslavie et prend des photos de voyage[4].
En, Paul Guermonprez et Hajo Rose, également ancien étudiant du Bauhaus[5], lancent l'agence de publicité et de photoCo-op 2, à laquelle collaborent, entre autres, Violette Cornelius, Paul Hartland, Kryn Taconis et Otto Treumann. Co-op est un terreau fertile pour ces jeunes talents, plusieurs d'entre eux auront une notoriété comme photographes ou graphistes après la guerre[2],[6].
Paul Guermoprez prône une publicité objective et honnête par le biais de photographies, qui, à son avis, ont plus de pouvoir de persuasion que la parole et l'écrit. Avec ses collaborateurs, il crée des campagnes publicitaires pourDuyvis Mayonaise et pourREA Radio Electro Automata. Il a également conçu un montage photo pour leVeemarkt àRotterdam[2].
Co-op crée également des jeux pour enfants et des livres illustrés signés du nomBenjamin Cooper tels queAdam's vijfde rib (la cinquième côte d'Adam),Eva's jongste dochter (la plus jeune fille d'Eve) etEva's jongste dochter en7 x 7 Vredesstemmen aller tijden - aller volken. Ces livres sont basés sur la typographie. Plus d'une centaine de modèles de reliures, de couvertures de livres, de pliages et de publicités sont connus de cette agence[2].
L'œuvre photographique de Paul Guermonprez est limitée, en raison de sa fin brutale, à 35 ans, devant un peloton d'exécution. Elle révèle toutefois un photographe de talent. Son travail s'inscrit dans la transition de l'esthétique de la nouvelle photographie des années 1920 au reportage photo à caractère social ou humain dans les années 1930. Il montre aussi une orientation technico-commerciale, bien dans l'esprit du Bauhaus. Certaines photos de Paul Guermonprez sont assez surréalistes, faisant montre d'un humour cynique qui témoigne sans doute de son amertume et de sa déception face à la société humaine[2].
Paul Guermonprez estmobilisé de 1939 à 1940. Durant cette période, il écrit un livret humoristiquePraatjes en plaatjes van de soldaatjes (bavardages et photos des soldats), avec des illustrations deWim van Overbeek.
En, il est emprisonné par les Allemands pendant trois semaines à la prison deScheveningen en pour son activité au sein de l'Union néerlandaise.
En 1942, les Allemands créent la Chambre de la culture à laquelle tous les artistes devaient adhérer s'ils voulaient continuer à exercer leur profession. En signe de protestation, Paul Guermonprez ferme son agence.
Du au, Paul Guermonprez est interné comme otage au petit séminaire Beekvliet àSint-Michielsgestel. Durant sa détention, il travaille sur un manuel de technique photographique et prend des photos de codétenus et des conditions de vie dans le camp[2]. Il est libéré mais doit se présenter àAmersfoort pour être incorporé. Il entre alors en clandestinité et rejoint larésistance[7].
Il collabore àBrandaris, un pamphlet interdit appelant les artistes à s'opposer aunational-socialisme et à la Chambre de la culture. Il a également des contacts avec lePersoonsbewijzencentrale, une organisation qui falsifie des pièces d'identité et des papiers officiels[7].
Avec J. Thijssen, Gerrit van der Veen et Gerben Wagenaar, entre autres, il fait partie de la direction du Conseil de la Résistance ((RvV, une organisation parapluie de groupes de résistance) à partir de la fin de l'été 1943 et entretient des contacts avec des groupes de résistance àTwente, auBrabant septentrional et dans leLimbourg. EnHollande-Septentrionale eten Hollande-Méridionale, Paul Guermonprez participe à plusieurs raids (comme au bureau de distribution Borgerstraat àAmsterdam ) et actions de sabotage (comme dans une usinepyrotechnique àLeyde et l'usine d'électro-acide et d'hydrogène sur le Distelweg d'Amsterdam. Après sa libération conditionnelle, Paul Guermonprez et sa femme juive, Trude Jalowetz, se cachent avec l'aide de la résistance néerlandaise. Maria Helena Friedlande-Bruhn, l'épouse de Henri Friedlaender, notamment, les cache dans le grenier de sa maison àWassenaar, enHollande-Méridionale[8].
Fin, laSicherheitspolizei (Sipo) identifie plusieurs résistants. Paul Guermonprez est arrêté le à Amsterdam et enfermé dans la maison de détention deWeteringschans. Avec six autres résistants, dont l'imprimeur Frans Duwaer et le sculpteur français Gerrit van der Veen, il est condamné à mort par un tribunal de police le. Ils seront fusillés le jour même et enterrés dans les dunes d'Overveen (municipalité deBloemendaal, près deHaarlem)[7].
En 1945, Paul Guermonprez est ré-inhumé au cimetière d'honneur de Bloemendaal, construit pour donner une sépulture aux centaines de personnes enterrées dans les dunes par les allemands[9]. Le, il reçoit, à titre posthume, laVerzetskruis (Croix de la Résistance) 1940-1945 par décret royal[10].
Les archives photos de Paul Guermonprez, que l'on croyait perdues, ont été retrouvées par hasard dans un ancien squatDe Grote Wetering. Elles contiennent plus de 300 négatifs et diapositives couleur de la période 1934-1937. En plus des vues de la ville, elles comprennent plusieurs reportages sur la construction du City Theatre (architectes Jan Wils et O. Rosendahl), des ateliers-logements de la Zomerdijkstraat (architecte P. Zanstra en collaboration avec JHL Giesen et KL Sijmons) et de l'Apollohal et l'Apollo-pavillon, de Jan Duikers.
Ces archives photos se trouvent maintenant aux archives de la ville d' Amsterdam.