| Naissance | |
|---|---|
| Décès | |
| Sépulture | |
| Nom de naissance | |
| Nationalité | |
| Formation | |
| Activités |
| Distinction |
|---|
Paul-François Groussac (Toulouse, -Buenos Aires,[1]) était unécrivain,historien,journaliste,critique littéraire etbibliothécaireargentin d’originefrançaise.
Paul Groussac, le deuxième des quatre fils de Paul Groussac et de Catherine Piquemal, vit le jour àToulouse, au sein d’une vieille famillelanguedocienne, provinciale etcatholique, aisée mais vivant sans luxe.
Durant sa jeunesse à Toulouse, il s’appliqua à étudier les auteurs classiques. À la mort de sa mère en 1858, il fut envoyé pour quelques mois à la maison de son grand-père àSorèze, petite ville duTarn, au collège dedominicains de laquelle il poursuivit ses études et où il fit la connaissance, et subira l’influence, du père dominicain et écrivainromantiqueHenri Lacordaire.Victor Hugo sera cependant à cette époque son principal inspirateur.
En 1865, il s’inscrivit tout d’abord à l’École navale, près deBrest, mais peu disposé à s’engager dans la carrière militaire, il entra à l’École des beaux-arts de Toulouse, qu’il quitta cependant bientôt également, découragé par la rigueur des études proposées. Mécontent en outre des secondes noces contractées par son père, il sollicita de celui-ci, et obtint, la permission d'entreprendre un long voyage, mais une fois arrivé àParis, s’aperçut qu’il n’avait que très peu d’argent pour continuer et, ne voulant pas retourner dans ces conditions, décida de consacrer l’argent qui lui restait à un voyage de seconde main par le premier navire qui appareillerait. C’est ainsi qu’il prit passage, cette même année encore, sur levoilierAnita, en partance pourBuenos Aires. Il portait sur lui une lettre de recommandation du philosophe et ci-devant maire de Toulouse, Adolphe Gatien-Arnoult, à l’attention de son ancien collègue d’universitéAmédée Jacques (qui avait émigré enArgentine et y avait épousé l’aristocratique Benjamina Augier Echagüe). Groussac allait ensuite rester en Argentine toute sa vie durant.
Après avoir débarqué à Buenos Aires, il erra par les rues sans savoir même un seul mot decastillan. Cela lui valut d’être mis un temps en détention, sur le soupçon de simuler sa condition d’étranger afin de se soustraire à la conscription pour laguerre du Paraguay. Le malentendu put être rapidement dissipé grâce à l’intervention duconsul, lequel lui procura un emploi comme gardien de moutons à San Antonio de Areco, jusqu’à ce qu’une lettre de son père le requît de retourner à la vie civilisée.
Au cours des dix-sept années suivantes, il donna des cours demathématiques auColegio Modelo, puis, ayant étudié enautodidacte dans labibliothèque, devint chargé de cours à l’école normale et auCollège national. Prenant un intérêt profond pour la langue espagnole, il sut s’élever en grand spécialiste de cet idiome. Il publia dans laRevista argentina et se vit confier par le gouverneur Federico Helguera la direction deLa Unión, revue du gouvernement provincial deTucumán, province dans laquelle il séjourna onze ans. Il écrivit pour le journalLa Razón ― dans lequel il fit paraître notamment une étude controversée qu’il avait réalisée au sujet d’une possible implantation desJésuites dans la province de Tucumán ― pour ensuite assumer lui-même la direction de ce journal. Après avoir été directeur de l’école normale de Tucumán, il fut nommé en 1874 directeur de l’instruction publique de Tucumán et Inspecteur national de l’Éducation, et prit part au premier congrès pédagogique, où il s’érigea en défenseur de lalaïcité, prononçant une conférence (qu’il publiera ensuite) sous le titreEstado actual de la Educación primaria en la República Argentina (soit :État actuel de l’enseignement primaire en Argentine). Lors de son bref séjour à Paris en 1883, il publia un article dans le quotidien parisienle Figaro, et depuis Paris encore, envoya ses impressions parisiennes, qui parurent dansEl Diario.
Une année plus tard, en 1884, il s’en revint avec sa famille à Buenos Aires, où il s’installa à nouveau, pour mener désormais une vie plus sociale et plus publique, appuyant telle ou telle candidature gouvernementale ou présidentielle, comme celle deBernardo de Irigoyen ou deRoque Sáenz Peña. Il avait en 1879 contracté mariage avec une jeune femme appartenant à la haute société, originaire deSantiago del Estero, Cornelia Beltrán Alcorta, fille de José Lino Beltrán Talavera et de Mercedes Alcorta Aranda, et apparentée aux musiciensAmancio Alcorta etAlberto Williams. Il avait fait sa rencontre lors d’un de ses déplacements en qualité d’inspecteur national de l’instruction publique.
À son retour à Buenos Aires, il fonda, conjointement avec Lucio V. López, Delfín Gallo, Roque Sáenz Peña y Carlos Pellegrini, le journalSud-América, attaché aux idées libérales et opposé au gouvernementportègne. En 1885, année où il adopta la nationalité argentine, il fut derechef désigné inspecteur de l’instruction publique, puis directeur de laBibliothèque nationale d’Argentine, auparavantBibliothèque publique de Buenos Aires, sur ordre du présidentJulio Argentino Roca. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort, c'est-à-dire pendant 44 ans. C’est cette même année encore qu’à l’occasion du débat national sur la loi relative à l'Enseignement (Ley de Educación), il eut de vifs désaccords avec la presse cléricale et avec les défenseurs de l’enseignement religieux.
En 1894, alors qu’il était un collaborateur régulier deLa Nación et duCourrier du Plata, et qu’il y avait déjà publié nombre d’articles relatant ses voyages à travers l’Amérique, il fonda encore un journal, enfrançais, leCourrier Français, journal du matin, politique, littéraire & commercial, avec le soutien financier de l’industriel Clodomiro Hileret, mais qui cessera de paraître au bout de deux ans. Dans les années suivantes, il se vouera entièrement à la Bibliothèque, l’ordonnant, l’administrant et augmentant considérablement son fonds par l’effet des grandes donations qu’il parvint à susciter.
À la suite d'une opération duglaucome en 1926, il perdit le peu qu’il lui restait de sa vue, quelque temps avant de s’éteindre, à l’âge de 81 ans.
Ses ouvrages principaux sontLa Biblioteca (1896) etAnales de la Biblioteca (1900),anthologies réunissant des essais critiques, des récits historiques de la Bibliothèque et des documents se rapportant à l’histoire duRío de la Plata. Ses œuvres suivantes, commeEstudios de historia argentina,Ensayo histórico sobre el Tucumán etMendoza y Garay se distinguent par leur richesse factuelle, par leurs descriptions vivantes des personnages et de leur milieu, et par un style limpide et raffiné. Parmi ses œuvres importantes sont à signaler par ailleursFruto vedado (roman),Relatos argentinos,La divisa punzó,Crítica literaria,Las islas Malvinas et, avec mention particulière, en raison de la passion qui s’en dégage, saBiografía deLiniers, finalement publiée en volume en 1907, après qu’en eurent déjà paru quelques chapitres par anticipation dans la revue de la Bibliothèque.

Il fut donné à Groussac, en tant que rédacteur de la revueSud-América, de se trouver au centre du monde littéraire argentin. Comme critique, Groussac était redouté en raison de son caractère impitoyable et de son sarcasme fulminant, à telle enseigne queJorge Luis Borges entreprit d’analyser quelques-uns de ses éreintements littéraires dans un article intituléArte de injuriar (1933), paru dansSur. Le poètenicaraguayenRubén Darío dédia à Groussac son œuvre intituléeColoquio de los Centauros.
Sa réputation posthume fut nourrie par les fréquentes mentions de son nom dans les essais critiques de Borges, qui du reste consentit à rédiger sanécrologie. Dans l’essaiautobiographiqueLa ceguera, Borges évoque l’influence exercée par Groussac sur l’écrivain mexicainAlfonso Reyes, qui avait pour lui une grande estime : « Alfonso Reyes, le meilleur prosaïste du castillan de tous les temps, me dit : Groussac, qui était Français, m’a enseigné comment l’on doit écrire en castillan. »[2]
Il y aurait à relever plusieurs parallélismes biographiques entre Groussac et Borges : entre 1955 et 1973, Borges occupa, comme Groussac, le poste de directeur de la Bibliothèque nationale d’Argentine, et tous deux devinrent aveugles lors de l’exercice de cette fonction.
Il fut inhumé aucimetière de la Recoleta, dans le caveau des familles Macías-Soria, mais ses cendres furent transférées quelques années plus tard vers unmausolée érigé en son honneur aucimetière de la Chacarita. Un passage du quartier Monte Castro, lepasaje Paul Groussac, dans la ville autonome de Buenos Aires, a été nommé à sa mémoire.