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| Grade militaire | Sous-lieutenant(d) |
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| Archives conservées par | La Contemporaine (Arch 015)[1],[2],[3] |
Paul Dubrulle, né le àIsbergues dans lePas-de-Calais etmort pour la France devantCraonne dans le département de l'Aisne le, est un prêtre jésuite et écrivain français duXXe siècle. Son nom est inscrit auPanthéon dans laliste des 560 écrivains morts pour la France.
Paul Jules Hermant Dubrulle, né le[4] à Isbergues, est le fils d'Émile François Joseph Dubrulle (1842-),charron et de Marie Lucie Prudence Gueldaf (1853-1887)[5].
Après la perte de sa mère quand il a à peine cinq ans, sa vie d'enfant est ballottée par l'ambition paternelle qui le place au collège Sainte-Marie àAire-sur-la-Lys puis le retire pour en faire un apprenti à quatorze ans[6],[7].
En octobre 1901, âgé dix-neuf ans, il s'engage pour quatre ans au33e régiment d'infanterie àArras[8]. Il est nommé caporal en juin 1902 et sergent en décembre de la même année. Libéré après ces quatre années deservice militaire, il entre aunoviciat de laCompagnie de Jésus aucollège Saint-Jean Berchmans àFlorennes en Belgique où il poursuit des études littéraires[9]. Un frère aînémissionnaire enOuganda n'est peut-être pas étranger à cette vocation religieuse[6]. AprèsFlorennes, il habite successivement àGemert et au Collège Saint-Augustin àEnghien[10].
Le jour de lamobilisation, 2 août 1914, il estordonné prêtre et rappelé à l’activité commesergent-fourrier au73e régiment d'infanterie. Il est envoyé au dépôt du régiment àSaint-Astier, près dePérigueux et y reste neuf mois[11]. En mai 1915, il est incorporé à une compagnie de renforts qui rejoint le8e régiment d'infanterie àCumières et monte en première ligne à l'ouest deReims dans le secteur deLa Ville-aux-bois en juin[12].
En février 1916, son régiment est envoyé sur la croupe d'Haudromont à l'ouest du massif deDouaumont, c'est le début de labataille de Verdun[13],[14]. Le récit de la période qu'il passe au front à Verdun, du 27 février au 8 mars 1916, constitue la première des trois parties de son témoignageMon régiment dans la fournaise de Verdun et dans la bataille de la Somme[15],[11].
À l'issue de cet épisode, il est cité à l’ordre de la brigade : « Au combat du 27 février, s’est montré aussi courageux que brave, a transmis des ordres sous un feu particulièrement violent se signalant par son courage et un mépris absolu du danger. Prêtre en temps de paix, a assisté dans ses derniers moments son chef de bataillon mortellement blessé »[16].
Entre avril et juillet 1916, le régiment est posté dans le secteur deTroyon, dans l'Aisne. C'est une période plus tranquille, décrite dans la seconde partie de son ouvrage et intituléeLa Guerre de détail[11].
Son régiment se porte ensuite sur les champs debataille de la Somme qui font l'objet de la troisième partie de son récit, s'étendant du 10 septembre au 4 octobre 1916, dans les combats au sud-est deCombles. Il est promu sous-lieutenant le 5 octobre 1916 et suit des cours d'officier en janvier 1917 avant de rejoindre les tranchées en Champagne[17].
Paul Dubrulle est tué le 16 avril 1917 au bastion de Chevreux, près de Craonne, lors de labataille du Chemin des Dames[18],[19], le même jour que le sous-lieutenantLouis Mairet, du même régiment[20]. La citation à l'ordre de l'armée en précise les circonstances : « sous-lieutenant à la6e compagnie du8e régiment d'infanterie : officier d'un sang-froid et d'une bravoure incomparables, modèle d'abnégation et de devoir, adoré de ses hommes. Tué d'une balle en plein front, en entrainant avec ardeur sa section à l'assaut sous les rafales des mitrailleuses ennemies, le 16 avril 1917 »[21].
Il est inhumé à lanécropole nationale de Pontavert (tombe 1514)[22].
Son récit de combattant porte essentiellement sur l’année 1916 et les trois secteurs de Verdun, Troyon et la Somme.
Jean Norton Cru compte l'ouvrage de Paul Dubrulle parmi les assez bons témoignages (catégorie III) dansTémoins, son étude extensive sur les écrits des combattants de la Grande Guerre[23]. Il déplore dans son récit « des passages de la pire littérature de guerre », en particulier dans la première partie sur Verdun, mais souligne la qualité générale de son témoignage et souligne des « parties excellentes » sur les détails matériels du bombardement par l'artillerie lourde et l'analyse des réactions psychologiques qu'il cause chez les soldats[24].
Il cite : « À ce régime, les nerfs les plus solides ne peuvent résister longtemps ; le moment arrive vite où le sang monte à la tête, où la fièvre brûle le corps et où les nerfs usés deviennent incapables de réagir […] Oh ! alors, quelle horreur, lorsqu'on entend poindre dans le lointain le souffle ténu, lent, et que subitement l'on perçoit les nuances spéciales de l'obus personnel, l'accélération extrêmement rapide, le crescendo brutal du sifflement. Alors, l'on est crispé depuis la pointe des cheveux jusqu'à la plante des pieds, et l'on attend dans une sorte d'agonie […] le coup suprême […] l'on est submergé dune douleur intense […] c'est la chair qui se cabre devant le traitement infligé, c'est la révolte de notre être nerveux contre des chocs qui dépassent sa force de réceptivité, mais c'est surtout l'horreur du néant — je ne saurais dire autrement — de la dislocation […] L'usure des nerfs s'accentua ; bientôt elle fut extrême et, véritables loques, nous nous abandonnâmes ; désespérés de vivre sous une telle horreur, nous demandions à Dieu non pas de nous faire mourir — le passage est trop atroce — mais d'être morts ; nous n'avions qu'un désir : la fin ! »[24]