1 Ne sont comptabilisés que les matchs en compétitions officielles, quel que soit le statut (amateur et professionnel). Les matchs amicaux ne sont pas comptabilisés. 2 Matchs officiels.
Paul Breitner n'a pas 19 ans lorsqu'il débute enBundesliga avec leBayern Munich en 1970. Formé attaquant[2], il devient rapidement un cadre de l'équipe au poste d'arrière gauche (un poste où il a été à l'origine mis par défaut et auquel il n'avait jamais joué[2]).
Ses convictions et son attitude se heurtent rapidement à la rigueur deFranz Beckenbauer, homme fort du Bayern et de la sélection nationale[3]. Les conflits ouverts entre leKaiser et Breitner pousseront ce dernier à quitter le Bayern en 1974 et à renoncer à la sélection en 1975.
En 1974, Paul Breitner rejoint les rangs duReal Madrid, ce qui provoque certaines controverses enAllemagne. Avant de partir, il déclare « être heureux de partir », qu'il « n'a aucun ami au Bayern à part Hoeness » et qu'il « ne se sent plus bavarois »[3]. Sous les couleurs du club madrilène, il est repositionné au milieu de terrain et remporte deux titres de champion d'Espagne en 1975 et 1976.
De retour en Bavière, il est intronisé capitaine en 1979[3] et forme avecKarl-Heinz Rummenigge, un duo qui sera surnommé par la presseBreitnigge[4]. Il mène le club bavarois à son premier titre de champion depuis six ans. Ses performances sous le maillot du club bavarois lui valent d'être nomméfootballeur allemand de l'année en 1981.
Après une dernière saison achevée en 1983, Breitner raccroche définitivement les crampons.
Breitner égalisant sur penalty en finale de la Coupe du monde 1974.
Paul Breitner connaît même une première sélection à peine un an après ses débuts professionnels. Il remporte l'Euro 1972 (dans une sélection allemande souvent considérée comme la meilleure de tous les temps[1]) et laCoupe du monde de football 1974.Lors de la Coupe du monde, de multiples conflits éclateront entre les joueurs et la fédération. Breitner, qui est l'un des joueurs les plus remontés, sera même sur le point de quitter le centre d'entraînement de la sélection en pleine nuit[3]. Beckenbauer dira plus tard que lui et quelques joueurs passeront le reste de la nuit à le convaincre de rester. Bien leur en prit puisque Breitner marquera 3 buts lors du tournoi, dont un en finale contre les Pays-Bas sur penalty. Breitner racontera plus tard qu'il n'avait été qu'un tireur de penalty par défaut. En effet, pendant tout le tournoi, aucun joueur ne voulait être le tireur attitré de l'équipe.Uli Hoeneß s'en était chargé au début, mais il en avait raté un et ne voulait plus recommencer. Paul Breitner annonça donc avant la finale que si personne ne voulait le faire, lui le ferait.
En 1981, Paul Breitner revient en sélection, dans le but de participer à la Coupe du monde en 1982. Il déclare que c'est parce que le tournoi se déroule en Espagne et qu'il y a joué trois ans. Néanmoins, Breitner s'illustre encore une fois en dehors du terrain par ses frasques. Le camp d'entraînement de la sélection basée aulac de Schluch (Schluchsee en allemand) est vite rebaptiséSchlucksee ("le lac de la picole")[5] en raison des fêtes alcoolisées et de la débauche qui y règnent[5]. Breitner n'est pas le dernier à y participer mais d'après des propos recueillis dans la biographieAnpfiff deHarald Schumacher, il est l'un des rares à tenir son rôle à l'entraînement les lendemains difficiles et ne rate pas une seule passe[5]. Le, àSéville, il participe au match d'anthologie contre laFrance en demi-finale de Coupe du monde mais ne peut résister à l'Italie en finale. Le but qu'il inscrit alors à la82e minute est d'ailleurs assez anecdotique. Il racontera plus tard que le match contre la France avait sérieusement éprouvé les joueurs allemands et qu'ils n'avaient pu rivaliser en finale contre les Italiens.
Sur le terrain, il se taille rapidement une réputation de joueur rugueux, aimant le défi physique et se distinguant notamment par ses frappes lointaines et puissantes[7]. Cela est accentué par son look hirsute, lui donnant des airs de barbare, et sa chevelure épaisse et bouclée qui lui vaudra le surnom deder Afro. Mais c'est aussi hors du terrain que Breitner se fait remarquer. Anticonformiste, provocateur, esprit libre[1], Paul Breitner s'illustre par son franc-parler et ses positions de gauche : à 20 ans, il déclare admirerMao, lireMarx et souhaiter la défaite des Américains auVietnam[2]! Ces déclarations lui vaudront d'être considéré comme un "intellectuel rebelle" par les médias allemands et comme un personnage populaire et controversé outre-Rhin[7].
Breitner, par sa personnalité, son franc-parler et son caractère fut un footballeur particulièrement controversé. Anticonformiste, il pose lors de ses débuts sur une photo aux côtés d'un portrait deMao[3], déclare lireLénine etMarx et affiche une sympathie pourChe Guevara[7]. Considéré par leNew York Times comme un « héros de la contre-culture allemande »[2], Breitner sera néanmoins à de nombreuses reprises critiqué par les médias et le public pour ses frasques, son style de vie et son appât du gain souvent en contradiction avec les positions et les convictions qu'il affichait[2]. Son salaire élevé, son goût pour les voitures de sport de luxe, ses prétentions salariales et les primes qu'il exigeait de laDFB et duBayern Munich seront aussi critiqués par la presse[2]. En 1982, il accepte même de se raser la barbe pour 150 000 DM offerts par une compagnie de cosmétiques[2].
Joueur caractériel, il n'a pas hésité à fustiger entraîneurs et coéquipiers et clubs dans lequel il a joué tout au long de sa carrière. Il a ainsi déclaré qu'Udo Lattek était l'entraîneur « ayant le moins d'autorité en Bundesliga »[2], queBeckenbauer était le « fossoyeur du football » après sa prise de fonction à la tête de la sélection nationale[3] et insultait publiquementJupp Derwall, entraîneur-adjoint de la sélection en 1978[2]. Il avait aussi critiqué le côté « nouveau riche » duBayern Munich en 1974 et l'amateurisme de l'Eintracht Brunswick, club pour lequel il avait joué une seule saison en 1977-1978[2]. Volontiers provocateur, il publia un livre avant la Coupe du monde 1982, où il fustigeait ce qu'il considérait être les travers du foot.
Les contradictions du personnage et sa réputation sulfureuse ne lui permettront pas d'exercer par la suite une carrière d'entraîneur dans le football[3]. En 1998, il est nommé sélectionneur de l'équipe d'Allemagne de football mais ne reste que 17 heures en poste devant le refus de nombreux officiels de travailler avec lui[3]. Il travaille désormais comme chroniqueur dans les journaux et comme commentateur télé. Selon son coéquipier de l'équipe d'AllemagneHarald Schumacher, la résistance physique de Breitner était telle que lors de la Coupe du monde de football 1982, il écumait les boîtes de nuit, se saoulait, mais ne ratait pas une passe à l'entraînement le lendemain matin. Il a aussi marqué dans deux finales de coupe du monde en 1974 et en 1982, un record qu'il partage avec les BrésiliensVavá etPelé et les FrançaisZinédine Zidane et Kylian Mbappé.