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Ne doit pas être confondu avecPatricien.

Le terme de « patrice » (enlatinpatricius) est la transposition enfrançais utilisée par les historiens contemporains pour désigner un rang dans l'organisation duBas-Empire romain, alors que le terme latinpatricius, utilisé auparavant pour désigner unpatricien, reste inchangé. Ces historiens veulent ainsi indiquer la différence entre ce mot lorsqu'il désignait dans laRépublique romaine les familles patriciennes, et le nouveau sens qu'il a désormais, désignant un haut rang dans lanobilitas[note 1]. Le titre de « patrice » continue d'exister comme titre honorifique sous leBas-Empire et dans l'Empire byzantin (engrec πατρίκιος,patrikios), en Occident après la fin de l'Empire romain d'Occident, ainsi que comme charge et titre nobiliaire dans lapéninsule italienne (enitalienpatrizio) jusqu'à l'apparition de laRépublique italienne en 1946.
Dans les années 310-320,Constantin abolit le rang depatricien romain, vieille distinction sociale qui avait ses racines au début de laRépublique romaine. Le titre de patrice désigné par le même terme latinpatricius est désormais accordé par l'empereur à un petit nombre de personnes de son choix[1], et non plus à des familles entières et de façon héréditaire. Les patrices de Constantin n'ont pas de rôle défini ni de place fixée dans la hiérarchie de sa cour[2]. Dès son apparition, le titre de patrice permet à son titulaire d'intégrer lanobilitas, comme le faisait auparavant le patriciat républicain.
Le titre est décerné à des personnages puissants, mais non membres de la famille impériale ; il vient dans la hiérarchie immédiatement après les titres d'Auguste et deCésar.Zosime place à cette époque les titulaires du titre au-dessus despréfets du prétoire[note 2].
Dans l'Empire d'Occident, le titre est rarement utilisé et conserve son haut prestige, étant conféré en particulier auVe siècle aux puissantsmagistri militum qui dominent l'État, telsStilicon,Constance,Aetius,Boniface etRicimer[1], ainsi qu'Anthémius[3].
Dans l'Empire d'Orient,Théodose II (r. 408–450) tente d'interdire son accès auxeunuques[1], mais cette restriction est levée auVIe siècle[4]. L'empereur d'OrientZénon (r. 474–491) l'octroie àOdoacre pour légitimer le règne de ce dernier en Italie après avoir renversé lemagister militum rebelle,Oreste, et son fils, le prétendantRomulus Augustule en 476. En508, il est décerné par l'empereurAnastaseIer àClovisIer, rois desFrancs, en même temps que la dignité consulaire, à moins qu'il ne s'agisse d'un seul et même titre[note 3]. SousJustinien (r. 527-565), le titre est largement conféré et est ainsi quelque peu dévalué, l'empereur l'ouvrant à tous les hommes de rangs supérieurs à celui d’illustris, autrement dit à la majorité des membres duSénat[6].
Le titre est parfois donné à certains princes étrangers gouvernant sur des provinces semi-autonomes de l'empire byzantin. LaLazique est ainsi gouvernée dans la seconde moitié du VIIe siècle par des patrices, tel queGrégoire de Lazique.
AuVIIIe siècle, le titre perd en préséance, venant après lemagistros et l’anthypatos. Il reste toutefois l'un des plus élevés de la hiérarchie impériale jusqu'auXIe siècle, et est accordé aux plus importantsstratēgoi[1]. Lespatrikioi eunuques bénéficient d'une préséance supérieure, venant même avant lesanthypatoi[7]. Selon leKlētorologion de 899, sesinsignia sont des tablettes d'ivoire[8]. Au milieu duXe siècle, les fonctionnaires ayant le titre de patrice recevaient par an 12 livres d'or et un vêtement de cérémonie, ce qui n'était pas la dotation la plus élevée pour les dignitaires[9]. AuXIe siècle, le titre depatrikios subit le même sort que d'autres : trop conféré, son statut décline, et il finit par disparaître sous lesComnène au début duXIIe siècle[1].
Le titre deprōtopatrikios (πρωτοπατρίκιος, « premierpatrikios ») est également attesté en Orient de 367 à 711, peut-être pour le plus élevé des titulaires, chef de l'ordre (taxis) patricien[1],[10].
La forme fémininepatrikia (πατρικία) est utilisée pour les épouses despatrikioi, lazostē patrikia faisant toutefois exception[1].
Sous lesMérovingiens, le titre de patrice était donné au commandant des arméesburgondes. Le titre fut encore porté auVIe siècle par desnotablesgallo-romains, notammentDynamius de Marseille[11]. On connait ainsi une liste de cinq patricesprovençaux entre le début des années 690 et la fin des années 730[note 4].
Lespapes l'ont notamment décerné à plusieurs reprises pour honorer des personnages qui les avait bien servis :Pépin le Bref, créateur desÉtats de l'Église, et de ses filsCharlemagne et Carloman furent faits « Patrice des Romains »[1].
Le patriciat de la ville deNaples se divisait en plusieurs sièges rassemblant chacun les nobles selon leur quartier. Ces sièges étaient les :