
Patimokkha (pali :pāṭimokkha) ousanskrit :प्रतिमोक्षpratimokṣa[Note 1],prati signifiant « avancer », « en avant » etmokṣa, « libération » — au sens de libération ducycle des existences) est dans lebouddhisme le nom donné à l'ensemble des règles de conduite que doivent appliquer et respecter les membres de l'ordre bouddhiste, lesangha[1]. Ces règles se trouvent dans la partie duCanon pali appeléeVinaya. Dans l'écoletheravada, elles sont au nombre de 227 réparties en sept sections pour les moines (bhikkhu), et de 311 pour les moniales (bhikkhuni). Mais ce nombre varie d'une école à l'autre.
LePāṭimokkha fait partie du Suttavibhanga, division duVinaya Pitaka[2].
Le sens précis du termepāṭimokkha n'est pas clair. Il s'agit peut-être de comprendre« ce qui doit être fait de manière contraignante » ou« ce qui permet de se libérer (de la souffrance) »[1].Philippe Cornu, lui, donne« libération par élimination (de ce qui mène à la souffrance) », précisant qu'entibétain, ces vœux de praktimosha se traduisent par « libération individuelle »[3]. Si l'on considère l'évolution du sens,pāṭimokkha a dû, aux premiers temps du bouddhisme, noter une simple profession de foi dans les premiers enseignements du Bouddha, puis dans un deuxième temps, plus tard, renvoyer aux règles disciplinaires qui se sont peu à peu développées, à mesure que le sangha se développait et qu'il fallait des règles qui s'appliquent à des problèmes de conduite spécifiques qui apparaissaient[4].

Il existe plusieurs versions du code disciplinaire pour les moines et les moniales pleinement ordonnés. Il s'agit sans doute là de la partie la plus ancienne des différents vinayas. Il semble que les différents courants du bouddhisme indien se sont appuyés, pour se définir, sur le code monastique auquel ils adhéraient. Les différences d'interprétation qui en résultèrent donnèrent lieu à des conciles qui avaient pour tâche d'arbitrer les différends, mais finalement, ces désaccords débouchèrent sur des schismes qui donnèrent naissance à plusieurs écoles bouddhistes[5]. Les préceptes contenus dans lepāṭimokkha règlent la vie des moines et des moniales qui ont reçu la pleine ordination (upasampadā (en)) ainsi que celles desnovices. Ces codes de préceptes fournissent des instructions précises et détaillées sur la prise de décisionséthiques, sur des questions matérielles comme la nourriture, les vêtements, l'habitat, l'ameublement, etc., ainsi que sur des questions d'étiquette et d'interactions sociales[4].
Des quelque dix-huit écoles de vinaya qui existaient dans l'Inde antique aux premiers siècles du bouddhisme, il reste aujourd'hui trois courants principaux : le pratimoksha desTheravada (rédigé enpali), suivi dans lebouddhisme au Sri Lanka, lebouddhisme au Bangladesh,le bouddhisme en Birmanie,au Cambodge,au Laos,en Thaïlande; le pratimoksha desDharmaguptaka, suivi dans lebouddhisme chinois, lebouddhisme coréen,japonais,vietnamien et celui deTaïwan; le pratimoksha desMulasarvastivada, suivi dans lebouddhisme tibétain, ainsi que lebouddhisme au Bhoutan, enMongolie, auNépal et dans l'Himalaya indien[5],[4].
Si ces différents courants ne présentent pas le même nombre de règles (en revanche, tous trois en comptent un nombre nettement supérieur pour les moniales)[Note 2], il y a un des éléments substantiels qui leur sont communs: ils ont une architecture semblable, tous avec des codes différents pour les hommes et les femmes, et une division des fautes (āpatti) en huit catégories[5],[6],[Note 3]. Ces catégories sont données par ordre de gravité décroissante.
Autre point commun, la confession chaque quinze jours, durant la cérémonie de l'uposatha qui réunit les moines et les moniales, des transgressions des règles durant la quinzaine précédant la cérémonie, ce qui leur permet de racheter leurs fautes[5]. Durant cette cérémonie — qui a lieu à lapleine lune et à lanouvelle lune, lepāṭimokkha est récité à la suite de la confession, mais seulement par les moines et les moniales, lesnovices n'étant pas autorisés à participer à la cérémonie[4].
