Dans l'Ancien Testament, leDieu d'Israël est fréquemment comparé à unberger[1]. « La métaphore pastorale apparaît d'abord comme un titre divin, bien avant l'institution de la monarchie, contrairement à ce que l'on considère généralement en y voyant un titre spécifiquement royal […]. L'origine de ce titre est double : il est d'abord et surtout lié à la vieille conception du Dieu des Pères qui s'est maintenu en Canaan à côté de la religion officielle des dieuxEl etBaal, il représente ensuite une transposition sur le nouveau Dieu YHWH d'un attribut royal cananéen. Le fait que ce titre ait été repris et amplifié avec une certaine prédilection peut s'expliquer par sa particulière aptitude à exprimer les expériences de l'exode et de la marche dans le désert […]. Désormais c'est à la fois comme Dieu de Jacob et comme Roi d'Israël que YHWH sera le berger de son peuple. » (Philippe de Robert,Le Berger d'Israël : Essai sur le thème pastoral dans l'Ancien Testament)
Lepsaume 23, un despsaumes les plus connus et les plus cités dans les Églises protestantes, en particulier au cours des cérémonies funèbres, commence par « L'Éternel (YHWH) est mon berger ».
Dans leNouveau Testament, le motpasteur est employé à plusieurs reprises, y compris parJésus lui-même[2] :
dans sesparaboles sur les brebis (labrebis égarée et retrouvée, Mt 18:12 ; les brebis qui écoutent et reconnaissent la voix du pasteur) ;
quand Jésus parle de lui-même en tant que guide : « Je suis leBon Pasteur ». Par extrapolation, il deviendrait le modèle du pasteur ;
lorsqu'il dit par deux fois àPierre : « Pais mes agneaux » puis une fois « Pais mes brebis »(Jn 21:15-17) où il donne à Pierre la charge de guide non seulement des fidèles, mais également des Églises.
L'apôtre Paul, dans sonépître aux Éphésiens, parle également des pasteurs, qui auront pour charge de « former les saints pour l’œuvre du ministère » (Ep 4.10,11)[3]. Selon ce texte, le ministère pastoral aurait donc pour fonction principale de former les chrétiens afin qu'ils puissent, chacun selon son appel, vivre ce pour quoi Dieu les a appelés.
Le motpasteur est employé en ce sens dans lechristianisme en général.
Le pastorat est un ministère donné par Dieu pour l'Église :« Et il (Dieu) a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ (l'Église). » Éphésiens, 4:11-12.
Dans la religioncatholique, le mot peut désigner, dans une certaine mesure toute personne chargée de conduire spirituellement une communautéreligieuse, et est donc utilisé quelquefois pour parler duprêtre ou de l'évêque. En anglais nord américain, en Allemagne du nord et dans la langue néerlandaise, un curé est appelépastor oupastoor.
Lesprotestantsmultitudinistes ne connaissent pas declergé, au sens de personnes qui recevraient lesacrement de l'ordre ou qui seraient investies d'un pouvoir particulier[4]. Chaque protestant se considère comme engagé dans lesacerdoce universel. S'appuyant notamment sur la première épître de Pierre (chapitre 2, verset 9),Martin Luther a développé ce principe très tôt en affirmant : « le baptême seul fait le chrétien. Tous nous sommes prêtres, sacrificateurs et rois. Tous nous avons les mêmes droits […]. L’État ecclésiastique ne doit être dans la chrétienté qu’une sainte fonction. Aussi longtemps qu’un prêtre est dans sa charge, il paît l’Église. Le jour où il est démis de ses fonctions, il n’est plus qu’un paysan. » (Manifeste à la nation allemande, 1520)
De ce fait, lepasteur, dont le titre officiel est« ministre du saint Évangile », ne saurait être comparé chez les protestants à unprêtre catholique ouorthodoxe. Pasteur est finalement un nom d'usage, le mot propre estministre, étymologiquement : serviteur. Le mot latinministerium« fonction de serviteur [minister], service, fonction » a aussi donné le motmétier – d’ailleurs le nom anglais pour pasteur estminister, qui désigne aussi un ministre. Le pasteur est simplement quelqu'un dont le métier est le service du culte (prédication et sacrements), l'enseignement ainsi que la direction et l'accompagnement d'une communauté sur un territoire donné.
Le pasteur réforméAndré Trocmé devant le temple duChambon-sur-Lignon vers 1941, sans doute un dimanche avant ou après le culte comme l'indique sarobe pastorale, unvêtement sacerdotal qui n'est porté par les pasteurs protestants que lors de cérémonies religieuses.
Étant donné ses fonctions, un pasteur doit avoir satisfait à diverses conditions d'études et de diplômes. EnEurope, le master en théologie (bac+5) est exigible (master professionnel, bac+5, pour les Églises luthéro-réformées en France). Les diplômes reconnus ne suffisent cependant pas pour être pasteur, il faut aussi un agrément d'une commission des ministères. Dans l'Église protestante unie de France, le pasteur doit, après son master pro, faire encore deux ans de proposanat (stage) en paroisse pour enfin être agréé (ou pas) par la commission des ministères et reconnu commeministre.
Un cursus de formation typique pour un pasteur français est donc le suivant :
master professionnel, cursus de deux ans après la licence qui comporte un an d'enseignement de type master, un stage, des séminaires et la rédaction d’un mémoire. Les étudiants peuvent s’inscrire en master professionnel après avoir validé la première année du master. Au préalable ils auront également pris contact avec l’Église où ils envisagent d’exercer un ministère et qui leur aura donné son autorisation ;
proposanat de deux ans effectué dans une Église locale ou une paroisse au terme du master professionnel, et après accord de la Commission des ministères de l'Église protestante unie de France.
C'est seulement à l'issue de ce cursus que la Commission des ministères va autoriser l'ordination ou la consécration du nouveau pasteur et l'inscrire au rôle[5]. Lesluthériens, lesanglicans, lesFrères moraves, lesméthodistes et lesadventistes pratiquent uneordination ; l'Église protestante unie de France célèbre uneordination-reconnaissance deministère. Les protestants conservateurs (libristes ouréformés) maintiennent le concept deconsécration pastorale. Dans leprotestantisme historique, le pasteur est élu par un conseil presbytéral (lui-même élu par l'assemblée générale locale) en concertation avec un conseil régional (ou synodal) qui est son véritable employeur.
Le statut dupasteur est légèrement différent selon les confessions protestantes et surtout selon le régime de gouvernement de l'Église considérée :
Le pasteurchrétien évangélique exerce des fonctions de direction, enseignement et conseil dans les églises[7]. La formation des pasteurs s’effectue dans uninstitut de théologie évangélique pour une durée d’une année (certificat) à quatre années (licence,master) enthéologie évangélique[8]. La consécration pastorale se fait généralement par l’église locale, qui le place comme interprète principal de la Bible[9]. Les pasteurs peuvent se marier et avoir des enfants[10].
Dans une partie des Églises protestantes, les femmes peuvent être pasteurs[11]. Les Églises confessionnelles, qui ont fait le choix de suivre la position des premiers réformateurs ne l'autorisent cependant pas.Jean Calvin exprime, dans soninstitution, le fait que les femmes ne sont pas autorisées à exercer le sacrement du baptême[12]. Ce qui est compris comme une tâche appartenant au pasteur. Il reprend l'argumentation de d'Épiphane de Salamine, qui disait que la permission n'a même pas été donnée à la sainte mère du Christ[13].
En 1918, les deux premières pasteures suisses,Elise Pfister etRosa Gutknecht sont ordonnées dans le canton de Zurich[14]. Suit en 1929Marcelle Bard, nommée pasteure dans l'Église nationale protestante deGenève enSuisse. Et en 1949,Élisabeth Schmidt sera la première femme consacrée pasteure dans l'Église réformée de France.
La première femme pasteur française estMadeleine Blocher-Saillens : elle est reconnue pasteur par l'Église évangéliquebaptiste indépendante du Tabernacle, à Paris, en 1929[23].
Fureur apache, western américain deRobert Aldrich,1972 avec Bruce Davidson dans le rôle du lieutenant Garnett DeBuin, militaire chrétien, fils d'un pasteur.
Colorado, série télévisée américaine (1978) de Frank Skimerhorn, interprété parRichard Crenna,The Massacre, pasteur et colonel, responsable du massacre d'une tribu cheyenne à Sand Creek en (John Chivington dans l'histoire)
Moby Dick, 1998, mini-série télévisée en trois épisodes de Franck Roddam, avecGregory Peck dans le rôle du père Mapple.
Les Châtaigniers du désert, téléfilm français deCaroline Huppert, 2010, avec Élodie Navarre dans le rôle d'une pastourelle
Moby Dick, téléfilm américain, de Mike Barket, 2011, avecDonald Sutherland dans le rôle du père Mapple.
L'Épouvantail, série télévisée américaine de James Neilson, 1964, interprété parPatrick McGoohan, pasteur durant le jour et justicier masqué durant la nuit.
Preacher, série télévisée américaine de Seth Rogen (inspirée des comicsPreacher de Garth Ennis), interprété par Dominic Cooper, pasteur malgré lui dans une petite ville duTexas.
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