LaPartita, parfois appeléecassation, se réfère selon les époques, selon lecompositeur, à desformes musicales diverses :synonyme d'unesuite, d'unesonate, d'un cycle devariations, etc. Le terme est surtout utilisé en Italie et en Allemagne, auxXVIe et XVIIe siècles. Il vient d'un motitalien qui se référait aux variations libres, appelées parties, d'une chanson populaire (enallemand :Partie, Parthie, Partia, Parthia ; enlatin :pars – au pluriel : des « partitas » en français, ou « partite », en italien).
Chez lescompositeursitaliens de la fin duXVIe et du XVIIe siècle, le terme s'applique à une pièce d'un recueil, inspirée d'une danse. La première composition conservée se trouve dans un manuscrit du luthisteVincenzo Galilei,Libro d’intavolatura di liuto, nel quale si contengono i passamezzi, leromanesche, isaltarelli, et legagliarde, copié en 1584, mais probablement composé vingt ans plus tôt, avec pour titres :Romanesca undecima con cento parti,Passemezzo sesto con parti, etAria del Gazzella con XII parti[1]. La première parution est de Prospero Luzi,Opera bellissima nella quale si contengono molte partite et passaggi di gagliarda (1589) ; on trouve aussi laPartite strumentali (perdue) deCarlo Gesualdo[2].
Le motPartita prend le sens de mutation ou modification, comme nos modernesvariations, généralement élaborées sur la base d'un air traditionnel :Partite sopra... « variation sur »Ruggiero, zefiro, fidele,monica,folia, puischaconne etpassacaille et des airs divers, qu'on trouve notamment chezMayone (Partite sopra Fidele, 1603),Giovanni Maria Trabaci (Partite sopraRuggiero, 1603),Frescobaldi,Michelangelo Rossi,Gregorio Strozzi,Bernardo Storace (partite sopra diverse arie, 1664), etAlessandro Scarlatti[1]. Les Italiens continuent à l'employer dans ce sens avec notamment l'expressionpartite diversi...[1].
Si Reincken (Partite diverse sopra… La Meyerin) conserve le sens de variations sur un thème, lapartite est une « suite de pièces... » chezFroberger, élève de Frescobaldi,Libro secondo di toccate… gigue et altre partite (1649)[2] ouDiverse curiose e rare partite musicali (1696).
Avec leXVIIIe siècle, notamment dans les pays germaniques, le sens de variation disparaît au profit de lasuite de danses, en général :allemande – précédée d'un, ou substituée à unPræmbulum,Fantasia, Symphonia, Ouverture –,courante,sarabande etgigue. Avant la gigue peut s'intercalermusette,bourrée oumenuet) comme chezChristoph Graupner, ou mouvements intitulés Allegro, Largo, etc.
Apparaît également le sens d'une division d'un recueil : dans leMensa sonora (1680) deBiber, le musicien articule ses pièces en diversespars (formelatine du mot).Kuhnau l'utilise aussi dans le sens de suite faisant partie d'un ensemble (Neuer Clavier Übung Erster Theil, Bestehend in Sieben Partiten... 1689), de même queJohann Krieger (Sechs musicalische Partiten, Sei partite musicali 1697)[2].
AvecBach, se trouve l'opposition entre lapartita, proche de l'esprit de lasonata da camera, composée d'une suite de danses et laSonata, ayant pour modèle lasonate da chiesa. LesSonates et partitas pour violon seul en sont l'exemple parfait. Mais, s'il appelle partitas des suites pour clavier (Clavierübung), il conserve le terme pour des variations dechorals pour orgue (partite diverse sopra..., BWV 766-769), comme les Italiens duXVIIe siècle.
Ces partitas sont un des sommets durépertoire, et le mot semble impliquer, pour Bach, une haute virtuosité et des sommets de la littérature pour leursinstruments respectifs :
Haydn nomme certaines de ses sonates pour clavecin de jeunesse, du terme departita, l'œuvre conservant la même tonalité majeure ou mineur, tout au long des quatre mouvements, à l'instar des anciennes suites.
À Vienne à partir de 1720-50, le termeparthia s'applique à la symphonie de chambre, particulièrement populaire en Autriche ;Michael Haydn à Salzbourg, étant le dernier vers 1770, la forme laisse la place à l'évolution de lasymphonie[1].Parthia s'applique également aux œuvres pour instruments à vent, notamment la « Gran Partita » de Mozart (sérénade à vent KV 361), constituée de sept mouvements et composée au début desannées 1780. En général la parthia est pour octuor (deux hautbois, deux clarinettes, deux cors et deux bassons) souvent augmenté d'un contrebasson ou d'une contrebasse (comme pour les 13 deFranz Krommer, ouAntonio Rosetti). La forme est proche d'une symphonie : quatre mouvements (parfois cinq), avec en seconde place leMinuetto.
Exemples auXXe siècle :