Lors de sa fondation en 1892, dans la salle Sivori deGênes son nom est Partito dei Lavoratori Italiani (Parti des Travailleurs Italiens); puis àReggio d'Émilie en 1893, le nom devient Partito Socialista dei Lavoratori Italiani (Parti Socialiste des Travailleurs Italiens) ; lors du congrès deParme en 1895, il prend son nom définitif de Partito Socialista Italiano.
Le PSI, durant ses 102 ans d'existence, connut de nombreux bouleversements et changea souvent d'orientation idéologique. Après avoir été le premier parti italien de masse[1] à la fin duXIXe siècle et au début duXXe, il entra en crise sur la question de sa soumission à l'Internationale communiste, et en1921, une fraction importante du PSI fit scission pour créer leParti communiste d'Italie (qui devint ensuite leParti communiste italien). Le parti, qui fut un opposant majeur dufascisme dès son apparition, fut dissous par décret le. Il se reconstitua alors enFrance grâce à l'impulsion deLuigi Campolonghi et du trésorierFerdinando Bosso et participa de façon importante à l'antifascisme clandestin. En1943, après ledébarquement desAlliés et lachute deMussolini, beaucoup de ses membres revinrent en Italie et s'impliquèrent dans laRésistance. Après la guerre, le PSI joua un rôle majeur dans lanaissance de la République.
Après avoir renoué avec les communistes dans lesannées 1930, le PSI rompit avec eux à la suite de la répression de l'insurrection de Budapest par les troupes soviétiques en1956. Il commença alors un rapprochement avec laDémocratie chrétienne, le premier parti du pays, débouchant dans lesannées 1960 sur une alliance de centre gauche. Ainsi, il forma, en 1966, avec leParti social-démocrate italien (PSDI), leParti socialiste unifié (PSU). Les deux partis fusionnent en 1968 au sein du PSI, mais les membres du PDSI s'en retirent dès 1969. Le parti resta alors ensuite tiraillé entre communistes et démocrates-chrétiens jusqu'en1976, lorsque, sous l'impulsion de son nouveau secrétaire généralBettino Craxi, il abandonna toute référence aumarxisme pour se diriger vers lasocial-démocratie[2]. Il connut alors une ascension lors desannées 1980, ponctuée par la présence de Craxi à laprésidence du Conseil, de1983 à1987.
De1992 à1994, le scandaleTangentopoli révéla un vaste réseau de corruption et de financement illicite des partis politiques italiens, menant à la disparition de la plupart d'entre eux. Le PSI n'échappa pas à la tourmente, et disparut à la fin de l'année1994, dans le cadre d'un profond bouleversement de la scène politique italienne.
Le, àGênes, le Parti ouvrier italien, la Ligue socialiste milanaise et un grand nombre d'autres organisations socialistes fusionnent pour former le Parti des travailleurs italiens (PLI,Partito dei Lavoratori Italiani en italien). Lors du Congrès, 400 délégués sont présents, parmi lesquels Turati,Guido Albertelli etAntonio Labriola. Après une infructueuse tentative de médiation, les délégués anarchistes (environ 80) refusent d'adhérer à la nouvelle formation[4]. Turati, en effet, est un partisan d'une adaptation dusocialisme aux situations historiques, et admire en conséquence le puissantParti social-démocrate d'Allemagne. C'est la dernière tentative d'accord entre anarchistes et socialistes.
Lancé sur la voie de lasocial-démocratie (au sens de l'époque), le PLI englobe en1893 le Parti socialiste révolutionnaire italien de Costa. Cependant, en1894, à la suite de la montée de l'anarchisme, le président du ConseilFrancesco Crispi dissout le PLI lors d'une campagne de répression. Il se reconstitue alors clandestinement et adopte le nom de Parti socialiste italien pour la première fois. Auxélections de1895 puis de1897, 15 de ses représentants sont élus ; en1900, ils montent à 33. En parallèle, les violences sociales sont toujours plus nombreuses[5]. Le PSI décide alors de s'allier avec les républicains et les radicaux, ce qui divise le parti entre une aile révolutionnaire menée par Labriola etEnrico Ferri, et une aile réformiste menée par Turati. La division face à la stratégie à adopter conduit à l'exclusion dessyndicalistes révolutionnaires en1907.
En1914, lorsque laguerre éclate, le parti milite vigoureusement pour le maintien de la neutralité italienne. Mais une frange du parti, menée parMussolini, qui était le directeur du "L'Avanti !", le journal du parti, se prononce en faveur de l'intervention et est exclue en conséquence. Lorsque l'Italie entre en guerre en1915, le PSI, selon la formule de son secrétaire généralCostantino Lazzari, adopte la ligne « ni adhérer ni saboter ». Le parti se radicalise ensuite : en1918, le courantmaximaliste l'emporte auXVe Congrès ; l'année suivante, le parti adhère d'emblée à l'Internationale communiste fondée par leparti bolchevik, par 10 voix à 3 lors d'un vote du Bureau politique[5]. La même année, les premièresélections auscrutin proportionnel donnent la première place au PSI, qui remporte 32 % des voix, soit 12 points de plus que le deuxième, leParti populaire italien deLuigi Sturzo. Entretemps, l'Italie traverse la période duBiennio rosso: de nombreuses grèves et occupations d'usine ont lieu face à la crise de l'après-guerre, soutenues par le PSI, et beaucoup en viennent à envisager une révolution sur le modèle soviétique.
Cependant, à l'été1920, l'Internationale communiste décide de poser21 conditions à ses membres et aux éventuels partis adhérents. Parmi celles-ci, en plus de l'obéissance totale à ses directives et de l'adoption du modèleléniniste ducentralisme démocratique, le texte demande l'exclusion des courants réformistes, et cite même en exemple celui italien deTurati. Le parti se divise alors en deux camps. D'une part, Turati et ses partisans, appuyés par la majorité maximaliste ; de l'autre, les partisans de l'Internationale, commeAntonio Gramsci,Amadeo Bordiga ouPalmiro Togliatti, regroupés autour du quotidienL'Ordine Nuovo. Finalement, au Congrès deLivourne enjanvier 1921, 59 000 militants quittent le PSI pour former un nouveau parti, leParti communiste d'Italie (PCd'I)[8]. Auxélections de la même année, le parti chute à 24,7 % des voix et 123 sièges, contre 4,6 % et 15 députés pour les communistes. En1922, cependant, Turati se rend auprès deVictor-Emmanuel III lors des consultations pour résoudre la crise gouvernementale, brisant la règle du parti de non-collaboration ; l'aile réformiste est alors exclue et forme leParti socialiste unitaire, qui compte également parmi ses membresGiacomo Matteotti,Sandro Pertini ouGiuseppe Saragat.
En parallèle, les socialistes sont de plus en plus persécutés par lessquadristes fascistes[9]. Le siège de l'Avanti! est incendié, plusieurs cadres et députés sont violentés lors de raids, des heurts éclatent lors de manifestations[9]... L'ancien membre du PSIMussolini est de plus en plus virulent à l'égard du parti, ainsi que des syndicats. En1922, il est nommé chef du gouvernement après laMarche sur Rome. Lors desélections de1924, le PSI s'effondre, ne remportant même pas 5 % des voix. De nombreuses accusations de fraude s'élèvent, dont celle de Matteotti, qui attaque leParti national fasciste à laChambre. Le, il est enlevé et tué ; son corps ne sera retrouvé que le. En réaction, le PSI prend part à lasécession de l'Aventin. Leslois fascistissimes donnent ensuite naissance au régime totalitaire fasciste : le, le PSI (ainsi que tous les partis politiques à l'exception du PNF) est dissous, et le 9, ses députés sont déchus de leur fonction[10].
À la suite de la répression dont il est victime, le PSI transfère tous ses organes dirigeants àParis. Le, le PSI forme avec le PSU (entretemps devenu Parti socialiste unitaire des travailleurs italiens, PSULI en italien), leParti républicain italien (PRI) et d'autres organisations exilées laConcentration antifasciste[11]. Les communistes restent cependant en dehors, adoptant dans ces années la ligne du « social-fascisme », associant la sociale-démocratie, et donc le PSI, au fascisme, à combattre avec la même virulence. Lesfascistes continuent dans le même temps d'arrêter de nombreux socialistes, commeCarlo Rosselli,Emilio Lussu ouSandro Pertini. Enjuillet 1930, le PSULI réintègre le PSI, guidé désormais par le jeunePietro Nenni. L'année suivante, le parti s'accorde sur une unité d'action avec l'organisationGiustizia e Libertà. Mais enaoût 1934, le PSI fait volte-face avec la signature d'un pacte avec les communistes, sur le modèle des Fronts populaires en constitution enFrance et enEspagne ; la Concentration antifasciste est dissoute en conséquence. Le PSI fonde la même année le Centre socialiste interne, chargé d'organiser la lutte en Italie[10]. En1936, lorsque laguerre d'Espagne éclate, de nombreux partisans antifascistes rejoignent lesBrigades internationales: le PSI, lePCd'I et le PRI se rassemblent au sein duBataillon Garibaldi. À la même période, l'aile droite exclue du PCd'I en1929-1930, menée parAngelo Tasca, rejoint le parti en nombre.
Cependant, lepacte germano-soviétique d'août 1939 brise l'unité d'action entre communistes et socialistes. En effet, le PCd'I fait volte-face pour justifier l'alliance de l'URSS avecAdolf Hitler, et le PSI met fin à l'accord signé en1934. Après l'invasion de laFrance par l'Allemagne, les organes du PSI reconstitués sont dissous et plusieurs membres sont arrêtés. Certains entrent également dans laRésistance[12]. En1941, l'opérationBarbarossa permet de normaliser les relations avec le PCd'I et de signer un nouvel accord antifasciste, àToulouse. L'année suivante, l'Avanti! est de nouveau publié, secrètement, et le PSI se recompose clandestinement enItalie. Ledébarquement desAlliés enAfrique du Nord en novembre fait alors croire à une défaite proche de l'Italie fasciste.
Résistance et fondation de la République (1943-1946)
Après la chute du fascisme, le gouvernement provisoire s'accorde sur la tenue d'unréférendum sur le régime et l'élection d'uneAssemblée constituante. Le, la République, très activement soutenue par le PSIUP, est proclamée avec 54 % des voix, tandis que le parti en remporte près de 21 % et 115 sièges à l'Assemblée élue, derrière la DC (35 % et 207 sièges) mais devant le PCI (19 % et 104 sièges).
Devant ces résultats qui voient la gauche marxiste remporter 40 % des suffrages, le PSIUP décide de poursuivre et même d'approfondir la collaboration avec lePCI. En réaction, enjanvier 1947, l'aile droite du parti menée parGiuseppe Saragat, opposée à l'URSS, fait scission comme en1922 pour refonder le Parti socialiste des travailleurs italiens (PSLI)[14], qui devient plus tard leParti social-démocrate italien (PSDI). Le PSIUP reprend peu après le nom de PSI. En mai, dans le contexte de laGuerre froide, les démocrates-chrétiens excluent les socialistes et les communistes du gouvernement en raison de leur opposition auPlan Marshall. Le PSI et le PCI s'allient face à la DC lors desélections de 1948 dans la coalition duFront démocratique populaire. Après une campagne de grande tension, c'est une défaite : 31 % des voix seulement, contre 48 % pour laDémocratie chrétienne. Cependant, le PSI poursuit sur la route de l'union avec les communistes, provoquant une nouvelle scission d'une frange droite du parti, qui refonde le Parti socialiste unitaire.
Bien qu'ils présentent désormais des candidatures séparées, les deux grands partis de gauche restent unis dans l'opposition, combattant vigoureusement la politique du gouvernement, notamment à l'occasion duprojet deloi électorale de1953, qui prévoit une prime de majorité pour la coalition gagnante. Elle est finalement rejetée. Cependant, l'alliance a pour conséquence un recul du PSI par rapport au PCI, qui devient le premier parti de gauche. Ainsi, auxélections de la même année, la liste de Pietro Nenni ne récolte que 12,7 % des voix, contre 22,6 % pour celle dePalmiro Togliatti.
Rupture avec le PCI et rapprochement avec la Démocratie chrétienne (1956-1976)
En1956, malgré d'importantes tensions internes[15], lePCI approuve officiellement la répression de l'insurrection de Budapest par les troupes soviétiques. En réaction, l'année suivante, le PSI met fin à l'alliance entre les deux grands partis ouvriers. Les liens avec l'URSS sont rompus et les contacts avec laDC reprennent. Lors desélections de 1958, le PSI remonte à plus de 14 % des voix, tandis que le PCI stagne. Cependant, la collaboration continue dans l'opposition aux gouvernements démocrates-chrétiens. Mais à partir de 1960, les parlementaires PSI s'abstiennent lors des votes de confiance au lieu de voter contre.
Après lesélections de1963, la collaboration se concrétise enfin : cinq ministres socialistes entrent augouvernement. C'est le début de la période du centre gauche « organique » : le PSI remplace leParti libéral italien dans les portefeuilles ministériels. Malgré une forte instabilité, la plupart des gouvernements jusqu'en1976 sont désormais appuyés par le PSI. Le centre gauche est principalement soutenu par les socialistesPietro Nenni etGiacomo Mancini et le démocrate-chrétienAldo Moro. Cependant, dès1964, l'aile gauche du parti fait scission pour fonder un nouveauParti socialiste italien d'unité prolétarienne (PISUP), qui s'allie au PCI avant de l'intégrer en majorité. Ce recentrage important du PSI pousse à une réunification avec lePSDI en1966 au sein duParti socialiste unifié (PSU). En 1968, les deux formations fusionnent au sein du PSI. Cependant, dès1969, l'aile droite reprend son indépendance en refondant leParti socialiste unitaire (PSU), qui redevient le PSDI en 1971. Ces nombreux bouleversements révèlent la division du parti entre une aile marxiste opposée à la participation gouvernementale et une aile social-démocrate désirant une refonte totale du parti. De plus, la participation aux gouvernements de centre gauche se révèle néfaste pour le parti : passé à la majorité, il perd de nombreux votes contestataires au profit du PCI, sans pour autant en récupérer chez les autres partis de gouvernement. Ainsi, le PSU ne rassemble que 14,5 % des voix en1968, soit une chute de 5 % par rapport à la somme des scores du PSI et du PSDI en1963 ; et en1972, le PSI de nouveau seul chute sous la barre des 10 % pour la première fois depuis1909, tandis que le PCI atteint jusqu'à 27 % des voix.
Les années du centre gauche marquent un renouvellement important de la société italienne, avec notamment l'adoption d'une loi sur le divorce en1970. Mais, à partir de1968, l'Italie entre également dans la période desannées de plomb: des groupes terroristes d'extrême-gauche et d'extrême-droite montent en puissance et perpètrent plusieurs attentats. En1973, lechoc pétrolier met fin auMiracle économique et plonge l'Italie dans la crise. Les partis de gouvernement sont de plus en plus mis en difficulté.
De la social-démocratie à la disparition (1976-1994)
La crise politique et économique provoque une importante croissance duPCI, premier parti d'opposition depuis1948, qui remporte 34 % des voix auxélections de1976. Sous l'impulsion de son secrétaire général,Enrico Berlinguer, et du président de laDCAldo Moro, a alors lieu le « compromis historique » : les deux plus grands partis italiens s'entendent sur un gouvernement d'unité nationale bénéficiant du soutien externe des communistes. Le PSI est encore plus marginalisé par cet accord, et sous la direction deFrancesco De Martino, il se rapproche du PCI et se détache de la majorité dans l'espoir de provoquer une alternance de gauche dans un cadre républicain[16]. Mais les élections marquent l'échec de cette stratégie : 9,6 % des voix seulement, et une réponse négative du PCI sur une alliance qui aurait impliqué la rupture des liens avec l'URSS. En réaction,Bettino Craxi, meneur du courant favorable à une autonomie vis-à-vis du PCI et de la DC, est élu secrétaire général. Il engage alors le PSI dans la voie de lasocial-démocratie. L'année1978 représente un tournant pour le parti : alors que l'assassinat d'Aldo Moro par lesBrigades rouges met fin au compromis historique,Sandro Pertini est éluprésident de la République. Dans le même temps, Craxi publie une tribune dansL'Espresso où, citant notammentProudhon, il rejette vigoureusement lemarxisme-léninisme, et évoque un projet d'économie sociale de marché[2]. Le PSI change également de symbole :la faucille et le marteau sont relégués à la base d'unœillet central, en référence à la fois à larévolution des Œillets et à larose duParti socialiste français deFrançois Mitterrand[17], que Craxi prend comme modèle de parti réformiste, moderne et capable de dépasser les communistes. Auxélections générales de 1979, cependant, le PSI reste encore sous la barre des 10 %, mais il atteint les 11 % auxeuropéennes.
À partir de1980, le recentrage du PSI permet cependant l'émergence d'une nouvelle coalition pour remplacer le centre gauche organique : le pentaparti (« pentapartito »), rassemblant les quatre anciens partis de la majorité (PSI,PSDI,PRI, DC) et leParti libéral italien. En parallèle éclate le scandale de la loge maçonniqueP2, qui jette le discrédit sur les démocrates-chrétiens : en1981, pour la première fois, ce n'est plus l'un d'eux qui dirige legouvernement, mais le républicainGiovanni Spadolini. Auxélections de1983, la DC chute à 33 % des voix, tandis que le PSI monte à 11,5 %.Bettino Craxi devient alors le premierprésident du Conseil à être issu du PSI. Il reste au pouvoir durant presque toute la législature, jusqu'en1987. Cette période marque une opposition très dure entre le PSI, mené par Craxi, et le PCI, mené par Berlinguer puisAlessandro Natta. Craxi est défini comme un « ennemi de la classe ouvrière » et les militants socialistes sont marginalisés dans laConfédération générale italienne du travail (CGIL)[18]. Le point le plus élevé de l'affrontement à gauche est atteint en1984-1985: Craxi opère par décret à une coupe de quatre points sur l'échelle mobile des salaires. En réaction, le PCI et la CGIL mènent une vive campagne de protestation, menant à unréférendum abrogatif. Le « non », en faveur du maintien du décret, soutenu par l'ensemble du spectre politique à l'exception du PCI, l'emporte par 54,3 % à 45,7 %. Cette victoire illustre le renouveau du PSI, qui se confond à un tel point avec son meneur que certains journalistes en viennent à parler decraxisme[19]. En1987 le logo du PSI abandonne définitivement la faucille et le marteau[17].
Après la démission dugouvernement Craxi II, desélections anticipées sont organisées, qui montrent une progression du PSI jusqu'à 14,3 % des voix, tandis que lePCI chute à 26,6 %. Certains communistes en viennent même à craindre un renversement des rapports de force à gauche. D'autre part, lachute du bloc de l'Est, symbolisée ennovembre 1989 par celle duMur de Berlin, plonge le PCI dans une crise profonde. De plus en plus de voix s'élèvent pour réclamer son abandon définitif dumarxisme-léninisme, et même une union voire une fusion avec le PSI. Craxi, de son côté, tente des manœuvres pour une unité socialiste rassemblantPSDI, PSI et l'aile droite du PCI. Finalement, en1991, la crise communiste aboutit sur la scission du PCI entre une majorité réformiste au sein duParti démocrate de la gauche (PDS) et une minorité conservatrice au sein duParti de la refondation communiste (PRC). Cependant, des tensions nouvelles avec laDémocratie chrétienne, qui reste de loin le premier parti politique italien, empêchent Craxi de revenir au pouvoir. Une alliance est néanmoins formée entre Craxi et les démocrates-chrétiensGiulio Andreotti etArnaldo Forlani, surnommée laCAF[20].
Lesélections de1992 sont les dernières du système politique italien hérité de laSeconde Guerre mondiale. En effet, la chute de l'URSS et ladissolution du PCI mettent fin à la nécessité d'un vote préventif pour la Démocratie chrétienne et les partis centristes. Les résultats apparaissent extrêmement dispersés : les héritiers du PCI, le PDS et le PRC, rassemblent à eux deux moins de 22 % des voix seulement ; le PSI subit une légère chute en dessous des 14 % ; et la DC tombe pour la première fois en dessous de la barre des 30 %. En parallèle, le parti autonomiste de laLigue du Nord atteint pratiquement les 9 %. Malgré une majorité très fragile, le pentaparti reste au pouvoir, etGiuliano Amato devient le second président du Conseil socialiste. Mais éclate en même temps le scandaleTangentopoli, révélant de nombreux financements illicites de partis politiques. Craxi est en première ligne, et il avoue l'existence d'un système de corruption généralisé et connu même auParlement[21]. Le PSI est balayé par la crise : il obtient des résultats catastrophiques aux élections intermédiaires (5 % aux municipales de1993) ; legouvernement Amato chute au profit d'uneéquipe de techniciens menée parCarlo Azeglio Ciampi à la suite du scandale et des énormes revers subis par le pentaparti lors desréférendums de la même année ; l'hémorragie de militants entraîne une grave crise financière. Le parti se scinde en deux entre les conservateurs menés par Craxi, minoritaires mais influents, et les partisans d'un renouveau mené par le nouveau secrétaire généralOttaviano Del Turco. Finalement, ennovembre 1994, après plusieurs départs, un score désastreux de 2,5 % auxélections générales de la même année et la fuite de Craxi enTunisie, le PSI est mis en liquidation judiciaire.
La disparition du PSI donna lieu à une importante dispersion des socialistes italiens, qui se réorganisèrent autour du nouveau parti majeur de la gauche, leParti démocrate de la gauche (PDS en italien), héritier du PCI. Trois formations naquirent initialement : laFédération travailliste (FL en italien), lesSocialistes italiens (SI) et leParti socialiste réformiste (PSR). La Fédération travailliste quitta le PSI avant même sa dissolution formelle, et obtint l'adhésion de la majorité des parlementaires restants. Mené parValdo Spini, le parti remporta six députés et cinq sénateurs auxélections de1996, avant de former en1998, avec le PDS et plusieurs autres formations de centre gauche, lesDémocrates de gauche (DS en italien).
LesSocialistes italiens, partisans d'une adhésion à une coalition large de la gauche et du centre gauche, émergèrent en majorité des ruines du PSI le jour de sa dissolution. Guidés notamment parOttaviano Del Turco etEnrico Boselli, ils bénéficièrent de l'adhésion des parlementaires ex-PSI restés hors de la FL et obtinrent sept députés et cinq sénateurs en1996. En1998, avec les restes du PSDI et des fraction de la FL et du nouveauParti socialiste, ils formèrent lesSocialistes démocrates italiens (SDI), qui participèrent notamment aux gouvernementsD'Alema II etAmato II. En2000, cependant,Bobo Craxi fit scission pour créer la Ligue socialiste, qui rejoignit ensuite le Parti socialiste pour former leNouveau PSI, allié du centre droit deSilvio Berlusconi, ami intime de Craxi père. La réunification des deux formations advint en2007 dans une refondation duParti socialiste italien, placé au centre gauche de l'échiquier politique.
Desannées 1960 à sa disparition, le PSI se divisa en quatre courants internes distincts.
Autonomistes, ou « craxiani » : Guidé par le meneur historique du partiPietro Nenni puis par son dauphinBettino Craxi, ce courant représentait l'aile droite du parti et fut souvent majoritaire. Initialement composé des Socialistes autonomistes opposés aucommunisme, il évolua nettement vers lesocialisme libéral. Il se tenait sur la ligne économiquekeynésienne, en accord avec lasocial-démocratie européenne[22]. L'identité nationale faisait également partie des thèmes principaux de cette tendance. Favorable à une alliance avec laDémocratie chrétienne, elle était aussi ouverte à la possibilité d'une « alternative de gauche » avec leParti social-démocrate, leParti républicain, l'aile gauche de la DC et l'aile droite duParti communiste.
Rescousse socialiste : Né de l'alliance entreGiacomo Mancini etFrancesco De Martino, ce courant représentait le centre du parti. Allié fiable pour Nenni, il se distingua ensuite parfois par des critiques envers Craxi. Ses partisans avaient pour référence les positions de l'économiste keynésienFederico Caffè.
« Giolittiani » : Guidé parAntonio Giolitti, puis parGiuliano Amato après que le premier ait quitté le PSI pour le PCI, ce courant représentait une aile modérée au sein du parti. Il s'opposait aussi bien aux communistes (surtout après l'insurrection hongroise de1956) qu'aux démocrates-chrétiens (dont il critiquait l'opportunisme et la corruption de certains membres). Distant dumarxisme, il était également proche économiquement des thèses keynésiennes.
« Gauche lombardienne » : Guidé par un membre historique du parti,Riccardo Lombardi, ce courant représentait l'aile gauche du parti et s'inspirait dusocialisme traditionnel et dusyndicalisme. Malgré des appuis initiaux à Nenni puis à Craxi, il devint ensuite minoritaire vis-à-vis des autonomistes. Il souhaitait une évolution du PCI vers la social-démocratie, et lui proposait le cas échéant la constitution d'une « alternative de gauche »[23], que les communistes repoussèrent néanmoins. Le courant théorisa alors la ligne de l'« acommunisme » (Lombardi, ancien membre duParti d'action, s'était opposé à la participation des socialistes auFront démocratique populaire), rendant difficiles ses rapports avec le PCI[24]. Avant lesannées 1960, la gauche du parti était représentée par les « carristi », pro-communistes et appelés ainsi péjorativement en référence aux chars soviétique deBudapest en1956. Leur scission en1964 pour former lePSIUP laissa la place aux « lombardiens ».
Rassemblant des tendances très hétérogènes de la gauche italienne, le PSI connut de nombreuses divisions au cours de son histoire, aboutissant parfois à la formation de nouveaux partis.
Le Parti socialiste italien, en plus d'être le premier parti de masse italien, fut également celui avec la longévité la plus importante : durant ses 102 ans d'existence, ses résultats connurent beaucoup de hauts et de bas. De1895 à1913, il connut une progression importante qui le porta de 2,9 % des voix à 17,7 %. Il atteignit son maximum électoral en1919, lorsque l'insatisfaction provoquée par la guerre et l'espoir d'une révolution sociale le portèrent à 32,3 % : ce fut la seule fois où il obtint la majorité relative. L'émergence dufascisme dans les années suivantes portèrent ensuite à un effondrement de ses scores, jusqu'à moins de 5 % en1924.
Après la guerre, il fut progressivement supplanté à gauche par leParti communiste, très fortement enraciné localement et qui apparaissait comme l'opposition la plus crédible à laDémocratie chrétienne. Le choix d'un virage vers cette dernière dans lesannées 1960 au détriment de l'alliance communiste permit au PSI d'accéder au gouvernement, mais provoqua également une nouvelle chute de ses scores : il resta ainsi en dessous des 10 % pendant toute ladécennie 1970. Durant la suivante, les crises traversées par la DC et le PCI, ainsi que l'évolution du parti vers leréformisme et lasocial-démocratie, lui insufflèrent un nouvel élan, ponctué par un score de plus de 14 % en1987, après quatre ans de gouvernementCraxi. Cependant, ce fut insuffisant pour réaliser le basculement à gauche tant espéré vis-à-vis des communistes.
L'Opération Mains propres, à partir de1992, provoqua un véritable effondrement du parti, au niveau des adhérents mais aussi des voix : en deux ans, il passa ainsi de 13,6 % à 2,1 %. L'ampleur de la crise électorale et financière et du discrédit jeté sur le PSI portèrent alors à sa disparition.