Drapeau de l'Empire allemand, utilisé par le DNVP.Convention du DNVP en 1932.
LeParti populaire national allemand[29],[30],[31],[32] ouParti national du peuple allemand (enallemandDeutschnationale Volkspartei, abrégé enDNVP) est un ancien parti politique allemand fondé en 1918 et disparu en 1933, situé entre ladroite et l'extrême droite à l'époque de larépublique de Weimar.
Parfois présenté comme appartenant à la tendance « nationale-conservatrice » et composante importante du mouvement dit de la « Révolution conservatrice », le DNVP reprenait en grande partie, mais en les radicalisant, les cadres et les fondements idéologiques de l'ancienParti conservateur allemand, actif sous l'Empire allemand. Jusqu'à l'ascension duParti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP), le DNVP, proche de laLigue pangermaniste ainsi que des anciens combattants duStahlhelm, représentait le principal partivölkisch[33].Antisémite, il exclut officiellement, en 1929, les Juifs du parti[34]. L'historienIan Kershaw souligne son rapport ambigu avec l'extrême-droite : si le DNVP étaitvölkisch, antisémite et partageait, selon Kershaw, nombre de « caractéristiquesfascistes », il se définissait toutefois davantage comme conservateur, voire aristocrate et élitiste, que comme populiste[35].
Hostile à laRépublique de Weimar qui succède à l'effondrement de l'Empire allemand, le DNVP passa la plus grande partie de l'entre-deux-guerres dans l'opposition[36]. Ainsi, il ne participa qu'à deux gouvernements sur les dix-neuf formés entre 1919 et 1932, pour une période totale de 27 mois. Malgré des scores parfois importants (jusqu'à près de 20 % aux deux législatives de 1924), ceci s'explique à la fois par lemode de scrutin électoral en vigueur, et la position intransigeante du parti, qui rejette frontalement la république de Weimar.[réf. nécessaire]
Le DNVP était soutenu par certains industriels, mais aussi par de nombreux grands propriétaires terriens de l'Est de l'Elbe[37]. Il était majoritairement soutenu dans le Nord protestant de l'Allemagne[38],[39]. Le pamphlet de 1919 deKarl Helfferich, intitulé « Erzberger doit partir! », qui qualifiait le députéZentrum, signataire de l'armistice, de « marionnette des Juifs », est un exemple de ce discours violemment anti-démocratique, anti-catholique et antisémite. Le DNVP bénéficia également d'un appui important de laLigue pangermaniste (également proche du NSDAP), qui profita plus au parti qu'à la ligue[40].
À sa fondation, le DNVP était favorable au retour de la monarchie, et s'opposait de manière virulente aux mesures de rétorsion prises aux dépens de l'Allemagne dans letraité de Versailles. En, le DNVP prend une position ambiguë à l'égard de la tentative duputsch de Kapp, qu'on pourrait qualifier de « soutien sans participation ». Le pasteurGottfried Traub(de), ex-membre de laNational-Sozialer Verein et proche du DNVP, fut ainsi ministre des Cultes de l’éphémère gouvernement de Kapp, avant de devenir officiellement membre du parti.[réf. nécessaire]
Après l'échec du putsch, le DNVP, très divisé sur l'approbation duplan Dawes, abandonne l'orientation monarchique et prône un régime présidentiel fort[41]. Il adopte officiellement, en 1921, les « principes germano-völkisch » comme fondement de sa ligne politique[42].
En 1922, le parti lance une campagne antisémite virulente contre le ministreWalther Rathenau. À la suite de l'assassinat, en, de Rathenau, le chancelierJoseph Wirth réussit à faire voter une loi sur la défense de la République, laRepublikschutzgesetz(de), qui permet la dissolution des organisations soutenant le terrorisme. La loi est votée par tous les partis à l'exception duParti communiste, duParti populaire bavarois et du DNVP, qui se sent particulièrement visé. Afin d'éviter une éventuelle interdiction, le DNVP s'oppose à son aile la plus radicale[43], conduisant à une scission conduite par les membres les plus à droite (dont notammentAlbrecht von Graefe, ancien député duParti conservateur allemand et l'une des figures de proue du mouvementvölkisch, ouReinhold Wulle), qui mène à la création du « Parti populaire allemand de la liberté » (Deutschvölkische Freiheitspartei, DVFP). Certains de ces membres exclus conservèrent toutefois des relations étroites avec le DNVP, à commencer par Graefe, qui continuait à être considéré comme membre du DNVP[44].
Soutenu par le groupe de presse d'Hugenberg, le parti atteint 950 000 adhérents l'année suivante[45]. Il accepte dès lors de soutenir certains gouvernements (Cuno, 1922-23) ou d'y participer (Luther, 1925-26). Cette participation est sanctionnée par un déclin électoral et le parti passe à une opposition radicale au régime après la prise de pouvoir d'Hugenberg en 1928[réf. nécessaire].
En 1931, alors que ses électeurs le désertent en faveur du NSDAP, le parti forme une alliance avec les nazis et leStahlhelm (une organisation paramilitaire), leFront de Harzburg[réf. nécessaire].
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