LeParti Baas,Baath ou, plus fidèlement,Ba'th (enarabe :حزب البعثḥizb al-baʿṯ, le motarabeالبعث signifiant « résurrection » ou « renaissance »[1]), de son nom complet leParti socialiste de la résurrection arabe (enarabe :حزب البعث العربي الاشتراكي,ḥizb al-baʿṯ al-ʿarabī al-ištirākī), est un parti politique créé en enSyrie avec comme but l'unification des différentsÉtats arabes en une seule et grande nation.
Le parti est fondé par la fusion dumouvement Baas arabe, dirigé parMichel Aflak etSalah Eddine Bitar, et duBaas arabe, dirigé parZaki al-Arsouzi, le sous le nom de Parti Baas arabe. Le parti établit rapidement des succursales dans d'autres pays arabes, même s'il ne détiendra le pouvoir qu'enIrak et en Syrie. Le Parti Baas arabe fusionne avec leMouvement socialiste arabe, dirigé parAkram Hourani, en 1952 pour former le Parti Baas socialiste arabe. Le parti nouvellement formé connaît un succès relatif et devient le deuxième parti au parlement syrien lors des élections de 1954. Ceci, associé à la force croissante duParti communiste syrien, conduit à la création de laRépublique arabe unie (RAU), une union de l'Égypte et de laSyrie, en 1958. La RAU s'avère infructueuse etun coup d'État en Syrie la dissout en 1961.
Après l'éclatement de la RAU, le Parti Baas est reconstitué. Cependant, pendant la période de la RAU, des militants militaires créent le Comité militaire qui retire le contrôle du Parti Baas des mains des civils. Entretemps, en Irak, la branche locale du Parti Baas prend le pouvoir en orchestrant et en dirigeant larévolution du Ramadan, pour ensuite perdre le pouvoir quelques mois plus tard. Le Comité militaire, avec le consentement d'Aflak, prend le pouvoir en Syrie lors de la révolution du.
Une lutte de pouvoir s'installe rapidement entre la faction civile dirigée par Aflak, Bitar et Munīf ar-Razzāz et le Comité militaire dirigé parSalah Jadid etHafez al-Assad. Alors que les relations entre les deux factions se détériorent, le Comité militaire lance le coup d'État syrien de 1966, qui renverse le commandement national dirigé par al-Razzāz, Aflak et leurs partisans. Le coup d'État de 1966 divise le Parti Baas entre leParti Baas irakien et leParti Baas syrien, et en 1979, la division dégénère en unconflit interbaasiste.
Ladoctrine baasiste dit combiner lesocialisme arabe et lenationalismepanarabe. Lalaïcité est un autre pilier du Baas :Michel Aflak reconnaît la place prépondérante de l'islam dans l'essor de la nation arabe, mais pense que seul un État laïc permettra de regrouper toutes les composantes d'une nation arabe très divisée sur le plan confessionnel. La devise du parti est « unité, liberté, socialisme » (enarabe :وحدة حرية اشتراكيةwaḥdaḧ ḥurriyyaḧ ištirākiyyaḧ). « Unité » se rapporte à l'unité panarabe, « liberté » souligne la liberté vis-à-vis des intérêtsoccidentaux en particulier, et « socialisme » fait référence spécifiquement ausocialisme arabe opposé aumarxisme.
Les partis Baas syrien et irakien sont issus dumouvement Ba'as, un mouvement politiquearabe etsocialiste qui a commencé au début duXXe siècle. Ce mouvement est fondé en 1944 par des penseurs syriens, principalementMichel Aflak (chrétien orthodoxe) etSalah Eddine Bitar (sunnite), ainsi queZaki al-Arzouzi (alaouite)[2],[3]. Tous trois ont eu des carrières d'éducateurs de la classe moyenne, influencés dans leur pensée politique par l'éducation occidentale. Beaucoup des premiers baasistes étaient égalementchrétiens. Le mouvement a également trouvé appui parmi l'aile plus républicaine des soldats irakiens dans lesservices[Quoi ?]britanniques et plus tardhachémites.
Le Parti de la résurrection arabe et socialiste a été officiellement fondé lors du premier congrès du parti, tenu àDamas le. Il y adopte une constitution qui structure son organisation et ses missions[2].
La fondation du mouvement repose sur une opposition auprotectoratfrançais et à la génération plus ancienne des nationalistes arabes syriens. À la place, le parti préconise une unitépanarabe et unnationalisme arabe[2]. Le parti baasiste syrien s'est opposé à l'influence de l'Europe dans les affaires intérieures, et a employé le nationalisme et la notion d'unification du monde arabe comme plate-forme. Les baasistes ont toujours prétendu parler au nom de la nation arabe entière et pour le progrès des masses, bien que le parti soit demeuré extrêmement petit, factieux et souvent dépendant des nationalistes radicaux parmi les militaires. Cependant, son influence s'est rapidement étendue à d'autres pays arabes au cours des années-, et des branches furent formées enIrak, enJordanie, et auLiban.
Historiquement, le Parti Baas a attiré en grande partie les Syriens issus de milieux ruraux et de minorités, dont lesAlaouites qui y ont adhéré en grand nombre, de nouvelles classes avides d'élévation sociale et séduites par les concepts de socialisme et de laïcité[4].
Le parti Baas comptait prendre le pouvoir par des moyens légaux. Le premier succès est venu de laSyrie, où le parti est devenu une force importante, mais est dissous à la suite de la formation de laRépublique arabe unie (1958) en appui au nouveaugouvernement nassériste. Après la rupture de la République arabe unie en1961, le parti et son idéologie passent sous le contrôle d'un groupe de militaires qui préparent le renversement du gouvernement, qu'ils comptent justifier par l'idéologie baasiste.
Lajunte militaireprend le pouvoir en, et porte le parti Baas au pouvoir en Syrie. Le nouveau gouvernement réalise rapidement et à grande échelle lesnationalisations. En, le Baas est le seul parti politique légal en Syrie, mais les factions et l'éclatement du parti mènent à une succession de gouvernements et des nouvelles constitutions. En une junte militaire menée parSalah Jedid, représentant les éléments pro-soviétiques du parti, l'emporte sur l'aile plus modérée, purgeant du parti ses fondateurs originaux, Michel Aflak et Bitar[réf. souhaitée].
Dans ces circonstances le parti Baas syrien se sépare en deux factions : la faction « progressiste », menée parNoureddine al-Atassi, qui accorde la priorité à la réforme économiquenéo-marxiste, et le groupe « nationaliste », mené par le généralHafez el-Assad. Les partisans d'Assad sont moins intéressés par lesocialisme, et favorisent plutôt un maintien militant de l'union des Arabes et l'hostilité enversIsraël. En dépit des changements constants de politique et de gouvernement, les deux factions demeurent au pouvoir jusqu'en1970 dans une coalition incommode, quand, par un autrecoup d'État, Assad réussit à évincer Atassi en tant que premier ministre.Assad sera l'un des chefs d’État duProche-Orient restés le plus longtemps au pouvoir. Il meurt en2000, son filsBachar el-Assad devenant président.
Le Parti Baas syrien a des branches auLiban, auYémen, enJordanie, auSoudan, en Irak (actuellement coupée en deux factions), bien qu'aucune des branches non syriennes n'ait l'importance de la branche syrienne. LesPalestiniens connaissent le parti Baas syrien sous le nom d'as-Saiqa(le coup de foudre). Le parti était parfois connu en Irak sous le nom de Ba'ath de gauche ou de Qutr Al-Iraq[5],[6].
EnIrak, la première tentative de prise de pouvoir par le parti Baas remonte à, mais c'est effectivement en que le parti se saisit du pouvoir par uncoup d'État. Son régime dure jusqu'en.
En1966, le parti Baas originel s'est scindé en deux : une moitié dirigée par la direction deDamas, qui a créé un parti en Syrie, et l'autre moitié dont la direction se trouve àBagdad. Les deux partis Baas conservent le même nom et maintiennent des structures parallèles dans le monde arabe. Néanmoins les deux partis sont ennemis jurés et entretiennent des relations exécrables,Hafez el-Assad ayant soutenu l'Iran lors de laguerre Iran-Irak et pris part à la coalition internationale sous commandement américain lors de laGuerre du Golfe[17],[18],[19],[20]; une inimitié due en partie aux divergences religieuses des deux dirigeants (la famille Assad étant alaouite, une branche du chiisme, Saddam Hussein sunnite) ainsi qu'au fait que le régime irakien ait accueilli sur son territoire certains fondateurs historiques du Parti Baas tels queMichel Aflak, menacés de mort enSyrie à la suite de la radicalisation du parti impulsée parSalah Jedid puisHafez el-Assad et aux nombreuses purges menées[21].
En Irak, le parti Baas est demeuré un groupe civil et a manqué d'un appui fort chez les militaires. Il a eu peu d'influence, et le mouvement s'est séparé en plusieurs factions après, puis en. Il a aussi manqué d'un appui populaire. Mais, par la construction d'un appareil fort, le parti Baas a réussi à prendre le pouvoir.
Le baasisme est arrivé au pouvoir la première fois lors du coup d’État de, quandAbdel Salam Aref est devenu le président. Les interventions du parti ba'assiste syrien et l'opposition entre les modérés et les extrémistes, aboutit à un nouveau coup d’État en, permettant de discréditer les extrémistes. Cependant, les modérés continuèrent à jouer un rôle important dans les gouvernements non baasistes suivants.
En, un coup d’État permit au général baasisteAhmed Hassan al-Bakr de prendre le pouvoir. Les conflits internes au parti continuèrent, et le gouvernement fit périodiquement des purges parmi les dissidents.Saddam Hussein succéda à Al-Bakr en1979 et dirigea l'Irak jusqu'en. Bien que presque toute la conduite baasiste n'ait eu aucun fond militaire, sous Hussein le parti changea nettement et se militarisa, les principaux dirigeants apparaissant fréquemment en uniforme.
La cellule ou le cercle de parti est composé de trois à sept membres, c'est l'unité de base de l'organisation du parti Baas irakien. Les cellules fonctionnent au niveau du quartier ou du village, où les membres se réunissent pour discuter et exécuter les directives venant du parti. Comme les cellules sont peu en contact entre elles, c'est la hiérarchie du parti qui impose la fidélité des cellules au parti. C'est ce qu'ont découvert les États-Unis et leurs alliés en Irak en, l'organisation en cellules a également rendu le parti fortement résistant aux épreuves.
Une division du parti comporte deux à sept cellules, commandées par un commandant de division. De telles cellules baasistes étaient présentes dans tous les services publics et l'armée, où elles ont fonctionné comme chien de garde du parti, une forme efficace de surveillance secrète au sein de l'administration publique.
Une section de parti comporte deux à cinq divisions, d'un grand quartier d'une ville, ou d'une zone rurale.
La branche est le niveau supérieur aux sections ; elle comporte au moins deux sections, au niveau de la province.
Le congrès de parti réunit toutes les branches, élit la direction régionale comme noyau du mécanisme de prise de décision.
La direction nationale du parti Baas se trouve au niveau supérieur à la direction régionale. Elle forme le plus haut organe définissant la politique et coordonnant le mouvement Baas dans l'ensemble du monde arabe.
En, par décret de l'administrateur américainPaul Bremer, l'organisation est officiellement dissoute et le Parti Baas interdit. Un autre décret interdit certains postes dans l'administration ou l'enseignement aux anciens membres du parti. Cette politique volontariste de« débaasification » eut également pour conséquence d'accentuer la désorganisation des structures du pays[22].
En, dans la perspective de favoriser la réconciliation nationale, une loi est votée visant à réhabiliter d'anciens membres du parti Baas[22].
Le parti Baas irakien avait établi des branches dans divers pays arabes, comme leLiban et laJordanie. Après la chute du gouvernement de Saddam Hussein, beaucoup de branches se sont distancées du parti central, par exemple celles duYémen et duSoudan.
La branche palestinienne connue sous le nom de Jabhat at-Tahrir el-Arabiyah (Front de libération arabe, ou ALF) a formé la principale faction politique palestinienne enIrak pendant les années de Saddam Hussein.
EnAlgérie, une tentative de création d'un parti Baas a été réprimée par le présidentHouari Boumédiène dans les années 1970. Ce parti était principalement fondé sur l'unification des peuples maghrébins. La branche algérienne du Baas, qui se nomme parti Baas arabe socialiste d'Algérie, est dirigée par Ahmed Choutri. Le parti a fait une demande de légalisation après l'avènement du multipartisme en 1988, mais cette demande fut refusée par l'État algérien. Après l'interruption du processus électoral en, Ahmed Choutri fut contraint de se réfugier en Irak, en raison de la répression frappant le parti Baas en Algérie. Ahmed Choutri a finalement pu rentrer en Algérie en 2003, après l'invasion de l'Irak par les États-Unis et la chute de Saddam Hussein. Le parti soutient la lutte du Baas irakien et de son leaderEzzat Ibrahim al-Douri contre la présence américaine.
↑Jean-Pierre Langellier, « Les mille et un crimes de Saddam Hussein », surLe Monde,(consulté le) :« Saddam, la mine triste, commence à parler. Il y a eu, dit-il, une trahison. Un complot tissé en Syrie, l'ennemie jurée. ».
↑Christophe Chiclet, « Les Kurdes de Syrie, cruel dilemme pour Ankara », surConfluences Méditerranée,(consulté le) :« Par ailleurs, le dirigeant syrien soutient les Kurdes irakiens dans leur combat contre Saddam Hussein, le frère ennemi du parti Ba’as. ».
↑HubertMichel,Le Maghreb dans le monde arabe ou Les affinités sélectives, CNRS Éditions (réédition numérique FeniXX),, 337 p.(ISBN978-2-271-10387-1,lire en ligne)
↑MyriamBenraad, AliceEkman, JolyonHoworth et HebatallaTaha,L'Irak après Daech : Trump : une rupture de l'ordre mondial ?, Institut Français des Relations Internationales (IFRI),, 240 p.(ISBN978-2-36567-758-5,lire en ligne)