Uneparaphilie (dugrecπαρά /pará, « auprès de, à côté de » etφιλία /philía, « amitié, amour ») est unepratique sexuelle qui diffère des actes traditionnellement considérés comme normaux, ou le fait d'éprouver uneattirance sexuelle considérée comme anormale. Elle n'est donc pas considérée comme un trouble mental, à la différence dutrouble paraphilique, qui est diagnostiqué lorsque la paraphilie cause une détresse ou une altération cliniquement significative dans la vie de la personne, ou lorsqu'elle entraîne des comportements qui nuisent à autrui. L'acceptation des paraphilies varie selon les pays, et des pratiques que la loi proscrit peuvent être classées comme des délits ou descrimes sexuels.
Dessin de Martin van Maële. Illustration de l'ouvrage de Pierre Mac Orlan,La Comtesse au fouet, Jean Fort, coll, Paris, 1926.
Le terme de « paraphilie » a été proposé parFriedrich Salomon Krauss(en) en 1903[1]. Il est utilisé dans certainsmilieux psychiatriques auxÉtats-Unis à la place du mot « perversion », considéré comme péjoratif. Le sexologue néo-zélandaisJohn Money l’a popularisé dans les années 1970 en tant que désignation non péjorative pour classifier « les intérêts sexuels inhabituels »[2],[3],[4],[5]. Il décrit la paraphilie comme un« embellissement sexo-érotique, ou alternative à la norme officielle idéologique »[6].
En 2018, leManuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) liste huit paraphilies majeures[9][source insuffisante],[10]. Selon cet ouvrage, pour qu'une paraphilie soit diagnostiquée, l'objet de la déviance doit être la seule source de gratification sexuelle pendant une période d'au moins six mois et doit causer « une détresse clinique notable ou un handicap dans le domaine social, professionnel ou autres domaines fonctionnels importants », ou impliquer une violation du consentement d'autrui[11]. LeDSM classe également une large liste de paraphilies.
Apparu dans le volumineux ouvrage deRichard von Krafft-Ebing (1840-1902) dansPsychopatia sexualis (1886), l’idée même d’une systématique du comportement sexuel s’apparentant à la notion deperversion est aujourd’hui très contestée : le « véritable » paraphile devanta fortiori, en tant quepsychopathe/sociopathe, satisfaire l'objet de sadéviance pour s’exciter sexuellement.
La question de la paraphilie peut être abordée sous l’angle social et ses limites s’intègrent à une interrogation juridique. Le philosopheMichel Onfray, dans son ouvrage intituléLe souci des plaisirs. Construction d'une érotique solaire[12], propose de contrer cette démarche en se réorientant sur la notion de contrat intersubjectif s’approchant de celle adoptée parCharles Fourier en 1817 dansLe Nouveau Monde amoureux : l’utopiste admet qu’il existe une infinité de sexualités et de fantasmes mais que les individus peuvent « compléter » tout en sachant que« ce qui fait plaisir à plusieurs personnes sans préjudicier à aucune est toujours un bien sur lequel on doit spéculer en Harmonie, où il est nécessaire de varier les plaisirs à l’infini »[réf. souhaitée].
Toutes les paraphilies ont cependant un dénominateur commun : il s’agit dans tous les cas d’une pulsion sexuelle nécessitant un passage à l’acte pour faire disparaître une tension. Il est important de distinguer parmi les paraphilies celles dont le passage à l’acte constitue nécessairement une atteinte à l’intégrité d’autrui, comme la pédophilie, l'exhibitionnisme, le voyeurisme ou le frotteurisme. Denise Medico, sexologue clinicienne, enseignante à l’Université de Genève, a analysé les mécanismes qui permettent de distinguer parmi les paraphilies celles qui ont le caractère d’une perversion entraînant souffrance pour autrui (notamment la pédophilie) et celles exemptes de perversité (le fétichisme par exemple)[13],[14][source insuffisante]. Une étude menée auprès de criminels sexuels et de criminels sexuels en série, a montré parmi les deux groupes un fort pourcentage de trouble dissociatifs de l'identité, de paraphilies et de biais psychopathiques, avec une plus forte prévalence chez les criminels sexuels en série[15]. Certaines paraphilies sont particulièrement enclines à commettre des agressions avec contact ou crimes sexuels, les personnes souffrant de sadisme et de scatophilie sont statistiquement plus sujettes a perpétrer des viols que les exhibitionnistes et les zoophiles[16].
Beaucoup de communautés paraphiles, en particulierfétichistes etBDSM, n'ont pas conscience de la charge traumatique qu'ils reproduisent et considèrent l'étrangeté des pratiques sexuelles comme purement subjective et dépendante du contexte sociétal[17]. Dans le cadre du BDSM, le sadique et le masochiste réactivent leurs circuits dissociatifs en provoquant une décharge hormonale similaire aux traumas initiaux : cortisol, adrénaline, oxytocin vont déréguler ses systèmes de plaisir et récompense en les associant à la violence et à l'humiliation[18],[19],. À chaque passage à l’acte, leur cerveau rejoue le programme traumatique, renforce les circuits neuronaux du fonctionnement traumatique, et éloignent un peu plus à chaque fois la possibilité de prise de conscience de la blessure traumatique initiale, et donc de sa prise en charge par des soins adaptés[20].
Les causes précises de développement d'une sexualité paraphilique sont multiples et différentes selon les personnes, mais il est admis par la recherche en psychologie que les traumas pendant l'enfance sont fortement corrélés au développement d'une sexualité paraphilique; en particulier les abus émotionnels, la négligence et les abus sexuels[21],[22]. Ces données devraient être prises en compte par toute personne souffrant d'une sexualité paraphiliques et cherchant du soin[23].
L’intrusion physique ou virtuelle dans l’intimité sexuelle de l’enfant, est une agression qui peut laisser des traces profondes dans la construction de l'identité sexuelle[21],[24]. L’exposition précoce à la pornographie peut suffire à causer des symptômes post traumatiques[25], comme le développement de troubles sexuels. En France, l’âge moyen de première exposition à la pornographie est à dix ans[26] et un enfant sur dix est victime de viol(s) ou d'agression(s) sexuelles[24]. Les paraphiles présentent souvent d’autres comorbidités psychiatriques comme la dépression, les troubles de l’attachement, l'anxiété, l’évitement émotionnel, les comportements obsessionnels ou compulsifs[27] et les troubles de l’identité[28]. L’ensemble de ces troubles sont des symptômes communs des violences physiques, psychiques, émotionnelles ou sexuelles pendant l’enfance et peuvent être soignés avec un accompagnement approprié en psycho-trauma[29].
Certaines paraphilies peuvent interférer lors de relations sexuelles avec des partenaires consentants[36]. D'après le DSM, « les paraphilies ne sont presque jamais diagnostiquées chez les femmes »[36], mais certaines études sur les femmes ayant une ou plusieurs paraphilies ont été publiées[37].
Exhibitionnisme - besoin ou comportement actuel d'exposer ses parties génitales à d'autres personnes ou d'agir sexuellement en public.
Fétichisme sexuel - utilisation d'objets inanimés pour gagner une excitation sexuelle. Lepartialisme se réfère au fétichisme d'une partie spécifique du corps.
Objetsexualité - attribuant une personnalité à des objets
Frotteurisme - besoin ou comportement actuel de toucher ou se frotter contre une personne non consentante.
Les cliniciens distinguent à travers les paraphilies optionnelles, préférées et exclusives[36], que la terminologie n'est pas complètement normalisée. Une paraphilie « optionnelle » est un moyen alternatif à l'attirance sexuelle. Par exemple, un homme ayant des intérêts sexuels autrement sans particularité pourrait parfois chercher ou intensifier son excitation sexuelle en portant des sous-vêtements féminins. Dans les paraphilies préférées, un individu préfère la paraphilie aux activités sexuelles, mais s'engage quand même dans des relations sexuelles. Par exemple, un homme peut préférer porter des sous-vêtements féminins durant ses activités, dès que possible. Dans les paraphilies exclusives, un individu est incapable d'être excité en l'absence de la paraphilie[pas clair][réf. nécessaire].
Le traitement des paraphilies et autres troubles liés ont été testés par les patients et cliniciens.Auparavant[Quand ?] quand l’inconscient humain n’était que faiblement exploré , lacastration chirurgicale était considérée comme thérapie pour les hommes atteints depédophilie, mais elle a été abandonnée car certains gouvernements considéraient cette méthode comme cruelle, d'autant plus que l'accord et le consentement de l'individu ne sont objectivement pas indiqués. Lesthérapies de groupe et lapharmacothérapie (dont le traitement hormonal anti-androgène souvent considéré comme « castration chimique ») ont été utilisés. D'autres traitements médicamenteux pour ces troubles existent cependant[43].
↑MurielSalmona,Châtiments corporels et violences éducatives : Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses, Dunod,, 288 p.(ISBN978-2100755028)
↑MurielSalmona,Châtiments corporels et violences éducatives : Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses, Dunod,, 288 p.(ISBN978-2100755028)
Gérard Bonnet,La Perversion, se venger pour survivre, PUF, 2008
Julie Mazaleigue-Labaste,Les Déséquilibres de l'amour : La genèse du concept de perversion sexuelle, de la Révolution française à Freud, Ithaque, 2014.