Paramount Pictures voit le jour en1913 avec la création de la sociétéFamous Players Film Company parAdolph Zukor. Cependant, c'est en1916 que laParamount est officiellement créée avec la fusion de la société de Zukor avec celle deJesse L. Lasky, laJesse L. LaskyFeature Play Company.
Lors d'une conversation, Adolph Zukor apprend d'Edwin S. Porter queLouis Mercanton, unréalisateurfrançais veut réaliser un film en quatre bobines mais, que faute d'argent, le projet est sur le point d'être retardé[11]. Zukor voit alors en cette situation l'opportunité d'assouvir son obsession delong métrage et prend contact avec l'agent américain de Mercaton[11]. Après négociation[11] et la vente de ses parts de la société de Loew[12], Zukor acquiert les droits de distribution du film pour lesÉtats-Unis pour quarante mille dollars et avance l'argent nécessaire pour la reprise du tournage[13]. Le film terminé, se pose le problème de le diffuser. Adolph Zukor entre en contact avecDaniel Frohman, un producteur et propriétaire de théâtres deBroadway[14],[15] afin de lui proposer d'organiser une projection deLa Reine Élisabeth avecSarah Bernhardt en vedette. Projeté auLyceum Theatre le 12 juillet 1912[16], le film rencontre un grand succès[17],[18] et marque un tournant pour les comédiens de l'époque. AvantLa Reine Élisabeth, il était indigne pour eux de jouer dans un film, le cinéma étant considéré comme la distraction des incultes[14] et voué à disparaître[19]. La présence de Sarah Bernhardt dans un film change la mentalité des comédiens qui estiment désormais qu'un tel choix n'est finalement pas déshonorant[14].
Le revirement d'opinion vis-à-vis du cinéma, et son bénéfice de soixante mille dollars lors de la revente de ses droits[16], alimentent un peu plus l'ambition d'Adolph Zukor : faire des films avec de grands acteurs jouant leurs meilleurs rôles théâtraux, comme l'a déjà fait laComédie-Française[14]. C'est ainsi que Zukor donne naissance au studioFamous Players ayant pour devise :Famous Players in Famous Plays (« Comédiens connus dans des pièces connues »)[14]. Son équipe est alors composée de Edwin S. Porter en tant que réalisateur en chef et responsable de laphotographie,Al Lichtman qui est chargé de vendre le filmLa Reine Élisabeth à travers le pays,B. P. Schulberg qui est le responsable de la publicité et Albert Kaufman[Note 2] qui prend la fonction dedirecteur général[14].
Mary Pickford, la première vedette de laFamous Players.
Pour lancer sa nouvelle société, Adolph Zukor décide de faire des versions filmées de deux succès théâtraux :Le Comte de Monte-Cristo etLe Prisonnier de Zenda[20]. Un budget de cinquante mille dollars est mis à disposition de Edwin S. Porter etHugh Ford pour faireLe Prisonnier de Zenda, ce qui représente presque quatre fois le budget d'un film de cette époque[14],[21]. Suivent alors plusieurs productions qui mettent en avant des vedettes de la scène telle queLillie Langtry ouMinnie Maddern Fiske. Après ses premiers succès, Adolph Zukor oriente ses choix d'acteurs vers de plus jeunes. Il lance alors la carrière cinématographique deJohn Barrymore, un talent de Broadway de 31 ans, dans le filmAn American Citizen deJ. Searle Dawley[14],[22]. Dans cette optique de rajeunir le casting de ses films, Zukor engage une jeune actrice de vingt ans et déjà reconnu dans le métier :Mary Pickford. Le premier film de Pickord pour laFamous Players in Famous Plays estUn bon petit diable mais Zukor, estimant le résultat peu convaincant, choisit de le sortir après les trois films suivants de l'actrice (In the Bishop's Carriage,Caprice etHearts Adrift)[14]. Malgré cette manœuvre, les premiers films de Mary Pickford sont des déceptions aubox-office. C'est finalement avec le film suivant,Tess au pays des tempêtes, que Pickford devient la star de Zukor[23],[24]. Le studio, qui s'appelle désormaisFamous Players, compte dans ses rangs un vivier de talents avecMarguerite Clark,Pauline Frederick,Marie Doro,Harold Lockwood ou encoreJack Pickford (le frère de Mary)[24].
En1913, Jesse L. Lasky est convaincu parSamuel Goldwyn[Note 3], sonbeau-frère[25],[28], de se consacrer complètement à une carrière dans le cinéma[29],[30]. C'est ainsi que Jesse L. Lasky et Cecil B. DeMille, après une hasardeuse rencontre, proposent àDustin Farnum d'être la tête d'affiche d'un film qui durerait plus d'une heure[25]. Le film en question serait une adaptation d'une pièce à succès d'inspiration « westernienne » de1905[31],The Squaw Man[32],[33],[34] écrite parEdwin Milton Royle dont Lasky a obtenu les droits d'adaptation pour le cinéma pour quinze mille dollars[30],[35]. C'est ainsi qu'est créé laJesse L. Lasky Feature Play Company avec Lasky en tant queprésident, DeMille commedirecteur général et Samuel Goldwyn, qui a investi vingt mille dollars dans lecapital de la nouvelle société, devientadministrateur général[25].
Dustin Farnum accepte la proposition de Lasky et DeMille mais refuse de prendre 25 % des parts de la société préférant la somme fixe de cinq mille dollars[35],[36]. Le tournage du film est d'abord envisagé dans leNew Jersey mais l'endroit semble peu approprié pour un film decow-boys et d'indiens[37]. Finalement, tandis que Jesse L. Lasky et Samuel Goldwyn restent àNew York, Cecil B. DeMille part avec son équipe pourFlagstaff, enArizona. À leur arrivée ils sont alors pris par unetempête de neige poussant l'équipe à continuer son chemin versHollywood[36],[37], bourgade accueillant déjà le réalisateurD. W. Griffith[38]. C'est ainsi que le, DeMille loue unegrange (connue aujourd'hui sous le nom deLasky-DeMille Barn), au coin des ruesSelma etVine, aménagée en studio par laBurns and Revier Studio and Laboratory pour 250 $ par mois[39],[40] (75 $ selon une autre source[37]). Le débute le tournage de ce qui sera le premier long métrage hollywoodien[37],[39],[40]. Pendant le tournage, Lasky arrive de New York pour observer le travail qui est fait. Les comptes rendus qu'il fait à Goldwyn sont si enthousiastes que celui-ci fait en sorte d'obtenir une avance de soixante mille dollars (quarante mille dollars selon une autre source[32]) sur les futurs droits de diffusions[41].
Le Mari de l'Indienne, finalement réalisé en 18 jours et principalement parOscar Apfel du fait de l'inexpérience cinématographique de DeMille[37], sort en1914. C'est un franc succès, qui rapporte dix fois plus que son coût de production[35]. Cette réussite permet à la compagnie de lancer de nouvelles productions après l'agrandissement du studio. Un agrandissement qui permet de faire plusieurs films simultanément[41]. À la suite du succès du film, Jesse L. Lasky reçoit de nombreux messages de félicitations dont un provenant d'Adolph Zukor[35],[42]. Lasky invite alors Zukor à déjeuner, une rencontre qui marque le début d'une longue amitié[42].
Cecil B. DeMille en 1914, travaillant à un scénario devant l'affichedu Mari de l'Indienne.
AprèsLe Mari de l'Indienne, la compagnie enchaîne les productions. Oscar Apfel réalise huit des dix films suivants, soit un toutes les trois-quatre semaines, tandis que Cecil B. DeMille en réalise deux[41]. Avec ses deux réalisations, DeMille explore une voie plus artistique qu'à l'accoutumée. En effet, avec sondirecteur de la photographie, il joue avec les nuances de la lumière afin de donner un ton plus dramatique aux films[41]. Quand Samuel Goldwyn voit pour la première fois le résultat de ce travail inédit, il se plaint à DeMille qu'il ne pourra jamais vendre un film aussi sombre. Cecil B. DeMille rétorque : « Dites-leur que c'est un éclairage à laRembrandt »[41],[43]. Goldwyn vend finalement les droits plus chers pour « extra artistique »[41],[43].
Pour satisfaire les demandes, trois nouveaux réalisateurs sont engagés :George Melford,Frederick A. Thomson etJames Neill[41].Wilfred Buckland, célèbre àBroadway pour son travail sur les pièces deDavid Belasco, est engagé commedirecteur artistique. Cette nouveauté dans le cinéma deviendra indispensable à tous les studios par la suite. Avec son équipe, il introduit notamment l'éclairage artificiel dans une industrie qui était dépendante de la lumière du soleil[41]. Le frère de Cecil B. DeMille,William C. de Mille, est engagé comme conseillerscénaristique après avoir accepté un essai de trois mois. D'abord réticent à quitter le monde du théâtre, il fera finalement une carrière hollywoodienne de 41 ans[41].
À la même période, laFamous Players et laJesse L. LaskyFeature Play Company sont à peu près équivalentes du point de vue de la qualité et de la rentabilité.
W. W. Hodkinson créa la société de distributionParamount Pictures Corporation. Il est surnommé « l'homme qui inventa Hollywood ».
Le,W. W. Hodkinson créé unesociété de distribution du nom deParamount Pictures Corporation[44],[45],[46]. Son idée est de démarcher des producteurs afin de leur proposer une méthode de distribution nationale qu'il gèrera pour eux[47]. C'est ainsi que laParamount Pictures Corporation entre en affaire avec les sociétés d'Adolph Zukor et de Jesse L. Lasky[44],[48] qui s'engagent respectivement à fournir 52 et 30 films[49]. L'accord stipule que laParamount touchera 35 %[44],[47],[50] des recettes et qu'elle donnera systématiquement aux studios de production une avance de 35 000 $ pour chaque film[44],[47],[49]. Persuadé par la future réussite de ce nouveau système de distribution, tout en étant méfiant par rapport au pouvoir que pourra avoir Hodkinson sur sa société, Zukor parvient à acheter 10 % des parts de laParamount Pictures Corporation[48].
Le nouveau projet de Zukor est de développer son studio afin d'assurer lui-même la production et la distribution de ses propres films mais cette ambition est freinée en1915 quand unincendie ravage ses studios de New York avec tous ses équipements[48],[51],[52]. Adolph Zukor achète aussitôt une école d'équitation sur la56e rue afin de la transformer en un nouveau studio[48] pour ainsi reprendre ses activités qui sont partagées entre New York et Hollywood.
Guidé par son désir de vouloir tout contrôler, Adolph Zukor commence alors sa manœuvre afin de prendre le contrôle de laParamount Pictures Corporation en faisant nommer à sa tête un distributeur de films duMaine,Hiram Abrams[53]. Hodkinson, n'étant plus l'homme fort de sa propre société, cède alors ses parts[48] et quitte la société en[54].
En parallèle, durant l'été1916, après plusieurs mois de négociations[55] et malgré une légère divergence d'opinion entre Zukor et Lasky (Zukor met l'accent sur les vedettes qui jouent dans ses films car il pense que le public se déplace pour eux alors que pour Lasky, c'est le scénario qui est le plus important[56]), Adolph Zukor convainc Jesse L. Lasky, Samuel Goldwyn et Cecil B. DeMille à s'unir enfusionnant laJesse L. LaskyFeature Company avec laFamous Players[48],[56]. La fusion se fait de manière équitable, chacun obtenant une part égale de la nouvelle société. LaFamous Players-Lasky Corporation est née, Adolph Zukor prenant le fauteuil de président, Jesse L. Lasky celui de vice-président, Samuel Goldwyn endossant le rôle dedirecteur de production et Cecil B. DeMille celui de directeur artistique[48],[56].
En septembre de cette année, à la suite d'une incompatibilité d'humeur et d'une divergence d'opinion, Adolph Zukor lance un ultimatum à Jesse Lasky afin de se séparer de Samuel Goldwyn. C'est ainsi que les parts de ce dernier sont rachetées neuf cent mille dollars[54]. Dans la foulée, avec le soutien d'Otto Kahn, un « mécène » deWall Street, Zukor réussit à convaincre les anciens associés de Hodkinson à vendre leurs parts de la société de distribution à laFamous Players-Lasky[46],[54].
Les débuts de laFamous Players-Lasky se font à plein régime. Entre1916 et1921, la société réussit à sortir entre deux et trois nouveaux films par semaine[57]. Avec une telle exposition,Adolph Zukor décide d'utiliser l'appellationParamount, un nom plus facile à retenir, pour la promotion des films de la compagnie. De ce nom découle le nouveau slogan du studio, le plus familier dans le monde du cinéma à ce moment-là :« Si c'est un filmParamount, c'est un spectacle sans rival »[57].
Mary Pickford est plus que jamais la grande vedette de laParamount.
Les films de laParamount de cette période peuvent être dissociés en deux filmographies distinctes. En effet, pour préserver l'ego deJesse L. Lasky et Zukor, les productions de lacôte Ouest sont précédées par « Jesse L. Lasky présente » tandis que celles de lacôte est le sont par « Adolph Zukor présente ». Contrairement à ce qu'indiquent ces « présentations », les productions sont en fait gérées par Lasky avec le concours deHugh Ford (superviseur des studios de la côte Est) etHector Turnbull (superviseur des studios hollywoodien)[57].
LaParamount, malgré son grand nombre de vedettes, ne peut se passer des services de la « Petite fiancée de l'Amérique »,Mary Pickford. En effet Jesse L. Lasky, pour assurer la prospérité du studio, a mis au point une méthode pour que tous leurs films, les bons comme les mauvais, soient exploitables dans un maximum desalles. Cette méthode, appelée leblock booking, oblige les propriétaires de cinéma, qui veulent les films de Pickford à tout prix, à acheter les droits de tous les films du label sans les avoir vus[46],[57],[58]. Profitant de cette notoriété, l'actrice obtient sans difficulté une revalorisation salariale ; de cinq cents dollars par semaine à ses débuts à laFamous Players[59], elle passe à dix mille dollars hebdomadaire plus 50 % des bénéfices de ses films[57],[60],[61]. À ces sommes s'ajoute également une prime de trois cent mille dollars à la signature du contrat. Le montant total garanti à Pickford s'élève finalement à 1 040 000 $, faisant d'elle l'actrice la mieux payée[60].
En parallèle à son marché local, laParamount conclut des accords à l'étranger. Elle signe notamment un contrat d'exclusivité pour l'exploitation de ses films sur le territoirefrançais avecGaumont le[62]. S'ensuit le la création d'une filière àParis, laSA Paramount, dont l'objectif est de réaliser des films avec des cinéastes et acteurs français[63],[64].
Pour contrer laParamount,H. E. Aitken, qui a fait fortune grâce àNaissance d'une nation deD. W. Griffith, créé laTriangle Pictures avec des producteurs tels que Griffith,Thomas H. Ince ouMack Sennett. C'est finalement vain après l'obtention des signatures des trois producteurs-réalisateurs par Adolph Zukor[57]. Grâce à l'engagement de ces réalisateurs, laParamount « récupère » leurs principales stars[61] :Douglas Fairbanks,Lillian etDorothy Gish arrivent par l'intermédiaire de Griffith,William S. Hart,Charles Ray etDorothy Dalton arrivent grâce à Ince tandis que Sennett amène dans son sillageFatty Arbuckle. Ses acteurs à la notoriété avérée sont mis à disposition de la compagnie filialeArtcraft Pictures, qui a été créée en 1916 pour gérer les films de Mary Pickford, qui soumet des prix plus élevés aux propriétaires de cinéma[57],[65]. Le système deblock booking et le développement d'Artcraft permet à laParamount « d'écraser » toute concurrence. Pour contrer la réussite de laParamount, des exploitants de cinémas emmenés parJames Dixon Williams etThomas L. Tally, des propriétaires de circuits de salles, décident de se lancer dans la production de leurs propres films.First National Pictures est créée et devient la plus grande rivale de la société de Zukor et Lasky[57],[66]. Le premier coup de force de laFirst National est de faire signer un contrat de 1 075 000 $ àCharlie Chaplin (du jamais vu à l'époque)[66],[67], qui a un succès comparable à celui de Mary Pickford. À cela s'ajoute l'arrêt de diffusion des filmsParamount dans les salles détenus par laFirst National[57],[68]. La nouvelle compagnie ne s'arrête pas là et tente de donner le coup de grâce à laParamount en faisant une offre mirobolante de 1 100 000 $ à Mary Pickford, qu'elle accepte[57],[62],[66],[69].
Le studio d'Astoria, aujourd'hui connu sous le nom deKaufman Astoria Studios[70].
Adolph Zukor riposte en prenant laFirst National à son propre jeu. Après un emprunt établit chezKuhn, Loeb & Company et une entrée enbourse[71], il dépense plusieurs millions de dollars pour l'acquisition ou la construction de salles à travers tout le pays[68],[72],[73],[74] (notamment les sallesRivoli etRialto surBroadway). Dès1924, l'évolution du circuit de distribution de laParamount devient même mondial avec l'ouverture duParamount de Paris, duPlaza et du Carlton àLondres et d'autres àVienne et ailleurs[74],[75]. En1920, les productions de la côte Est de laFamous Players-Lasky (qui est toujours le nom officiel de la société de production) emménage dans un studio nouvellement construit àAstoria et la compagnie acquiert un studio àIslington, unborough duGrand Londres[74]. Avec des points d'ancrages àParis,Berlin ouBombay, la compagnie accentue son impact et diversifie ses productions dans le monde entier[74],[75].
En1919, une seconde compagnie filiale voit le jour avecRealart. Alors qu'Artcraft rassemble les productions de « luxe » de laParamount,Realart se distingue en étant productrice de films à très bas budget. Le prix peu élevé de cette branchePoverty Row permet ainsi de vendre plus de films aux exploitants de salles[76]. La même année, Adolph Zukor persuadeWilliam Randolph Hearst de faire distribuer les films de sa sociétéCosmopolitan Productions par laParamount. Cette collaboration permet surtout à Zukor de faire une fortepublicité par le biais de la grande chaîne de journaux de Hearst[76].
La carrière deFatty Arbuckle prend fin prématurément après une accusation de meurtre.
Au début desannées 1920, plusieurs affaires noircissent le tableau de laParamount. En, l'actriceVirginia Rappe meurt quatre jours après une fête organisée parFatty Arbuckle, comédien vedette du studio. Celui-ci est alors accusé de viol et de meurtre par empoisonnement mais est finalement acquitté après deux procès qui ont défrayé la chronique pendant plusieurs mois. Cette histoire marque la fin de sa carrière[77],[78]. Comme Arbuckle,Mary Miles Minter est soupçonné, en, d'avoir tuéWilliam Desmond Taylor, un réalisateur également sous contrat avec laParamount. Cette affaire ne sera finalement jamais élucidée[77],[79]. Au même moment,Wallace Reid qui est vu comme le « spécimen idéal de l'américain sain », avoue qu'il est dépendant de ladrogue. S'ensuit peu de temps après, sa mort parsurdose[77],[80].
Toutes ces affaires cumulées provoquent un tollé général. Les organisations religieuses, relayées par la presse, en profitent pour dénoncer l'immoralité du cinéma. Un conseil d'auto-censure, mené parWilliam Hays, est ainsi mis en place pour contrôler le contenu des films. En débouchera finalement lecode Hays qui entrera en vigueur en1934[77],[81]. Cette surveillance incessante fait du tort à Cecil B. DeMille qui ne peut plus montrer à l'écran ce qu'il fait de mieux : la description dupéché. Il quitte finalement laParamount en1924 après une dispute avec Adolph Zukor et Sidney Kent, le responsable des ventes[77].
Au milieu des années 1920, le bénéfice annuel de la société atteint plus de cinq millions de dollars soit deux fois plus que laFox, trois fois plus queUniversal Pictures et cinq fois plus que laWarner Bros.[77]. Mais laMetro-Goldwyn-Mayer, créée en 1924 par l'ami et ancien associé de Zukor,Marcus Loew, égale les chiffres de laParamount. Contrairement aux sociétésTriangle Pictures etFirst National, laMGM sera, à long terme, l'une des grandes rivales de laParamount[77].
Pour maintenir laParamount au sommet de la hiérarchie des sociétés de production, Adolph Zukor concentre son énergie à l'acquisition de nouvelles salles. Beaucoup de ses achats sont alors payés avec desactions de la société, ce que Zukor regrettera plus tard[82]. Après son association avec le réseau de salles deChicagoBalaban & Katz, laParamount créé laPublix Theatres[82],[83]. La filiale, dont Sam Katz a pris la direction[83],[84], compte près de 2 000 salles[82] dont un luxueux cinéma surTimes Square qui se transforme engratte-ciel en 1926, leParamount Building[82],[85]. L'importance de laPublix Theaters devient si importante que la société change officiellement de nom pour devenir en 1930 laParamount-Publix[82],[84]. Cependant c'est auWarners' Theater, un peu plus haut surBroadway, qu'une révolution technique va secouer l'industrie cinématographique.
Le sort auWarners' Theater le filmDon Juan avecJohn Barrymore[86],[87]. Ce film, qui est accompagné de musique et d'effets sonore grâce à unebande son synchronisée, marque l'arrivée du son dans le cinéma grâce au procédéVitaphone[88]. Cependant la vraie révolution a lieu le[89] avec la sortie du premier film avec des séquences chantées,Le Chanteur de jazz[86],[90]. Après le succès technique de laWarner Bros. avec le son sur disque, laFox lance le son sur pellicule avec le procédéMovietone[91]. LaParamount, quant à elle, décide d'utiliser lePhotophone de laRCA pour ajouter du son et de la musique à son succèsLes Ailes[86] (film qui remportera le premierOscar du meilleur film[92]). En1928, laParamount continue sur sa lancée en ajoutant une bande sonore à une douzaine de ses films muets et en retournant des scènes parlées pour trois autres films :Les Mendiants de la vie qui est le premier film parlant du studio,Varsity etL'Ange impur[82]. C'est finalement le[93] que sortInterference, le premier film complètement parlant de la compagnie[82]. À partir de1929 toutes les productions de laParamount, mis à part quelques films muets dans lesquels du son est ajouté, sont des films parlants[82].
L'entrée du studio de Hollywood surMarathon Street.
Pour faire face à cette évolution du cinéma et remplacer le vieux studio de la rueVine, Jesse L. Lasky supervise la construction d'un nouveau studio à Hollywood, dont le coût atteint un million de dollars[82]. Mais avant que ne soit tourné le premier film parlant dans ces nouveaux locaux, le bâtiment équipé de quatre plateaux insonorisés est détruit par un incendie. Le studio d'Astoria, qui avait été fermé peu de temps avant, est rénové d'urgence afin d'assurer le tournage des nouveaux films[94].
En, Jesse L. Lasky se rend en France pour faire la promotion destalkies enEurope. Il en profite alors pour que la filiale française,SA Paramount, puisse exploiter les brevets de laWestern Electric et ainsi faire des films parlants. La société achète un studio désaffecté àJoinville-le-Pont et fait construire sur deuxhectares six plateaux équipés du matériel sonore nécessaire à la fabrication de films. Des productions à versions multiples[Note 4] sont donc réalisés sous le giron de laParamount[97].
LaParamount-Publix émerge de la faillite en 1935 et est restructurée[100]. La compagnie change de nom pour devenir laParamount Pictures Inc.[101] et c'est John Otterson, un financier, qui en est nommé président.Emanuel Cohen, l'ancien assistant de Lasky, devient directeur du studio tandis qu'Adolph Zukor devient le président duconseil d'administration[98],[100].
Au milieu des années 1930,Bing Crosby etMae West sont deux des principaux atouts de laParamount.
Après la mise en place duNew Deal par le PrésidentRoosevelt, en 1933, l'industrie cinématographique reprend sa marche en avant vers1936. C'est ainsi que laParamount, principalement grâce aux films deCecil B. DeMille,Bing Crosby etMae West, annonce un bénéfice de trois millions de dollars sur sa première année d'activité « d'après faillite »[102]. Une année après sa prise de fonction à la tête de la société, John Otterson cède sa place au cofondateur de la chaîne de sallesBalaban & Katz,Barney Balaban[100],[102],[103].
Les difficultés semblent ne faire que commencer pour le studio avec l'arrivée de latélévision pour des retransmissions expérimentales dans plusieurs villes américaines[104],[105]. Mais laParamount devient finalement la première compagnie hollywoodienne à s'investir dans le développement de l'industrie télévisuelle avec l'acquisition d'une station d'émission àChicago par Balaban[106] et le début de la fabrication detéléfilms[104].
En 1939, laSeconde Guerre mondiale éclate et engendre par conséquent la perte du marchéeuropéen et de son nombre de salles deux fois plus élevés qu'aux États-Unis[107]. En 1940, Martin Dies, un membre de laChambre des représentants des États-Unis et président de laHouse Un-American Activities Committee (« Commission de la Chambre sur les activités non américaines »), accuse Hollywood de soutenir lecommunisme. S'ensuit alors pendant près de dix ans, notamment lors duMaccarthysme, une « croisade anti-communiste » qui engendre l'élaboration d'uneliste noire et l'arrestation de nombreux employés des studios[107],[108]. Malgré cette turbulence à Hollywood, les studios gagnent beaucoup d'argent. Le public, cherchant à se divertir pendant la guerre, prennent d'assaut les salles de cinéma. C'est ainsi que laParamount finit l'année 1939 avec un bénéfice de treize millions de dollars, chiffre qui monte à quinze millions en 1945. En 1946, contrairement aux attentes, les bénéfices atteignent 39 millions de dollars soit le plus gros gains d'argent enregistré par un studio en une seule année[107]. Les concurrents de laParamount ne sont pas en reste avec 22 millions de dollars pour laFox, 19 millions pour laWarner et 18 millions pour laMGM alors que les exploitants de salles annoncent que lepop-corn vendu a rapporté près de dix millions de dollars[107]. Paradoxalement cette réussite n'est pas due à un nombre plus élevé de films, bien au contraire. Alors qu'en 1936 laParamount avait proposé 71 films, elle n'en sort « que » 19 en 1946 avec comme nouvelle devise « moins mais meilleurs »[107].
Depuis le début des années 1930, laParamount distribue lesdessins animés produits parFleischer Studios. C'est à cette société, fondée parDave etMax Fleischer en1921, que l'on doit la création de plusieurs personnages à succès, commeBetty Boop etPopeye. Alors en plein succès avec Betty Boop, le studio éprouve des difficultés après l'entrée en vigueur ducode Hays qui oblige le studio à édulcorer les aventures de lapin-up. Pour la rendre moins sexy, on rallonge alors la jupe de Betty Boop et on refroidit son tempérament[112]. Ces changements imposés engendrent une baisse de popularité des productions de la société ; celle-ci retrouve finalement de l'entrain grâce à Popeye, personnage créé parElzie Crisler Segar. Au milieu des années 1930, le succès du marin est tel qu'il devient plus populaire queMickey Mouse[113].
En1939, la société des frères Fleischer évolue en sortant son premier long métrage animé,Les Voyages de Gulliver. Malgré le succès du film, leFleischer Studios commence à rencontrer des problèmes financiers à la suite d'un déménagement àMiami Beach et d'un accroissement des effectifs. C'est ainsi que le studio des frères Fleischer devient dépendant de laParamount qui lui octroie des prêts ou des avances afin de poursuivre la production de ses dessins animés[114].
Finalement, laParamount prend le contrôle duFleischer Studios le, qui sort son deuxième long métrage,Douce et Criquet s'aimaient d'amour tendre en fin d'année. À la suite de différents conflits qui opposent Dave et Max Fleischer[115], ainsi qu'à l'échec commercial deDouce et Criquet, laParamount décide de se séparer des frères Fleischer[114]. La société est alors renommée enFamous Studios et sera active jusqu'en 1967.
Après plus de dix ans de menace, en 1948, le gouvernement des États-Unis juge coupable les « majors » d'aller à l'encontre de la loi anti-trust. Les sociétés sont condamnées à se séparer des salles leur appartenant pour ainsi redevenir de « simples » compagnies de production et de distribution[110]. LaParamount est la première à signer un « décret de consentement » qui stipule qu'elle accepte de céder ses salles[116]. Son circuit de salles doit être pris en charge par une structure indépendante, laUnited Paramount Theatres (UPT), qui devra réduire d'un tiers le nombre de salles tous les ans pendant trois années[116]. LaParamount conserve malgré tout dans son giron ses salles étrangères ainsi que laFamous Players[110],[117], sa chaîne de cinémascanadienne montée en 1920[118]. Les conséquences sont immédiates, les bénéfices de laParamount passant de vingt millions de dollars en 1949 à six millions en 1950[110].Leonard Goldenson, président d'UPT qui cherche à se diversifier, approche en 1951 le président de la jeune chaîne de télévisionAmerican Broadcasting Company alors en difficulté financièrement et lui propose qu'UPT achète ABC[119]. En 1953, laFederal Communications Commission autorise la fusion entreUnited Paramount Theatres etAmerican Broadcasting Company[120] qui se rebaptiseAmerican Broadcasting-Paramount Theatres.
Lecinéma en relief est l'une des voies envisagées pour contrer l'émergence de la télévision.
Au début desannées 1950, latélévision pique la vedette à la radio et devient la première rivale du cinéma. Pour dépasser cette concurrence les studios mettent au point la fabrication de films entrois dimensions[110],[121]. Cependant, cette nouvelle manière de voir les films ne tarde pas à lasser le public. C'est alors que sont présentés des films enCinérama qui font sensations dans les grandes villes[122]. Ce procédé, qui consiste à projeter par trois appareils différents des images qui sont ensuite juxtaposés[123], ne peut finalement se généraliser à cause de son coût trop élevé[110].
La télévision détrône peu à peu le cinéma.
La grande innovation intervient en1953 avec le lancement par la20th Century Fox duCinemaScope[110],[123] dont le principe est d'anamorphoser l'image sur un écran plus large[124]. LeCinemaScope est alors adopté par toutes les compagnies sauf laParamount qui propose peu de temps après leVistaVision. Ce procédé propose une image moins grande que leCinemaScope mais de meilleure qualité[110] avec un défilement horizontal dufilm négatif35 mm au lieu d'une image anamorphosée[125]. LeVistaVision est alors perçu comme une amélioration de la diffusion sur écran large et est associé auson stéréophonique, comme l'est leCinemaScope[110]. Malgré cette avancée, la télévision se démocratise avec plus de quarante millions de postes à travers tout le pays en 1957, détrônant le cinéma dans le cœur du public[110].
En 1958, laParamount annonce un bénéfice de 12 500 000 $[126], son plus gros depuis 1949, supérieur à celui de tous ses concurrents et annonciateur d'un redressement après une douzaine d'années délicates. Ce bon résultat est surtout dû à l'augmentation du prix du billet d'entrée qu'à l'augmentation de la fréquentation qui est en baisse constante depuis l'arrivée de la télévision[126]. La même année, la compagnie vend les droits de diffusion télévisuels de ses films antérieurs à 1948 à laMusic Corporation of America (qui prendra ensuite possession d'Universal Pictures en 1962) pour une somme de cinquante millions de dollars. Cette transaction a pour effet de faire grimper considérablement les actionsParamount[127]. Le, c'est laNational Broadcasting Company qui récupère les droits de ce même catalogue pour soixante millions de dollars[128]. Cette même année, Adolph Zukor devient président honoraire du studio, poste qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1976 à l'âge de 103 ans.
Barry Diller, ici en 2009, prend le contrôle de la production de laParamount en 1974.
Gulf+Western, propriétaire de compagniesfinancières,industrielles etminières, crée un groupe appeléLeisure Time. Cette filiale est alors composée de laParamount, de lamaison d'éditionSimon & Schuster et duMadison Square Garden et représente 14 % de la société de Bluhdorn[126]. Grâce à une augmentation de la fréquentation des cinémas après 25 ans de baisse, laParamount devient une source de revenus importante pour son actionnaire. En effet, le nombre de billets atteint 954 millions en 1972 après être passé de quatre milliards en 1942 à 820 millions en 1971[130].
En 1974, Charles Bluhdorn donne la direction duconseil d'administration àBarry Diller[130] qui devient l'un des principaux décisionnaires du studio et qui permet la production de plusieurs succès commeLa Fièvre du samedi soir,Grease ou encoreLes Aventuriers de l'arche perdue etLe Flic de Beverly Hills. En, Charles Bludhorn meurt d'une crise cardiaque et est remplacé par Martin S. Davis à la tête deGulf & Western[137]. S'ensuit une réorganisation de la direction qui pousse à la démission Barry Diller et Michael Eisner en 1984[138]. C'est ainsi qu'Arthur Barron devient président duGulf & Western Entertainment and Communications Group (nouveau nom duLeisure Time)[130] et que la présidence de laParamount est laissée àFrank Mancuso Sr.[130],[139].
Alors qu'à ses débuts elle avait été un fléau pour les studios de cinéma et leurs résultats du box-office, la télévision est la principale responsable de la reprise économique de laParamount. En effet, la compagnie se met à beaucoup produire pour la télévision[130] tout en fournissant ses films sortis après 1950[140].
En1970,Paramount etUniversal s'associent pour mettre en place unréseau de distribution international (hors des États-Unis et du Canada pour respecter la loi anti-Trust) commun aux deux compagnies :Cinema International Corporation (CIC)[141]. En1981, la CIC s'agrandit avec l'intégration de la MGM qui vient de racheterUnited Artists. C'est ainsi que la distribution des films des majors américaines en dehors du territoire n'est plus assurée que par la seule et unique CIC qui est alors renomméeUnited International Pictures[141].
Après lesannées 1960 qui ont vu laParamount avoir du mal à émerger financièrement (de tous ses films, seulDrôle de couple avait réussi à atteindre les vingt millions de dollars aubox-office américain)[141], lesannées 1970 lui permettent de renflouer ses caisses. En effet se sont pas moins de quinze films qui dépassent les vingt millions de dollars dontGrease qui atteint même 96 millions[141]. AvecGrease (film) en locomotive, l'année1978 se termine avec un gain total de 290 millions de dollars rien que sur le territoire américain, du jamais vu à l'époque[141]. En1979, laParamount établit un nouveau record avec des recettes mondiales atteignant 551 millions de dollars[141].
En 1973, laParamount devient le dernier studio à être localisé dansHollywood même après le départ de laColumbia Pictures àBurbank[142], où est déjà installée laWarner Bros. depuis 1929[143]. Dès lors, le studio devient une réelle attraction qui attire un grand nombre de visiteurs pour lesquels il symbolise le cinéma hollywoodien.
Fin de l'« usine à rêve » et naissance du Nouvel Hollywood
À la fin des années 1950,Jerry Lewis (à droite, avecDean Martin) est l'une des rares grandes vedettes de laParamount.
Le surnom d'« usine à rêve » donné à l'industrie hollywoodienne convient de moins en moins au fil du temps. Contrairement au passé, les films qui sortent des différents studios manquent cruellement d'identité ; il n'est plus possible d'identifier le créateur d'un film en regardant simplement sonaffiche[141]. En 1958, laParamount, qui était réputée pour sa pléiade de stars, perd de sa superbe avec comme seule vraie vedette le comiqueJerry Lewis. Le studio commence également à tourner moins de films, préférant les acheter à des studios indépendants. De ce changement de stratégie en résulte une décennie relativement pauvre en films de qualités ; des films distribués par laParamount dans les années 1960, on retient essentiellementPsychose d'Alfred Hitchcock ouDiamants sur canapé deBlake Edwards[141]. À côté de cela les coûts de production s'envolent. C'est ainsi que 86 millions de dollars sont investis pour faire cinq films (La Kermesse de l'Ouest deJoshua Logan,Waterloo deSerge Bondartchouk,Traître sur commande deMartin Ritt,Catch 22 deMike Nichols etDarling Lili de Blake Edwards) qui n'en rapporteront que 33 millions sur le marché nord-américain[144].
Dans les années 1970,Roman Polanski (ici en 2007) est, avecFrancis Ford Coppola, l'un des réalisateurs les plus emblématiques de laParamount.
C'est avec l'émergence duNouvel Hollywood, que laParamount obtient de nouvelles lettres de noblesse. En effet plusieurs réalisateurs prometteurs, notamment Roman Polanski etFrancis Ford Coppola, réalisent sous la houlette du studio de grands succès qui deviendront pour certainscultes. En1972, sortLe Parrain de Francis Ford Coppola, qui, en plus du record de recettes avec ses 86 millions de dollars aubox-office[144], permet au studio de remporter l'Oscar du meilleur film qui lui échappe depuis une vingtaine d'années[92].
En1978, laParamount est le studio qui possède le plus de parts de marché avec 24 %[147]. Au fil des ans, ses parts diminuent pour tomber à 14 % en1983 puis à 10 % en1985, loin derrière les 18 % du leaderWarner Bros.[147]. LaParamount entre alors dans le système de films à gros budget, commeLes Aventuriers de l'arche perdue, produit à hauteur de vingt millions de dollars et qui en rapporte dix fois plus[144], qui engendrent de grosses rentrées d'argent et qui permettent de compenser les pertes des autres films du studio sortis dans la même période. C'est ainsi que la part de marché de laParamount remonte à 20 % en1987[148]. Le studio se fait alors spécialiste des « films pop-corn » avec notamment ceux montés par le duo de producteursDon Simpson-Jerry Bruckheimer. Plusieurs succès dubox-office des années 1980 et1990 portent leur signatures dontFlashdance,Le Flic de Beverly Hills etsa suite ou encoreTop Gun.
James Cameron est l'auteur du plus grand succès commercial de laParamount avecTitanic.
Cette politique de films à gros budget permet à un film de plus de deux cents millions de dollars de budget, coproduit parParamount,20th Century Fox etLightstorm Entertainment, de devenir le plus grand succès commercial du cinéma.Titanic, qui a été écrit, produit et réalisé parJames Cameron, a rapporté plus de 1,8 milliard de dollars dans le monde entier[150] et a également établit le record de nombre d'entrées avec plus de 128 millions aux États-Unis un an après sa sortie[Note 5],[151]. L'apothéose de ce succès public est l'obtention de onzeOscars, dont celui dumeilleur film[92].
En 1985,Gulf+Western effectue un changement majeur de ses activités en se positionnant encore plus dans le secteur desloisirs et celui de la communication[139]. Dans cette optique, le conglomérat se sépare de sa division consommateur et produits industriels ainsi que sa division électronique grand public pour un montant qui lui rapporte un milliard de dollars[139]. En 1989, après la vente de sa filialeThe Associates,Gulf+Western est renommée enParamount Communication, du nom de sa principale filiale[139]. Sure de sa force,Paramount Communication propose en uneoffre publique d'achat surTime Inc. pour faire échouer l'union entre cette dernière et laWarner Bros.. C'est finalement la justice qui bloque cette tentative d'OPA représentant une valeur de 10,7 milliards de dollars[139].
Après avoir fini première quant aux parts de marché dans la distribution en 1986 et 1987 et grâce aux bons résultats deParamount Home Video etParamount TV, la trésorerie de laParamount est au beau fixe au début desannées 1990[139].Frank Mancuso Sr. est remplacé en 1991 parBrandon Tartikoff, un ancien cadre de laNBC, laissant penser que laParamount envisage de se lancer dans l'acquisition ou la création d'unréseau de chaînes télévisées (ounetwork)[139]. L'année suivante,Paramount Communication met un pas de plus dans le loisir en achetantKings Entertainment Company et sesparcs d'attractions pour 400 millions de dollars[139]. La chaîne de parcs est alors rebaptisée enParamount Parks.
Le, laParamount est acquise parViacom, leconglomérat dirigée parSumner Redstone, pour 8,2 milliards de dollars[139]. Le mois suivant, Brandon Tartikoff démissionne de son poste pour des raisons personnelles[152] et est remplacé parSherry Lansing à la tête du studio[139].
Avec Sherry Lansing à sa tête de 1994 à 2004, le studio obtient de très grands succès commerciaux avecForrest Gump (le plus grand succès de 1994 avec plus de 329 millions de dollars de recette[153]),Mission impossible (plus de 180 millions de dollars en1996[154]) etMission impossible 2 (plus de 215 millions de dollars en 2000[155]), sans oublierTitanic et ses 600 millions de dollars de recette[156]. Parallèlement à ses résultats financiers, laParamount remporte un grand nombre de récompenses dont troisOscars du meilleur film pourForrest Gump,Braveheart etTitanic[92].
Après une première tentative avortée dans lesannées 1980 pour créer son proprenetwork[157], laParamount concrétise son projet en 1995 quandViacom s'associe à la sociétéChris-Craft pour fonderUnited Paramount Network[157]. Le nouveau réseau, lancé pratiquement au même moment queThe WB Television Network, est alors diffusé sur 80 % du territoire américain[157] et permettra dans un futur proche à ces diverses productions une nouvelle visibilité[158].
Avec la télévision, les studios ont déjà trouvé un moyen de rentabiliser un peu plus leurs productions mais à la fin desannées 1970, une nouvelle technologie permet aux majors de les exploiter encore plus longtemps malgré des réticences au début[159]. Après le lancement commercial dumagnétoscope parPhilips etSony à la fin desannées 1960, le marché de lacassette vidéo prend son envol avec les formatsBetamax deSony etVHS deJVC. Dans un premier temps destiné à l'enregistrement de programmes télévisés, la cassette vidéo permet ensuite aux studios de proposer leurs films pour un usage domestique via la vente ou la location. Parallèlement à cette deuxième vie donnée aux films sortis en salle, la vidéo permet également l'émergence de productions à bas budget qui sont distribués directement sous ce format.
Au milieu desannées 1990 apparaît leDVD, un nouveau support permettant un rendu technique plus poussé que la cassette vidéo. Le succès du DVD n'est pas seulement dû à la qualité de rendu des films mais également aux suppléments qui l'accompagnent comme lesbandes-annonces ou lesmaking of. En mars 1997,Warner Bros. est le premier studio à adopter officiellement le DVD en commercialisant sous ce format le filmTwister[160]. C'est ainsi que les autres compagnies entrent dans son sillage en annonçant un à un qu'ils feront de même. LaParamount en fait l'annonce en avril 1998[160].
Avec l'avènement de lahaute définition, deux nouveaux formats, ledisque Blu-ray et leHD DVD sont confrontés pour savoir lequel sera le successeur du DVD. Le, laParamount et trois autres studios (New Line Cinema,Universal Pictures etWarner Bros.) annoncent qu'ils soutiennent le HD DVD tout en ne mettant pas de côté leBlu-ray. C'est ainsi que laParamount décide de sortir ses films dans des versionsBlu-ray et HD DVD[161]. Finalement, laParamount etDreamWorks SKG annoncent en qu'ils abandonnent complètement leBlu-ray au profit du HD DVD[162]. Cette décision n'est pas suivie par les autres studios qui, un à un, adoptent définitivement leBlu-ray, précipitant peu à peu la mort du HD DVD. Face au lobbying grandissant en faveur duBlu-ray,Toshiba annonce officiellement l'abandon de son format HD DVD. Devant cette décision du constructeur japonais, laParamount devient le la dernièremajor à adopter leBlu-ray[163].
En janvier 2005,Brad Grey, unagent artistique et producteur à la télévision (notamment de la sérieLes Soprano)[164], est nommé à la tête du studio à la place deSherry Lansing qui était en poste depuis douze ans[165]. L'une des préoccupations de Grey est de réduire les coûts en supprimant des postes et en diminuant le nombre de films produits annuellement[164]. Grey met également fin àUnited International Pictures, qui assurait la distribution des films du studio à l'étranger depuis 25 ans, pour laisser place à laParamount Pictures International[164].
Malgré ses succès critiques,Paramount Vantage ne parvient pas à obtenir debénéfices importants avec ses films, à l'exception deNo Country for Old Men. Ce manque de gain d'argent est surtout dû auxcampagnes publicitaires des films à potentiels qui ont été soit très pauvres soit trop excessives[169].
Après quatorze années de collaboration,Tom Cruise est congédié par le studio.
Pour renforcer sa position dans la hiérarchie desmajors, laParamount privilégie davantage sa politique vers des accords commerciaux avec différents partenaires plutôt que de développements en interne. Dans cette optique, le, le studio rachèteDreamWorks SKG, la société créée parSteven Spielberg,Jeffrey Katzenberg etDavid Geffen, pour 1,6 milliard de dollars[170]. Après plus de trois ans de collaboration plus ou moins paisible, les deux sociétés décident de rompre l'accord qui les lie[171]. C'est ainsi queDreamWorks redevient indépendante en2008[172]. La même année, après quatorze années de collaboration, le studio met un terme à son association avec la société de production deTom Cruise etPaula Wagner,Cruise/Wagner Productions, à la suite des frasques médiatiques de l'acteur[173].
Le,MTV Films etNickelodeon Movies, alors sous l'égide deViacom, intègrent en tant que filiales laParamount[174]. Créées respectivement en1995 et en1996, ces deux sociétés permettent au studio de cibler un public plus jeune.MTV Films cible les adolescents avec des films commeBeavis et Butt-Head se font l'Amérique tandis queNickelodeon Movies vise les enfants avec des productions issus desprogrammes animés de la chaîne de télévisionNickelodeon commeLes Razmoket ouBob l'éponge. Ces changements permettent à laParamount d'élargir sa gamme de films.
En 2008, laParamount signe un contrat avecMarvel Studios afin d'exploiter la licenceIron Man. Les deux films sont des succès mais à la suite du rachat deMarvel Entertainment parThe Walt Disney Company, le, l'accord est rompu. LaParamount continuera, malgré tout, de distribuer les projets déjà lancé. Cependant,Disney annonce le payer 155 millions de dollars à laParamount pour récupérer les droits de commercialisation et de distribution deThe Avengers etIron Man 3[175]. Le,Disney achète à Paramount les droits sur toutes nouvelles productions cinématographiques d'Indiana Jones[176],[177].
En2005, selonScreen Digest, alors que 40 % des films distribués parDisney, la20th Century Fox et laWarner Bros. sont diffusés en numérique enAmérique du Nord, laParamount n'en a diffusé qu'un seul[180]. En2006, laParamount ne suit d'ailleurs pas la mouvance des autresmajors qui s'engagent à fournir les copies numériques de leurs films aux réseaux desalles de cinémas numériques se constituant[180]. Rentrant finalement dans le pas des autres grands studios, laParamount passe un accord avec leleader de la distribution de films numériques en Europe,Arts Alliance Media. LaParamount s'engage à fournir ses films en version numérique aux salles installés parArts Alliance Media dans différents pays d'Europe, dont laFrance, et qui sont conformes aux recommandations duDigital Cinema Initiatives[181].
En2009, laParamount met au point un type d'accord lui permettant de contribuer financièrement à la mise en place de l'équipement de projection numérique par lesexploitants de salles. L'accord, qui prend fin le (peu importe la date de signature du contrat), stipule que laParamount doit verser une somme d'argent aux exploitants chaque fois que ceux-ci diffusent un film du studio. C'est ainsi que pour la diffusion d'un film numérique dans les six mois qui suit sa date de sortie nationale, laParamount verse à chaque exploitant 725 dollars (ou 825 dollars si c'est unfilm en 3-D)[182]. En contrepartie, les exploitants doivent installer des équipements de projection numérique conformes aux recommandations duDigital Cinema Initiatives[182]. Les exploitants sont alors tenus d'avoir équipé au moins 50 % de leurs salles dans les six mois qui suivent la signature du contrat et 100 % après trois ans[182]. De plus, chaque établissement doit être équipé d'au moins un projecteur pour les films 3-D[182].
Le,Disney,Sony et Paramount signent un partenariat avec l'application MyLingo pour fournir un doublage en espagnol dans les salles de cinémas américaines[183],[184]
Paramount Players est une division inaugurée en 2017 et centrée sur la production de films dit contemporains, principalement en collaboration avec d'autres filiales deViacom, le propriétaire du studio[185].
Toutefois à la suite du rachat de Marvel et Lucasfilm parDisney, Paramount ne distribue plus ces productions à l'international.
Worldwide Television Distribution est chargé de la distribution des films et autres programmes du groupe à la télévision et notamment pour leschaînes à péage pratiquant lepay-per-view ou lavidéo à la demande[185].
Paramount Digital Entertainment développe et distribue ses propresjeux vidéo pour lesconsoles et lessmartphones. Les jeux sont, pour la plupart, des adaptations des succès de laParamount Pictures commeTop Gun,Grease ouStar Trek[190] dont la distribution est assurée sur les plateformes de téléchargement telle queiTunes.Paramount Digital Entertainment gère également le catalogue de films du studio qui sont disponibles sur ces mêmes plateformes[185].
Paramount Studio Group gère un réseau d'infrastructures qui sont mises à disposition decinéastes indépendants ou d'autres studios de production pour laréalisation de films, depublicités ou deprogrammes pour la télévision. Le principal lieu de tournage est leParamount Studios situé sur Melrose Avenue. En plus de posséder desdécors à taille réelle, le complexe abrite tout ce qui est nécessaire pour lapostproduction ainsi que dessalles de projection de dernière génération[185].
LaParamount a produit, seul ou en collaboration avec d'autres studios, 58 films ayant atteint au moins cent millions de dollars de recette sur le territoirenord américain. En voici le détail[196] :
Le nomParamount, qui baptise le studio, est trouvé parW. W. Hodkinson après avoir vu par hasard un immeuble d'appartements meublés qui s’appelait ainsi, vantant la suprématie de ces habitations[29],[45],[197]. Une autre histoire veut que le nom ait été trouvé parAdolph Zukor voyant à un feu rouge un camion de plombier portant sur la porte le logoParamount Plumbing[198]. Le nomParamount qui signifie « Par-delà les monts »[44], fait référence au mot anglaisparamouncy qui se traduit par « suprématie »[47]. Selon la légende, c'est Hodkinson lui-même qui imagine le sigle en 1913 en le dessinant sur un papierbuvard[45],[197]. Il s'inspire duBen Lomond Mountain (Utah)(en) dans lachaîne Wasatch qu'il connait bien pour avoir grandi dans l'Utah[47],[197]. D'abord logo de la société de distribution de Hodkinson, la montagne enneigée et couronnée d'étoiles devient définitivement celui du studio quand est abandonné le nomFamous Players-Lasky. Selon la légende, les 24 étoiles du logo original symboliseraient les contrats signés par le studio avec le même nombre de stars à l'époque[199].
D'abord placé dans un coin de l'image lors de l'ouverture du film qui mentionne une production « présentée parAdolph Zukor etJesse L. Lasky », le logo apparaît en plein écran pour la première fois en1927 au début du filmLes Ailes[200].
Lelogo de laParamount Pictures, avec sa forme caractéristique de sommet montagneux pyramidal entouré d'étoiles, est le plus ancien logo hollywoodien survivant[200]. La première version du logo qui apparaît sur les filmsParamount jusqu'en 1927, est une simple représentation du dessin imaginé par Hodkinson qui est filmé et inséré dans le film[201]. Le sigle n'évolue pas tellement avec le temps mais a des versions de plus en plusphotoréalistes à partir des années 1950. Seules l'arrivée de la couleur et la variation du nombre d'étoiles autour de la montagne sont à souligner.
L'emblème du studio est retravaillé en 1953 parJan Domela[200], un membre éminent de l'équipe artistique du studio. Inspiré, selon la rumeur, par l'Artesonraju, un des plus hauts sommetspéruviens culminant à 6 025 mètres et qui se situe dans laCordillère Blanche dans la région deHuaraz[202], le logo est plus réaliste que les précédentes versions. Il prend encore une nouvelle dimension avec l'arrivée des projections sur écran large et notamment enVistavision[200],[201].
En 1968, le logo se voit agrémenter du nom du conglomérat qui est propriétaire du studio depuis trois ans. C'est ainsi que sous la montagne est désormais inscrit « AGulf+Western Company ». De plus, le « Pictures » deParamount Pictures a disparu[201].
En 1975, l'aspect du logo est complètement revisité. Graphiquement différent des précédents, il représente malgré tout une montagne entourée d'étoiles mais le tout dans des tons bleus et de façon plus stylisée. Ce logo est par ailleurs également utilisé pour représenterParamount Television[201].
À la fin de l'année 1986, le logo reprend une apparence plus proche de celui d'origine. Cependant, il y a évolution car il est désormais animé. On doit sa réalisation àStudio Productions, déjà responsable des animations des logos de la20th Century Fox et de l'Universal Pictures. De 1987 à 1988, pour l'anniversaire du studio, la mention75th Anniversary apparaît sous le nomParamount. En 1989, le nomGulf+Western Company, en bas du logo, est remplacé parParamount Communications Company. Après l'intégration du studio dans le conglomératViacom, c'est le nom de ce dernier qui est placé sous la montagne[201].
Le studio Paramount àLos Angeles est ouvert aux visites 7 jours par semaine sur réservations sur le site internet dédié[203]. À l'opposé des parcs Universal ou Disney associés au cinéma tel queUniversal Studios Hollywood ouDisney's Hollywood Studios, les studios Paramount ne proposent aucune attraction mais une découverte des coulisses durant 2 heures des plateaux de tournages en cours. La visite comprend un passage dans les décors extérieurs figurant des quartiers américains représentatifs :New York Street,Washington Square,Brooklyn ouFinancial District.
Depuis 2013, Paramount Pictures a établi un partenariat avec le parc de loisirsLondon Resort. Le parc peut donc utiliser les licences de la société pour leurs attractions.
Le, leViacom inaugure la premièrechaîne Paramount en Espagne[204], celle-ci diffuse des films de Paramount Pictures24 h/24 h. Puis le[205] qu'est lancé la seconde chaîneParamount Channel en France. Comparé à la chaîne espagnole, les programmes de la chaîne française ne diffusent que18 h/24 h, diffusant ainsi les programmes de6 h à minuit et ne diffusent spécifiquement des films des années 1930 à 2000, contrairement à la chaîne espagnole qui diffuse des films des années 1930 jusqu'aux plus récents. Les deux chaînes appartiennent respectivement aux groupesMTV Networks España etViacom International Media Networks France[206].
Martin Barnier,En route vers le parlant : histoire d'une évolution technologique, économique et esthétique du cinéma, 1926-1934, Liège, Éditions du Céfal,, 255 p.(ISBN2-87130-133-6,lire en ligne)
Édouard Arnoldy etFrançois Albera,Pour une histoire culturelle du cinéma : au-devant de "scènes filmées", de "films chantants et parlants" et de comédies musicales, Liège, Éditions du Céfal,, 203 p.(ISBN2-87130-181-6)
LaurenceAlfonsi,Le Cinéma du futur : les enjeux des nouvelles technologies de l'image, Paris/Montréal (Québec)/Saint-Nicolas (Québec), Presses Université Laval,, 86 p.(ISBN2-7637-8254-X,lire en ligne)
↑« Si c'est un film Paramount, c'est le meilleur en ville ».
↑Albert Kaufman est souvent cité dans l'autobiographie d'Adolph Zukor. Il semblerait que Kaufman était le bras droit, voir l'homme de main, de Zukor.
↑À cette époque, Samuel Goldwyn portait encore le nom de Samuel Goldfish.
↑Un même film est tourné en plusieurs langues différentes avec des acteurs d'origines diverses.
↑Aucun chiffre officiel pour le nombre d'entrées aux États-Unis n'existe. Il s'agit d'une estimation tenant compte desrecettes divisé par le prix moyen d'un billet de cette période.