Façade et entrée et les statues répliques desDavid de Michel-Ange à gauche etHercule et Cacus de Baccio Bandinelli, à droite
LePalazzo Vecchio est l'hôtel de ville deFlorence, chef-lieu de laToscane enItalie. Ce palais-forteresse, en forme de parallélépipède situé sur laPiazza della Signoria, est un des plus beaux bâtiments de la ville. Il côtoie laLoggia dei Lanzi et lesOffices. Son nom remonte au transfert desMédicis pour le nouveaupalais Pitti situé de l'autre côté de l'Arno, à partir de là, le palais sera qualifié devecchio (« vieux » en italien).
La construction du palais débuta en1299 sous la direction de l'architecteArnolfo di Cambio. À l'origine, il portait le nom dePalazzo della Signoria (palais de la Seigneurie) et était le siège du gouvernement de Florence (la Signoria).
L'horloge a été à l'origine construite parDonatello, mais a été remplacée en 1667 par une horloge deVincenzo Viviani.
Une réplique[1] duDavid deMichel-Ange se trouve sur la place publique, au-devant du bâtiment, un emplacement stratégique emblématique et symbolique (puissance, et puis touristique, aujourd'hui), ainsi queHercule et Cacus deBaccio Bandinelli.
Tour de guet achevée en 1310, c'est unbeffroi à triple rangée decréneaux carrés de typeguelfe comportant unchemin de ronde en saillie. Elle est excentrée du plan général du palais car construite sur les ruines de l'ancienne tour gibeline desForaboschi. Au sommet de la tour se trouve une girouette en forme de lion, copie de l'original exposé au rez-de-chaussée du bâtiment.
Certains châteaux de la Toscane copieront cette tour-beffroi (à une échelle moindre) pour agrémenter leur palais (exemple :castello di Montegufoni près deMontespertoli sur lafrazione de Montagnana) et ainsi étaler leur allégeance à la république de Florence.
Vient ensuite le deuxième blason de la ville, parti de blanc et vermeil. Il symbolise la population florentine après la destruction de l'ennemi séculaire,Fiesole. La lutte entre les deux cités voisines est l'un des faits importants des premiers siècles de l'histoire médiévale florentine, jusqu'à la défaite définitive de Fiesole en 1125, lorsque la cité est vaincue et détruite par les Florentins. La population fésulane est alors contrainte d'abandonner les collines et de rejoindre les faubourgs de Florence. Un emblème est alors choisi pour représenter cette double constitution : le blanc, couleur que Fiesole avait reçu de Catalina, et le rouge, couleur de Rome mais surtout de César. C'est aussi l'emblème qui sera choisi en 1250 par le primo Popolo, le gouvernement mis en place les guelfes après que Frédéric d'Antioche, fils de Frédéric II, fut chassé par les guelfes, permettant la mise en place d'un gouvernement formé par les représentants du peuple et des corporations de marchands.
Legiglio, symbole de Florence
Le champ blanc au lys vermeil, aujourd'hui symbole de la ville, est le blason de la Parte Guelfa, le parti guelfe, exilé par les Gibelins (partisans de l'empereur) après la bataille de Montaperti en 1260, et qui en 1266 reprend le pouvoir après la victoire du nouveau souverain de Sicile Charles d'Anjou contre les troupes du fils et successeur de Frédéric II, Manfred. Le blason reprend en en inversant les couleurs celui de la cité qui, entretemps et avec le gouvernement des Gibelins, était de fait devenu celui de laParte Ghibelina.
En 1289 est instauré le secondo popolo lorsque les corporations (lesArti) reprennent le contrôle des organes de gouvernement, avant d'émettre une série de mesures anti-magnats (lesOrdonnances de justice de 1293) qui ont pour effet de chasser de la cité un certain nombre de familles nobles, jugées trop turbulentes. Le blason adopté reprend encore une fois les couleurs traditionnelles de la cité, le champ blanc à la croix vermeil, un blason par ailleurs adopté par un nombre important de cité italiennes (Bologne ou Milan, mais aussi Gênes).
Enfin, le blason de la seigneurie, au champ azur portant l'inscriptionlibertas, reprend l'un desleitmotivs de la politique des communes italiennes, en guerre constante pour assurer leur indépendance et leur liberté.
L'aigle rouge agriffant un serpent sur champ blanc est le symbole de l'alliance guelfe. D'une manière générale, les blasons des cités guelfes sont caractérisés par l'usage des couleurs blanche et rouge (Pise, Pérouse, etc.), tandis que pour les cités gibelines prévalent davantage le blanc et le noir (Sienne, Arezzo, etc.).
Le corps du palais est massif et ses façades sont percées de baies géminées qui en atténuent l'aspect austère. Les consoles d'encorbellement affichent les céramiques des armes et des possessions obtenues militairement ou politiquement.
La cour d'entrée (première cour ou cour de Michelozzo)
Sur les tympans, tout autour de la cour, sont reproduites les enseignes des églises et des congrégations des membres et des métiers de la ville, tandis que dans les registres inférieurs sont peintes, en honneur de Jeanne d'Autriche, des vues des villes de l'Empire desHabsbourg. Les voûtes sont enrichies de décorationsgrotesques.
Dans la niche devant la fontaine se trouveSansone e il Filisteo dePierino da Vinci : les colonnes sont richement décorées de cannelures alternées de parties en stuc doré. Il s'agit d'une copie de la statue originale (déplacée au second étage sur la terrasse de Giunone).
Sur le côté de la cour, une porte mène à l'ancienne Salle d'armes : celle-ci, utilisée un temps comme dépôt d'armes et de munitions, sert aujourd'hui pour des expositions temporaires ou des manifestations diverses.-En, le groupe de luxeKering annonce le financement de la rénovation de la cour de Michelozzo[2].
La seconde cour, connue sous le nom deCortile della Dogana (cour de la Douane), a des piliers massifs construits en 1494 par Il Cronaca pour soutenir leSalone dei Cinquecento au second étage ; c'est dans cette pièce que se réunissaient lesuffici della dogana (officiers de la Douane) qu'on trouvait depuis le temps deLéopold II de Toscane.
La douane florentine prenait en dépôt les marchandises provenant de l'extérieur du Grand-Duché, dans l'attente de l'enlèvement par le destinataire qui les enlevait moyennant le paiement d'une taxe. Après la crue de l'Arno du, les marchandises ayant été gravement endommagées, on déplaça ce bureau dans le Casino di San Marco via Cavour, où étaient placés les bureaux de la cour d'appel.
Aujourd'hui s'y trouvent la billetterie du musée et la boutique.
La troisième cour, leCortile nuovo, fut aménagée par Bartolomeo Ammannati et Bernardo Buontalenti en conclusion de l'agrandissement via dei Gondi et via dei Leoni qui permet d'accéder aux bureaux communaux et aux escaliers qui mènent aux bureaux duSindaco et du gouvernement.
Projeté et construit entre 1495 et 1496 parSimone del Pollaiolo, il comporte sur les murs est et ouest les fresques de Vasari représentant des victoires de Florence surSienne et surPise.
Au nord de la salle, éclairée par de grandes fenêtres, est aménagé le passage appelél'Udienza : il fut construit parBaccio Bandinelli pour recevoir les citoyens et les ambassadeurs; il est décoré de fresques représentant des événements historiques tels que la venue du papeBoniface VIII reçu par les ambassadeurs et qui prononça la célèbre phrase« Voi fiorentini siete la quintessence. »
Salone dei Cinquecento etl'Udienza au nord
Tribune
Le plafond à caissons ornés des peintures de Vasari
Fresque guerrière de Vasari :La Défaite des Pisans à San Vincenzo
Le cabinet de travail que François Ier de Médicis se réservait dans les appartements du Palazzo Vecchio, une pièce qui communique avec le Salon des Cinq-Cents, entièrement couverte de boiseries décorées de peintures.
Appartements monumentaux de Léon X (Quartieri monumentali)
Ce sont les autres chambres du premier étage, résidence desPriori et Quartieri deLéon X, qui ont été longtemps utilisées comme les salles de représentation duSindaco. Elles sont maintenant accessibles aux visiteurs (salle Léon-X et salle Clément-VII), y compris l'ex-bureau duSindaco.
On y trouve peinte à fresque la généalogie de la famille Médicis, l'œuvre de George Vasari, deGiovanni Stradano et deMarco da Faenza.
Dans la scène de l'Entrée triomphale de Léon X sur la Piazza della Signoria, on voit la place avant la construction des Offices, avec l'église de San Pier Scheraggio et la Loggia dei Lanzi sans les sculptures.
Sur la peinture de laBattaglia de San Leo, gagnée parLorenzo Duca d'Urbino pour le pape, on aperçoit dans le fond la forteresse de San Leo, célèbre pour avoir été le lieu de captivité deCagliostro.
Cette salle, voulue par Cosme de Médicis, fait partie de l'ensemble servant aux célébrations de la maison Médicis. Elle est dédiée au papeClément VII, le second pape médicéen aprèsLéon X.
Elle a été décorée de 1556 à 1562 sous la direction de Giorgio Vasari, qui a peint plusieurs des scènes avec, entre autres artistes,Giovanni Stradano, sur le plafond et les murs et avec qui il signeralesiège de Florence (1558).
Le pavement d'origine, enterracotta (terre cuite) blanche et rouge, provient de l'atelier deSanti Buglioni, avec des parties en symétrie avec celles du plafond.
À l'époque de Ubaldino Peruzzi, la salle fut celle dusindaco dont on peut apercevoir le mobilier dans le parcours aujourd'hui muséal. Elle est toujours utilisée dans les réceptions officielles.
Après l’unification de l’Italie, quand en 1865 Florence fut capitale du royaume (de 1865 à 1870), le complexe du Palazzio Vecchio subit de nombreux ajustements. C’est à l’occasion de ces transformations qu’est née la salle dite Rossa, située au premier étage du palais. Elle fut réalisée par l’architecte Giuseppe Martelli quand il restructura et meubla un espace destiné à la résidence du gouverneur de la Toscane, le baron Bettino Ricasoli, nommé par le roi Emmanuel II après le plébiscite de 1860.
Le grand espace carré est complètement habillé par un papier damasquinée rouge avec trois des grands murs décorés de tapisseries appartenant à la sérieHistoire d’Esther, tissée à la manufacture française des Gobelins.
Les tapisseries exposées dans cette salle, tissées entre 1768 et 1789, avaient rejoint Florence en 1814, apportées par Ferdinand III de Lorraine.
Elles furent citées pour la première fois le dans le « mobilier venu de Würzburg » et avaient appartenu au patrimoine du Prince-Archevêque de SalzbourgGirolamo Francesco di Colloredo Waldsee dont les armes, un chapeau de cardinal, sont tissées au centre de la bordure supérieure de deux des tentures exposées, à côté de l’aigle impérial bicéphale.
Dans la salle, on peut admirer :
Le Couronnement d’Esther (Audran, 1774, « fecit eam regnare »), qui illustre l’instant où Assuérus couronne Esther reine, après l’avoir choisie parmi toutes les « jeunes vierges de grande beauté » enlevées dans la citadelle de Suse selon son bon vouloir. Sur un fond baroque, parmi des personnages et de riches détails figuratifs, on assiste au couronnement d’Esther ; le roi, debout sur une estrade recouverte d’un riche tapis, pose la couronne royale sur la tête de la reine, vêtue de blanc, se tenant en face de lui sur une marche inférieure. À côté, des courtisans, des musiciens et des soldats disposés le long de la directrice oblique qui s’échappe en profondeur, isolant au centre les deux protagonistes, amplifiant la perspective fuyante de la composition, qui se termine par une arcade de fond qui s’ouvre sur le paysage.
Un second panneau illustreL’Outrage de Mardochée (Audran, 1771, « solus Mardochaeus non flectebat gen », chapitre III) et se réfère au comportement du pieux Hébreu, oncle et tuteur d’Esther, qui fut seul à ne pas s’incliner au passage du puissant ministre Aman, suscitant par là sa colère ; en fait, le comportement de Mardochée est justifié par sa foi profonde qui lui imposait de ne s’incliner que devant Dieu.
Le troisième panneau, La Toilette d’Esther (« circumadata est gloria sua », chapitre V, tissé par Cosette en 1780) présente au contraire un blason central avec trois lys de France, et est une des deux tapisseries acquises par l’archevêque en complément de la série dont il a hérité (qui cependant est incomplète car il manque un sujet). Ici Esther, après avoir jeûné et prié pendant plusieurs jours, se prépare à revêtir ses plus beaux habits, aidée par ses servantes, pour affronter l’instant difficile où elle se présentera devant le roi pour demander grâce pour son peuple. Le décor du palais royal dans lequel Esther est préparée par les servantes est particulièrement somptueux. Les courtisanes sont richement habillées, tandis qu’Esther, par contraste, dans une attitude chaste et vertueuse, porte la main à la poitrine, rehaussée seulement par la blancheur de ses vêtements et la lumière qui la baigne. Le thème de la toilette se transforme ainsi en une métaphore de la moralité. L’architecture des arcades et colonnes qui décorent la scène est particulièrement détaillée et soignée.
Les trois autres tapisseries appartenant au groupe Colloredo-Lorena, non exposées dans la salle, sont conservées dans les dépôts dupalais Pitti. La ville de Florence, toujours dans les collections du palais Pitti, conserve également la troisième édition complète de la série d’Esther, ayant appartenu aux Farnèse de Parme, qui présente au centre de la bordure supérieure, dessinée par Pierre Josse Pierrot, le blason orné de lys de la famille.
Complétant le mobilier de la pièce, un grand lustre « vénitien » pendant du plafond à fausse voûte en croix décoré de stuc gris et d’or (décoration que l’on retrouve sur les soubassements). Deux grands lustres à bougeoirs, une cheminée baroque en marbre, une console baroque avec deux chandeliers multibranches et un beau miroir rococo posé sur une console de la même époque complètent le plaisant décor.
Très probablement, vu la présence d’une petite salle de bains taillée dans l’épaisseur du mur maître sur un des côtés de la pièce, la salle dite « Rossa » fut utilisée comme chambre à coucher du baron Ricasoli.
Actuellement la Sala Rossa est dédiée, par la municipalité, aux célébrations de mariages civils.
Un contrat établi le confiait àSandro Botticelli,Domenico Ghirlandaio etle Pérugin la décoration de la salle. Seul Ghirlandaio accomplit la tâche qui lui revenait. Il peignit sur le mur ouest les fresques représentantSaint Zenobe et deux diacres (au centre),Brutus, Mucius Scaevola et Camillus (à gauche) etDecius, Scipion et Cicéron (à droite), reliées entre elles par une architecture en trompe-l'œil. En 1490, Bernardo di Stefano Rosselli orna les autres murs de lys d’or sur fond d’azur. Les lys symbolisaient l‘alliance traditionnelle entre la France et Florence, et tout particulièrement avec les Médicis. En, Louis XI avait octroyé àPierre de Médicis le privilège de faire figurer trois fleurs de lys sur le blason des Médicis[4].
Saint Zenobius et deux diacres (au centre) par Domenico Ghirlandaio.
Stanza del Guardarobe ouSala delle mappe geografiche
Cette salle doit son nom aux cartes duXVIe siècle peintes à l'huile sur les 53 portes des armoires par le frère dominicainIgnazio Danti ; ces cartes, dont le relevé est relativement exact, permettent de se faire une idée des connaissances géographiques de l'époque.
Plafond à caissons de la salle
Globe terrestre monumental
Carte de l'Angleterre d'Ignazio Danti
Carte de la France par d'Ignazio Danti
À remarquer : le départ ducorridor de Vasari, visible d'une des fenêtres.