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Lepalais des Tuileries est un ancienpalaisparisien, aujourd'hui détruit, dont la construction commença en 1564 sous l'impulsion deCatherine de Médicis, à l'emplacement occupé auparavant par l'une des trois fabriques de tuiles établies en 1372 à côté de l'hôpital des Quinze-Vingts[1], non loin du vieuxLouvre.
Henri II mourut dans l'hôtel des Tournelles en 1559.Catherine de Médicis, sa veuve, quitta alors cette propriété dont l'ordre de démolition fut donné en 1563 parCharles IX. La reine acheta alors la maison des Tuileries, plusieurs propriétés voisines, ainsi qu'un grand terrain appartenant à l'hôpital des Quinze-Vingts. Elle les fit raser et demanda aux architectesPhilibert Delorme, puis à la mort en 1570 de celui-ci, àJean Bullant, d'y édifier un palais qui devait s'élever à l'ouest duLouvre. Le projet d'origine était ambitieux : deux grands bâtiments parallèles et perpendiculaires à la Seine, réunis par quatre ailes plus courtes, compartimentant ainsi trois cours intérieures. Mais seul le bâtiment occidental fut finalement construit. Un grandjardin à l'italienne, l'actueljardin des Tuileries, fut également aménagé entre le château et leglacis de l'enceinte (actuelleplace de la Concorde)[3].
Cet édifice comportait un pavillon central surmonté d'undôme, doté d'un escalier suspendu sur voûte qui fut considéré comme un chef-d'œuvre. Ce pavillon était encadré de deux ailes. L'aile sud se terminait par un pavillon, appelé pavillon deBullant (construit en 1570) tandis que l'aile nord ne fut pas achevée. En effet, Catherine de Médicis, très superstitieuse, refusa finalement d'habiter aux Tuileries et s'installa à l'hôtel de Soissons, à l'emplacement de l'actuelleBourse de Commerce, qu'elle fit bâtir en toute hâte, en 1574, près de l'église Saint-Eustache. La légende raconte que son astrologueRuggieri lui avait prédit qu'elle mourrait « près de Saint-Germain » et le palais se trouvait à proximité de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois[3].
Sous le règne deCharles IX, le chantier de construction des Tuileries fut progressivement abandonné.Henri III y donna quelques fêtes, mais n'y résida pas ; il s'enfuit cependant de Paris par le jardin des Tuileries, le, lors de lajournée des barricades.
Plan du château, projeté par Delorme, et des jardins.
Plan du château et de ses jardins en 1585.
L'emplacement de la partie disparue du palais : le rectangle rouge au centre du plan.
Vue des Tuileries et du pavillon de Jean Bullant, parIsraël Silvestre - ca. 1650.
Au début duXVIIe siècle,Henri IV décida de relier leLouvre au palais des Tuileries en faisant construire une longue galerie longeant laSeine, galerie dont l'amorce existait depuis quelques années. C'est ce que l'on appela le « Grand Dessein ». La Grande-Galerie ouGalerie du bord de l'eau (qui existe toujours) fut édifiée de 1607 à 1610 parJacques II Androuet du Cerceau. Au même moment, le palais des Tuileries fut prolongé vers le sud par une aile appelée Petite-Galerie, destinée à raccorder le pavillon de Bullant à la Grande-Galerie : au croisement des deux bâtiments fut construit un pavillon, baptisépavillon de la Rivière (et rebaptisépavillon de Flore en 1669). Lepalais du Louvre et celui des Tuileries étaient donc désormais reliés entre eux.
Après la mort d'Henri IV, en 1610, le palais connut à nouveau une longue période d'abandon.
Restitution de la vue sur le parterre des Tuileries depuis la chambre à coucher de Louis XIV,XVIIe siècle.
Ce futLouis XIV qui décida de reprendre le chantier. Le palais des Tuileries était en effet dissymétrique : la Petite-Galerie bâtie sous Henri IV n'avait pas de pendant au nord. Entre 1659 et 1666,Louis Le Vau etFrançois d'Orbay construisirent d'abord un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Bullant (et qui fut baptisé « pavillon du Théâtre »), ensuite une galerie destinée à faire pendant à la Petite-Galerie (et qui fut baptisée « galerie des Machines »), enfin un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Flore (et qui fut baptisé « pavillon dePomone », puis « pavillon de Marsan »[4]). Le peintreCharles Le Brun dirigea en 1666-1667 différents chantiers au palais des Tuileries avec une importante équipe de peintres, dont faisait partieCharles de la Fosse.
Le palais était donc désormais symétrique et complet du nord et sud. Cependant, plusieurs décennies s'étaient écoulées entre la construction des bâtiments situés au sud du pavillon central et celle de ceux situés au nord. L'édifice souffrait donc d'une grande hétérogénéité sur le plan architectural. Le roi ordonna qu'il soit donc largement modifié parLe Vau. Le pavillon central (baptisé « pavillon de l'Horloge ») fut entièrement reconstruit dans le style classique : plus large, plus élevé, il fut recouvert d'un dôme volumineux ; les ailes qui le flanquaient, ainsi que la Petite-Galerie, furent également reconstruites[3].
Palais et jardin des Tuileries, à la fin duXVIIe siècle.
Durant l'Ancien Régime, les principaux habitants des Tuileries furent laduchesse de Montpensier, diteGrande Mademoiselle (de 1638 à 1652),Louis XIV (de 1664 à 1667) etLouis XV (de 1715 à 1722)[5]. Unlit de justice se tint aux Tuileries le. Le palais fut ensuite déserté et occupé par des courtisans ou des artistes auxquels leRoi octroyait des logements de faveur, ainsi que par des artistes, des retraités et des personnes de toute condition.
Chassé duPalais-Royal par un incendie le, l'Opéra s'installa aux Tuileries, dans une salle de spectacles qui avait été aménagée par Louis XIV dans la galerie des Machines dite « salle des Machines » (ou « théâtre des Tuileries ») ; il y demeura jusqu'en 1770, date à laquelle il fut remplacé par laComédie-Française, qui y demeura jusqu'en 1782, puis par la troupe du « théâtre de Monsieur ». La première duBarbier de Séville, deBeaumarchais, y eut lieu le.
Au cours desjournées révolutionnaires d'octobre 1789,Louis XVI,Marie-Antoinette et leurs enfants s'installèrent dans le palais le après avoir été ramenés duchâteau de Versailles par les émeutiers. Les Tuileries entraient dans la grande histoire : pendant 80 ans, le palais allait être la principale résidence des rois et des empereurs, ainsi que le théâtre d'événements politiques majeurs.
La distribution intérieure du château était la suivante :
On pénétrait dans le palais du côté de la cour du Carrousel, par le vestibule du pavillon de l'Horloge. À droite se trouvait l'escalier qui s'arrêtait à un premier palier menant à la chapelle et continuait après un demi-tour jusqu'à la salle des Cent-Suisses (futur salon des Maréchaux) ;
Au sud de cette salle, et jusqu'au pavillon de Flore, se trouvaient en enfilade, donnant sur la cour, l'antichambre du Roi, la chambre de Parade, le grand cabinet du Roi et la galerie de Diane. Du côté du jardin se trouvaient l'appartement de la Reine puis l'appartement d'hiver du Roi, occupé parLouis XVI à son arrivée aux Tuileries.
Pendant laRévolution, l'ancien appartement de la Reine fut occupé parMarie-Thérèse de France et son frère, ledauphin Louis.Marie-Antoinette s'installa au rez-de-chaussée, côté jardin, tandis queMadame Élisabeth, sœur de Louis XVI, occupait le premier étage du pavillon de Flore. Des meubles furent rapportés de Versailles, des cloisons furent ajoutées ou abattues pour aménager les appartements de la famille royale qui vécut dans une intimité renforcée et dans l'angoisse.
La famille royale résida pendant trois ans dans le palais. Le, elle tenta de s'enfuir, mais, arrêtée àVarennes, fut contrainte de regagner les Tuileries.
LePremier consul ordonne àLeconte la réfection et l'aménagement des Tuileries (ci-dessus, en 1802).
Puis, le, à 7 heures du matin, elle fut contrainte de quitter le palais, assiégé par lesémeutiers, pour aller se réfugier dans la salle duManège, qui abritait alors l'Assemblée législative et qui se trouvait le long du jardin (à l'emplacement de l'actuel carrefour entre les rues deRivoli et deCastiglione). La garnison degardes suisses resta en place autour du palais désormais vide. Celui-ci fut envahi et pillé, et près de 600 gardes moururent soit pendant le combat, soit ensuite massacrés par la foule. Une centaine d'entre eux parvint toutefois à s’échapper grâce à une partie de la population parisienne. Le, laguillotine fut dressée sur la place du Carrousel, à l'est du palais.
Le, laConvention s'installa aux Tuileries, dans la galerie des Machines aménagée par l'architecteGisors. Rien ne fut modifié dans l'aspect extérieur des Tuileries lorsque la Convention s'y installa le, sinon qu'on pava la cour du Carrousel et nettoya les abords immédiats du Palais. En revanche, l'arrivée de l'Assemblée nationale fut marquée par l'inscription sur la façade du Palais de trois mots clefs de la mythologie républicaine. Le mot Unité était inscrit sur le pavillon de l'Horloge (au centre), Liberté sur le pavillon Marsan, et Égalité sur celui de Flore. On planta enfin unbonnet phrygien sur le sommet du pavillon de l'Unité. Il fallut, à l'intérieur, aménager une salle en conformité avec la vocation qu'on lui destinait. Ce fut celle dite « des Machines » qui fut déblayée et offrit un espace suffisant pour y loger un vestibule dit « Salle de la Liberté » parce qu'elle était ornée d'une statue de 10 mètres qui l'évoquait (due àDupasquier), et la salle des séances.
Le palais reçut alors le nom depalais national. LeComité de salut public occupa la Petite-Galerie tandis que leComité de sûreté générale s'installait dans un hôtel particulier situé au nord de la cour du Carrousel, à proximité du pavillon de Marsan. De nombreux événements s'y déroulèrent, notamment la proscription desGirondins et la chute deRobespierre.
Sous leDirectoire, les Tuileries abritèrent leConseil des Anciens (1795-1799) jusqu'à sa suppression le. Plus aucune assemblée parlementaire ne siégera au palais des Tuileries par la suite.
Le,Napoléon Bonaparte, premier consul, s'installa au palais, aménagé pour cela par l'architecteLeconte. Il prit pour logement le premier étage, occupant l'ancienappartement du Roi (il dormait dans la chambre de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI). SiCambacérès, deuxième consul, préféra résider à l'hôtel d'Elbeuf, le troisième consulLebrun s'installa dans le pavillon de Flore.
Sous l'Empire, la Restauration et la monarchie de Juillet
Revue militaire devant l'arc de triomphe du Carrousel (en 1810), parHippolyte Bellangé, 1862.
NapoléonIer se maintint aux Tuileries, qui devinrent alors la résidence officielle de l'Empereur. Celui-ci occupait, au premier étage de l'aile sud, les anciens appartements royaux, la disposition et la dénomination des pièces restant inchangées[6]. En 1806, une salle de spectacles, une chapelle et une salle destinée aux séances du Conseil d'État furent aménagées dans l'aile nord, tandis que les décors intérieurs étaient remaniés par les architectesCharles Percier etPierre Fontaine. Le plafond de la salle à manger officielle était décoré d’allégories, qui représentaient les quatre éléments, la guerre et la paix.
Ce fut également entre 1806 et 1808 que ces mêmes architectes édifièrent l'arc de triomphe du Carrousel. Cet édifice, imitant l'arc deSeptime Sévère deRome, et qui existe toujours, constitua la nouvelle entrée officielle du palais en remplacement d'une ancienne porte duXVIIe siècle. Il donnait accès par l'est, depuis la place du Carrousel, à la cour d'honneur des Tuileries, elle-même séparée de la place par une longue grille.
Parallèlement, dans la perspective de poursuivre le Grand Dessein entamé sousHenri IV,Napoléon fit construire, entre 1807 et 1815, une aile qui ferma la cour du Carrousel au nord, et qui s'étendait du pavillon de Marsan à la hauteur de la rue de Rohan, le long de larue de Rivoli.
Le, le papePie VII, venu àParis pour sacrer Napoléon, s'installa dans le palais, où il résida jusqu'au. Il occupa l'ancien appartement deMadame Élisabeth, au premier étage du pavillon de Flore.
C'est au rez-de-chaussée de l'aile sud que naquit, en mars 1811, le fils de Napoléon et deMarie-Louise,Napoléon II, le roi de Rome. L'Empereur lui attribua un appartement jouxtant celui de sa mère, qui avait été occupé par le grand maréchal du palais, Duroc.
Les Tuileries, le Louvre et la rue de Rivoli, parCharles Fichot, entre 1857 et 1870.Le palais des Tuileries, la place du Carrousel, l'Arc de Triomphe, vue de la façade Est, 1856, parGustave Le Gray.
En 1814, Napoléon quitta le palais et y fut remplacé parLouis XVIII, avant d'y revenir le puis de le quitter définitivement après la défaite de Waterloo. De retour aux Tuileries en, Louis XVIII fut le seulroi de France à y mourir (1824). Son frèreCharles X l'y remplaça, jusqu'à ce que laRévolution de juillet 1830 l'en chassât et que le palais fût pillé par les émeutiers pour la deuxième fois de son histoire.
Les Tuileries restèrent inhabitées jusqu'au, date à laquelleLouis-Philippe préférant jusqu'ici résider dans sa demeure familiale, lePalais-Royal, fut contraint de s'installer au palais parCasimir Perier qui désirait rehausser le prestige de lamonarchie de Juillet. Son épouse, la reineMarie-Amélie, le trouvait triste et le comparait à unecasauba (casbah). La famille royale emménagea donc au rez-de-chaussée de l'aile sud.
Pendant plus d'un an, on fit réaliser d'importants travaux de réaménagement qui coûtèrent plus de 5 millions defrancs. Le palais prit alors son aspect définitif, avec notamment la création par les architectesPercier etFontaine d'un grand escalier dans lepavillon de l'Horloge.
Le roi fit également creuser, dans lejardin des Tuileries, une tranchée qui permit de délimiter un jardin privé, clos de grilles, le long de la façade occidentale du palais.Louis-Philippe dut toutefois renoncer, faute d'argent, au projet de réunion duLouvre et des Tuileries sur le côté nord, présenté en 1833 mais qui ne fut réalisé que parNapoléon III.
Les journées de février 1848 chassèrent la famille royale des Tuileries, qui furent une nouvelle fois pillées. Après avoir été reconverti en hospice pour les invalides de guerre, le palais redevint résidence officielle lorsqueLouis-Napoléon Bonaparte,président de la République, vint s'y installer, avant d'y être proclaméempereur le 2 décembre 1852.
Mais surtout, l'empereur acheva le Grand Dessein voulu par Henri IV et poursuivi par Napoléon en faisant réunir les Tuileries au Louvre. Les immeubles et ruelles qui séparaient encore la place du Carrousel de lacour carrée du Louvre furent détruits. De part et d'autre de l'espace créé, qui prit le nom de cour Napoléon III, les architectesVisconti puisLefuel édifièrent de nouveaux bâtiments. Le 14 août 1857, Napoléon III inaugura le « Nouveau Louvre », réuni avec le palais des Tuileries. De 1857 à 1871, et pour la première fois, le palais des Tuileries et le palais du Louvre formaient donc un seul et même ensemble, une « cité impériale » au cœur de Paris, le plus vaste et l'un des plus majestueux palais d'Europe.
Après ladéfaite de Sedan, l'impératrice Eugénie quitta, le, le palais des Tuileries cerné par l'émeute. Elle s'enfuit par le pavillon de Flore, d'où elle passa dans la Grande Galerie du Louvre.
À la fin du Second Empire, la disposition intérieure du palais se présentait de la façon suivante :
Les personnes entraient, du côté de la cour, par le vestibule dupavillon de l'Horloge.
Le grand escalier dePercier etFontaine menait, au premier étage, au nord vers la salle des travées et les tribunes de la chapelle, puis la salle de spectacle et, en retour vers le sud et le pavillon central, la salle des gardes puis la galerie de la paix. Celle-ci conduisait au salon des maréchaux, occupant tout l'étage du pavillon de l'horloge : transversal, il était élevé sur deux étages. De ce salon, les personnes passaient, côté cour, dans le salon blanc, puis le salon d'Apollon, la salle du trône, le salon Louis XIV puis enfin la galerie deDiane ancienne galerie des ambassadeurs, qui conduisait au pavillon de Flore, donnant sur laSeine.
L'aile sud (vers la Seine) était occupée, au premier étage côté jardin, par les[8] appartements de l'Impératrice] (du pavillon de l'Horloge jusqu'au pavillon de Bullant) et les appartements des secrétaires de l'empereur. Un petit escalier menait de ces appartements vers le vestibule ; le rez-de-cour entre les pavillons de l'horloge et le pavillon de Flore était affecté au service de l'empereur et du palais (officier d'ordonnance,garde), le rez-de-jardin à l'appartement de l'empereur. Des pièces, côté cour, ont été affectées, un temps, auPrince impérial.
Le pavillon de Flore, donnant sur la Seine, était occupé par les appartements du Prince impérial.
L'aile nord (vers la rue de Rivoli) abritait la chapelle dans le pavillon de la Chapelle au premier étage duquel se situaient la galerie des travées et les tribunes de la chapelle.
L'aile comprise entre ce pavillon et le pavillon de Marsan, à l'extrême nord du palais, était occupée par la salle des spectacles, bordée du côté de la cour par un étroit couloir courant jusqu'au pavillon de Marsan.
Le pavillon de Marsan, donnant sur la rue de Rivoli, était occupé par les appartements affectés aux chefs d'État en visite officielle.
À droite du grand vestibule, le grand escalier menait aux appartements d’apparat du palais.
En 1868,Hector Lefuel proposa de transformer les façades du palais en créant des galeries de sept mètres de profondeur plaquées contre les pavillons intermédiaires, le pavillon central et les ailes attenantes. Cette solution, qui aurait placé tout l'appartement de réception historique en second jour, visait à améliorer la circulation dans le palais. Elle se caractérisait par son faible coût relativement aux travaux de reprise de sous-œuvre initialement envisagés. Cependant, la chute duSecond Empire en empêcha la réalisation[9].
Grand escalier.
Galerie de la paix.
Salle de spectacle des Tuileries, aménagée en salle des fêtes.
La salle des maréchaux, occupant tout le pavillon central.
La galerie de Diane (galerie des Ambassadeurs).
Le salon d'Apollon.
La salle du trône.
Le salon Louis XIV.
Le cabinet de travail de Napoléon puis de Louis XVIII.
Réception de Napoléon III dans la salle des Maréchaux.
Devenue maîtresse des lieux, laCommune fit des Tuileries le théâtre de fêtes et de concerts : des « concerts communards » eurent ainsi lieu dans le salon des Maréchaux. La tragédienneAgar y participa. Le, une soirée artistique fut organisée au profit des blessés de la Garde nationale. Le 18, trois concerts consécutifs eurent lieu, attirant une foule immense.
Les 22 et, lescommunardsDardelle,Bergeret,Bénot,Boudin etMadeuf firent passer dans la cour cinq fourgons chargés de barils de poudre, bonbonnes depétrole, degoudron liquide et d'essence de térébenthine qu'ils rangèrent sous lepéristyle du pavillon central. Le 23, une trentaine de fédérés sous les ordres de Bénot, garçon boucher, Bergeret et Boudin, parcourut tous les appartements du palais et aspergea murs et planchers à pleins seaux de pétrole.
Un baril de poudre fut placé dans le vestibule du pavillon de l'Horloge, trois en bas de l'escalier d'honneur, tandis qu'un amas de matières inflammables était stocké dans le salon des Maréchaux. Les communards enduisirent de goudron l'autel et l'orgue de la Chapelle et les boiseries du théâtre. Le feu fut allumé par Bénot et l'incendie embrasa immédiatement tout l'édifice. Peu avant 9 heures du soir, l'horloge du palais s'arrêta sous l'action du feu. Vers 11 heures, une explosion secoua le pavillon central, laissant le dôme s'abîmer dans une gerbe de flammes.
Le palais brûla pendant trois jours, et l'incendie se propagea sur une partie du Louvre juste avant lesguichets[10], fondant les bronzes, réduisant les marbres en poussière. Bergeret et ses hommes, ayant commandé un repas froid, soupèrent sur la terrasse du Louvre en contemplant l'incendie. Le, il ne restait plus des Tuileries que des pans de murs noircis. Le palais et le musée du Louvre seront, cependant, épargnés des flammes grâce à l'opiniâtreté deHenry Barbet de Jouy et, surtout grâce à l'intervention du commandant de chasseursMartian de Bernardy de Sigoyer[11], qui demanda à ses hommes de tout faire pour éviter la propagation des flammes vers les autres bâtiments, situés à l'est des guichets du Louvre et leurs précieuses collections[12].
Au début des années 1870, l'architecte Lefuel restaure le pavillon de Flore et reconstruit le pavillon de Marsan.
Dès 1872, de nombreuses pétitions et requêtes sont déposées pour la restauration du palais, intégralement ou dans sa majeure partie. De fait, l'édifice est réparable, puisque seuls les planchers, la toiture et les décors se sont entièrement consumés. Des commissions parlementaires sont constituées : une commission sénatoriale écarte ainsi, en 1876, toute idée de voir disparaître les ruines.Haussmann,Lefuel etViollet-le-Duc proposent des projets de sauvegarde des ruines ou de reconstruction d'un nouveau palais. La proposition principale consiste en la restauration de la seule partie centrale, isolée, des Tuileries, comprenant le pavillon de l'Horloge, les deux ailes et les deux pavillons du Théâtre et de Bullant, la Petite-Galerie et la galerie des Machines étant donc démolies.
Mais le projet est mis à mal par le décès de Viollet-le-Duc le, puis par celui deLéonce Reynaud le, enfin celui d'Hector Lefuel le, qui étaient tous trois des experts favorables à la reconstruction. Le nouvel architecte responsable du chantier,Charles Garnier, est au contraire un adversaire de la restauration. Dans son rapport du, il mentionne les difficultés à reconstruire le palais : ruines exposées trop longtemps aux intempéries pour être conservées, trop faible profondeur des ailes, nécessité de créer des caves contre l'humidité… et il propose un nouveau bâtiment à la place.
Alors que la question de la démolition fait l'objet d'un bras de fer entre laChambre des députés et leSénat, la nomination d'Antonin Proust comme ministre des Arts au sein dugouvernement Gambetta marque un tournant : celui-ci dépose, le, un projet de loi visant à la démolition et au retrait des ruines en évacuant la question de la reconstruction du palais, et dont l’exposé des motifs est de la main de Charles Garnier[13]. Malgré la chute du gouvernement Gambetta fin, la Chambre des députés vote le projet de loi Proust le, suivant les conclusions du rapport du députéSeveriano de Heredia (Union républicaine)[13]. Il est adopté par le Sénat, à peine retouché, le, par une large majorité (188 voix pour, 71 voix contre), alors queJules Ferry, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, a promis que la démolition sera suivie d’une reconstruction[13]. Charles Garnier pilote l'arasement des ruines à partir du mois de et poursuit son travail après l’adjudication des ruines à l’entrepreneur Achille Picart, le[13]. Le, il ne reste plus rien des ruines des Tuileries[13]. Ne subsistent que les pavillons deFlore et deMarsan, ainsi que deux galeries jusqu'aux guichets du Louvre. Désormais, une vaste perspective s'étend du jardin des Tuileries au palais du Louvre, laissant découvrir l'arc de triomphe du Carrousel, ancienne porte d'honneur désormais isolée au milieu d'une vaste esplanade.
Les vestiges du palais connurent de nombreuses destinations. Pour la plupart, ils sont exposés en plein air, selon une esthétique où les ruines sont porteuses d'une certaine mélancolie[14].
En 1882, une vente aux enchères est organisée, l'architecteCharles Garnier ayant dressé le plan des ruines pour les acheteurs potentiels. L'État prend tout de même le soin de préempter certaines pièces, afin de conserver publiquement quelques souvenirs. Pour 33 500 francs, l'entrepreneur en démolition Achille Picart emporte la mise, charge à lui de faire retirer les ruines dans les six mois. Il ne compte pas les garder mais les revendre au détail, à l'heure où grands bourgeois et industriels rachètent des châteaux à des nobles désargentés et prisent comme d'autres les éléments architecturauxéclectiques[15]. L'architecte des TuileriesEdmond Guillaume est chargé de la démolition[16].
Un des restes les plus importants est le fronton du pavillon central et son horloge (qui ornait en 1901 la porte d'un entrepôt d'Achille Picart), acheté par lemusée Carnavalet et toujours visible dans lesquare Georges-Cain,rue Payenne dans le3e arrondissement[17],[15]. Des statues qui ornaient ce même fronton (Le Conseil etLa Valeur de Thibault Poissant,La Sincérité attribuée àLouis II Lerambert,La Religion dePhilippe de Buyster et la tête deLa Justice de Michel De La Perdrix), sont conservées dans le hall qui se trouve sous l'arc de triomphe duCarrousel du Louvre, à l'entrée dumusée homonyme.La Sincérité etLa Religion étaient installées dans le parc duchâteau de Maisons-Laffitte de 1912 à 1990. La têteLa Justice rejoint les collections publiques en 1977, après avoir appartenu à la collection Fossard[16].
23 colonnes et des bas-reliefs et 14 bas-reliefs furent installés dans les jardins de la villa du couturierCharles Frederick Worth,rue Worth àSuresnes (Hauts-de-Seine)[19] ; l'édifice ayant laissé place à l'hôpital Foch, une partie des ruines ont été transférées àBarentin (Seine-Maritime)[20] mais certaines parties dégradées des colonnes (fûts, chapiteaux) ont été copiées à l'identique en 2011 lors d'une restauration et les originaux détruits[14].
De nombreuses pierres servirent à construire lechâteau de la Punta, propriété du ducJérôme Pozzo di Borgo (1832-1910), au-dessus de la baie d'Ajaccio. Il est le plus gros acheteur du démolisseur des Tuileries. Le château possède des éléments des différentes parties du pavillon central de Delorme, de l'aile Bullant, et de Le Vau, ainsi qu'une copie des parties hautes de la Petite Galerie du Louvre, y compris le relief central de Cavelier de 1850. Ce remontage sera endommagé par un incendie en 1978[21]. Les travaux étant trop chers à réaliser, ses descendants vendent le bâtiment dégradé auconseil général de la Corse-du-Sud en 1991[17].
ÀQuito (Équateur), sur le palais présidentiel (palais Carondelet) situéPlaza Grande, dans le quartier colonial, quelques balustrades du palais des Tuileries achetées à la France ornent la façade[22]. On trouve aussi des vestiges à lavilla des Palmiers deBordighera (Italie). Une colonne corinthienne fixée à une partie de mur se trouve sur l'île deSchwanenwerder (Berlin-Wannsee), que le fabricant de lampes à pétrole Wilhelm Wessel avait fait lotir ; des sources mentionnent également que le monument de la rue des Tisserands abrite des vestiges[17],[15].
La grille de la cour du Carrousel fut réutilisée dans le château de la familleEsterhazy[Où ?].
Le Figaro acquit des marbres, qui furent détaillés en presse-papier et offerts à ses abonnés[15],[16].
Il existe une copie miniature du palais des Tuileries dans la cour du 4,rue du Faubourg-Montmartre. Ce bâtiment se trouvait probablement en façade du boulevard et a été caché par la construction d'un immeuble.[réf. nécessaire]
Quant à l'emplacement même du palais des Tuileries, il estaujourd'hui[Depuis quand ?] signalé par un panneau.
Projet soutenu par le gouvernement en 1878.Vue de l'enfilade des Champs-Élysées, de la Concorde et du jardin des Tuileries, vers le palais des Tuileries, sous le Second Empire, par Charles Fichot. Au premier plan : lerond-point des Champs-Élysées.Vue actuelle de la perspective des Champs-Élysées depuis l'Arc de Triomphe. Le palais des Tuileries a disparu mais lespavillons de Flore et deMarsan, remaniés, subsistent aux extrémités. Le Louvre quant à lui n'est pas dans l'axe.
Depuis la destruction du palais des Tuileries, l'idée d'une reconstitution de l'ensemble palatial Louvre et Tuileries a été plusieurs fois mise en avant. En particulier, sous la Troisième République, puis sous laCinquième, plusieurs gouvernements envisagèrent la reconstruction du palais.
En 1878,Charles de Freycinet, ministre des Travaux publics, déposa à la Chambre des députés un projet de loi relatif à la reconstruction du pavillon central des Tuileries, à l'affectation de ce bâtiment à un musée de l'art moderne et à l'établissement d'un jardin dans la cour du Carrousel[23].
En 1882,Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, soutint la reconstruction du palais et avait confié àCharles Garnier la mission de réfléchir à ce projet[24].
Indépendamment de ces initiatives, depuis 2002, un comité national pour la reconstruction des Tuileries[27] milite pour la reconstruction à l'identique du palais des Tuileries, avec des fonds collectés auprès d'entreprises privées. Le coût est évalué à 350 millions d'euros d'après le Comité. Une commission d'études dirigée parMaurice Druon et composée de partisans du projet, instituée par arrêté ministériel[28], a rendu un rapport en février 2007.
L'architecte-décorateurJuan Pablo Molyneux a pour sa part proposé l'idée d'édifier une réplique de l'ancien palais, figurée sur toile et montée sur échafaudage au même endroit, ce à quoi un ministre lui a répondu qu'il était inenvisageable de réinstaurer un symbole de la monarchie[31].
↑Louis XV y réside du 30 décembre 1715 au 15 juin 1722, avant de s'installer à Versailles, le roi n'y effectuant que de courts séjours en 1744 et 1745. Cf.Emmanuel Jacquin, Béatrice de Andia, Geneviève Bresc-Bautier, Mathieu Couty,Les Tuileries au XVIIIe siècle, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris,,p. 17.
↑abcd eteJulien Bastoen,L’Art contre l’État ? : la trajectoire architecturale du Musée du Luxembourg dans la construction de l’illégitimité de l’action artistique publique, 1848-1920 (thèse de doctorat en architecture), Université Paris-Est,, 632 p.(lire en ligne),p. 163-166.
↑a etbLes Tuileries. Grands décors d’un palais disparu, éditions du Patrimoine, 2016, p. 250-251.
[Pierre Joseph Alexis Roussel],Le Château des Tuileries ou le récit de ce qui s'est passé dans l'intérieur de ce palais depuis sa construction jusqu'au 18brumaire de l'an VIII, 1802, Paris, Lerouge, 2 volumes, 376-392 pages ;
Hélène Cavalié, Anne Dion-Tenenbaum, Renaud Serrette (dir.),La Salle du trône des Tuileries. Les fastes restaurés de la monarchie, Monelle Hayot /Mobilier national, 2024, 95 p.
Jacques Hillairet,Le palais royal et impérial des Tuileries et son jardin, éditions de Minuit, 1965.
Emmanuel Jacquin,Les Tuileries : du Louvre à la Concorde, Éditions du patrimoine,(ISBN978-2-85822-296-4).
Emmanuel Jacquin,« Les Tuileries de Catherine de Médicis », dans Marie-Noëlle Baudouin-Matuszek (dir.),Paris et Catherine de Médicis, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris,, 190 p., 29 cm(ISBN978-2010155598),p. 87-105.
Emmanuel Jacquin, Mathieu Couty, Béatrice de Andia et Geneviève Bresc-Bautier,Les Tuileries auXVIIIe siècle, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris,(ISBN978-2-01-016713-3).
Pierre-Nicolas Sainte-Fare-Garnot,Le château des Tuileries, Éditions Herscher,, 224 p.(ISBN978-2-7335-0156-6).
catalogue de l'exposition organisée au Mobilier national
Jean Marot et Daniel Marot,L'architecture française ou recueil des plans, élévations, coupes et profils des églises, palais, hôtels et maisons particulières de Paris, et des chasteaux et maisons de campagne ou de plaisance des environs et de plusieurs autres endroits de France, bâtis nouvellement par les plus habiles architectes et levés et mesurés exactement sur les lieux, P.-J. Mariette,(lire en ligne).