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| Style | Style Louis XII(1495-1525/30) |
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Lepalais de justice de Rouen, ancienÉchiquier de Normandie, est un édifice de la ville deRouen, situé dans ledépartement français de laSeine Maritime, enrégion Normandie. Il s'agit de l'un des monuments les plus emblématiques de la capitale normande[1].
Réalisé en grande partie de 1499 à 1507[2] pour abriter le Parloir aux Bourgeois[3] et l'ancienÉchiquier de Normandie, il devientParlement de Normandie sous le règne deFrançois Ier, en 1515, avant de faire fonction depalais de justice à partir de laRévolution française. Le bâtiment sera agrandi auXIXe siècle vers les rues Jeanne-d'Arc et Socrate[3].
Par l'ampleur et la richesse de sa conception[3], il témoigne d'abord de la prospérité retrouvée de la ville deRouen à la fin duXVe siècle, renouvelant alors un patrimoine municipal auparavant négligé[4].
En tant qu'exemple de l'architecture civile destyle Louis XII[5] des premières décennies duXVIe siècle, le monument fait l'objet d’un classement au titre desmonuments historiques par laliste de 1840[2],[4]. Son architecture est à rapprocher de celle de l'hôtel de Bourgtheroulde et dubureau des Finances contemporains.
Une première fois ravagé le lors d'unbombardement de grande ampleur sur Rouen et son agglomération, c'est cependant le bombardement du, précédant la libération de la ville qui provoqua le plus de dégâts, anéantissant presque radicalement le corps de logis central destyle Louis XII[3]. L'édifice doit alors être partiellement reconstruit. L'achèvement quasi complet de cette restitution minutieuse confirmera le classement de l'édifice au titre desmonuments historiques en 1977 suivie par son inscription définitive en 1979.
Ce site est desservi par lastation souterraine de tramwayPalais de Justice - Gisèle Halimi.
Le, les conseillers de la ville adoptent une résolution en vue de construire auNeuf Marché une grande salle, dénommée aujourd'huiSalle des Procureurs[3], où les marchands de la ville pourront se réunir[6]. Première étape de la construction de l'actuelpalais de justice, cet édifice, correspondant actuellement au corps de bâtiment ouest[2], est construit entre 1499 et 1508 par les architectes Roger Ango etRoulland Le Roux.
AuXVe siècle la justice normande est rendue par un tribunal itinérant. En 1499, le roiLouis XII, sous l'insistance notamment du cardinalGeorges d'Amboise réforme l'Échiquier et en fait une cour permanente[7].

Alors qu'en 1508,Louis XII fixe sa résidence àRouen, s’élève en retour d’équerre, à l’extrémité nord de ce premier édifice, le Palais royal[3] ainsi que l'échiquier de Normandie, devenu rapidementparlement de Normandie à l'avènement deFrançois Ier. Correspondant à l'actuel corps de bâtiment nord, sa façade, exposée au midi, s’étend sur une largeur de plus de 65 m[3]. Il est probablement commencé en 1509 tandis que le gros œuvre est terminé en 1517[2]. Marquant une évolution stylistique, cette partie de l'édifice est marquée par lestyle Louis XII, transition entre l'art gothique et laPremière Renaissance.
Entre 1525 et 1528 environ, le bâtiment est rallongé d'unetravée vers l'est[2]. La toiture est alors modifiée par la réalisation de deux grandeslucarnes[2], complétée par des ouvertures percées à l'étage. Cette extension serait partiellement l’œuvre de Roulland Le Roux,architecte dubureau des Finances (actueloffice de tourisme de Rouen)[2]. Tandis qu'un nouvel escalier sur la travée sud de lasalle des procureurs est réalisé par Jean Delarue et Étienne Guiffart en 1531[2], la moitié orientale du corps de bâtiment nord est achevée vers 1550[2].
L'édifice jugé trop étroit auXVIIIe siècle, amène la création dès 1700, d'une nouvelle aile en regard de lasalle des Procureurs. Réalisée par Jacques II Millets-Désruisseaux[2], elle se développe en retour d'équerre sur la rue Saint-Lo. Afin de compléter ce nouvel ensemble, un corps de logis situé sur laplace du Neuf Marché est commencé en 1739 par Pierre Jarry[2] avant d'être achevée en 1759 par Alexandre Dubois[2].
La façade ouest de cet édifice, de style classique, comportait une avancée centrale longue de huit travées, cantonnée à chacune de ses extrémités, par un pavillon d'angle élevé en retrait sur deux travées[8].
AuXIXe siècle, ce groupe de bâtiments est en si mauvais état que le fronton principal finit par s’écrouler le, à dix heures du soir, déterminant, par là-même, la chute du plafond oùJean Jouvenet, paralysé de la main droite, avait peint de la main gauche, leTriomphe de la Justice[3].

Formant une disparate désagréable avec l’ensemble du monument, ces édifices destyle moderne, sont finalement remplacés de 1833 à 1836[2] par des constructions spacieuses, tout à fait en rapport avec le style des deux autres ailesmédiévales[3]. Complétant ces travaux, le pavillon situé dans l'angle nord-ouest de la cour et la porte aux Cerfs (sur la rue aux Juifs) est démoli en 1834[2].
Alors que le mur crénelé sur larue aux Juifs, accusé de trop obscurcir lacour d'honneur, fait place à une grille achevée en 1836[2], une restauration générale de la façade est confiée en 1844[2], malgré quelques réserves[10], àHenri Charles Grégoire (1791-1854), architecte des bâtiments civils du département de laSeine-Inférieure. Contre toute attente, l'habileté dont il fit preuve pour mener à bien cette entreprise, lui vaudra d'être rappelé par lacommission des monuments historiques afin d'achever la façade de l'abbaye Saint-Ouen[11]. Parallèlement, l'escalier de la salle des procureurs, menaçant ruine, Henri Charles Grégoire se voit confier le soin de le remplacer par un nouvel escalier destyle néogothique qu'il déplaça au milieu de l'aile médiévale afin de ne pas cacher la riche ordonnance des façades du palais[2].
Afin de remplacer la statuaire du Palais de Justice, en grande partie disparue à laRévolution, on confia dès 1836[2], à Joseph Brun (1792-1855), premierPrix de Rome en 1817, de représenter dans le costume de leur temps, les différentes classes sociales et personnalités qui concoururent à l’érection de l'édifice. On retrouve ainsi sculptésLouis XII,Anne de Bretagne, lecardinal d'Amboise,FrançoisIer, uneallégorie de laJustice, un laboureur, une villageoise, une damoiselle, un seigneur, un moine ainsi qu'un artiste[11].
Participant de l'historicisme ambiant, Louis Desmarest s'essaie entre 1857 et 1885 à la restitution des décors de la Grande chambre et de laSalle des procureurs[2] tandis queLucien Lefort, apôtre de l'historicisme àRouen, reconstruit et agrandit à partir de 1880 le corps de bâtiment ouest réalisé auXVIIIe siècle par l'architecte Pierre Jarry[2].
L'escalier flanquant l'ailemédiévale sur gauche de la cour d'honneur a été reconstruit en 1904 parPaul Selmersheim. Cette création destyle néogothique champenois fait suite à l'« affaire de l'escalier » qui vit le démontage de l'œuvre réalisée en 1903 par l'architecteLucien Lefort.
Au cours de laSeconde Guerre mondiale, l'ensemble de l'édifice est une première fois ravagé le lors dubombardement dit de la « semaine rouge », provoquant la destruction quasi totale des intérieurs de l'aile ouest de stylegothique flamboyant. Pour autant, à la suite d'une erreur de marqueur[12], c'est le bombardement du, précédant la libération de la ville, qui provoqua le plus de dégâts en anéantissant presque radicalement le corps de logis central destyle Louis XII. Seuls les murs de pierre restent debout tandis quepinacles, charpentes et magnifiques vaisseaux de bois dechêne en forme decarène renversée, sont détruits. Tous les intérieurs dont la magnifiquesalle des assises sont ravagés. Cette dernière a été restituée depuis avec sonplafond à caissons destyle Renaissance tandis que les charpentes ont été remplacées par des carènes debéton.
Si les partiesnéogothiques échappent à la destruction, elles restent encore marquées par les impacts des bombes, maintenus volontairement en l'état, afin de rendre hommage et de perpétuer le souvenir des milliers de victimes de ces jours décisifs, rappelant par là même quel a été le prix payé par la ville deRouen pour laLibération de la France. De ce fait, l'installation deJan Vormann placée en 2020 provoque une polémique[13].

Dans le premier quart duXXe siècle[2], on se préoccupe de rétablir dans sa forme ancienne l'escalier de laSalle des procureurs, le long de la rue aux Juifs[14]. Menaçant ruine, l'original construit en 1531 par Jean Delarue et Étienne Guiffart[2], avait disparu dans les années 1830, remplacé par une œuvrenéogothique d'Henri Charles Grégoire. S'appuyant sur les dessins réalisés en 1824 parRichard Parkes Bonington (aujourd'hui auCentre d'art britannique de Yale), le travail confié à l'architecteLucien Lefort en 1902, créa alors une vive polémique, connue sous le nom de l'« affaire de l'escalier »[14]. Devant un tel tollé, lacommission des monuments historiques se voit contrainte d'accepter dès le début de l'année 1903 sa démolition et son remplacement par un nouvel escalier dont la construction fut alors confiée àPaul Selmersheim[14], inspecteur général des monuments historiques depuis 1885[15].
Bien plus que la forme polygonale de la nouvelle construction, c'est la reconstitution d'une partie du mur crénelé disparu depuis 1836[2], qui fut vivement critiquée par les Rouennais. On lui reprochait de masquer la riche ordonnance des façades du palais. Ses défenseurs eurent beau faire référence au mur identique de l'hôtel de Cluny deParis, ils ne furent pas écoutés[14]. Pendant toute cette période d'ailleurs, continuent de coexister, de manière insolite, les escaliers d'Henri Charles Grégoire et deLucien Lefort, encombrant par leur ampleur toute la partie ouest de la cour d'honneur.
Tandis que l'on procède à un démontage général à partir d', le mur crénelé fut couvert de graffitis du genre « A bas le mur », « Prière de pisser en passant » ou encore « C'est pas fort,Lefort »[14].
Paul Selmersheim, alors chargé du démontage et de la reconstruction à l'identique du chœur et du transept de labasilique Saint-Urbain de Troyes[15], cherche à tirer parti de cette expérience pour réaliser un porche voûté à volée suspendue dans unstyle néogothique champenois[2]. Ce choix pouvant paraître inapproprié, lui permet paradoxalement d'élaborer une architecture aérienne pouvant correspondre au mieux aux attentes esthétiques des Rouennais tout en mettant fin à la polémique.

Le palais de justice est une des seules réalisations de l'architecture gothique civile de la fin duMoyen Âge enFrance[5]. Signe des temps, la large façade du bâtiment est monumentale : au sortir de laguerre de Cent ans, il y a alors une volonté affichée d'éblouir et de marquer la puissance urbaine retrouvée par des emprunts au vocabulaire architectural des édifices religieux[16].
C'est par l'aile ouest que commencent les travaux vers 1499. Situé à gauche de l'ensemble actuel, cet édifice constitue alors lepalais du Neuf Marché. Encore toutemédiévale, sa façade destyle gothique flamboyant[17] présente la caractéristique d'être ouvragée sur plusieurs plans, sans toutefois aller jusqu'à la surcharge décorative qui caractérisera la partie centrale de l'édifice. Dans cette aile, la naissance du toit s'orne depinacles, degargouilles ainsi que d'une balustrade à motifs desoufflets etmouchettes dont les motifs tout en courbes et contre-courbes semblent évoquer comme disaitMichelet« des flammes, des cœurs ou des larmes ». Tout en couronnant l'ensemble, les lucarnesflamboyantes s'ornent déjà à leurs sommets, d'arcs enaccolade àfestons surmontés d'arcatures ajourées. Autant d'éléments qui se développeront amplement sur l'aile centrale de l'édifice, plus tardif. Cette tradition française de surmonter les façades delucarnes séduira d'ailleursSerlio lors de son arrivée enFrance en1540 : leslucarnes "sont de grands ornements pour les édifices comme une couronne" et les grandscombles couverts d'ardoise bleutées sont "des choses très plaisantes et nobles"[18].
Marquant une évolution stylistique, le corps central de l'édifice, correspondant à l'ancienPalais Royal de 1508, développe déjà un style de transition entre l'art gothique et laPremière Renaissance, caractérisant ce que l'on appelle lestyle Louis XII[17]. Son architecture est à rapprocher de celle de l'hôtel de Bourgtheroulde et dubureau des Finances contemporains.

Devenu l'un des véritables leitmotivs de ce nouveau style, l'élargissement des fenêtres sur la façade, véhicule dès lors une notion de luxe tandis que leur abondance participe à la féerie du palais. Déjà à la fin duXIVe siècle, cette propriété quasi-magique d'édifices largement ouverts sur l'extérieur était apparue lorsqueGuillebert de Mets évoquait la fastueuse demeure parisienne deJacques Ducy, alors clerc à la Chambre des Comptes[19]. Outre l’entrée de la clarté, ces ouvertures élargies permettent désormais une aération plus importante des pièces dans un souci nouveau d'hygiène de vie[20] (Hôtel de Bourgtheroulde). Suivant un modèle apparu à la fin duXIVe siècle, les ouvertures se composent ici encore de deux larges baies divisées en leur centre par unmeneau de pierre en forme de croix d'où leur nom de « croisées ». À l'époque, leursvantaux intérieurs en bois étaient renforcés depentures métalliques[20],[21].
Comme on peut l'observer sur l'aileLouis XII duchâteau de Blois ou encore àl'hôtel de ville de Compiègne contemporains, l'arc brisé enogive a été remplacé parl'arc en accolade ouarc en talon[22]. Ce motif, apparu vers la fin duXIVe siècle, prend aupalais de Justice deRouen une grande importance et couronne presque toujours lesarcs surbaissés en forme d'anse de panier. L'amortissement de ces arcs décoratifs consiste en un pédicule terminé par unpanache en forme defleuron[22] : ces frontons avecaccolade fleurie couronnent aussi bien les fenêtres que lespinacles et lesportails du rez-de-chaussée. Comme sur le portail de l'hôtel de Bourgtheroulde, une suite de petites arcades trilobées séparées par des crochets, appelésfestons, ornent systématiquement l'intrados des arcs.
La paroi murale présente la caractéristique d'être ouvragée sur plusieurs plans, dont la surcharge décorative, recouvrant les surfaces de leurs motifs va parfois jusqu'à étouffer la sculpture et diluer les lignes de l'architecture (Tour du Beurre de lacathédrale de Rouen)[23]. Pour autant, sous l'influence italienne, la superposition des ouvertures en travées reliées entre elles par desmoulures aboutissant à unelucarne très ornée, organise de façon plus régulière le rythme des façades et annonce le quadrillage des extérieurs sous laPremière Renaissance. Les fenêtres possèdent desembrasures réalisées en pierre, matériau noble par excellence, et possèdent desjambages moulurés, couronnés delinteaux en arcs elliptiques très plats, ornés de festons (comme àChâteaudun).

Sur le Pavillon central réalisé en avant-corps, le motif enarc en cloche est caractéristique de cette période. Apparu à la fin duXVe siècle, cet arc est constitué de deux courbes successives dont les cordes se courbent imitant la forme d'une cloche[17] (cathédrale Notre-Dame de Senlis,maison des Têtes de Valence, etc.).
Leslucarnes représentent également l'un des exemples majeurs dustyle Louis XII[17]. Richement ornées à cette époque, elles se développent à la base du toit, en une sorte declaire-voie d'arcatures et de petitsarcs-boutants qui relient lefronton aux deuxpinacles qui les accostent[17]. Bien qu'elle paraissent encore pleinement dans l'esprit dugothique flamboyant, elles annoncent déjà laPremière Renaissance aussi bien par leurs étagements que par l'ordonnance et la stylisation des motifs de labalustrade qu'elles surmontent[17].
Afin de remplacer la statuaire disparue en grande partie au cours de laRévolution, on confia dès 1836[2], à Joseph Brun (1792-1855), premierprix de Rome en 1817, de représenter dans le costume de leur temps, les différentes classes sociales et personnalités qui concoururent à l’érection de l'édifice. On retrouve ainsi sculptésLouis XII,Anne de Bretagne, lecardinal d'Amboise,FrançoisIer, uneallégorie de laJustice, un laboureur, une villageoise, une damoiselle, un seigneur, un moine ainsi qu'un artiste[11].
À l'est de la cour d'honneur, se développait en regard de lasalle des Procureurs, à l'angle de larue Saint-Lo, une nouvelle aile destyle classique réalisée en 1700 par Jacques II Millets-Désruisseaux[2]. Afin de compléter ce nouvel ensemble, un corps de logis situé sur laplace du Neuf Marché est commencé en 1739 par Pierre Jarry[2] avant d'être achevé en 1759 par Alexandre Dubois[2]. Cette aile fut presque totalement détruite lorsque le fronton principal de l'édifice menaçant alors ruine, finit par s’écrouler le, à dix heures du soir. La reconstruction totale de cette partie du Palais de Justice parait alors inévitable lorsque survient la publication en 1830 de l'œuvre sur l'architecture normande d'Arcisse de Caumont, suivie de la fondation de laSociété des antiquaires de Normandie. Dès lors jugé comme un ensemble disparate désagréable, rompant avec l'équilibre architectural de l’ensemble du monument, cette partie du Palais est finalement remplacée entre 1833 à 1836[2] par des constructions spacieuses, tout à fait en rapport avec le style des deux autres ailesmédiévales[3]. Tout en reprenant l'élévationflamboyante de l'aile Ouest lui faisant face, elle n'en constitue pour moins un pastichenéogothique de l'architecture de Roger Ango etRoulland Le Roux.
Plus originales, les façades de la tour de l'horloge de larue Jeanne-d'Arc ainsi que celle de larue aux Juifs, s'affranchissent des contraintes liées au respect de la symétrie de la cour d'honneur. Depuis l'époque de laRestauration, le public ne voulant plus entendre parler ni de grec ni de romain, les architectes tirent profit des qualités esthétiques romantiques dustyle néogothique pour créer une élévation originale. Au palais de justice de Rouen, le soin qui est alors apporté aux divers points de vue est remarquable, apportant des notes pittoresques qui donnent beaucoup de vie à cet l’ensemble.
L'escalier flanquant l'ailemédiévale sur la gauche de la cour d'honneur a été reconstruit en 1904 par l'architectePaul Selmersheim. Cette création destyle néogothique champenois fait suite à l'« affaire de l'escalier » qui vit le démontage de l'œuvre réalisée en 1903 par l'architecteLucien Lefort.
Une première fois ravagé le lors dubombardement dit de la « Semaine rouge », c'est le bombardement du, précédant la libération de la ville qui provoqua, à la suite d'une erreur de marqueur[12], le plus de dégâts, anéantissant presque radicalement le corps de logis central destyle Louis XII[3]. L'édifice doit alors être partiellement reconstruit. L'achèvement quasi complet de cette restitution minutieuse confirmera le classement de l'édifice au titre desmonuments historiques en 1977 suivi par son inscription définitive en 1979.
Dans l'aile centrale du bâtiment, correspondant à l'ancien Palais Royal deLouis XII[2], la Grande chambre du Parlement, aujourd'hui siège de laCour d'assises, possède unplafond à caissons destyle Renaissance, décoré derosaces et d'ornements en bronze doré. Complètement détruit lors du bombardement du qui précéda la libération de la ville, il fut restitué à l'identique après guerre avec le même type de bois de chêne vieilli de couleur ébène. À l'extrémité de cette salle, surplombant les sièges de laCour d'Assises, lesallégories sculptées de laForce et de laJustice accompagnent unChrist en croix[3].
Dans la toute procheChambre du conseil, se détachent plusieurs portraits de présidents et conseillers auParlement de Normandie tandis qu'un précieux tableau sur fond d'or, offert parLouis XII, représente unChrist en croix aux pieds duquel pleurent deuxsaintes femmes[3].
La partie Ouest du bâtiment, antérieure au corps principal, a été construite à partir de 1499 pour servir de lieu de réunion aux marchands[6]. Si le rez-de-chaussée est occupé par laConciergerie et les anciennesprisons, un vaste escalier extérieur réalisé en 1904 parPaul Selmersheim[14], donne accès à laSalle des Procureurs ou desPas Perdus, cadre des plaidoiries quePierre Corneille réalisa en tant qu'avocat[3]. Occupant la quasi-totalité du premier étage, cette immense salle, longue de 48,72 m et large de 16,24 m, fut réalisée entre 1507 et 1517 dans lestyle Louis XII. Ravagée le lors dubombardement dit de la "semaine rouge", sa voûte immense fut restituée après guerre dans sa forme originelle decarène de navire renversée dont la nef composée d'une seule volée n'est soutenue par aucun pilier. Sur les parois, d'élégantesniches, vides de statues, se détachent en relief. À l'une des extrémités de la salle, est exposée le modèle en plâtre réalisé en 1834 parDavid d'Angers dernier témoignage de la statue dePierre Corneille jadis érigée sur le terre-plein central duPont de pierre, détruit en 1940. Faisant face à l'autre extrémité de la salle, se trouvent les tombeaux deClaude Groulard, premier Président duParlement de Normandie, accompagné par celui de Barbe Guiffard, sa femme, provenant du château deSaint-Aubin-le-Cauf, près deDieppe.
À l'est de l'édifice, se développait en regard de lasalle des Procureurs, sur la rue Saint-Lo, une nouvelle aile destyle classique réalisée en 1700 par Jacques II Millets-Désruisseaux[2]. À l'intérieur, se développait un plafond réalisé parJean Jouvenet, qui paralysé de la main droite, avait peint de la main gauche, leTriomphe de la Justice[3]. Cet ensemble fut totalement détruit lorsque le fronton principal du bâtiment menaçant alors ruine, finit par s’écrouler le, à dix heures du soir. Formant une disparate désagréable avec l’ensemble du monument, cette partie du Palais de Justice a finalement été remplacée de 1833 à 1836[2] par des constructions spacieuses, tout à fait en rapport avec le style des deux autres ailesmédiévales[3].
Le décor intérieur de la bibliothèque duTribunal de Grande Instance mêle lestyle néogothique aunéo-classicisme. Son plafond fut restitué après guerre dans sonstyle néo-Renaissance originel.

Découverte en 1976 sous l'escalier de l'aile Est située à droite de la cour d'honneur du Palais de Justice de Rouen[24], laMaison sublime est un monument de forme rectangulaire de 14,14 m par 9,46 m[25]. Datant de 1100, cette maison se situait alors dans le « Clos aux juifs », quartier médiéval de cette communauté[25].
Ses murs très épais, préservés sur une faible hauteur, laissent découvrir une inscription en hébreu : « Que cette maison soit (toujours) sublime ! » issue duLivre des Rois[26], tandis que deux bases de colonnes montrent d'une part, unlion de Juda sculpté représenté sous l'aspect de deux lions couchés sur le dos réunis à une seule tête et de l'autre s'esquisse undragon[25]. C'est l'un des rares témoignage des constructions d'époque romane àRouen[25].
Trois thèses sont en présence concernant cet ensemble[25]. Il s'agirait soit :

« Des écoles de ce type ont existé au Moyen Âge (de style roman) dans d'autres villes, mais elle est la seule conservée en France », indique le délégué de l'association de La Maison sublime (LMSR)[27].
Installés depuis l'époque romaine, plus de 5 000 Juifs habitaient Rouen en 1306 dans un quartier situé entre l'actuellerue du Gros-Horloge (anciennementrue Courvoiserie) et la rue des Cannes, sises au cœur de la ville[27],[28]. L'expulsion desJuifs de France parPhilippe Le Bel à cette même date, marqua la fin de son activité; elle fut suivie quelques années après par la destruction duquartier juif de Rouen[28].
En 1499, la construction du Palais de justice en plein centre de l'ancien quartier juif de la ville, amena la destruction des étages supérieurs des édifices de l'actuelle rue aux juifs, provoquant l'enfouissement du premier niveau de la « Maison sublime » sous la cour du Palais.
Après sa découverte en 1976 et malgré les efforts déployés par plusieurs organismes français (dont la ville de Rouen) pour sauvegarder cet important monument du judaïsme rouennais médiéval, le Ministère de la Justice, propriétaire, l’a démoli aux deux tiers en[29] pour y construire des bureaux pour leTribunal de Grande Instance et, au sous-sol, un parking pour les voitures des membres de ce tribunal[28],[30],[31].
La Maison sublime a ouvert de nouveau ses portes au public en2022, sous l'égide de l'Office du tourisme de Rouen.
À la fin duXVIIIe siècle, les prisons de la Conciergerie, situées au rez-de-chaussée du Palais, feront office de« dépôt des noirs ». C'est là qu'étaient enfermés les esclaves, au frais de leurs maîtres, pour s'assurer de leurs retours forcés aux colonies, après s'être formés à certains métiers[32].
Si elle est restée modeste, la présence noire à Rouen est une réalité sociale en lien avec le commerce colonial et latraite négrière. En1779, le ministre de la marineSartine doit mettre en place une« police des noirs » afin de renvoyer nombre de ces migrants forcés aux Antilles[33].
Au mois de, messieurs Fabre et Barbier, des ateliers Mainponte, ont continué, à partir de blocs restés en attente, le bestiaire fantastique des façades du palais de Justice deRouen, au gré de leurs humeurs. Ces chimères ont été réalisées encalcaire de St Leu ou deSt Maximin, très présent auchâteau de Versailles, dont les pierres très grasses et très fines comportent des propriétés idéales pour réaliser des greffes sur des murs anciens[34].
Le graveur fontenaisienOctave de Rochebrune (1824-1900) a représenté la façade du Palais dans la cour d'honneur dans une de ses grandes eaux-fortes.
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