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Pachamama

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Pour les articles homonymes, voirPachamama (film).

Pachamama
Cosmogonieandine
(Empire inca)
Pachamama par Martha Colvin, 1986, Parc de sculptures, Providencia Ave., Santiago du Chili.
Pachamama par Martha Colvin, 1986,
Parc de sculptures, Providencia Ave.,Santiago du Chili.
Caractéristiques
Autre(s) nom(s)Terre-Mère, Mama Pacha, Reine Pachamama
Fonction principaleFertilité
Famille
PèreViracocha
Premier conjointPacha Kamaq
• Enfant(s)Inti,Mama Quilla
Deuxième conjointInti
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Représentation de Pachamama dans la cosmologie selonJuan de Santa Cruz Pachacuti Yamqui Salcamayhua (1613), d'après une image dans leTemple du Soleil (Qorikancha) àCusco.

LaPachamama (« Terre-Mère »), issue de dévotions à la fertilité dans lacosmogonieandine, est la déesse-Terre dans certaines cultures syncrétiques présentes essentiellement dans l'espace correspondant à l'ancienempire inca.

La figure de Pachamama est particulièrement forte chez les peuplesAymara etQuetchua, issue d'un culte majeur de la culture pré-incaTiwanaku enBolivie et plus ou moins mêlé de christianisme. Elle domine toutes les croyances et les religions naturistes et inspire tous les rites agraires. Elle est invoquée en tant que « patronne » de tout ce qui existe sur et sous la Terre[1].

AuXXIe siècle, de nombreuxpeuples autochtones d'Amérique du Sud fondent leurs préoccupations environnementales sur ces anciennes croyances, affirmant que des problèmes surviennent lorsque les gens prélèvent trop sur la nature parce qu'ils prélèvent trop sur la Pachamama[2].

Étymologie, histoire et tradition

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Monument à la Pachamama, statue àCórdoba (Argentine), par Miguel Pablo Borgarello. Elle représente la vision occidentale de la Terre Mère Pachamama.

Étymologie

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  • Pacha est un terme en aymara et en quechua qui peut signifier « Terre, monde, Univers, temps, époque »[3].
    • pacha kununuy (« tremblement de terre avec bruitpuissant »)[3].
    • pachamit'a (« partie du temps », chacune des quatre saisons qui divisent l'année).
    • pacha k'anchay (« lumière du monde », lumière du Soleil).
  • Mama : « mère » (terme d'origine espagnole)

Histoire

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Lemonolithe Bennett (ou stèle Pachamama) enBolivie le jour de sa redécouverte, en juin 1932.

La cultureinca ne distingue pas l'espace et le temps ; l'espace-temps est appelé « pacha », enquechua et enaymara[4],[5],[6]. Le nom dePachamama est intimement associé à ce concept. Les Incas réalisaient en l'honneur de laPacha des sacrifices devigognes.

Avec l'arrivée desEspagnols, l'imposition duchristianisme et l'influence dumétissage, la religion traditionnelle inca a commencé à régresser et à être remplacée par le christianisme, et l'image de laVierge Marie a été mélangée parsyncrétisme à des croyances anciennes pour donner la notion hispano-amérindienne dePachamama.

La Pachamama est une divinité dont le nom signifie terre ou mère. Il s’agit d’une déesse qui n’est ni bonne ni mauvaise. « La Pachamama, à l’instar de toutes les divinités andines, revêt deux personnalités, l’une généreuse et fertile, l’autre vindicative lorsqu’elle ne reçoit pas son dû. La relation qui s’établit entre elle et les hommes se trouve dans un équilibre si précaire que quelques actions indiscrètes ou gestes équivoques, quelque manquement que ce soit au protocole peut entraîner des représailles de cette divinité. »[7]

Le papeJean-Paul II, dans deux homélies prononcées au Pérou et en Bolivie, a identifié l'hommage à la Pachamama comme une reconnaissance ancestrale de laprovidence divine qui préfigurait en quelque sorte une attitude chrétienne envers la création. Le, il déclare que« ses ancêtres, en rendant hommage à la terre (Mama Pacha), n'ont fait que reconnaître la bonté de Dieu et sa présence bienfaisante, qui leur a fourni de la nourriture à travers la terre qu'ils ont cultivée »[8].

Tradition

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Actuellement la tradition de l'offrande se maintient et se pratique toujours, principalement dans les communautésquechuas etaymaras, à travers une offrande appeléeChalla ouPago. La Terre-Mère est considérée comme un être vivant. Elle est à la base de tout : êtres vivants, végétaux, minéraux, textile, technologie, etc. Il convient donc de lui faire des cadeaux pour s'attirer ses bonnes grâces. Ainsi, on creuse un trou dans le sol, pour y déposer de la nourriture, de la bière et des feuilles de coca, à l'attention dePachamama ou laVierge Marie selon ses croyances.

En 2018, en Équateur, la Pachamama, pour une partie des indigènes, n'est pas une simple métaphore mais l'incarnation d'une relation à la terre. La vie sociale, culturelle et économique s'organise autour de la Pachamama et du bien vivre[9].

Rituel de Pachamama

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Rituel d'offrande à la Pachamama.

Au nord-ouest de l’Argentine, aux abords de laBolivie, dans laprovince de JujuyHumahuaca notamment), lerituel de Pachamama s’effectue durant tout le mois d’août.

Ce rituel s’organise entre tous les membres d’un village. Le lieu choisi est généralement dégagé et au point culminant de la ville. Lerituel de Pachamama vise à remercier la Terre pour les offrandes qu'elle nous a accordées durant l’année passée. On la sollicite également pour que l’année à venir soit fructueuse. La Pachamama est une divinité dont le système sanguin serait l’eau sur la terre. Les gens boivent pour remplacer le liquide qui est perdu[7].

Tour à tour, les hommes et les femmes creusent un trou, appelé « la Boca », en référence à la bouche de la Terre. Ils considèrent que c’est un canal qui va directement au cœur de la Terre. Une foisla bouche creusée, chacun d’entre eux allume deux cigares qu’ils disposent tout autour de l'orifice. La fumée qui s’en dégage sert à purifier l’environnement et à chasser les mauvais esprits.

Les personnes présentes doivent à leur tour fumer pour montrer qu'elles sont saines. Ensuite, elles remercient la Terre en versant en son centre une eau bénite. Chacune à son tour, elles se mettent à genoux devantla bouche en la nourrissant de céréales, de feuilles de coca et de nombreux alcools dont la chicha (bière de maïs). L’alcool symbolise le fait que grâce à la Terre, l'être humain peut s’amuser et profiter de la vie.

Une fois tout le monde passé et tous les alcools consommés, on nourritla bouche une dernière fois d’un mélange de purée de maïs puis on la referme, chacun et chacune un petit peu, en priant.

Enfin, les hommes se mettent à jouer de la musique autour de la Boca et tout le monde chante en l’honneur dePachamama.

Musée de la Pachamama en Argentine.

Dans la culture moderne

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Le cinéaste argentin Juan Antin réalise en 2018 le film d'animationPachamama qui évoque directement la déesse-terre[10].

Le peintre péruvienBraun-Vega présente en 2018 à laMaison de l'UNESCO à Paris[11] son tableau intituléLe don de la Pachamama[12] pour l'ultime exposition organisée de son vivant, caractéristique des thèmes récurrents de son œuvre.

Keny Arkana a réalisé une chanson intituléePachamama en 2008, tirée de l’albumDésobéissance.

L'ancien président bolivienEvo Morales a invoqué le nom Pachamama, ainsi que l'utilisation d'un langage et d'un symbolisme qui plaisaient à la population indigène bolivienne, dans des discours tout au long de sa présidence[13],[14],[15].

Notes et références

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  1. RédactionVoyageons-Autrement, « Pacha Mama – La Terre-Mère des hommes, des bêtes et des plantes », survoyageons-autrement.com(consulté le).
  2. (en) Michael D.Hill, « Inca of the blood, Inca of the soul: embodiment, emotion, and racialization in the Peruvian mystical tourist industry. »,Journal of the American Academy of Religion. American Academy of Religion,‎(DOI 10.1093/JAAREL/LFN007,lire en ligne, consulté le)
  3. a etb« Une touche de français et d’espagnol « branchés » dans un dictionnaire de tourisme bilingue français-espagnol / espagnol-français: Marina Aragon Cobo », dansArgot(s) et variations, Peter Lang(ISBN 9783631625651,lire en ligne)
  4. (es) Atuq Eusebio Manga Qespi, Instituto de lingüística y Cultura Amerindia de la Universidad de Valencia.Pacha: un concepto andino de espacio y tiempo. Revísta española de Antropología Americana, 24, p. 155-189. Edit. Complutense, Madrid. 1994.
  5. (en) Stephen Hart,Peruvian Cultural Studies:Work in Progress.
  6. (en) Paul Richard Steele, Catherine J. Allen,Handbook of Inca mythology,p. 86,(ISBN 1-57607-354-8).
  7. a etb« BOIRE AVEC LES MORTS ET LA PACHAMAMA. », surs3.amazonaws.com,(consulté le) (p. 447).
  8. (es) « 3 de febrero de 1985, Liturgia de la Palabra en Cuzco, Perú | Juan Pablo II », survatican.va(consulté le).
  9. Maëlle Mariette, « À la recherche de la Pachamama »,Le Monde diplomatique,‎,p. 14-15
  10. « Pachamama », surwww.telerama.fr,(consulté le)
  11. (es) « Reconocido artista peruano presenta retrospectiva en París », surgob.pe(consulté le).
  12. Le don de Pachamama (de la Mère Terre), violence et pillage (Guaman Poma de Ayala, Velazquez, Goya, Picasso), 2010,150 × 120 cm - Acrylique sur bois
  13. (en)Information Services Latin America, ISLA,(lire en ligne)
  14. (en) « UPDATE: Evo Morales speaks about Pachamama (Mother Earth) », surThe Council of Canadians(consulté le).
  15. RenaudLambert, « Le spectre du pachamamisme », surLe Monde diplomatique,(consulté le).

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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