Maison de naissance de Picasso, Plaza de la Merced àMalaga, siège actuel de laFundación Picasso(en).Statue en bronze de Pablo Picasso par Francisco Lopez, sur la Plaza de la Merced, Malaga, Andalousie, Espagne.
Pablo Picasso naît le au 36, place de la Merced (aujourd'huino 15), àMalaga. Il est le premier enfant deJosé Ruiz y Blasco, professeur de peinture à l'école provinciale des Arts et métiers de la ville dite « San Telmo[5] », et deMaría Picasso López, fille de vignerons.
Son nom complet estPablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Cipriano de la Santísima Trinidad Mártir Patricio Ruiz y Picasso[6].
Le nom « Picasso », qui n'est pas espagnol, serait selon certains auteurs d'origine italienne. Un de ses arrière-grands-pères est né àSori dans la région deGênes[6]. En revanche, selon Robert Maillard, la famille ne serait pas originaire d'Italie[5],[7]. Pablo avait deux sœurs (Maria de los Dolores, dite « Lola », née en 1884, et Maria de la Concepción[8], dite « Conchita », née en 1887), mais aucun frère[9].
En 1891, le musée provincial de Malaga dontJosé Ruiz y Blasco est le conservateur, ferme ses portes, ce qui oblige le père à trouver d'autres moyens de subsistance. La famille déménage àLa Corogne et José Ruiz y Blasco occupe un poste de professeur à l'Instituto de Educación Secundaria da Guarda. La mort de sa sœur Conchita d'unediphtérie en janvier 1895 traumatise Picasso et son vœu d'arrêter la peinture si sa sœur avait guéri n'étant pas exaucé, il se réfugie dans son art[10]. Son père est alors nommé professeur àLa Llotja deBarcelone, en 1895[9].
Une collection Mellon conservait en 1966 le portrait par Picasso d'une de ses sœurs daté de 1901[11].
Le peintre débutant
L'artiste ne signe plus ses toiles du nom de Ruiz Blasco mais de celui de Picasso, à partir de 1901.
Picasso, encouragé par son père qui lui accorde toute confiance[12], peint ses tout premiers tableaux à l'âge de huit ans, son préféré étantLe Petit Picador jaune[13],[14] (1889), sa première peinture à l'huile, dont il refusera toujours de se séparer. Pendant l'été 1895, Pablo découvreMadrid etBarcelone et passe ses vacances à Malaga et revient par la mer à Barcelone. À cette occasion, il réalise desmarines du voyage.
C'est durant l'hiver 1895 qu'il peint sa première grande toile académique :La Première Communion. L'année suivante, il entre à l'École de la Llotja, école des Beaux-Arts de Barcelone. Il signe ses premières œuvresRuiz-Picasso avant d'opter pourP.R.-Picasso puis définitivement pourPicasso en 1901, à cause de l'étrangeté du nom et dudigraphess inusité en espagnol[15].
ÀBarcelone en 1896, il est reçu à l'École de la Llotja, où enseigne son père, ayant exécuté en un jour le sujet de l'examen pour lequel on laisse généralement un mois aux candidats[16]. C'est en 1896 qu'il peintL'Enfant de chœur[17]. Don José lui loue alors un atelier, carrer de la Plata, qu'il partage avec son ami peintreManuel Pallarès i Grau, et où il peintScience et charité (1896), l'une de ses plus importantes toiles d'enfance. Pour cette œuvre, son père a imaginé la composition qui représente une malade couchée sur un grabat, assistée d'un médecin (Picasso réalisera le portrait de son père) et d'une religieuse. Ce tableau reçoit à l'exposition des Beaux-Arts de Madrid une mention honorifique[18]. Il est fortement influencé par lemodernisme catalan de cette époque[19]. Dès l'âge de quinze ans,Manuel Pallarès l'initie précocement aux bordels duRaval de Barcelone[20]. C'est dans ces lieux qu'il réalise de nombreux feuillets, dessins et aquarelles érotiques dont le sujet subversif se retrouvera dans la sensualité de ses dessins ou tableaux ultérieurs[21].
Sa toile,Les Derniers Moments, représente l'Espagne à l'Exposition universelle de 1900 àParis[25]. Il part, avec Casagemas dont il est très proche, pour la capitale française où il s'installe dans l'atelier du peintre catalanIsidre Nonell àMontmartre. Picasso s'y imprègne de l'atmosphère duMoulin de la Galette et rencontre le marchandPedro Mañach, ainsi queBerthe Weill qui lui achète trois scènes detauromachie, les premières toiles qu'il vend à Paris[26]. Réalisant des œuvres de commande, il vend également quelquespastels à des amateurs[27]. Il rentre àBarcelone le 20 décembre, avecCarles Casagemas que le peintre emmène avec lui jusqu'àMalaga pour le sortir de sa mélancolie[27]. À la mi-, Picasso part pourMadrid. Le 17 février, Casagemas, après avoir tenté de tuer son amanteGermaine, qui était une danseuse duMoulin rouge, se suicide à Paris[27]. Picasso, bouleversé par la mort de son ami, peindra un tableau clé,La Mort de Casagemas[28], dont il dira qu'il a conditionné grandement son passage à la période bleue[29], empreinte de douleur, de tristesse et faisant référence aux grands maîtres espagnols. En, il retourne àBarcelone puis, en mai, il repart à Paris et s'installe au 130 terboulevard de Clichy, chezPedro Mañach qui le loge pendant quelques mois dans son appartement personnel et lui offre un salaire[30]. Il livre quelques dessins à des périodiques humoristiques parisiens qu'il signe sous le nom de « Ruiz[31] ».
La Repasseuse (1901), peinte durant la période bleue de Picasso.
LaPériode bleue correspond aux années 1901-1904. Ce nom vient du fait que le bleu est la teinte dominante de ses tableaux de cette époque, qui a débuté avec le suicide de son ami catalanCarles Casagemas[29] dû à un amour non réciproque avec la danseuse duMoulin-Rouge,Germaine Pichot[32], ce qui explique qu'elle soit marquée par les thèmes mélancoliques de la mort, de la vieillesse, et de la pauvreté, mais ne l'empêche pas d'être satirique. Durant ces années, Picasso peint des pauvres, des mendiants, et des aveugles, sous forme de personnages souvent étirés et faméliques inspirés des tableaux duGreco que le peintre étudie à cette époque et qui l'influencent fortement[33]. Le premier tableau de cette période futLa Mort de Casagemas, et les œuvres importantes sont :Dama en Éden Concert (1903),La Vida (1903),Las Dos hermanas (1904),La Celestina (1904). Il vit pendant ces années dans le dénuement. Bien que son père lui envoie des toiles et des tubes de peinture, par souci d'économie, il réalise plusieurs peintures sur le même tableau ou doit brûler une liasse de ses dessins pour se chauffer[34].
À partir de 1904, il s'installe àParis, auBateau-Lavoir, dans l'atelier laissé parPaco Durrio. Là, il rencontre sa première compagne :Fernande Olivier. C'est le début de lapériode rose. Comme précédemment, c'est l'utilisation des teintes « rougées » qui explique cette dénomination. Les thèmes abordés sont la joie et l'inquiétude existentielle. Il restemélancolique et dominé par l'amour ; on y trouve aussi de nombreuses références au monde du zoo et du cirque. Il peint des masques, arlequins, dompteurs et clowns. Picasso privilégia pendant cette période le travail sur le trait, le dessin, plutôt que sur la couleur… C'est aussi l'époque des maternités roses.
Du 25 février au, Picasso expose à la galerie Serrurier, ses premières toiles roses. Au printemps, il peintLes Saltimbanques (Washington, National Gallery). Pendant l'été, il fait un séjour àSchoorl enHollande, et y peintLes Trois Hollandaises (Paris,musée national d'Art moderne, dépôt aumusée Picasso).
En automne 1905, il rencontreGertrude etLeo Stein. Ces deuxmécènes lui achètent de très nombreuses toiles et apportent au peintre désargenté une plus grande aisance financière et une nouvelle stimulation intellectuelle[37]. On commence à trouver dans ses toiles le thème de la mort. Notamment dans son tableau,Arlequin, dont il fait cadeau en 1919 auMuseo de Arte Moderna de Barcelone. Le galeristeAmbroise Vollard achète la plupart des toiles roses en. En mai, il part avecFernande Olivier pourBarcelone, puis durant l'été àGósol, village isolé de Haute-Catalogne. Ce séjour aura un impact majeur dans l'œuvre de Picasso. C'est dans ce petit bourg de laprovince de Barcelone qu'il conçoitLes Demoiselles d'Avignon, en souvenir de son passé dans larue d'Avinyó, située dans leQuartier gothique deBarcelone, un tableau qui constitue un évènement capital dans les débuts du cubisme[38].Gertrude Stein le présente àMatisse, pendant l'hiver 1906. De cette rencontre naît entre les deux hommes une amitié, mélange d'admiration mutuelle et de rivalité[39]. Cette relation entre Matisse et Picasso est le sujet du tableauDon Pablo danse unhuayno sous le regard étonné de Matisse (2005) du peintre péruvienHerman Braun-Vega[40].
LePortrait de Gertrude Stein (New York,Metropolitan Museum of Art[41]), commencé en hiver, est enfin achevé grâce à une peinture de Cézanne,Madame Cézanne à l'éventail, que Gertrude Stein avait acquise au salon d'automne en 1904.
Influences africaines
De 1907 à 1909, Picasso est sous influence de l'art africain, notamment de l'art congolais[42]. Cette période est marquée au début par les deux figures du côté droit desDemoiselles d'Avignon qui ont été en partie inspirées par les masques africains que Picasso possédait.
De 1907 à 1914, il réalise avecGeorges Braque des peintures qui seront appelées « cubistes ». Elles sont caractérisées par une recherche sur la géométrie et les formes représentées : tous les objets se retrouvent divisés et réduits en formes géométriques simples, souvent des carrés. Cela signifie en fait qu'un objet n'est pas représenté tel qu'il apparaît visiblement, mais par des codes correspondant à sa réalité connue. Le cubisme consiste aussi à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace. Picasso décompose l'image en multiples facettes (ou cubes, d'où le nom decubisme) et détruit les formes du réel pour plonger dans des figures parfois étranges (comme une figure représentée sur une moitié de face, et sur l'autre de côté). Cette technique, initiée par Picasso, Braque et, dans une certaine mesure, Herbin, fit de nombreux émules tels queJuan Gris,Francis Picabia,Brâncuși, lesDelaunay,Albert Gleizes.
La réalisation desDemoiselles d'Avignon, l'œuvre fondatrice ducubisme commencée pendant l'hiver 1906-1907 et achevée début, et surtout les portraits — notammentde Daniel-Henry Kahnweiler etAmbroise Vollard — des années 1910 ont été influencés notamment par les travaux des mathématiciensHenri Poincaré[43] etEsprit Jouffret[44] dont les idées et les schémas sur laquatrième dimension furent vulgarisés à Picasso et à son entourage montmartrais, par leur amiMaurice Princet[45],[46]. Dès lors, peindre l'espace et le temps consiste à représenter sur une toile en deux dimensions un objet de l'espace.
À l'automne,Eva Gouel — qu'il appelle « Ma jolie » dans plusieurs de ses toiles — entre dans sa vie.
Les premierscollages et les premiersassemblages sont réalisés pendant l'hiver 1912,Nature morte à la chaise cannée (Paris, musée Picasso),Guitare(s) en carton (Paris, musée Picasso). Le, il part deCéret pourAvignon[48] et le s'installe àSorgues. Il déménage 242,boulevard Raspail. Picasso etDaniel-Henry Kahnweiler signent le une lettre-contrat. Vers le, il retourne avec Eva Gouel, souffrante, à Céret où ils séjournent tout l'été[49]. LeVerre d'absinthe est peint au printemps 1914. Après le départ pour Avignon, en juin, il fait un retour au portrait, en juillet. Eva meurt le.
Pendant laPremière Guerre mondiale, Picasso échappe à la mobilisation du fait de sa nationalité, l'Espagne ne comptant pas parmi les belligérants[50]. Il séjourne àRome avecJean Cocteau, à partir du. Il s'installe Via Margutta, d'où il voit lavilla Médicis. Outre de nombreux portraits dessinés, il peintL'Italienne,L'Arlequin etFemme au collier.
Fin, il voyage àNaples et àPompéi et revient à Paris, fin avril. Le 18 mai, la première deParade a lieu au Châtelet. Puis en juin, Picasso part pourMadrid avec la troupe de Diaghilev et Olga, et le, un banquet est offert en son honneur àBarcelone.
Du 23 janvier au, Picasso expose avecMatisse chezPaul Guillaume. Il se marie avec Olga à l'église russe de Paris, le 12 juillet.Cocteau,Max Jacob etApollinaire sont les témoins. Pendant un séjour àBiarritz, il peintLes Baigneuses (Paris, musée Picasso).
Son filsPaulo naît le. Durant l'été, il s'installe avec Olga et Paulo àFontainebleau. Il y peint lesFemmes à la fontaine (Paris, musée Picasso et New York,Museum of Modern Art) etLes Trois Musiciens (New York,Museum of Modern Art et PhiladelphieMuseum of Art). Cette même année, lemusée de Grenoble obtient du peintre le premier tableau pour exposition dans une collection publique française (Femme lisant), représentant sa femmeOlga Khokhlova[52],[53].
En, lors d'un séjour àDinard sur la côte nord de la Bretagne, il peintDeux femmes courant sur la plage (La Course, Paris, musée Picasso[54]). Puis, en décembre, il réalise le décor pour L'Antigone deCocteau, créée parCharles Dullin authéâtre de l'Atelier.
En 1923, il fait un nouveau séjour estival sur la Côte d'Azur, aucap d'Antibes, et peintLa Flûte de Pan (Paris, musée Picasso). Pendant l'été 1924, il séjourne à la villa La Vigie àJuan-les-Pins (Côte d'Azur), il fait sonCarnet de dessins abstraits et peintPaul en arlequin (Paris, musée Picasso).
Pendant cette période des années 1920, dans un climat de reconnaissance mondaine, il fait dans ses tableaux un retour à la figuration et au classicisme :Trois femmes à la fontaine (1921), et certaines œuvres comme lesFlûtes de Pan (1923), s'inspirent de la mythologie.
Surréalisme
Tête de femme, Halmstad, Suède.
L’année 1925 est celle d’une rupture radicale dans la production du peintre avec des tableaux très violents montrant des créatures difformes, convulsives, prises dans les rets d’une rage hystérique :Femme dans un fauteuil (1926) etBaigneuse assise (1930). L’influence des poètessurréalistes est indéniable dans cette volonté de dépeindre de l’intérieur l’enfer personnel. Cependant il adopte une approche plus pragmatique que celle du « rêve calqué sur la toile » des surréalistes.
En juin-juillet 1925, il achèveLa Danse et peintLe Baiser. Le, il participe à la première exposition surréaliste de la Galerie Pierre. En1926, il peintBuste de jeune fille,L'Atelier de la modiste,Le Peintre et son modèle, qui marquent sa rencontre avecMarie-Thérèse Walter au début de cette année, alors qu'elle est encore mineure[55],[56]. Il réalise lesGuitare(s) à clous. Le de cette même année, il visite lemusée des Beaux-Arts de Grenoble, premier musée d'art moderne en France et pour lequel il avait fait don cinq ans auparavant du tableauFemme lisant[57].
Picasso a besoin alors d'une aide technique, notamment pour la réalisation des maquettes duMonument pour Guillaume Apollinaire dont il a reçu commande en 1922. Quelques années auparavant il avait renoué son amitié avec leferronnier et sculpteur catalan,Julio González, rencontré à Barcelone du temps d'Els Quatre Gats, et vivant comme lui à Paris depuis 1900. Picasso s'adresse naturellement à lui, et ils entameront, de l'automne 1928 jusqu'en juillet 1932, une fructueuse collaboration technique autour des sculptures en fer forgé et soudé[58]. C'est au printemps 1929 qu'il sculpte en fer soudéLa Femme au jardin dans l'atelier de González, qui par la suite réalisera le bronze en 1932. C'est l'année aussi de ses dernières vacances àDinard. Il peint leGrand nu au fauteuil rouge, et en,Crucifixion. À l'automne 1930, Marie-Thérèse déménage au 44 rue de la Boétie. Il achète le château deBoisgeloup, près deGisors, à 80 km au nord-ouest deParis, en juin, et s'y installe jusqu'à la fin de 1932.
Deux figures au bord de la mer est peint en, et en mars,Nature morte sur un guéridon. Cette année-là, deux livres majeurs :Les Métamorphoses d'Ovide (Lausanne, Skira) etLe Chef-d'œuvre inconnu de Balzac (Paris, Ambroise Vollard) sont édités.
En 1932, laJeune fille devant le miroir est finie. Une rétrospective à la galerie Georges Petit, puis auKunsthaus de Zurich, a lieu en juin. Picasso travaille à Boisgeloup aux têtes sculptées d'après Marie-Thérèse, et à la série de dessins d'aprèsLa Crucifixion deMatthias Grünewald.
En 1933, l'éditeurAlbert Skira demande à Picasso d'illustrer unMinotaure pour la couverture du premier numéro de sa nouvellerevue du même nom. Bien que Picasso ait déjà illustré ce personnage mythique une fois en 1928, c'est à partir de cette commission de 1933 que se déclenche en lui une véritable obsession de la symbolique du Minotaure, avec notammentLa Minotauromachie et laSuite Vollard[59].
Il passe les vacances de l'été 1933 àCannes avec Olga et Paulo.
De juin à, il fait des séries de corridas, peintes, dessinées et gravées. En août, il voyage enEspagne avec Olga et Paulo, et se rend aux corridas deBurgos et deMadrid. Il visite le musée d'art catalan deBarcelone. Il réalise une série de sculptures à texture moulée :Femme au feuillage etFemme à l'orange. Au printemps 1935, la galerie Pierre expose despapiers collés.Minotauromachie est gravée. Il se sépare d'Olga en juin, et le, naîtMaya, sa fille avecMarie-Thérèse Walter[60].
Le Picasso part secrètement avec Marie-Thérèse et Maya pourJuan-les-Pins. Il fait des gouaches et des dessins sur le thème du Minotaure. Cette même année, au début de laguerre civile espagnole, il est nommé directeur dumusée du Prado àMadrid. Début août, Picasso part pourMougins etDora Maar l'y rejoint.
Guernica et pacifisme
Plaque apposée sur l'hôtel de larue des Grands-Augustins[61], où Picasso résida dans les années 1930-1940.Plaque 9rue Gay-Lussac, où il vit de 1951 à 1957.Mural du tableau deGuernica.
À la suite dubombardement de Guernica par lesnazis, le pendant laguerre d'Espagne, Picasso est horrifié par ce crime et se lance dans la création d'une de ses œuvres les plus célèbres :Guernica. Il dit :« Cette peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. » Elle symbolise toute l'horreur de la guerre et la colère ressentie par Picasso à la mort de nombreuses victimes civiles, causée par le bombardement des avions nazis à la demande dugénéral Franco.Guernica est exposé dans le Pavillon espagnol de l'Exposition internationale à Paris en 1937. Cette même année Picasso demande sa naturalisation, ce qui lui est refusé ; il ne redemandera plus jamais la nationalité française.
Dans la même période, il réalise également une sorte de bande dessinée,Songe et mensonge de Franco. Dix-huit gravures dans lesquelles il inclut des textes poétiques. Il les destine à être tirées en cartes postales et vendues au profit des républicains espagnols[62].
Une anecdote veut qu'àOtto Abetz, ambassadeur du régime nazi à Paris, qui lui aurait demandé, sur le ton de la colère, lors d'une visite à son atelier devant une photo de la toile deGuernica :« C'est vous qui avez fait cela ? », Picasso aurait répondu :« Non… c'est vous[63]. » Dans une interview accordée à Simone Tery, publiée le, dansLes Lettres françaises[64], il revient sur l'anecdote en disant qu'elle est « à peu près vraie » et précise qu'en réalité il distribuait aux visiteurs allemands des années 1940 des photos reproduisant le tableau, en les narguant d'un « Emportez-les. Souvenirs, souvenirs[63]! ».
En octobre-, Picasso peintLa femme qui pleure, puis, en 1938, fait un grand collage,Les Femmes à leur toilette. En, il va àMougins avecDora Maar. Début, toujours avec Dora, il part chezMan Ray àAntibes ; il y peint le tableauPêche de nuit à Antibes.
La compagne du Man Ray,Adrienne Fidelin, est un de ses modèles longtemps non identifiés[65]. De au début de 1940, il est àRoyan, où il réalise notammentSéquence de femmes au chapeau.
Seconde Guerre mondiale
Pendant laguerre, Pablo Picasso vit à Paris sans être inquiété dans son atelierrue des Grands Augustins. Entre 1942 et 1943, il réalise l'assemblage,Tête de taureau,L'Aubade,L'Homme au mouton. Les archives sur le marchand d'art proche des nazis, Hildebrand Gurlitt, indiquent qu'il affirme avoir acheté une œuvre chez Picasso lui-même en 1942[66]. Ses toiles seront régulièrement exposées dans desgaleries d'art tel Louise Leiris[67]. Durant toute l'occupation, Picasso aurait bénéficié de la protection de l'artiste allemandArno Breker, qui était un grand admirateur de l'espagnol[68].
L'immense notoriété de Picasso lui procure une relative protection, sans lui épargner les tracasseries. Il est ainsi fiché comme « anarchiste » par la Sûreté[69]. Son ami de longue date,Max Jacob est arrêté par laGestapo d'Orléans, le àSaint-Benoît-sur-Loire, puis meurt aucamp de Drancy.Jean Cocteau ira jusqu'à rédiger une pétition pour sa libération que ne signera pas Picasso[70], restant en retrait pour ensuite assister publiquement à l'enterrement de Jacob<[71]. Après lalibération de Paris,Alfred Barr essayera de faire croire que Picasso, qui n'a jamais fait partie de larésistance, cachait des résistants dans son atelier[72]. Le 30 octobre 1944 s'ouvre leSalon d'automne où Picasso est exposé mais cela se termina par un scandale quand le public exigea qu'on décroche les toiles de l'artiste[73].
Engagement au Parti communiste
Timbre soviétique (1981) représentant Picasso et la colombe de la Paix.
Picasso adhère, le, auParti communiste français (PCF) et publie un article dansL'Humanité, les 29 et, intitulé « Pourquoi j'ai adhéré au Parti communiste », dans lequel il explique que son engagement personnel date de la période de laguerre d'Espagne, renforcé par la lutte des résistants communistes français durant la guerre qui vient de s'achever, et qu'il ne lui suffit plus de lutter avec ses peintures « révolutionnaires » mais de « tout [lui]-même », adhérant à l'idéal communiste de progrès et de bonheur de l'homme[74],[75]. S'il se sent proche des idéaux du parti, il n'en sera jamais un membre actif, gardant sa totale liberté d'expression et prenant position principalement à travers ses tableaux, dénonçant notamment laguerre de Corée en 1951 et prônant lapaix contre laguerre dans de nombreuses œuvres. Picasso sera même en butte à de nombreux conflits avec les dirigeants du PCF, notamment quant à un portrait jugé peu respectueux deJoseph Staline, publié à la demande deLouis Aragon le à la une desLettres françaises[76]. C'est l'affaire du portrait de Staline, au cours de laquelle le PCF obligeLouis Aragon à faire sonautocritique.
Très opposé à la guerre, Picasso peint la célèbreColombe de la paix (1949) à l'occasion de son adhésion auConseil mondial de la paix et reçoit à ce titre unprix international de la paix en 1955. L'attrait pour les colombes chez le peintre remonte à son enfance, où son père utilisait des pigeons comme modèles que Picasso allait jusqu'à emporter avec lui à l'école[12]. En 1956, lors de l'insurrection de Budapest, Picasso signera une tribune condamnant l'intervention de l'Armée rouge[77].
Période de Vallauris
Picasso en 1962 avecÉdouard Pignon (à droite) etAndré Verdet (à gauche) à l'ouverture de l'exposition « Soshana », dans le château Grimaldi àAntibes.
Le s'ouvre le Salon d'Automne et la rétrospective Picasso.Le Charnier (New York,Museum of Modern Art) est peint en avril-. Picasso part avecDora Maar pour lecap d'Antibes, en juillet, et, le 26 novembre,Françoise Gilot revient vivre chez Picasso.
En 1946, Picasso rejoint Françoise Gilot àGolfe-Juan, rend visite àHenri Matisse àNice, puis part en juillet avec elle pourMénerbes (Vaucluse). En août, il s'installe chez Louis Fort àGolfe-Juan, et commence le travail auchâteau d'Antibes en octobre.Lorsqu'il visiteVallauris à l'été 1946, il se rend chez Georges et Suzanne Ramié et modèle trois pièces de céramique. Lorsqu'il revient l'année suivante, il retrouve ses pièces et commence alors une période intense de production de céramique qu'on estime à près de 4 500 pièces.
Le, Picasso est au Congrès des Intellectuels pour la Paix àWroclaw. Revenu à Vallauris à la mi-septembre, il peint les deux versions deLa Cuisine (l'une est actuellement aumusée Picasso de Paris et l'autre auMuseum of Modern Art deNew York).
En,La Colombe est choisie parAragon pour l'affiche du Congrès de la Paix qui ouvre àParis, le. Le naîtPaloma. Le,Laurent Casanova inaugureL'Homme au mouton à Vallauris. Picasso exécuteLa Chèvre,La Femme à la poussette,La Petite Fille sautant à la corde. Le, il peintMassacre en Corée.
Le, il commence le travail surLes Ménines (Barcelone, musée Picasso). Le a lieu la présentation de la décoration pour l'Unesco :La Chute d'Icare.
"La chute d'Icare", tableau de Picasso au siège de l'UNESCO (Paris).
En septembre, Picasso achète lechâteau de Vauvenargues, dans lequel il emménage l'année suivante, déclarant àDaniel-Henry Kahnweiler, son ami et marchand d'art, étonné :« J’ai acheté la Sainte-Victoire de Cézanne. Laquelle ? La vraie[82]. »
Il peintLa Baie de Cannes entre le et le[83] depuis lavilla La Californie, qu'il a achetée en 1955 dans lequartier du même nom, àCannes, où il réside avec Jacqueline jusqu'en 1961[84]. Les premiers dessins d'aprèsLe Déjeuner sur l'herbe deManet sont faits le.
Il épouse Jacqueline à Vallauris, le, et en juin, s'installe aumas Notre-Dame-de-Vie de Mougins, àMougins, près de Cannes. Il travaille sur les tôles découpées et peintes,La Chaise,La Femme aux bras écartés,La Femme à l'enfant,Les Footballeurs. En, il peintL'Enlèvement des Sabines, dont une version se trouve aumusée national d'Art moderne de Paris.
En 1962,Serge Lifar, qui avait rencontré Picasso grâce aux ballets russes, le sollicite pour réaliser les décors du balletIcare, qu'il s'apprête à remonter pour l'Opéra national de Paris. Bien que n'ayant pas travaillé pour le ballet depuis 1924, Picasso accepte le projet et fournit à l'Opéra une esquisse rappelant laChute d'Icare réalisée pour le siège de l'UNESCO en 1985[85],[86].
En, la galerie Louise Leiris expose les 194 dessins réalisés entre le et le. Nouvelle exposition à la galerie Louise Leiris, en, qui montre cette fois les 156 gravures, réalisées entre fin 1970 et.
Picasso meurt le d'uneembolie pulmonaire. Il est enterré deux jours plus tard dans le parc duchâteau de Vauvenargues dans lesBouches-du-Rhône, selon la décision de sa femmeJacqueline et de son filsPaulo[82], après que la mairie de Mougins a refusé l'inhumation sur sa commune, voyant en lui un « communiste milliardaire[87] ». L'enterrement a lieu dans une ambiance familiale délétère,Marie-Thérèse Walter, sa filleMaya,Paloma, ainsi que son frèreClaude se voyant interdire l'accès au château[88]. Selon le vœu de Picasso, la sculpture monumentale en bronzeLa Femme au vase est scellée sur sa tombe, dans le parc du château. Jacqueline Roque sera elle-même enterrée à ses côtés en 1986[89].
Une exposition de 201 toiles se tient auPalais des Papes d'Avignon. Prévue de mai à, elle est finalement prolongée, selon les vœux de Jacqueline Picasso, jusqu'au début de l'année 1976, date à laquelle une partie des tableaux exposés sont dérobés entraînant la fermeture définitive de l'exposition.
Un héritage sans testament
Mort sans avoir laissé de testament[90], Picasso aurait dit :« Quand je mourrai, ça sera un naufrage. Quand un grand navire sombre, bien des gens alentour sont aspirés par le tourbillon, cela sera pire que ce que l'on imagine[91][source insuffisante]. »
Ses héritiers légaux sont son filsPaulo etJacqueline Roque, les trois autres enfants étantnés hors mariage ; mais ces derniers gagnent en 1974 leur procès en reconnaissance de droit à l'héritage.
La mort prématurée dePaulo provoque une querelle autour de cet héritage lucratif, « héritage du siècle », évalué en 1977, après quatre années d'inventaire dans les onze propriétés de Picasso par le commissaire-priseurMaurice Rheims, à 1,4 milliard de francs, soit l'équivalent de 700 millions d'euros (valeur 2010), sans compter lesdroits patrimoniaux[92].
Ladation permet aux héritiers de l'artiste de régler leurs énormes droits de succession en cédant des œuvres à l'État, qui sont regroupées principalement dans lemusée Picasso, dont la collection de 5 000 œuvres (232 tableaux, 158 sculptures, 88 céramiques, 1 500 dessins et papiers collés, 1 600 gravures[93]) représente la plus importante collection publique du peintre au monde[94]. Selon Olivier Widmaier Picasso, fils deMaya Ruiz-Picasso, son patrimoine est aujourd'hui estimé à dix milliards d'euros[95].
Depuis 1995, c'est la société Picasso Administration qui gère les droits des héritiers liés à l'œuvre, au nom et à l'image du peintre[96]. Cette société est gérée et fondée parClaude Picasso qui a été désigné le par letribunal de grande instance de Paris pour régler l'indivision de la succession de son père[95]. Elle est aussi amenée à exercer son expertise pour authentifier les œuvres du peintre, comme dans l'affaire des 271 Picasso dePierre Le Guennec.
Les femmes qu'il fréquentait jouaient le rôled'assistantes, d'aides à la création[réf. nécessaire] et de muses, et leur présence dans son œuvre est importante, en témoigne la place récurrente du motif féminin. La variation de ses relations a influencé la progression de son style au cours de sa carrière[99]. Par exemple, les portraits de sa première épouse,Olga Khokhlova, sont d’un style naturaliste durant sa période néoclassique. Sa relation avecMarie-Thérèse Walter a inspiré beaucoup de ses œuvressurréalistes, ainsi que son « Année des Merveilles »[100].
La réapparition du thème des acrobates en 1905 met fin à sapériode bleue, pour enchaîner vers sapériode rose. Cette transition a été cependant incorrectement attribuée à la présence deFernande Olivier dans sa vie[101].
La photographe et peintreDora Maar a également été la maîtresse de Picasso. Ils se sont principalement fréquentés à la fin desannées 1930 et au début desannées 1940, et c’est elle qui a documenté la peinture deGuernica[102].
Critiques sur ses relations avec les femmes
Il est souvent dit de Picasso qu’il était un « homme à femmes » misogyne[103],[91]. Une de ses dernières compagnes, la peintreFrançoise Gilot, écrit dansVivre avec Picasso qu’il aurait dit :« Les femmes sont des machines à souffrir. » Et aussi :« Pour moi, il n’y a que deux types de femmes : les déesses et les paillassons[104]. »
Dans ses mémoires,Grand-père,Marina Picasso, sa petite-fille, décrit ainsi son traitement des femmes :« Il les soumettait à sa sexualité animale, les apprivoisait, les ensorcelait, les ingérait et les détruisait sur ses toiles. Après avoir passé de nombreuses nuits à extraire leur essence, une fois qu’elles étaient asséchées, il les délaissait[105]. »
La violence de Picasso envers les femmes qu'il fréquentait pourrait être une explication des portraits souvent déconstruits des femmes qu'il représentait[réf. nécessaire], commeLa Femme qui pleure, qui représenteDora Maar éplorée. Dora Maarétait régulièrement battue[réf. nécessaire] et dénigrée par Picasso[91].
Deux des femmes importantes de sa vie,Marie-Thérèse Walter, qu'il rencontre en 1926 — il a45 ans et elle 17 —, mère d’un de ses enfants, etJacqueline Roque, sa seconde épouse, se sont suicidées (des années après sa mort). D’autres, commeOlga Khokhlova, sa première épouse, ou l'artisteDora Maar, ont souffert de dépressions liées à leur relation avec lui. Son fils,Paulo, est mort d’alcoolisme en raison d’une dépression. Son petit-fils,Pablito, s'est aussi suicidé en ingérant de l’eau de javel, alors que Jacqueline Roque l’empêchait d’assister aux funérailles de l’artiste[106].
Les critiques sur Pablo Picasso et sur son attitude envers son entourage ont notamment été développées dans le livre de la journalisteSophie ChauveauPicasso, le Minotaure[103], paru chez Gallimard en 2020.
En 2021, dans un épisode du podcastVénus s'épilait-elle la chatte ? intituléPicasso, séparer l'homme de l'artiste[91], Julie Beauzac revient avec Sophie Chauveau sur la figure de Picasso et notamment sur samisogynie[107].
De juin à septembre 2023, leBrooklyn Museum de New York montre l'expositionIt’s Pablo-matic: Picasso According to Hannah Gadsby organisée par un ensemble de commissaires dontHannah Gadsby, l'humoriste australienne qui avait critiqué la figure de Picasso dans son spectacleNanette. À cette occasion, Gadbsy remet en question l'idée du « génie artistique » de l'artiste, sa créativité naturelle et sa misogynie à travers une sélection d'œuvres créées majoritairement par des artistes féministes commeAna Mendieta ouKiki Smith[108].
Latauromachie est un thème important dans toute l'œuvre de Picasso, depuis ses débuts d'enfant peintre jusqu'à la fin de sa vie[109]. Tout jeune, il va avec son père dans lesarènes de Malaga et c'est ensuite en France, àArles, àNîmes et dans tout le Sud qu'il continue à suivre lesferias. Cette passion de son enfance ne l'a jamais quitté. Il avouait que s'il avait eu à choisir, il aurait étépicador et nontorero[109]. Fervent amateur, il entraîne dans son sillage tout un monde d'intellectuels. Dès 1910, il initieGeorges Braque etMax Jacob à l'art de la corrida[110].
Sa première peinture de corrida connue date de 1889 et s'intitulePetit picador jaune.Cheval éventré de 1917 est une première approche de ce qui deviendra plus tard le cheval deGuernica[109]. Le thème duMinotaure, inspiré du taureau et des légendes grecques, revient dans une série d'œuvres à forte connotation sexuelle, couramment rassemblées sous le titreMinotauromachie, telLe Minotaure et la jeune fille (1934-1936)[111]. C'est dans ce style de laMinotauromachie qu'il illustre en 1930 lesMétamorphoses d'Ovide[112]. En 1933, il réalise la couverture du premier numéro de la revuesurréaliste,Minotaure, fondée parGeorges Bataille et éditée parAlbert Skira, le[110].
Selon Guillaume Cerutti, président deSotheby's France, « au mépris de la loi selon laquelle ce qui est rare est cher, il est celui qui atteint les prix les plus élevés. Il est l'artiste universel par excellence : il est recherché comme un trophée, un nom familier, comme un artiste immense, par les collectionneurs du monde entier[116] ».
Depuis,Dora Maar au chat (1941) s'est vendu 95 216 000 $ le chez Sotheby's, acquise par un acheteur russe[118] (l'estimation n'en donnait pas plus de 70 millions)[119], sans toutefois détrôner leGarçon à la pipe (1905), provenant de laGreentree Foundation, et auparavant des collections de monsieur et madame John Hay Whitney, vendu 104 168 000 $ deux ans plus tôt, le chez Sotheby's[120], ce qui constitua le premier tableau dans l'histoire dépassant la barre symbolique des 100 millions de dollars. En 2007, aux enchères, laFemme à la mandoline s'est vendue pour 27 millions d'euros[réf. nécessaire], leMousquetaire et nu assis a été vendu pour 9,954 millions d'euros en, et laTête d'Arlequin a atteint 15,16 millions de $[121].
Des croquis de l'artiste sur papier sont en revanche nettement moins chers. Le dessinBuste de femme au corsage blanc (1957) a été vendu pour 40 000 euros en 2007. L'estimation était de 30 000 euros[réf. nécessaire].
Le portrait deMarie-Thérèse Walter intituléFemme au béret et à la robe quadrillée, peint par Picasso en 1937, est vendu aux enchères àLondres chezSotheby's le pour un montant de 69,4 millions de dollars[126].
Une compagnie d'assurance suisse avait acheté deux tableaux de Picasso pour diversifier ses placements et servir de garantie pour les risques assurés. À la suite d'une catastrophe aérienne, elle dut acquitter de lourds remboursements. Elle décida alors de se séparer des deux tableaux, confiés en dépôt aumusée des beaux-arts de Bâle. Plusieurs citoyens bâlois demandèrent alors unevotation, sorte de référendum local, pour que les Picasso soient achetés par le canton de Bâle, votation couronnée de succès. Les tableaux restèrent donc au musée. Informé de cette démarche, Picasso offrit trois tableaux et une esquisse au musée[128]; la ville le gratifia alors du titre de citoyen d'honneur[129].
Le poète belge Louis-Philippe Kammans évoque ce fait dans son poèmeAutour d'un musée[130], consacré au musée des Beaux-Arts :
« … Et le peuple bâlois dans un référendum Dimanche a décidé de donner huit millions Pour deux beaux Picasso qui valent cette somme Et qu'ils iront chérir les dimanches en rond… »
Tome 0 :Pablo. Le Paris de Picasso, parNeville Rowley, Julie Birmant et Clément,, Dargaud
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Les voituresCitroën Picasso ont été commercialisées entre 1998 et 2018 par la marqueCitroën. La publicité pour cette gamme d'automobiles était axée en particulier sur les coloris, en référence aux diverses périodes du peintre[131].
↑« Il y a quelques années, les critiques s'étaient avisés que le nom de Picasso avait une résonance italienne, le doubles n'existant pas en espagnol. Le fait qu'il y ait eu auXIXe siècle un peintre réputé àGênes du nom deMatteo Picasso contribuait à rendre la légende crédible. Aujourd'hui, on se souvient simplement que le doubles se rencontre dans les vieux écrits castillans. Quant à la version italienne de ce nom, elle aurait été plutôt Picazzo ou Picazo. »
↑Picasso donnera à sa fille le nom même de celui de sa jeune sœur, morte de la diphtérie à l’âge de sept ans.
↑« Les compagnes de Picasso: « Ni des muses, ni des modèles, de véritables partenaires » - Le Temps »,Le Temps,(ISSN1423-3967,lire en ligne, consulté le)
↑Cesareo Rodriguez-Aguilera,Picasso de Barcelone, traduit de l'espagnol par Robert Marrast, éditions du Cercle d'art, Paris, 1975,p. 18(ISBN978-2-7022-0103-9).
↑Elizabeth Cowling, Anne Baldassari, John Elderfield, John Goldin, Isabelle Monod-Fontaine et Kirk Varnedoe,Matisse Picasso, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux,, 408 p.(ISBN978-2-711-84551-4)
↑Mónica Cárdenas Moreno, « La culture populaire péruvienne à l’intérieur de la tradition artistique européenne. Passage et métissage dans la peinture d’Herman Braun-Vega »,Amerika,no 14,(lire en ligne) :
« la présence d’Henri Matisse (Cateau-Cambrésis, 1869-Nice, 1954) derrière Picasso a pour objectif de rappeler la relation entre ces deux peintres : une relation de concurrence mais aussi d’amitié. Le peintre avoue son admiration pour ses deux maîtres et souligne les deux caractères : pendant que Matisse continue à travailler sur sa toile malgré son étonnement, Picasso se met en scène. »
↑Sur cette période dite « de Dinard », on se référera au catalogue de l'expositionPicasso à Dinard (sous la direction deFlorence Rionnet), Dinard, Palais des Arts, 19 juin-19 septembre 1999, notice BnFno FRBNF37109198.
↑Gertje Utley, “Picasso and the Minotaur”, inPicasso: Minotaurs and Matadors, sous la direction de John Richardson, London: Gagosian Gallery, 2017, p. 62-63.
↑Olivier Widmaier-Picasso,Picasso. Portraits de famille, éditions Ramsay, 2002,p. 392(ISBN9782841145379).
↑Wendy A Grossman et Sala Patterson, « Adrienne Fidelin », suracademia.edu, in Lemodèle noir, Musée d’Orsay/Flammarion, Paris, pages 306-311,(consulté le)
↑« À Fernande correspond l'humanité hâve et désespérée de la fin de la période bleue et les saltimbanques graciles de la période rose ; à Éva, les volumes imbriqués et les prismes du cubisme ; à Olga, les personnages élégants des ballets, les arlequins, les pierrots, les matrones géantes ; à Marie-Thérèse, les courbes et les arabesques des nus au miroir, les grandes sculptures ; à Dora,Guernica et les portraits de femmes "démantibulées" semblables à des cris de frayeur ; à Françoise, les faunes et les satyres dansants de laJoie de vivre ; à Jacqueline, les variations desFemmes d'Alger et desDéjeuners sur l'herbe. » Cf.Jean-Paul Crespelle,Picasso : les femmes, les amis, l'œuvre,Presses de la Cité,,p. 10.
Pierre Daix et Joan Rosselet,Le Cubisme de Picasso. Catalogue raisonné de l'œuvre peinte 1907-1916, Ides et Calendes, coll. « Catalogues raisonnés », 1979 et 2000, 378 p.(ISBN978-2-8258-0094-2).
Herschel Chipp,Picasso's Paintings, Watercolors, Drawings and Sculpture : A Comprehensive Illustrated Catalogue - 1885-1973, 28 volumes, San Francisco, Alan Wofsy Fine Arts, 1995-2016.
Gérald Collot,Picasso. Œuvre gravé, 1904-1968, Éditions des musées de Metz, 1973, 28 p.
Picasso, Form und Graphik/Sammlung Ludwig Köln, VG Bild Kunst, Bonn, 1996(ISBN978-3-930054-24-4).
Cécile Godefroy et Virginie Perdrisot,Picasso : Sculptures, éditions Somogy et musée Picasso de Paris/Palais des beaux-arts de Bruxelles, 2016(ISBN978-2-7572-1079-6).
Brassaï,Conversations avec Picasso, Paris,Gallimard, 1964, rééd. 1997.
Pierre Cabanne,Le Siècle de Picasso, 4 tomes. Tome I :La Naissance du cubisme ; tome II :L'Époque des métamorphoses ; tome III :La Guerre ; tome IV :La Gloire et la Solitude, Paris, Denoël, 1975.
Sophie Chauveau,Picasso, le minotaure: 1881-1973, Gallimard, 2020.
Pierre Descargues,Picasso de Draeger, avant-propos de Francis Ponge, avec la collaboration pour les photographies d'Edward Quinn, éditionsDraeger, 1974.
Cesareo Rodriguez-Aguilera,Picasso de Barcelone, traduit de l'espagnol par Robert Marrast, Paris, éditions du Cercle d'art, 1975(ISBN978-2-7022-0103-9).