Pêcheries en mer surpilotis àPornic, accessibles à marée basse par une échelle
Unepêcherie est un espace circonscrit dans uneétendue d'eau, généralement à proximité immédiate dulittoral, qui a été aménagé afin d'y faciliter la pratique de lapêche[1]. Par extension, le mot désigne également les aménagements spécifiques qui y sont installés.
L'utilisation de pêcheries est une activité très ancienne ; il existe des traces de nombreuses pêcheries qui datent de l'époquepréhistorique.
Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète.Votre aide est la bienvenue !Comment faire ?
Les recherches en Europe montrent que les premières pêcheries remontent au Mésolithique. Elles se développent ensuite au cours du Néolithique et sont exploitées de manière intensive au cours du Moyen Âge, principalement dans le cadre des seigneuries maritimes et fluvio-maritimes[2]. La consommation du poisson occupe en effet une place essentielle dans l'alimentation médiévale européenne à partir duVIIIe siècle, lorsque lesprescriptions alimentaires de l'Église catholique multiplient les « jours maigres » (avent, carême, veilles des principales fêtes liturgiques…) au cours desquelles l'abstinence de viande, sauf pour les malades, est une obligation. Ils peuvent dépasser la centaine de jours et s'approcher des 200 jours par an pour les populations laïques ou ecclésiastiques[3].
Ecluse à poissons, Pointe du Chassiron, Ile d'Oléron
Les pêcheries les plus simples sont despièges à poissons qui se présentent sous deux formes : des parcs en pierre (écluses constituées de bas murets enpierre sèche) et en bois (formées à partir de lignes de pieux de bois entre lesquels sont entrelacés desclayonnages de branches ou de matières végétales). Elles sont aménagées sur des sites dont la configuration naturelle en forme de cuvette peu profonde et ouverte vers la côte (zones rocheuses ou sédimentaires), en des endroits où le flux des marées ou les courants riverains sont mis à profit, permet de piéger les poissons et crustacés lorsque la marée redescend. Ces deux installations forment en arrière du barrage, un bassin de piégeage appelé « biez ». La récupération des prises s'effectue une fois le biez vidé lors du reflux[4].
Dans les pêcheries qui comportent une ouverture, dénommée pertuis, sur laquelle est fixée une grille, unenasse ou un filet, les prises se font au niveau de ces instruments. Dans le cas des pêcheries dépourvues d'ouverture, les prises s'effectuent dans le biez au moyen defilets de typehaveneau.
Ce type de pêcherie est utilisé depuis les temps préhistoriques. Il est encore utilisé actuellement en France sur les îlesde Ré etd'Oléron ainsi que dans certaines régions du monde, par exemple enAfrique.
Pêcheries en Loire àSaint-Brévin (Loire-Atlantique), accessibles par un ponton horizontal, sans contrainte de marée
Les pêcheries surpilotis sont des esplanades en bois, souvent agrémentées d'une cabane, permettant lapêche au carrelet. Elles sont accessibles par un ponton ou bien par une échelle. Une perche amarrée à un câble soutient deux cerceaux où se fixe lecarrelet, filet qui nécessite un treuil pour être relevé. La plupart despêcheurs appâtent en vers de terre le fond de leurs mailles, lesté par quelques plombs.
En France, les pêcheries appartiennent à des personnes privées ou à des associations, mais occupent ledomaine public maritime. À ce titre, elles font l'objet d'uneautorisation d'occupation temporaire, précaire et révocable. S'agissant du domaine public naturel, les dispositions législatives en vigueur (article 2124 duCode général de la propriété des personnes publiques) imposent que les activités pratiquées tiennent compte de la vocation des espaces concernés, incluant notamment la pêche maritime, mais excluant l'hébergement (location de nuitées comme chambre d'hôte par exemple). La pêche au carrelet est essentiellement une activité non professionnelle, un loisir qui se pratique au printemps et à l'automne. Les prises (mulets,athérines appelées éperlans,anguilles oubars) restent dépendantes des secteurs, dessaisons, voire des jours.
Souvent équipées de façon rudimentaire, très régulièrement dépourvues d'eau courante et d'électricité, les pêcheries peuvent être louées pour une partie de pêche le temps d'une marée, sans hébergement, sous réserve du respect de prescriptions techniques relatives aux établissements accueillant du public et dans des conditions qui ne soient pas assimilables à une exploitation commerciale[5].
Lebassin d'Arcachon accueille descabanes tchanquées, accessibles par bateau ou à marée basse. Plus au nord, les pêcheries occupent l'estuaire de la Gironde et de laCharente, le littoral de laCharente-Maritime, de la Vendée et de la Loire-Atlantique, ainsi que l'estuaire de la Loire. Une quarantaine de pêcheries sont construites le long de la rive sud de cet estuaire, deSaint-Brevin-les-Pins àCorsept. Elles sont accessibles par des passerelles horizontales dont les plus longues font jusqu'à 120 mètres. Essentiellement constituées de perches en bois dechâtaignier, les ossatures sont enfoncées dans la vase à plus d'un mètre par endroits. Des ancrages au sol sont nécessaires pour supporter la cabane, souvent constitués de bidons enfoncés dans la vase à marée basse et évidés avant d'être remplis de gravats ou de béton[6].
Épuisette servant à ramener le poisson pris dans le carrelet
Manivelle permettant de lever et baisser le carrelet
Pêcherie en construction à l'emplacement d'une ancienne pêcherie
↑Catherine Bizien-Jaglin, Loïc Langouët, Marie-Yvane Daire,Les pêcheries de Bretagne. Archéologie et histoire des pêcheries d'estran, Centre régional d'archéologie d'Alet,,p. 52-60
↑« Différents types de jours maigres existent donc, dont la rigueur est variable. En réalité, le nombre ces jours maigres diffère fortement selon les régions, les époques du Moyen Age et aussi selon le statut (clerc ou laïc) et la piété de chaque croyant ». CfÉric Birlouez,À la table des seigneurs, des moines et des paysans du Moyen Âge,,p. 25
↑Catherine Bizien-Jaglin, Loïc Langouët, Marie-Yvane Daire,Les pêcheries de Bretagne. Archéologie et histoire des pêcheries d'estran, Centre régional d'archéologie d'Alet,,p. 38-40.