Lesol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l'inti[17],[18]. La Constitution instaurée en 1993 sous le régime autoritaire d'Alberto Fujimori oriente l'économie péruvienne vers lenéolibéralisme[19]. Le Pérou est l'un des pays les plus inégalitaires au monde, 1 % de la population détenant 30 % des richesses[19].
Le nom « Pérou » dérive deBirú, dénomination d'uncacique qui vivait près de labaie de San Miguel (Panama), au début duXVIe siècle[21]. Une autre version signale queBirú viendrait du nom d'unfleuve d'une région explorée par le conquistadorFrancisco Pizarro lors de sa première expédition[22]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1552, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale duNouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l'existence d'un riche et lointain royaume[23]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l'époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l'isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l'occupation de l'Empire inca en 1532, emploieront le nomPéru pour désigner les nouvelles terres conquises.
Le plus ancien document juridique attestant la dénominationPérou est laCapitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roiCharles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de« gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville deTumbes »[24].
Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du motPerú :Virú,Berú ouPirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d'une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
Stèle de Raimondi, civilisation Chavín - Musée national Chavín - (Chavín de Huántar - Ancash - Pérou).
Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grottePikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[25]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivant de la chasse decamélidés et de la cueillette et s'abritant dans des grottes[26].
La culture dumaïs a joué un rôle déterminant dans le passage vers un modèle de subsistance fondé sur l'agriculture. La première preuve que le maïs est un aliment de base provient de Paredones, sur la côte nord du Pérou, où les isotopes alimentaires des dents humaines suggèrent que le maïs est passé d'un aliment de sevrage à une consommation de base entre 4 000 et 3 000 avant notre ère[27].
Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l'apparition de la plus vieille ville du continent et l'une des plus anciennes du monde :Caral[28]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine :Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant l’ère commune[29]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou decondor[30], ou des cordelettes à nœuds (probablement desquipus).
Caractérisées par une nouvelle complexification de l'organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite « horizon de formation » (2700-200 avant l’ère commune) développèrent la céramique, le tissage, l'usage de l'or et du cuivre ainsi que la construction de canaux d'irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l'accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture deChavín (~1800-300 av. notre ère), la vie sociale, économique et rituelle s'organise autour de dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel,Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par d'immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures.Paracas (~800-200 av. notre ère), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
L'effondrement de la culture chavín ira de pair avec l'affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n'ouvrant leurs frontières qu'aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culturenazca (~200 av. notre ère - 600), la culturehuari (600-1000) et la culturemochica (~100-700), l'une des plus importantes organisations politiques de l'ancien Pérou.
LaPériode impériale, aussi appeléeRègne des belligérants, succède au déclin de la civilisationhuari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux tentent alors de dominer politiquement la région et parmi ces États nous retrouvons laculture chimú, la culturechanca, la culturechincha et enfin, la plus célèbre, laculture inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Ils étaient probablement une tribu guerrière quechua du sud de la Sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu'à la vallée fertile deCuzco, occupée alors par des peuplesaymaras[31]. L'empire naissant se distinguait par sa condition d'État agraire, au sommet duquel se trouvait l'Inca[32].
« Chaque nation s'habillait avec un vêtement similaire à celui que portaient les membres de sa communauté[33] ». (Tunique duSapa IncaX :Tupac Yupanqui).
Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avecPachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, leroyaume de Cuzco forme unvaste empire qui s'étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifeste avant tout dans la législation et l'administration qu'il établit dans l'Incanat[34],[35]. Il aboutit à accomplir l'unité d'un vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l'unité géographique de l'empire en développant un gigantesque réseau de routes (leChemins incas) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ouquechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l'unité politique impériale[36]. En même temps, il créa une élite capable de l'assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l'état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l'empire.
À la fin duXVe siècle, l'IncaPachacutec transmet le pouvoir à son filsTupac Yupanqui († 1493), qui étend l'empire jusqu'à l'actuel territoireéquatorien. Sous le règne de son fils,Huayna Capac († 1527), les frontières de l'empire inca sont repoussées jusqu'à la frontière de l'actuelleColombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac,Huascar etAtahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où lesconquistadors arrivent au Pérou.
Mise à mort de l'Inca Atahualpa en 1533 (Guaman Poma de Ayala).Lavice-royauté du Pérou en 1650 et 1816 (territoires conquis en vert ou marron obscur et territoires peu explorés oude jure en vert ou marron pâle).
Lorsque les troupes deFrancisco Pizarro arrivèrent en 1531, l'Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le, durant labataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereurAtahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives derésistance : le dernier Inca deVilcabamba,Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
Les Espagnols instituèrent le système de lencomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait àSéville. Lesencomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de lencomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées de travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en1541 par une faction menée parDiego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roiCharles Quint, pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores, envoyaBlasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Celui-ci sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi,Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après la capture de celui-ci.39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens regroupant ceux-ci. Au niveau local, lesencomenderos étaient maintenant sous l'autorité descuracas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernierQuipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait12 millions d'habitants dans l'empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo montrait qu'il en restait 1,1 million[37]. Les villes incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, tellesCuzco, gardèrent leurs fondations d'origine inca. Certains sites incas, tels Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
LeCouronnement de la Vierge (Bernardo Bitti), église de San Pedro de Lima.
Après l'établissement de lavice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville deLima, fondée parPizarro le sous le nom deCiudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. AuXVIIe siècle,Lima abritait uneuniversité et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver àSéville, en Espagne.
De nombreux navires marchands venaient du monde entier faire escale dans le port de Lima. Début 1700, les traités interdisaient aux Français de venir commercer avec le Pérou. Malgré ses accords, de nombreux navires décidaient de braver ces interdictions pour faire fortune. C'est le cas de Le Gentil de La Barbinais, le premier Français à avoir fait le tour du monde. Le récit de son escale de trois mois au Pérou, en 1714, montre l'état de pillage et de dépravation qui existait alors à Lima[38].
La proclamation de l'Indépendance par le généralJosé de San Martín le 28 juillet 1821 àLima.
Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[39]. Dirigée parTúpac AmaruII, uncacique duCuzco, l'insurrection était à l'origine une révolte fiscale mais, très vite, se transforma en un mouvement qui revendiquait l'autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[40]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d'Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II futécartelé et décapité àCuzco mais il devint pendant leXIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudilloRamón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, leguano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d'énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période dumonopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de laguerre hispano-sud-américaine. Après labataille de Callao, elle reconnut l'indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d'amitié définitif la même année. La fin de la guerre contre l'Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie laguerre du Pacifique, qui éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d'Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navireHuascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. LeHuascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires mais en 1881, les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par letraité d'Ancón et fit perdre au pays larégion de Tarapacá.
En 1924, depuisMexico, des meneurs de laréforme universitaire au Pérou, contraints à l'exil par le gouvernement, fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine (ou APRA), qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de laréforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de larévolution mexicaine et de laconstitution de 1917 qui en est issue, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme et, à un degré moindre, de larévolution russe. Proche dumarxisme (son dirigeant,Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l'unité politique de l'Amérique latine. En 1928 est fondé le parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion deJosé Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime d'Oscar R. Benavides, qui restera président jusqu'en 1939.
La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés lesquels, en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 aura lieu laguerre avec la Colombie. En outre, uneguerre opposera le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupera les provinces occidentales de Loja et el Oro. LesÉtats-Unis, leBrésil, l'Argentine et leChili proposèrent leur médiation et un protocole de paix fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
Revendications équatoriennes sur le Pérou.
À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le présidentJosé Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du généralManuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962 et remportées par le candidat apristeVíctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le généralRicardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau desélections l'année suivante, élections qui furent remportées parFernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connaît une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions de travail et de vie. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à l'affrontement violent avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[42].
Le 3 octobre 1968, le coup d'État réformiste mené par un groupe d'officiers dirigés par le généralJuan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d'appliquer une doctrine de « progrès social et de développement intégral », nationaliste et réformiste, influencée par les thèses de laCEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après legolpe, Velasco procède à la nationalisation de l'International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l'appareil d'État, uneréforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système delatifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent de l'État une terre ayant une surface moyenne de 73,6 acres[43]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la languequechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour lesenfants naturels.
Le Pérou souhaite s'affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. LesÉtats-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de laBanque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec leChili se tendent fortement après lecoup d'État du généralPinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l'armée) et l'amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à des tentatives d'assassinats. En 1975, le généralFrancisco Morales Bermúdez Cerruti s'empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
LeSentier lumineux apparaît dans les universités dans les années 1970. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l'État de certaines régions rurales favorise l'implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l'enseignement sont sévèrement réprimées par l'armée :18 personnes sont tuées selon le bilan officiel mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de celle-ci, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[44].
En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations antiguérilla, la répression politique et la corruption[46]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne destérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla duSentier lumineux[47].
Son bras droitVladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec laCIA. Les services secrets queMontesinos dirige auraient reçu10 millions de dollars de l'agence américaine pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[48]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se faitréélire en 1995.
La guerre civile péruvienne fait quelque 70 000 morts et s'achève dans les années 2000 avec la défaite des guérillas d'extrême gauche. Les gouvernements successifs ont eu recours à des pratiques répressives extrêmes pour répondre au terrorisme des groupes insurgés. Les enquêtes menées à la fin du conflit concluent à une « pratique systématique » de la disparition forcée comme arme de lutte antisubversive ; les fouilles révèlent aussi l'existence de fours crématoires « visant à occulter les traces d'exécution ». Près de 80 % des victimes sont originaires des régions rurales et 75 % sont de langue autochtone. En ville, les dirigeants de quartier, les syndicats, les étudiants aux affinités politiques de gauche sont particulièrement visés, et les mineurs ne sont pas épargnés. Les pressions politiques empêchent cependant la justice de condamner les soldats responsables de violations des droits humains[49].
Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute àArequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connaît une vague de protestations sociales.Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[50].
Le Pérou est le deuxième plus grand producteur de cocaïne au monde, après laColombie. Selon les autorités américaines, la superficie en 2019 des plantations de coca illégales était de73 000 hectares[51].
À la fin desannées 2010 et au début desannées 2020, le Pérou est l'objet d'une certaine instabilité avec plusieurs motions de destitution du président par le parlement, allant en décembre 2022 jusqu'à une dissolution du parlement par le présidentPedro Castillo en parallèle d'une nouvelle motion de destitution du président par le parlement[52]. L'arrestation et la destitution de Pedro Castillo entainent unlarge mouvement de protestation. Les mobilisations touchent particulièrement les zones pauvres du pays, celles-là mêmes qui avaient massivement voté pour Pedro Castillo en 2021. L'état d'urgence, permettant notamment le déploiement de l'armée face aux manifestants et la suspension des garanties constitutionnelles et des droits fondamentaux, est décrété dans tout le pays, bientôt suivi d'uncouvre-feu dans quinze provinces[53]. En toile de fond de ces mobilisations figure la fracture sociale historique vécue par des populations victimes du mépris, du racisme, et de la discrimination des élites traditionnelles. Fortement exposées à la pauvreté, elles vivent dans des régions où les services publics sont défaillants, sinon absents, alors que les sous-sols regorgent de minerais et de gaz, exploités par des multinationales. ÀCuzco,Puno,Ayacucho,Apurimac, les départements les plus pauvres du Pérou, 80 % des électeurs ont soutenu Pedro Castillo, espérant « un contrat social qui bénéficie à tous »[54]. La répression des manifestations fait une soixantaine de morts et des milliers de blessés, le plus souvent par balles[19].
Le Pérou est une république « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » et son gouvernement est « unitaire, représentatif et décentralisé, et il est organisé selon le principe de laséparation des pouvoirs » (article 43 de la Constitution de 1993[55]). Le pays fonde selon certaines sources unrégime semi-présidentiel[56],[57],[58] (bien que d'autres sources argumentent que le pays soit unrégime présidentiel[59],[60])monocaméral :
lepouvoir exécutif est assuré par leprésident et les deux vice-présidents. Ils sont élus ensemble pour cinq ans, au suffrage universel direct. La Constitution de1993 permet une réélection mais depuis décembre 2000 (à la chute du régime fujimoriste), date de la modification del'article 112 de la Constitution, il ne peut pas être réélu consécutivement (ce fut le cas d'Alberto Fujimori). Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement. Il est également le commandant en chef des forces armées mais ne peut déclarer la guerre que sur l'autorisation du Congrès. Il constitue des cabinets ministériels. Le président actuel estJosé Jerí. Le président du Conseil des ministres est désigné par le président de la République. Il réside à lamaison de Pizarro, le palais du gouvernement ;
lepouvoir législatif est exercé par un parlement unicaméral : leCongrès de la République, composé de130 membres élus pour cinq ans, en un tour, le même jour que l'élection présidentielle ;
L'Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l'intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L'achèvement de l'Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n'étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d'être élues.
Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après leBrésil, leHonduras et lesPhilippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[61].
La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L'affaire Odebrecht est l'affaire la plus médiatisée.28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ;Alan Garcia, 2006-2011 ;Ollanta Humala, 2011-2016 ;Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[62].
Le pouvoir judiciaire est atteint en 2018 par des révélations concernant un vaste réseau de corruption lié à l'organisation criminelleLes Cols blancs du port, qui a infiltré les plus hautes sphères de la justice. « Une organisation qui commettait des délits d'extorsion, des assassinats et qui cherchait la protection de l'appareil judiciaire pour garantir son impunité », explique l'avocat Rafael Chanjan, spécialisé sur la lutte contre la corruption. De hautes personnalités sont concernées : le procureur général du Pérou, Pedro Chavarry, des juges, des procureurs, des personnalités politiques (essentiellement liées au partiForce populaire) et des chefs d'entreprises[63].
À la suite de la destitution de Martín Vizcarra,Manuel Merino prend le pouvoir en novembre 2020 mais est contraint de démissionner cinq jours plus tard à la suite de la mort de deux manifestants à Lima. Francisco Sagasti devient ensuite Président de transition du Pérou le 17 novembre 2020. Le 28 juillet 2021,Pedro Castillo devient président de la République[64].Ce dernier a été destitué le 7 décembre 2022 à la suite d'unetentative d'auto-coup d'état[65].Dina Boluarte est devenue Présidente du Pérou par succession constitutionnelle. Elle est destituée par leCongrès de la République le pour« incapacité morale permanente ». Le président du Parlement,José Jerí, lui succède.
Le, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d'un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l'État. Depuis, le pays est divisé en24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter laprovince de Lima, entité au statut particulier, distincte du départementLima.
Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
lePrésident régional (organisme exécutif du gouvernement régional). Ses fonctions comprennent l'élaboration du budget, la nomination des membres du gouvernement, la possibilité de gouverner par décrets et résolutions, l'exécution des plans et programmes régionaux et l'administration des propriétés et locations régionales[66]. Le président et le vice-président sont élus conjointement au suffrage universel direct pour quatre ans ;
leConseil régional (entité juridique du droit public) discute et vote les lois proposées par le président régional. Il peut destituer le président et tout autre membre du conseil[67]. La durée de leur mandat est de quatre ans et le nombre de conseillers dépend de la population de la région (de 7 à 25). Ils sont autonomes politiquement, économiquement et administrativement ;
leConseil de coordination régional a un rôle consultatif sur les questions budgétaires et de planification mais il ne dispose d'aucun pouvoir exécutif ou législatif[68]. Lesalcaldes des provinces font partie de ce conseil qui est chargé de représenter la société civile[69].
Lacordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouveMisti etUbinas. LeHuascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
Le Pérou, avec l'Équateur, a la zone côtière la plus affectée parEl Niño (ici en couleurs chaudes, lors de l'épisode2016-2017).Route péruvienne emportée (en zone aride) lors de pluies diluviennes lors de l'El Niño de l'hiver 1997-98. L'épisode survenu20 ans plus tard a causé113 morts au moins et détruit environ 40 000 maisons[70].
Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côtePacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Niño). Dans lesAndes (chaîne de montagnes), le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
Ledésert du nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricolesirriguées et des zones deforêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et decharbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à des décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes phases de pluies torrentielles entraînant un bref reverdissement du désert, la réapparition des oiseaux et de rivières.
Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de1997–1998, on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates,poivrons,courges etpommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendusfertiles par l'eau et lesalluvions[70]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l'érosion, les inondations et leurs effets. Divers aménagements du bassin versant (notamment sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ont eu un effet comparable ; et des polluants miniers,cynégétiques,routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) sont dispersés par l'eau puis souvent entraînés jusqu'à l'océan, ce qui inquiète les écologues.
Selon B. Fraser dans la revueNature (2018),« Personne n'avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu'il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit pour l'essentiel le phénomène El Niño de 2015-2016 et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années1920 et1970) et de leurs liens avec les cycles océaniques ou climatiques au sens large[70]. Un manque de financement a hélas freiné les études ; ainsi, les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de restrictions budgétaires[70].
Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et leMarañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de laCordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
Sur le versant occidental se trouve le bassin de l'océan Pacifique où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, leRío Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin mais parce qu'il approvisionne en eau et en électricité la métropole deLima où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans ladistribution de l'eau.
Au sud, un troisième bassin, celui dulac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou etBolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuveDesaguadero (D), lelac Poopó (P) et lesalar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent lesystème TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
Le Pérou se trouve sur unefaille sismique, ce qui provoque chaque année un certain nombre detremblements de terre dont l'intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs ayant provoqué un grand nombre de victimes et des dégâts considérables, comme celui deYungay en1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d'évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomèneEl Niño.
Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, deminerai de fer, de charbon et dephosphates.
Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux depollution de l'air sont les plus élevés, après leMexique et leChili[71].
Un rapport publié en 2020 par l'Autorité nationale de l'eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960.
Du fait de sa positionbiogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale) abritant une faune et une flore extrêmement variées. C'est l'un des dix-sept pays caractérisés par unemégadiversité biologique. Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espècesendémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d'oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
Parce que la variété d'étages d'altitude et de températures a obligé agriculteurs et éleveurs andins à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situationagrobiogéographique, le pays abritait aussi de richesressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[73].
Sur les hauteurs, leslamas côtoient lesalpagas et lesvigognes. Lechinchilla à queue courte, présent à l'état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd'hui. Survolant les montagnes, lecondor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
Mais c'est dans la « selva » que la faune est la plus présente avec entre autres lesjaguars, lestatous, lescaïmans, lescapybaras mais aussi des singes ou des milliers d'espèces d'insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. Lavanille, l'acajou et lecaoutchouc participent à cettebiodiversité.
Le Pérou possède des eaux parmi les plus poissonneuses de la planète. La diversité de son écosystème est favorisée par le courant froid deHumboldt, connu pour l'abondance de sonphytoplancton. Les eaux péruviennes comptent ainsi plus de 1 000 espèces de poissons, tout autant de mollusques, et près de 600 de crustacés[74].
La richesse naturelle du Pérou et la diversité de ses écosystèmes constituent un patrimoine reconnu dans la Constitution de 1993, qui oblige l'État à promouvoir leur protection et conservation[75]. Depuis 1990, le Système National des Aires Naturelles Protégées par l'État (SINANPE)[76], sous la direction de l'Institut National des Ressources Naturelles (INRENA) et de la Direction Générale des Aires Naturelles Protégées et de la Faune Sauvage, est chargé de cette tâche. Une carte péruvienne de protection et de conservation de la nature et du patrimoine historique et culturel a été établie. Cette carte comprend 49 aires naturelles protégées, composées de 8 parcs nationaux, 8 réserves nationales, 6 sanctuaires nationaux, 3 sanctuaires historiques, 4 forêts nationales, 6 forêts de protection, 1 réserve communale, 2 réserves de chasse et 11 zones réservées[77], couvrant environ 10% de la superficie du pays[78].
Les parcs nationaux sont des zones désignées pour la protection et la préservation de la flore et de la faune sauvages, ainsi que des beautés paysagères. Dans ces zones, l'exploitation des ressources naturelles et les établissements humains sont interdits. Le parc national le plus ancien du Pérou est celui deCutervo, créé en 1961 dans le département deCajamarca, connu pour ses nombreuses grottes comme celles de San Andrés, abritant l'oiseau-huileux, un oiseau nocturne en danger d'extinction.
Manu (Madre de Dios etCusco), l'une des zones les plus représentatives de la biodiversité amazonienne, reconnue comme réserve de biosphère du Manu et patrimoine naturel de l'humanité par l'UNESCO.
En plus des parcs et réserves nationales, le Pérou compte diverses unités de protection, notamment :
Sanctuaires nationaux tels que Huayllay, Calipuy, Lagunas de Mejía, Ampay, Manglares de Tumbes et Tabaconas Namballe.
Sanctuaires historiques tels que Chacramarca, Pampas de Ayacucho etMachu Picchu.
Forêts nationales telles que Biabo Cordillera Azul, Mariscal Cáceres, Pastaza-Morona-Marañón et Alexander von Humboldt.
Forêts de protection telles que Aledaño Bocatoma del Canal Nuevo Imperial, Puquío Santa Rosa, Pui-Pui, San Matías-San Carlos,Alto Mayo et Pagaibamba.
Réserves communales telles que Yanesha.
Réserves de chasse telles que Sunchubamba et El Angolo.
Zones réservées telles queManu, Laquipampa, Apurímac, Pantanos de Villa,Tambopata-Candamo,Batán Grande, Algarrobal El Moro, Tumbes, Güeppi, Chancaybaños et Aymaru Lupaca.
Ces diverses unités de protection, de conservation et de recherche reflètent l'extraordinaire richesse biologique et le patrimoine historique et culturel du Pérou, faisant du pays l'une des régions naturelles privilégiées du monde.
Le Pérou est confronté à une crise environnementale complexe. Entre les années 1970 et 2020, le pays a perdu 51 % de la superficie de ses glaciers et environ la moitié de ses ressources en eau ne répondent pas aux normes de qualité. En outre, près de quatre millions d'hectares du territoire sont désertifiés, souvent à cause d'activités économiques[79].
Le phénomène climatique « El Niño côtier » conduit régulièrement à des inondations, glissements de terrain et coulées de boue. Pourtant, les autorités peinent à s'adapter : le Pérou a « un niveau extrêmement élevé de vulnérabilité et d'exposition au risque. On construit et reconstruit dans des zones à risques, juge Liliana Miranda, membre du Panel intergouvernemental d'experts sur le changement climatique, dénonçant « des années de laisser-faire et d'irresponsabilité des gouvernements successifs »[80].
La richebiodiversité de l'espace maritime péruvien est menacée depuis des années par la surexploitation des ressources. Certaines lois ont été adoptées afin de limiter les zones de pêche mais les industriels sont souvent accusés de ne pas les respecter. L'océan péruvien est par ailleurs confronté à desmarées noires régulières. En janvier 2022, la compagnie pétrolière espagnoleRepsol a été responsable du « pire désastre environnemental », selon les autorités, entraînant la pollution de plus de 11 000 hectares de zones maritimes et littorales. Mais la contamination pétrolière de moindre ampleur est quotidienne : entre 2016 et 2019, plus de 400 fuites de brut ont été enregistrées officiellement dans la mer et les cours d'eau[74].
L'économie du Pérou connait une croissance régulière[81]. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre des 9 % en2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[82].
Depuis lapolitique de libéralisation lancée au début des années 1990 par le régime d'Alberto Fujimori, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Desprivatisations, pour un total de9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs des télécommunications et de l'énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l'État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive et ont mis en place un environnement fiscal favorable aux investisseurs. Ces privatisations ont généré une immense corruption. Le, laSuisse avait rendu au Pérou16,3 millions de dollars à la suite d'actes decorruption commis dans ce payssud-américain. Un accord trilatéral avecLima et leLuxembourg sur la restitution des avoirs d'origine illicite a été signé[83].
Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, lamonnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d'inflation moyen s'est stabilisé autour de 3 % et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l'économie reste toutefois élevé, s'établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis en cinq ans de voir passer la part de la dette intérieure de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d'État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré en 2008 comme la première économie d'Amérique latine[84]. En 2025, le Pérou est classé en80e position pour l'indice mondial de l'innovation[85]. Lesinégalités sociales sont très fortes : 1 % de la population concentre 30 % des richesses, selon les données duWorld Inequality Report 2022[86].
Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont permis de regagner la confiance des investisseurs, l'économie péruvienne doit cependant toujours affronter deux défis majeurs :
premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations du prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques ;
deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la mise en place d'un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable qu'a connu récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar de revenu par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[87]. En 2021, toujours selon l'INEI, 25,9 % de la population vit dans la pauvreté[88].
Le chômage est de 5,9 % en 2014 selon les statistiques officielles.
Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l'Institut national des statistiques et de l'informatique (INEI)[89]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans lesecteur informel[90].
Dans le secteur formel, le temps de travail hebdomadaire légal est de48 heures[91]. Quant au salaire minimum, il s'établit autour de 1 025 soles (245 euros), un des plus bas de la région[88].
L'économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d'argent, le troisième dezinc et decuivre, le sixième d'or, et exploite aussi dugaz et dupétrole. En 2014, le pays comprenait environ26 millions d'hectares de concessions minières, soit 20,42 % de la surface du pays[92]. Il est en revanche peu industrialisé[93]. Les grands projets miniers sur lesquels repose le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais doivent faire face à la pollution des cours d'eau et des sols, affectant leur agriculture[62].
D'après l'économiste José Oscatégui : « l'État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec lesmultinationales et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30 % de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori descontrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[94].
Selon un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), publié en août 2022, la moitié de la population du Pérou est en situation d'insécurité alimentaire modérée, soit 16,6 millions de personnes, et plus de 20 %, soit 6,8 millions, en situation d'insécurité alimentaire sévère : ils se privent de nourriture durant toute une journée, voire plusieurs journées. Le Pérou est ainsi encore plus touché que des pays en crise comme l'Argentine et leVenezuela[88].
La directrice de la FAO Pérou souligne que « c'est le grand paradoxe d'un pays qui a de quoi nourrir sa population. Le Pérou est un producteur net d'aliments et une des grandes puissances agroexportatrices de la région. » L'insécurité alimentaire est due aux fortesinégalités sociales et aux bas salaires, le salaire minimum péruvien étant l'un des plus faibles d'Amérique du Sud et le secteur informel très étendu. Toujours selon la FAO, les petits paysans souffrent eux-mêmes de la faim. Faiblement rémunérés, ils souffrent également des impacts duchangement climatique et font face au problème dunarcotrafic sur leurs terres et à l'activité minière qui épuise les sols[88].
Le train de la Sierra est la deuxième voie de chemin de fer la plus haute du monde, atteignant 4 871 mètres d'altitude. Le trajet qui relie Lima à Huancayo dure11 heures. Le train franchit69 tunnels,58 ponts et6 rebroussements. En 1999, la compagnieFerrocarril Central Andino a été privatisée. En 2005, les voitures de tourisme ont été rénovées pour améliorer le confort et le service à bord. Le train des Andes fait désormais partie des lignes de chemins de fer les plus touristiques du monde[95].
Train du Machu-Picchu
Exploité par la compagnie Perurail, le train du Machu-Picchu relieCuzco àAguas Calientes (village situé au pied duMachu Picchu en passant par Poroy etOllantaytambo. Il existe plusieurs types de train en fonction du confort choisi : le Backpacker, le Vistadome et leHiram BinghamIII.
Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d'axes transversaux desservent les villes de laSierra et de l'Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1,PE-3 pour la route de la Sierra,PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02,PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
Les transports maritimes souffrent d'une saturation des infrastructures qui ne peuvent faire face à l'augmentation du trafic de conteneurs dans les années 2000[96]. Historiquement effectué par le port deCallao, il est assuré aussi par le port deChancay inauguré en 2024, principalement financé par la Chine. Ce port offre une capacité très importante de 6 millions de tonnes de marchandises et 160 000 véhicules par an. Il est ainsi appelé à devenir un site de premier plan pour le pays tant pour l'importation de produits manufacturés, que pour l'exportation de minerais[97].
La Corporation péruvienne d'aéroports (Corpac) administrait, en 2007,42 aéroports régionaux (d'un total de 210 que compte le pays). L'aéroport international Jorge-Chávez, l'un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D'autres aéroports importants sont ceux de Cuzco, deTrujillo et d'Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado etPucallpa. Le plus important est celui d'Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
D'importantes sommes d'argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l'extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration globalactuellement[C'est-à-dire ?] est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[98]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale,Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au[98]. Le nombre de lignes mobiles représente9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à22,9 millions abonnés[99].
La population du Pérou est estimée en 2016 à31 millions d'habitants, soit près de 5 % de la population de l'Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s'est multipliée par trois entre1960 et2009, passant de10,4 millions à29,1 millions d'habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s'élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en13,2 habitants pour mille.
Le redressement économique qu'a connu récemment le pays s'est accompagné d'une baisse relativement importante du nombre d'émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l'étranger s'élèverait à près de deux millions (2007), soit 7 % de la population. En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l'étranger[89]. Ils sont installés principalement auxÉtats-Unis et dans une moindre mesure auCanada ou enEspagne. À l'heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis. L'émigration s'accélère dans les années 2020 à cause notamment du manque de perspective économique et de l'augmentation de l'insécurité. D'après une étude d'opinion, menée en 2023 par l'institut d'études péruviennes, 60 % des jeunes péruviens envisagent d'émigrer[101].
Selon la constitution de 1993, lalangue officielle du Pérou est l'espagnol ; toutefois lequechua, l'aymara et d'autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[3].
L'indice de fécondité est estimé à2,37 enfants par femme] en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[103]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de71,03 ans en 2010, ce qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de71 ans[104].
Au début desannées 1950, près d'un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de lamortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[105]. Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[106].
Le Pérou a affiché le taux de décès dus à lapandémie de Covid-19 le plus élevé au monde, en partie en raison de l'effondrement de son système de santé publique et de l'absence de régulation étatique face à l'envol des prix des cliniques, des médicaments et de l'oxygène[19]. Le Pérou est l'un des pays où les investissements dans le secteur de la santé sont les plus faibles, avec moins de 5 % du PIB investi par an. Les communautés indigènes se trouvent souvent sans accès aux hôpitaux et délaissées par l'État, ce qui les conduit à s'en remettre aux plantes médicinales dont l'efficacité est incertaine[107]
Le parlement péruvien a approuvé en 2023 à une large majorité une loi qui accorde “le droit à la vie” de l'embryon dès sa conception, mettant en cause le droit à l'avortement. L'initiative de la loi revient à María Jáuregui, pasteure évangélique du parti d'extrême droite Rénovation populaire. La présidente doit encore décider de la promulgation de la loi[108].
Fête du Qoyllur Rit'i ou Étoile des neiges (Cuzco).
Derrière l'apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès leXVIe siècle, le processus decolonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d'Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[109]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations decanne à sucre ou dans les gisements deguano[110].
Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont desmétis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominanceeuropéenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendanceespagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonisation) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %,française 1,5 %,allemande etautrichienne 2 %)[111]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendanceafricaine. La proportion de lapopulation indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[111]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[112].
Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco,Huancavelica ouPuno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d'origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, lesShipibo-conibos et lesAguarunas, sont présentes dans l'Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d'Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après laconquête espagnole car leurs territoires étaient très difficiles d'accès. Au Pérou, la population autochtone n'est représentée par aucun parti politique contrairement à l'Équateur ou laBolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[114], le pays avait un taux d'urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l'urbanisation est variable d'une région à l'autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s'élève à près de 90 %. La majeure partie des migrants a convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
Les indigènes ont été de facto presque entièrement privés de leur droit de vote jusqu'aux années 1980[19]. Aujourd'hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d'une culture métisse. Le développement de l'indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
Les indigènes péruviens sont de nos jours encore sujets auxdiscriminations raciales. L'historienne Cecilia Mendez, professeure à l'université de Californie, évoque « unapartheid de fait, qui n'a pas besoin de loi tant il est validé socialement et enkysté dans les habitudes mentales des dominants »[115]. Parler une langue autochtone ou se vêtir d'habits traditionnels expose aux discriminations dans des commerces où à l'hôpital, à être maltraité dans les commissariats et à une invisibilisation dans les médias[115].
L'accès à l'éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d'entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[116].
Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d'habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l'autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En2007, les dix plus grandes villes du Pérou[102] étaient :
La grande majorité des Péruviens (76 %) estcatholique. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisationsévangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle constitution garantit la liberté de culte mais souligne :« au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[124]
Chaque année au mois d'octobre, la procession duSeigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés demorado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités duCristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d'Amérique latine, le culte auChrist de Pachacamilla (autre nom duSeigneur des miracles) serait la christianisation du dieuPachacamac[125]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patron. La fête duCorpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco durant les premiers jours du mois de juin et laVirgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région dePuno.
Blason de l'université majeure de San Marcos, fondée en 1551.
SelonGarcilaso de la Vega,Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, lesYachayhuasi ou Maisons de Savoir[126]. La direction de ces « écoles » fut confiée auxamautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire lesquipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire) ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Ce sont les différents ordres religieux qui fondèrent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : lenido (ouwawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire et l'université.
Lesnidos (privé) ouwawa wasis (publique), pour les enfants de1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart desniños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixièmegrado de primaria). Depuis la constitution de 1828,article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommésgrados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout consacrées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommésAcademias Preuniversitarias ouPre.
Centre des ressources CRAID de l'université du Pacifique (Lima).
Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de70 universités (28 publiques et42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : lesEstudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont leBachillerato (à ne pas confondre avec lebaccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par leConseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
Le régime d'Alberto Fujimori a mis en marche dans les années 1990 une libéralisation de l'éducation, avec notamment une loi, en 1996, pour la promotion des investissements privés, censés favoriser « la modernisation du système éducatif ». Le nombre d'universités a triplé dans les vingt années qui ont suivi mais beaucoup d'établissements, dirigés par des hommes d'affaires, ne présentent aucune garantie académique. Ces universités engrangent des bénéfices exorbitants, tout en délivrant des diplômes sans aucune valeur. En 2014, le gouvernement adopte une loi visant à mieux réguler l'enseignement supérieur privé. Elle comprend la mise en place de huit critères de qualité, parmi lesquels un plan d'études élaboré, un budget alloué pour la recherche, un minimum de professeurs à temps complet, un mécanisme d'insertion professionnelle et des infrastructures adéquates. Cette réforme a toutefois été farouchement combattue par les lobbys des universités privées, qui disposent des relais très actifs au Parlement. Ils obtiennent ainsi son abrogation en 2023[127].
Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et lelycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par l'étude PISA[128] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices montrent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[129].
Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L'école publique est gratuite et obligatoire jusqu'à l'âge de onze ans mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d'enfants abandonnent l'école pour des raisons économiques[90].
En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[130].
L'insécurité est une des principales préoccupations des Péruviens. Environ 80 % des personnes interrogées se sentent en insécurité dans les grandes villes du pays, en particulier à Lima, selon les enquêtes d'opinion en 2023. Une courte majorité de sondés se déclare prête à accepter un leader qui mette fin à la délinquance même en ne respectant pas l'État de droit[131].
Entre 2022 et 2025, les plaintes pour racket ont augmenté de 540 %. L’extorsion touche petits commerçants, microentrepreneurs, artistes. D'autre part, en 2024, le nombre d’homicides a doublé au Pérou par rapport à l’époque d’avant la pandémie de Covid-19, avec plus de 2 000 assassinats. L'absence de réaction du gouvernement a conduit à la destitution deDina Boluarte en octobre 2025[132].
La classe politique et les institutions sont fortement sujets à lacorruption. La police réclame régulièrement une coima (« pot-de-vin ») pour enregistrer une plainte. Selon plusieurs enquêtes de médias d’investigation péruviens, plus de la moitié des parlementaires sont poursuivis pour des affaires de malversations, de trafic d’influence ou d’enrichissement illicite. Depuis l’arrivée de Dina Boluarte à la présidence en 2022, la coalition majoritaire a voté une série de lois accusées, notamment, par l’organisationHuman Rights Watch, d’entraver la lutte contre le crime organisé, en fragilisant la collaboration judiciaire et l’indépendance des juges[132].
"Le Christ Miraculeux", une représentation artistique de José Sabogal, peintre péruvien.
Le patrimoine culturel du Pérou trouve son origine dans les anciennescivilisations andines qui ont émergé sur son territoire avant l'arrivée des Espagnols[133]. Les trésors archéologiques péruviens témoignent d'un développement culturel significatif qui s'est réalisé sans contact avec d'autres cultures extracontinentales.
Lacivilisation inca, qui a absorbé une grande partie de l'héritage culturel de ses prédécesseurs, a laissé d'importantes traces telles que les villes deCuzco, les vestiges architecturaux deSacsahuamán etMachu Picchu, et un réseau de routes reliantCuzco aux autres régions de l'empire[137]. Avec l'arrivée des Espagnols, une fusion culturelle s'est produite, qui s'est reflétée dans l'architecture péruvienne, combinant des styles européens avec des influences indigènes. Après lapériode de la Renaissance, lebaroque a atteint une expression riche dans des édifices tels que le couvent de San Francisco àLima et l'église de la Compagnie àCuzco.
"L'entrée du président Luis José de Orbegoso à Lima" (1842). Peinture à l'huile sur toile, réalisée par le peintre péruvien Ignacio Merino.
Lasculpture et lapeinture péruviennes se sont développées à partir d'ateliers fondés par des religieux, influencés par l'école baroque de Séville. Ce mouvement artistique se manifeste dans des œuvres telles que les stalles du chœur de lacathédrale et la fontaine de la place d'Armes de Lima.
Lemétissage artistique fut plus évident dans lapeinture, qui incorpora des éléments de l'héritage indigène. Des exemples de cela sont le portrait d'Atahualpa prisonnier, de Damián de la Bastida y Mora, et les œuvres d'artistes comme Mateo Pérez de Alesio, Angelino Medoro, Francisco Bejarano, Jesús de Illescas, et Joaquín Rodríguez[138].
Fresque murale intitulée 'Rencontre de deux mondes' mettant en valeur le portrait du cacique Chilimasa, une œuvre réalisée par l'artiste péruvien Víctor Delfín.
Au XXe siècle, la fondation de l'École des Beaux-Arts deLima en 1919 a marqué un tournant dans lasculpture et lapeinture péruviennes. On distingue des sculpteurs tels que Luis Agurto, Luis Valdettaro, Joaquín Roca Rey, Jorge Piqueras,Alberto Guzmán, Víctor Delfín, et Francisco Sánchez, et des peintres comme Daniel Hernández Morillo, Ricardo Grau, César Quispez Asín, etJosé Sabogal. Ce dernier a dirigé le mouvement indigéniste, un pilier de la peinture péruvienne contemporaine, avec des représentants tels queFernando de Szyszlo, Alberto Dávila, Armando Villegas, Sabino Springett, Víctor Humareda, Mario Alejandro Cuadros, Ángel Chávez, Milner Cajahuaringa, Arturo Kubotta, Venancio Shinki, Alberto Quintanilla, Germán Chávez, Tilsa Tsuchiya, David Herskowitz, Óscar Allain, et Carlos Revilla[140]. Certains artistes, après être passés par l'École des Beaux-Arts de Lima, partent vivre et travailler à Paris comme les frères Braun (Fernando Vega etHerman Braun-Vega)[141],Manuel Zapata ouCarlos Braché entre autres[142].
Le poète péruvien José Santos Chocano, né en 1875 et décédé en 1934.
La littérature péruvienne a été façonnée par la convergence de latradition oraleindigène et des ressources techniques de l'écriture introduites par les Espagnols. Cette fusion a permis, dès ses débuts, la collecte et l'expression des diverses et complexes réalités culturelles qui se sont affrontées après laconquête.
La littératurequechua etaymara, transmise oralement, était profondément liée aux rituels religieux, agricoles, amoureux, festifs et funéraires. Ces caractéristiques se sont reflétées dans certaines formes depoésie et deprose, comme on peut le voir dans les premières chroniques historiques, y compris lesCommentaires Réels[143] de l'Inca Garcilaso de la Vega et laNueva Crónica y Buen Gobierno[143] deFelipe Guaman Poma de Ayala. Il est également notable de mentionner l'identification entre les yaravíes et la poésie patriotique et romantique, représentée dans l'œuvre de Mariano Melgar[144].
Première attestation de rédaction de José Carlos Mariátegui pour le journal 'El Tiempo'
AuXXe siècle, les courants d'avant-garde ont gagné en force, portés par des revues commeColónida etAmauta, cette dernière fondée en 1926 parJosé Carlos Mariátegui, avec des collaborateurs éminents tels queCésar Vallejo[139],[146]. Pendant ce temps, l'indigénisme a ressurgi dans lapoésie de Luis Fabio Xammar[147]. Les avant-gardes se sont fragmentées en diverses propositionslyriques, telles que celles deXavier Abril, Alberto Hidalgo, Sebastián Salazar Bondy, Carlos Germán Belli, entre autres, qui ont exploré de nouveaux champs expressifs.
En poésie, des figures telles qu'Emilio Adolfo Westphalen,Jorge Eduardo Eielson, Carlos Germán Belli, Arturo Corcuera,Antonio Cisneros, Wáshington Delgado, Marco Martos et Carmen Ollé se distinguent. Dans la narration contemporaine, Miguel Gutiérrez[150], Gregorio Martínez, Alonso Cueto et Gustavo Rodríguez, parmi d'autres, se démarquent.
Le musicien joue de lapinkullo d'une main et bat du tambourtinya de l'autre lors d'une Huari Danza au Pérou.
Les cultures andines préhispaniques du Pérou se caractérisaient par leur riche tradition en expressions artistiques, particulièrement dans la musique. La plupart des travaux agricoles communautaires étaient accompagnés de musique et de chants, connus enquechua sous le nom detaqui[151]. Ladiversité ethnique du Pérou ancien a donné lieu à une coexistence de diverses traditions et coutumes, qui ont perduré au fil du temps et ont été fondamentales pour le développement du folklore péruvien posthispanique.
Aujourd'hui, les différentes manifestations musicales, telles que ladanse et lechant, les fêtes populaires (religieuses et non religieuses), l'artisanat, lagastronomie, et d'autres activités qui varient selon les régions, constituent des expressions significatives du patrimoine culturel péruvien et latino-américain[152].
Les musiciens andins préhispaniques utilisaient principalement desinstruments à vent, comme laquena, lepinkillo, l'erke, l'antara ousiku (également connue sous le nom dezampoña), et lepututo. Ils utilisaient également desinstruments de percussion, comme latinya (tambour à main), lespomatinyas (fabriqués en peau depuma), et lesrunatinyas (fabriqués en peau humaine), utilisés dans les batailles, ainsi que lewankar, un tambour de grandes dimensions.
Avec l'arrivée des Espagnols, des instruments européens comme lesharpes, lesguitares, lesvihuelas, lesbandurrias et lesluths ont été introduits. De la combinaison de ces instruments avec les autochtones ont émergé des instruments métis comme laharpe andine et lecharango, dont le corps est fabriqué avec la carapace dutatou[153].
Lemétissage culturel ne s'est pas limité au contact entre les cultures indigènes et européennes ; l'influence africaine s'est également manifestée dans les rythmes et lesinstruments de percussion. Cette influence se reflète dans des formes musicales telles que lefestejo et lazamacueca.
LaLlamerada est une danse traditionnelle qui rend hommage aux lamas, animaux sacrés des Andes. Les danseurs, vêtus de costumes colorés, imitent les mouvements élégants de ces camélidés.
Parmi les danses d'origine native, on distingue celles liées autravail agricole, à lachasse et à laguerre[154]. Certaines de ceschorégraphies présentent une certaine influence chrétienne. Deux des danses andines les plus représentatives sont lakashua, de caractère communal, qui se danse en groupe dans des espaces ouverts, et lewayño ouhuayno, une danse de salon qui se danse en couple dans des espaces fermés. Sont également d'origine andine leyaraví et letriste, des chansons aux paroles souvent très sentimentales.
Certaines danses rituelles incluent l'achocallo, lapinkillada, lallamerada (qui imite la démarche deslamas), et lakullawada (des fileuses). En ce qui concerne les danses propitiatoires de lachasse, on peut mentionner lallipi-puli et lachoq'elas, des danses colorées de l'altiplano liées à la chasse de lavigogne.
Parmi les danses de guerre se trouvent lechiriguano, d'origineaymara ; lechatripuli, qui satirise les soldats royalistes espagnols ; et lekena-kenas, qui fait référence aux soldats chiliens qui ont occupé le Pérou pendant laguerre du Pacifique (1879). Il est également pertinent de mentionner les danses de carnaval, une festivité occidentale qui, dans lesAndes péruviennes, coïncide avec la période desrécoltes ; de nombreuses communautés rurales célèbrent cette occasion avec des rites ancestraux et des danses métisses, marquant l'initiation des jeunes et, dans de nombreux cas, la formation de nouveaux couples[155].
Lamarinera norteña, un héritage culturel du Pérou, se caractérise par des pas élégants et des mouvements sensuels. C'est une véritable sérénade dansée.
Ladanse péruvienne la plus connue au niveau international est la marinera norteña, qui représente la galanterie d'un homme envers une jeune fille[156]. Il existe des variantes locales de cette danse àLima et dans d'autres régions du pays.
Les fêtes populaires, qui sont le résultat destraditions et deslégendes de chaque village, réunissentmusique,danses, plats et boissons typiques. En plus des festivités religieuses, telles queNoël, leCorpus Christi ou laSemaine Sainte, il en existe d'autres qui expriment lesyncrétisme entre les croyances autochtones et chrétiennes, comme lesfoires desalasitas (un motaymara que certains spécialistes interprètent comme "achète-moi"), qui combinent une foire d'artisanat et de miniatures avec des danses, des plats et unemesse[157]. Une autre festivité importante est le pèlerinage duQ'oyllor-riti (Cuzco), qui intègre l'ancien culte desapus (divinités tutélaires desmontagnes) avec unpèlerinage vers un sanctuaire chrétien, lors d'une marche jusqu'à unsommet enneigé à plus de 5 000 m d'altitude.
Lechupe de camarones, un plat typique d'Arequipa, est une soupe épaisse à base de camarons, de pommes de terre, de maïs et d'une variété de légumes. Sa saveur unique est due à l'ajout de fromage frais et d'herbes aromatiques.
La grande variété d'aliments autochtones, tels que lemaïs, latomate, lapomme de terre, l'uchu ouají, l'oca, l'olluco, l'avocat (palta), et des fruits comme lachérimole, lalúcuma et l'ananas, ainsi que des animaux comme lestarucas (cerfs),lamas etcochons d'Inde, a donné lieu, en se combinant avec les traditions culinaires européennes et mauresques, à l'apparition de nouveaux plats et modes de préparation. Les arrivées successives d'Africains et de Chinois ont également influencé le développement de lacuisine créole, qui est aujourd'hui variée et riche.
L'olluquito con charqui, un plat riche en histoire, est préparé avec des ollucos, un tubercule andin, et du charqui, de la viande séchée. C'est un plat réconfortant et nourrissant.
Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinierGastón Acurio.
La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la nouvelle cuisine andine ouCocina Novoandina(es).
À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des boutiques en ligne très diversifiées (mais dont le cœur d'activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
Dans le pays, la liberté d'expression et la liberté de la presse sont protégés par la Constitution nationale. Selon une étude réalisée en 2022 par l'organisationReporters sans frontières, le Pérou est le huitième pays d'Amérique latine avec la plus grande liberté de presse. Les communications du pays sont réglementées dans le cadre des fonctions du Ministère des transports et des communications. Les médias de masse les plus utilisés sont la presse écrite, la radio et la télévision.
Le premier journal péruvien était la Gaceta de Lima, qui a circulé pour la première fois en 1715. La Gazette officielle El Peruano, fondée le 22 octobre 1825 parSimón Bolívar, estactuellement[C'est-à-dire ?] le journal le plus ancien du pays et d'Amérique. Lima est le siège des principaux et des plus grands journaux à diffusion nationale, parmi lesquels : Diario Correo,El Comercio, El Bocón, Expreso, La Razón,La República, Líbero, Perú 21, Todo Sport et Trome.
La première station de radio du pays s'appelait OAX, elle a été inaugurée le 20 juin 1925 par le président d'alorsAugusto Leguía. Plusieurs stations AM et FM émettent depuis la capitale péruvienne avec une portée locale, nationale et internationale. Selon une enquête réalisée par la Compañía Peruana de Estudios de Mercado y Opinión Pública S.A.C. en 2017, les stations de radio les plus écoutées à l'échelle nationale sont : Radio Programas del Perú, Moda, Karibeña, Ritmo Romántica, La Zona, Onda Cero, Panamericana, Nueva Q, La Kalle et Radio Felicidad.
En 1939, la première émission télévisée expérimentale a été réalisée dans le pays lorsqu'un film et un programme artistique ont été diffusés depuis le Collège national Nuestra Señora de Guadalupe. Puis un autre test a été effectué, cette fois depuis le Gran Hotel Bolívar le 28 mai 1954. Enfin, le 17 janvier 1958, la chaîne d'État commence ses émissions, avec la transmission d'un documentaire. Les chaînes de télévision nationales les plus importantes sont :TV Perú (chaîne de télévision publique),América Televisión,ATV, La Tele,Latina Televisión, Global Televisión,Panamericana Televisión et RBC Televisión.
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↑« Au Pérou, la qualité de l'enseignement supérieur en danger »,Le Monde.fr,(lire en ligne)
↑Acronyme pourProgramme for International Student Assessment en anglais ouProgramme international pour le suivi des acquis des élèves en français ; c'est un ensemble d'études menées par l'OCDE et visant à la mesure des performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres.
↑Page 17 de la publication des résultats de l'évaluation internationale PISA dans une étude de l'UMC et du ministère de l'Éducation du Pérou en 2004 (una aproximacion a la alfabetizacion lectora de los estudiantes peruanos de 15 años).