Lapériode Kofun(古墳時代,Kofun jidai?),ère de Kofun (古墳), ou plus exactementpériode des kofun[1] est une ère de l'histoire du Japon qui va d'environ 250 à. Elle suit lapériode Yayoi et précède lapériode Asuka. Elle se situe à la fin de la Proto-histoire du Japon et relève de l'âge du fer qui commence à la période Yayoi, au Japon. La période Kofun et lapériode Asuka (538 à 710) qui la suit sont parfois désignées collectivement comme lapériode Yamato (250-710).
Ces tertres funéraires ont fait l'objet de recherches archéologiques très poussées. Les sculptures de terre-cuite qui ont été déposées dessus, leshaniwa, sont des objets typiques de cette période et spécifiques à laculture japonaise. Du point de vue social, chacun de ces tertres matérialise le travail des collectivités agricoles pour leur chef et pour le bien être de leur collectivité.
La période Kofun est la plus ancienne époque de l'histoire enregistrée au Japon. Comme les premiers textes qui parlent de cette période lui sont nettement postérieurs, ceux-ci doivent être replacés dans le contexte dans lequel leur contenu a été conçu. Les études actuelles de cette période nécessitent donc une étude critique délibérée des sources et s'appuient surtout sur les ressources de l'archéologie qui a beaucoup progressé au cours des vingt dernières années.
La période Kofun voit la montée en puissance de l'élite de larégion du Kansai auVe siècle (Yamato), elle s'achève avec l'instauration d'un État, avec à sa tête letennō, le souverain. Ainsi un certain nombre de traits qui ont contribué à l'identité du Japon ont-ils leur source sur la période Yayoi-Kofun, comme l'introduction de la culture en rizières inondées à l'époque Yayoi, considérée comme le début de l'Histoire du Japon, tandis que la période Kofun est considérée comme le début de lasouveraineté impériale[2]. D'autre part, la période Kofun est distincte de lapériode Asuka sur le plan culturel. La période Kofun est en effet caractérisée par une culture dushinto ancien, seul, sur l'existence de laquelle on ne dispose guère de preuves archéologiques, avant l'introduction officielle dubouddhisme qui s'est effectuée en 552, au début de la période Asuka.
Entrée dukofun d'Ishibutai, dégagé de son tumulus de terre, élevé sur une plate-forme carrée de 50 m de côté.
LesKofun sont des tertres funéraires, ou tumuli, construits pour la classe dirigeante à partir duIIIe siècle jusqu'auVIIe siècle au Japon[3] et la période Kofun tient son nom de cestumuli de terre qui la distingue des autres périodes. Les tumuli contiennent de grandes chambres funéraires en pierre. Certains sont entourés de fossés.
LesKofun se présentent sous plusieurs formes[4], les ronds et les carrés étant les plus simples. Un style caractéristique est leKofun en forme de trou de serrure dont l'apparition sert de point de départ à la période. Ceux-ci sont composés, en plan, d'un triangle isocèle sécant à un disque placé sur son axe de symétrie. Mais le disque peut aussi être remplacé par une forme carrée[5]. Leur taille varie de quelques mètres, en particulier les tertres ronds autour d'une dizaine de mètres, à plus de 400 m de longueur. Des terres cuites sans glaçure, appeléesHaniwa, dont les plus nombreuses en cylindres, parfois supports de coupes, et tout un autre ensemble à caractère figuratif : maisons, personnages, objets, animaux. Elles sont à demi-enfouies, alignées autour ou disposées sur le tertre.
LeKofun : fonction symbolique du tertre et de son mobilier funéraire
La dernière phase de la période précédente, lapériode Yayoi finale, voit apparaitre des tertres rectangulaires de plus en plus grands et à quatre « pieds »[N 1]. Lastratification sociale s'est intensifiée, semble-t-il en raison de la production agricole croissante et de la circulation de ses produits. Le fer est alors travaillé sous la protection ou le contrôle de l'élite naissante[6]. Placés dans des centres régionaux, comprenant un vaste groupement communautaire local de type tribal, ces tertres rectangulaires recevaient les membres des familles du plus haut rang, issus de lignage ou de clans distincts. Si quelques-uns sont isolés, ils forment en général des petits groupes de tertres souvent petits (20 m sur le grand côté du rectangle central). Les enfants étant traités comme les adultes leur statut était un statut attribué et non un statut acquis avec l'âge.
Les plus anciensKofuns se trouvent simultanément au nord de Kyushu et jusqu'auKínai(畿内?), larégion du Kansai, au sud du bassin duYamato(大和?), et sont datés de la seconde moitié duIIIe siècle.Leur distribution coïncide avec celle des premiers ports de commerce, sous forme de villages de pêcheurs et commerçants, venus de Corée mais aussi du reste de l'archipel. Cette région correspond aux zones côtières de Kyushu et de l'ouest du Japon, plus densément le long du corridor de laMer intérieure de Seto, et surtout le centre de larégion du Kansai. La région de la Mer Intérieure, depuis le Yayoi final jusqu'au Kofun initial, a vu s'opérer la métamorphose de piédestaux de terre cuite enHaniwas[7]. Les piédestaux, très décorés de motifs curvilinéaires incisés et de motifs évidés, supportaient des jarres globulaires qui contenaient probablement du riz. Ce seraient les communautés qui les auraient déposées auprès du défunt en vue de récoltes abondantes. Les premiersHaniwas cylindriques apparaissent par milliers et sont des dépôts de communautés paysannes pour le bien-être commun autour des tombes de leurs chefs.
Bracelets de jaspe (sharinseki) du Shimanoyama-kofun,Kawanishi. Musée duArchaeological Institute of Kashihara,Préfecture de Nara.
Leur apparition vient recouvrir des pratiques funéraires diverses - même si certaines traditions perdurent localement, pendant un certain temps. Koji Mitzoguchi[10] propose de voir dans ces tertres la création de points sur lesquels se focalisent les regards et qui ont une fonction symbolique : ils modifient et assemblent des traditions régionales pour produire un modèle unique (malgré des variations notables) qui crée et reproduit le nouvel ordre du monde. Même le contenu du dépôt funéraire correspond à et éclaire cette fonction symbolique : les bracelets de coquillage qui étaient, à l'époque Yayoi, échangés avec les peuples lointains des îles de la région d'Okinawa, sont maintenant reproduits, dans unepierre fine, aux marges de la région où sont créés lesKofuns. Ils représentent maintenant le contrôle du défunt par ses contacts avec lesbords du monde, à l'intérieur duquel les communautés (et leur élite) peuvent communiquer entre eux et avec l'extérieur. Les armes, les outils de travail du bois, ceux pour le travail de la terre, les accessoires de pêche signifient les divers domaines du travail ; les trois derniers, signifiant le monde : montagnes, plaines et mers. Les objets en fer incarnent, par ailleurs, l'interface entre différents univers de complexités générées par la nature, l'environnement culturel et les populations. La fonction des miroirs de conception chinoise, mais produits pour l'exportation vers l'archipel et peut-être réalisés sur place, pourrait être très similaire à ces bracelets comme fonction symbolique signifiant la communication interne et avec l'extérieur.
En résumé, de nombreux attributs des premiers tumuli représenteraientle monde, tout en signifiant le commencement d'une nouvelle époque : l'histoire de l'intégration des populations et le travail qu'elles avaient réalisé sur le monde, incarnés par le tumulus et le rituel funèbre[11].
Au sein dumobilier funéraire on rencontre enfin un autre type d'objet, lemagatama(勾玉?,« bijou courbe »), qui deviendra l'un des symboles de la puissance de la maison impériale.
La pratique desKofun en trou de serrure s'étend, auVe siècle, de laprovince de Yamato à laprovince de Kawachi (où existent d'énormesKofuns comme leKofun Daisenryō), puis dans tout le pays (à l'exception de larégion de Tōhoku). Tout au long de la période les plus grands tumuli en trou de serrure se trouvent dans la région du Kansai (préfectures de Nara et d'Osaka).
On peut distinguer quatre moments, en ce qui concerne lesKofun[13] :
Période postérieure, v. 500-550 - Kofun final - au nord de Kyushu apparaissent des tombes à fresques. Les statues de pierre disparaissent. Les chambres funéraires à entrée sur le côté se répandent jusqu'à l'Est. Parmi les derniers grandsKofuns : lekofun d'Imashirozuka (long de 190 m) d'Osaka, considéré par les spécialistes actuels comme étant la tombe de l'empereurKeitai, et leKofun Iwatoyama , (long de 135 m) àYame,préfecture de Fukuoka (nord de Kyūshū), mentionné dans leFudoki de Chikugo comme le tombeau d'Iwai, le rival politique de l'empereur Keitai.
Des multitudes de tout petits tertres ronds apparaissent, groupés[15], depuis Kyushu jusqu'au sud deTohoku. Ils manifestent une société inégalitaire : des individus accompagnés ou non de dépôts funéraires individualisés. Certains avec une chambre funéraire de type galerie, bâtie en pierre. Le groupe à l'échelle de la famille étendue devient alors assez puissant pour prendre à son compte la tradition des tertres anciennement réservés aux chefs.
Période finale desKofun. La fin duVIe siècle -période Asuka - voit disparaître lesHaniwa dans le Kansai (ils perdurent à l'Est) et, quasi simultanément, les tombes en trou de serrure dans tout l'archipel[16], ainsi que les tout petits tertres. Le Mise-Maruyama, le dernier des tertres géants avec ses 318m. de long et peut-être la tombe de l'empereurKinmei (509-571) surclasse alors son « rival » qui n'a plus que 100 m. Il ne porte niHaniwa ni couverture de pierres. La chambre funéraire, bâtie de grandes dalles rectangulaires, est la plus grande réalisée dans les tumuli japonais. LesKofuns en trou de serrure disparaissent peut-être à cause de la réforme radicale qui a lieu à lacour de Yamato. LeNihon shoki enregistre en effet l'introduction du bouddhisme à ce moment. Peut-être aussi parce que leur fonction initiale, qui était de matérialiser le travail des communautés pour leurs chefs et pour le bien-être commun a été remplacé par l'affirmation du pouvoir d'un souverain sur des individus, ses sujets[17]. Le tumulus, même le plus petit en marge des villages, qui était réalisé auparavant par une communauté, ne pouvait être réalisé par des individus isolés. Il devait disparaitre. Dans le même temps le lieu de résidence du souverain, chef suprême, prenait peu à peu la forme du palais.
LesHaniwa(埴輪?,« cylindres de terre cuite »), sont des objets de terre cuite, le plus souvent de simples cylindres et, pour certains, figuratifs. Ils sont placés autour des tertres funéraires de l'élite dirigeante, lesHaniwa figuratifs se trouvant sur le tertre. CesHaniwa ont donc été trouvés dans le sud deHonshū — en particulier larégion de Kinai autour de lapréfecture de Nara — et au nord deKyūshū, là où se trouvent lesKofun. LesHaniwa figuratifs présentent des formes variées, chevaux, oiseaux, éventails, poissons, maisons, armes, boucliers, parasols, oreillers et des êtres humains, hommes et femmes, mais n'importe lesquels, comme on verra plus bas. Sur certainsHaniwa, la cavalerie porte une armure, des épées et aussi d'autres armes et ornements.
Leur origine dérive des piédestaux supports dejarres globulaires déposées auprès des tombes de chefs du Yayoi final. Ces piédestaux, très décorés de motifs curvilinéaires incisés et de motifs évidés, supportaient ces jarres globulaires qui contenaient probablement du riz. Les communautés paysannes les auraient déposées auprès du défunt en vue de récoltes abondantes. Les premiersHaniwas cylindriques apparaissent par milliers et sont déposés autour du tertre par les communautés paysannes pour le bien-être commun. Disposés en rang serré, ils constituent comme une enceinte censée retenir l'esprit du chef défunt et ainsi préserver la communauté[18]. Quelques décors peints ont survécu, ils reprennent des motifs que l'on trouve sur les clochesDotaku et sur les piédestaux du Yayoi final, en relation avec les rituels des communautés paysannes. LesHaniwa cylindriques symbolisent des offrandes de nourriture[N 2] faites par les gens du commun au chef décédé[17]. CesHaniwa cylindriques sont déposés, au Kofun initial, autour du tertre funéraire, alors que les traces des fêtes populaires précédentes disparaissent tout alentour. Les rituel devenant de plus en plus ésotérique[19].
LesHaniwa figuratifs (maisons aux fenêtres ouvertes et silos de l'élite, soldats en armes, cavaliers, serviteurs ...) sont des marqueurs du statut du défunt déposés par les autres représentants de l'élite, cette fois-ci dispersés sur le dessus du tertre et non sur le pourtour. Le chef n'est alors plus perçu comme celui qui conduit un rituel pour le bien commun, mais celui qui dirige, qui commande et qui se fait servir.
Avec le dernier grand Kofun (Mise Maruyama[20], L. 318 m.,Kashihara,Préfecture de Nara) lesHaniwa, qui servaient d'offrande de la communauté et de protection pour elle, disparaissent, et avec eux ce qui faisait du tertre en trou de serrure un lieu pour accueillir les vœux pour le bien être de la communauté. Cette disparition implique la suprématie indiscutable du chef suprême. Le tertre le plus grand, après celui-ci, ne mesure plus que 100 m. de long. Plus aucun Kofun n'est construit ensuite, sauf dans l'est de l'archipel.
Kofun initial (275-400) : hiérarchisation accrue de la société
Le nomtoraijin désigne les personnes venues au Japon à partir de l'étranger au sens large, mais également, dans un sens limité, les personnes devenues des citoyens naturalisés duJapon ancien, venus de la Chine continentale via lesîles Nansei et les Coréens venus de lapéninsule dans les temps anciens. Ils introduisent de nombreux aspects de la culture coréenne et de laculture chinoise au Japon. Conscient de la valeur de leurs connaissances et de leur culture, le gouvernement Yamato accorde un traitement préférentiel auxtoraijin. Les éléments de la culture chinoise introduits à la cour impériale Yamato sont très importants[21]. Selon le livreShinsen Shōjiroku[22], compilé en 815, un total de 154 clans sur 1 182 dans larégion du Kansai duHonshū sont considérés comme des personnes ayant une généalogie étrangère. La cour impériale de Yamato édite officiellement le répertoire en 815 et 163 clans chinois y sont enregistrés, ainsi que 104 familles deBaekje (« Paekche » selon l'ancienne romanisation), 41 deKoguryo, 6 deSilla et 3 deGaya[22]. Ce peut être des familles arrivées au Japon entre les années 356 et 645.
La première migration coréenne attestée est ancienne, depuis la période Yayoi initial (900 ou 500 - 400/) au nord de Honshu. Ils sont à l'origine de l'introduction de la culture du riz en rizières inondées, qui signe le commencement de lapériode Yayoi et plusieurs siècles avant l'importation des premiers bronzes chinois. Mais à la fin de Yayoi V final (v. 1/ -, à époque des premiersKofun en trou de serrure)[23], on assiste d'abord à l'apparition de nouveaux villages, dans la région de Fukuoka, puis plus largement dans tout l'Ouest et jusqu'aux marges de l'Est japonais. Ces nouveaux villages sont d'un type de « ports de commerce », auparavant inexistant. En effet, on y[24] décèle une forme de culture mixte où se côtoient en termes de matériel archéologique, le four familial coréen typique (dès la phase Furu, la première phase de la période Kofun), des poteries produites localement et d'autres venant d'autres régions, enfin des poteries qui empruntent des caractères à différentes régions de l'archipel japonais. Les jarres réservées à la cuisson des aliments sont souvent de provenance lointaine, ce qui suppose que les commerçants se déplaçaient avec leur matériel culinaire et leurs pratiques culinaires aussi. Les pratiques s'hybrident, ainsi dans les maisons équipées de fours venus de la péninsule trouve-t-on des poteries venues de l'archipel. Les fours coréens indiquent la présence de coréens des régions côtières du Sud, qui ne font pas qu'apporter des biens mais qui vivent là, à demeure. On ne distingue pas de quartier réservé aux uns ou aux autres, et aucune trace de hiérarchie sociale ou communautaire. De nombreux objets liés à la pêche en haute mer permettent de penser que ces marins pêcheurs avaient tout à fait l'habitude de franchir le détroit de Tsushima. Ces villages ont donc une fonction clé dans le commerce maritime.
La paléogénétique montre que les anciens individus de la période Kofun sont distincts génétiquement des individus de la culture Yayoi. Les résultats suggèrent que lesHans d'Asie de l'est sont la population la plus proche de cette source continentale. Ils confirment également l'hypothèse que le début de la période Kofun s'est accompagné d'une forte migration en provenance du continent asiatique dans l'archipel du Japon[25].
Les produits d'importation du sud de la péninsule coréenne, comme les lingots de fer[26], atteignent ainsi l'est de l'archipel jusqu'auKanto dès la période du Kofun initial[27]. On suppose aussi que la région du Kansai, leYamato autour deNara, avait établi des relations avec la côte nord de lamer Jaune, où ladynastie chinoise des Wei du Nord allait restaurer lacommanderie de Daifang et que cela plaçait aussi les dirigeants de la région du Kansai dans une position supérieure par rapport aux autres aux yeux de l'empereur Wei. Avec de tels appuis ils étaient en possession de cette forme de pouvoir qui rend capable de réaliser « ce qui est improbable » (devenir les médiateurs essentiels, et les premiers - primordiaux), et même de faire passer leur pouvoir comme « nécessaire », tout particulièrement dans les négociations commerciales, dans les ports, avec les étrangers.
Leur apparition s'effectue dans les zones côtières de Kyushu et de l'ouest du Japon, plus densément le long du corridor de laMer intérieure de Seto, et surtout au centre de larégion du Kansai. Toute cette région, du Nord Kyushu au centre du Kansai, est celle des premiers tumuli en trou de serrure[28]. Les communautés qui habitent ces ports et les élites locales doivent gérer l'arrivée d'un flot de gens, de biens et d'informations, de technologies en provenance de la péninsule et nécessitant des négociations entre parties. Il apparait donc que les élites du centre du Kansai qui ont pu contrôler ce commerce ont acquis peu à peu la position d'intermédiaires essentiels entre ce flot de gens, biens et informations pour toute cette partie de l'archipel qui évoluait rapidement.
Le nord de Kyushu était la région la mieux placée pour faire transiter les objets à fonction symbolique, de prestige comme les miroirs, importés de Corée ou de Chine, ou les matières premières comme les lingots nécessaires pour produire des objets de fer, importées de Corée du Sud[5], tout au long de la période Yayoi. Avec le développement des rizières inondables, la région du Kansai offrait plus de possibilités que les petites plaines de l'Ouest. Et le bassin de Nara occupait une position centrale, entre l'Est et l'Ouest pour de futures alliances hiérarchisées.
Migrants, communautés et la consolidation des élites
Au cours de la période 340-400 de grandes quantités de migrants se retrouvent dans certaines communautés[29]. Ils travaillent le fer, élèvent des chevaux, se chargent de la production du sel, etc. Dans les régions de Kibi et Tsukushi et au centre du Kansai ces communautés sont installées pour être sous le contrôle de plus en plus étroit des élites locales. On assisterait ainsi à des « États » sous une forme primitive. Ces nouveaux produits créent en effet de nouveaux désirs et des compétitions entre « identités » distinctes. Chaque communauté compose alors pour ses chefs un enterrement hautement formalisé dont la réussite est censée apporter le bien-être collectif, tout en laissant cette trace monumentale du savoir faire de la communauté et de ses croyances. Ces tumuli sont aussi l'occasion de maintenir des relations entre communautés voisines, toutes en compétition, afin de savoir qui dominerait l'autre.
Ce sont des immigrés coréens qui servent de secrétaires aux élites japonaises et ce sont eux qui introduisent l'écriture chinoise au Japon, auVe siècle[30].
LeLivre des Song a enregistré que cinq chefs suprêmes successifs du centre de la région du Kansai ont envoyé des émissaires auprès de ladynastie Jin (265-420) et de ladynastie Song du Sud (420-479) (ou Liu Song). Dans le même temps des communautés locales ont établi et maintenu des liens avec des communautés de la péninsule. Un changement signifacatif intervient au cours de cette période lorsque les casques et les armures d'origine chinoise sont remplacés par du matériel d'origine coréenne. Les immigrants coréens ayant aussi amené leurs technologies avec eux[31].
Une étude fine des échanges entre les centres régionaux[32] témoigne de la centralité de larégion du Kansai et du grand nombre des pôles avec lesquels elle avait des relations. Par exemple, leLivre des Song enregistre que 5 chefs suprêmes successifs de cette région ont envoyé des émissaires auprès desdynasties chinoises des Jin (265-420) et desSong du Sud (420-479)[33]. L'extension du pouvoir de cette région coïncide avec les tumuli les plus grands dans l'ère d'influence du Kansai.
Cette région est aussi émettrice d'un « bagage commun » dès le Kofun initial, éléments qui sont assemblés dans cette région : une gamme d'éléments matériels, portables et monumentaux, ainsi que les technologies en lien, apparus à la période Yayoi. Ce bagage commun au Kofun initial comprend le tertre en trou de serrure, le type d'inhumation et le dépôt funéraire propres à cette période. Les caractères qui définissent ce bagage commun sont transmis aux autres régions au cours du Kofun initial. Mais l'étude relève l'importance grandissante d'Izumo, d'Owari et deKoshi. Izumo a conservé ses pratiques funéraires et son influence se manifeste par l'étendue croissante de son style de céramique. Owari devient le centre d'un autre type de tumulus, rectangle. Koshi produisait les bracelets caractéristiques enjaspe /tuf vert[34] qui sont un élément essentiel du dépôt funéraire de la période initiale.
La transmission de l'ensemble de ce bagage commun semble n'avoir pas étéimposé, maisadopté etpartagé[35]. Il semble que l'initiative, dans la région du Kansai, de l'introduction de certaines nouveautés dans le dispositif funéraire ait entrainé un phénomène d'émulation et de compétition avec les régions voisines, lesquelles pouvaient introduire localement des innovations, elles aussi. Globalement les relations entre régions n'étaient pas rigides et hiérarchisées mais plutôt une forme d'interdépendance, à ce stade.
Dans le même temps certaines communautés ont établi et entretenu des relations avec d'autres communautés de la péninsule coréenne.
L'essentiel de laculture matérielle de la période Kofun montre que le Japon à cette époque est en contact politique et économique étroit avec l'Asie continentale, en particulier avec les pays de lapéninsule Coréenne et les dynasties du sud de la Chine. En effet, desmiroirs de bronze coulés dans le même moule ont été trouvés sur les deux côtés dudétroit de Tsushima. L'irrigation, lasériciculture et letissage sont également apportés au Japon par des immigrants chinois mentionnés dans les anciennes chroniques du Japon. Par exemple, leclan Hata d'origine chinoise (秦?,lireQín en chinois) introduit la sériciculture et certains types de tissage[36].
Reconstitution d'un grenier de l'époque Kofun. Osaka.
Les fossés inondés qui entourent les grands tertres funéraires et qui ont nécessité de grands travaux par une main d'œuvre nombreuse, servent aussi de réservoirs pour les rizières attenantes[37]. D'autres grands travaux permettent l'assèchement de marécages et leur mise en exploitation. Enfin l'élevage qui était inexistant auparavant est clairement attesté à cette époque. L'usage de la faucille de fer signifie l'amélioration et l'homogénéisation des semences.
Les céramiques rouges,hajiki , cuites à faibles températures (450 - 750 °C) suivaient la tradition de l'époque Yayoi et restaient poreuses. LesHaniwas sont réalisés dans cette matière, comme les jarres destinées à contenir des grains. Mais on voit apparaître des types de poteries coréennes, par leurs formes associées à des fonctions précises sur la péninsule et que l'on retrouve ici, avec la même matière, le grès gris ou gris bleu, en général mat, sans glaçure mais qui peut recevoir par projection involontaire de cendre au cours de la cuisson, une glaçure à la cendre de bois. Cette cuisson atteint des températures élevées, qui étaient ignorées auparavant, entre1 000 et1 300°C. Ces grès à l'aspect gris, lesSue-ki (céramiquesSue) peuvent contenir des liquides, des boissons.
Sharinseki, bracelet en forme de coquillage. Région du Kansai. Période Kofun. Stéatite. Musée Guimet.
Grande jarre de typehaji (terre cuite). Hyogo Prefectural Museum of Archaeology.
Au Kofun initial et au cours de la première moitié du Kofun moyen lesHaniwa cylindriques se trouvent sur les côtés, entourés par un fossé. On en trouve aussi sur les 4 côtés d'une plateforme carrée, sur le tertre. Ils prennent alors la forme d'un vase. À l'intérieur de cette plateforme, desHaniwa des maisons de l'élite et de greniers : « le domaine de l'élite ». DesHaniwa d'armures, sont comme des soldats tout autour de cet espace.
Une plateforme est alors couramment placée devant le tertre, mais tous deux restant séparés par un caniveau et reliés par un pont ; la plateforme figurant comme une « île ». DesHaniwa d'oiseau d'eau, relevant de rituels dédiés à l'eau (comme ceux représentés sur lesDotaku de l'époque Yayoi), se trouvent sur cette « île », avec des élémentsHaniwa du « domaine de l'élite ». Le « discours » desHaniwa du tertre porte sur le rôle de l'élite en tant que représentant des intérêts de la communauté et en tant que médiateur principal avec le domaine du transcendant. LesHaniwa de la plateforme rendent visible les prières faites au cours des rituels, comme ceux desDotaku, des prières d'agriculteurs, inquiets pour leurs récoltes[38].
On voit apparaître les premiersHaniwa à figure humaine[39] au cours de la première moitié du Kofun moyen, mais ils restent discrets. Et, au début, ils ne sont ni placés au sommet, ni sur la plateforme mais sur le bord du tertre. Ils semblent représenter, dans leur relation aux autresHaniwa, le personnel au service du défunt. Ce dernier n'étant jamais figuré sous la forme d'unHaniwa. Leur présence vient marquer , alors, la différence de statut entre celui qui sert et celui qui est servi.
Les dépôts funéraires suivent ces trois étapes. D'abord on y trouve des traces de rituels : miroirs, tiges-sceptres et ornements de jaspe. À l'étape 2 on rencontre de nombreuses statuettes miniatures entalc reproduisant des objets rituels : miroirs, armes, objets fabriqués (des « cadeaux » pour assurer des alliances[40]). Tandis qu'à l'étape 3 s'instaure la pratique d'inhumer de grandes quantités d'armures et d'armes. Certains en déduisent que l'image du chef est ainsi passée du roi-prêtre de typechaman au chef de guerre / souverain. La phase suivante, au Kofun final, voit apparaitre de nouveauxHaniwa, à figure humaine, cette fois-ci des chefs, essentiellement dans leKanto.
C'est la période des grandsKofun, parmi les plus grandes tombes individuelles du monde, comparables aux pyramides d'Égypte[41]. Mais les tumuli les plus grands ont des dimensions fluctuantes et ne cessent de se déplacer alors que l'on pourrait penser que leur taille ne cesserait de s'accroître et correspondre à la localisation du pouvoir[42]. Dans une surenchère soumise à divers facteurs, le Daizen a été le plus grand avec ses 480 m. de long, les plus grands qui l'ont suivi mesuraient 288 m. puis 242 m. et globalement leur taille n'a cessé de décroître ensuite. Mais dans les derniers temps du Kofun final, deux tombes font exception par leur gigantisme : Kawachi-Otsukayama (335 m.) et Mise-Maruyama (310 m.). Au Kofun moyen, la taille du plus grand augmente lorsque, pour ceux qui l'ont précédé l'écart entre les plus grands était faible ; la compétition aura donc joué indéniablement un certain rôle. Compétition entre ceux qui pratiquent les funérailles, groupes ou individus qui commandent aux groupes et mobilisent des forces pour ces travaux gigantesques, éventuellement celui qui envisage de se faire enterrer, lui-même. Des études fouillées permettent d'ouvrir, ainsi, de nombreuses pistes d'interprétation sur les histoires de ces élites et comment s'effectuait leur succession - leur type defiliation : bilinéaire duIIIe au Ve siècle, avec de grands risques de conflits / tumuli géants, puis unilinéaire, avec un moins grand risque de conflit pour la succession[43].
Selon la légende transmise par leKojiki (chronique offerte à l'impératriceGenmei en 712), l'empereur Jinmu, descendant de la déesseAmaterasu, aurait fondé ladynastie japonaise en une date hypothétique qui se situerait en.L'apparition d'une dynastie encore non identifiée serait attestée par l'archéologie et l'étude comparée des sources chinoises et japonaises. Cela se passerait au cours de la période Kofun, auVe siècle.[réf. souhaitée]
Selon leNihon Shoki, leclan Hata, composé de descendants deQin Shi Huang[44] arrive à Yamato en 403 (quatorzième année du règne de l'empereurŌjin) à la tête de gens provenant de 120 provinces différentes. Selon leShinsen Shōjiroku, le clan Hata est dispersé dans diverses provinces au cours du règne de l'empereurNintoku et poussé à entreprendre la sériciculture et la production de soie pour la cour. Lorsque le ministère des Finances est mis en place à la cour de Yamato, Hata no Otsuchichi (秦大津父) devenutomo no miyatsuko (chef de différents services de la cour Yamato) est nomméōkura-shō (ministre du Trésor(en)), et les chefs de famille semblent servir de responsables financiers de la cour Yamato.
En 409 (vingtième année d'Ōjin), Achi-no-Omi, ancêtre duclan Yamato-Aya, également composé d'immigrants chinois, arrive avec des personnes originaires de 17 districts. Selon leShinsen Shōjiroku, Achi obtient la permission de créer la province d'Imaki. Le clan Kawachi-no-Fumi, descendants deHan Gaozu, introduit des éléments de l'écriture chinoise à la cour de Yamato.
On assiste au déclin de l'usage desHaniwa cylindriques[46]. Ceux à figure humaine deviennent majoritaires, avec la figure du chef et de ceux qui le servent. Quant au tertre, auparavant celui-ci était creusé et des cérémonies accompagnaient toutes les étapes de la construction de latombe à ciste jusqu'à la terrasse sur laquelle on déposait lesHaniwa : l'ensemble fonctionnant comme la représentation miniature du monde ; tout ceci a été éliminé progressivement. Lors de la période finale la chambre est élevée avec le tertre ; sa fonction symbolique en fait l'indicateur monumental du statut du défunt. Dans la majorité, les grands tertres en trou de serrure se font nettement plus petits. Des tertres géants de la région du Kansai se distinguent ainsi par leur taille, qui crée la rupture au sein de l'élite. Le dépôt funéraire accumule les objets magnifiques, spectaculaires, souvent importés de la péninsule ou leurs imitations, comme les couronnes d'or ou dorées. Dans les régions voisines du Kansai de nouveaux groupes de tertres en trou de serrure présentent des indices de contacts direct avec le Kansai :Haniwa similaires etépée d'Inariyama[47].
Les villages s'égrènent en petits groupes d'habitations, par exemple, le long d'une rivière, (certaines sont bien plus grandes que les autres, possèdent plusieurs greniers-silos) ; il pourrait s'agir d'un lignage par village. Plusieurs villages étant alors liés en tant que clan[48]. Les anciens cimetières qui prolongeaient la tradition de l'époque Yayoi, avec de tout petits tertres un peu chaotiques et très rapprochés sans jamais former de petits groupes, disparaissent. Des tertres plus grands se rencontrent alors par centaines, parfois par milliers (Hiraoyama-senzuka : 2000 sépultures,Kashiwara,Préfecture d'Osaka). Ils sont en groupes et de taille variable, autour de 10 m, et manifestent une société inégalitaire et différenciée : les dépôts funéraires peuvent comporter des objets de prestige (épées à pommeau doré), cadeaux de l'élite pour service rendu : il s'agirait des tombes des premiers représentants d'une bureaucratie naissante[49]. La plupart de ces dépôts correspondent à l'activité principale du défunt : travaux agricoles, exploitation du sel, etc. L'individu est ainsi distingué par sa biographie. Mais chaque tumulus reçoit souvent plusieurs corps et leur mobilier funéraire, ce qui entraine des déplacements. Ces grosses structures sont probablement réalisées par le clan[50].
À l'époque du Kofun initial, les premierskofuns apparaissent dans la même région que celle qui voit les premiers ports de commerce, évoqués à propos de l'immigration coréenne.À la fin de cette période, sur le plan politique, si l'on en croit les sources japonaises et chinoises, au début duVe siècle[16] le chef d'un puissant clan a pris le contrôle d'une grande partie de l'ouest deHonshū et de la moitié nord deKyūshū. Il a finalement fondé un royaume dans la région du Yamato, l'État Nihon et lui-même en est letennō (le souverain[N 4]).
Alors que le début effectif de lapériode Yamato est traditionnellement attribué à la période qui suit, cette datation est contestée. Les premiers temps de la culture palatiale sont également liés aux controverses à propos du pays duYamatai (Yamatai koku) et de sa reine-prêtresse,Himiko, uniquement documentés par certaines chroniques chinoises, lesChroniques des Trois Royaumes qui se rapportent à la période duYayoi final.
Si l'on en croit les sources japonaises, le régime politique Yamato, qui apparaît à la fin duVe siècle, se distingue du précédent par l'existence de puissantsclans (豪族,gōzoku). Chaque clan est dirigé par un patriarche (氏上,uji-no-kami), qui effectue les rites sacrés en honneur deskami (divinités du shintô[55]) du clan pour assurer son bien-être à long terme. Les membres du clan sont l'aristocratie et la lignée royale contrôlant la cour de Yamato qui est à son apogée. À la tête des provinces (kuni), petites et grandes, se voient nommés des gouverneurs (kuni no miyatsuko) considérés comme « serviteurs de la cour » et portant le titre dekabane[56], titre qui désigne un rang politique. Ce titre est hérité et utilisé à la place du nom de famille.
La période Kofun est aussi parfois appelée lapériode Yamato par certains chercheurs occidentaux, puisque le pouvoir de ces chefs locaux se développe au point d'en faire la dynastie impériale à la fin de la période Kofun. Yamato et sa dynastie n'ont cependant jamais été qu'un régime politique rival parmi d'autres tout au long de la période Kofun. Les archéologues japonais soulignent le fait que, dans la première moitié de la période, d'autres chefferies régionales, telle que le « royaume de Kibi » , étaient en compétition pour la domination de la région ou l'affirmation de leur importance. D'ailleurs leKofun Tsukuriyama de Kibi est le quatrième plus grandKofun au Japon. LeNihon shoki fait aussi allusion à la répression de la révolte d'Iwaï qui tenait laprovince de Tsukushi à Kyushu. Il faudrait y voir[57] la réduction d'une puissance régionale, dont les liens avec le pouvoir central étaient encore lâches.
Lacour de Yamato exerce finalement son pouvoir sur les clans deKyūshū etHonshū, confère les titres, certains héréditaires, aux chefs de clans. Le nom « Yamato » devient synonyme de tout le Japon tandis que les dirigeants Yamato suppriment les clans et acquièrent des terres agricoles. En se basant sur les modèles chinois (y compris l'adoption de l'écriture chinoise), ils commencent à développer une administration centrale et une cour impériale en présence de chefs de clans subordonnés mais sans capitale permanente. Les armes à pommeaux dorés retrouvées dans certaines tombes semblent des cadeaux à cette administration naissante.
LesKofuns àTanegashima et deux très vieux sanctuaires shintoïstes àYakushima suggèrent que ces îles étaient les limites sud du royaume de Yamato[58], tandis que son territoire vers le nord s'étendait aussi haut que la ville deTainai (préfecture de Niigata), où des monticules associés à une personne ayant des liens étroits avec le royaume Yamato ont été fouillés[59].
En plus des découvertes archéologiques qui indiquent l'existence d'une monarchie locale dans laprovince de Kibi, la légende du princeYamato Takeru auIVe siècle fait allusion aux frontières deYamato et aux champs de bataille de la région. Si l'on en croit cette légende une frontière existerait quelque part près de la futureprovince d'Izumo (aujourd'hui la partie orientale de lapréfecture de Shimane). Une autre frontière, dansKyūshū, se trouverait apparemment quelque part au nord de l'actuellepréfecture de Kumamoto. La légende précise qu'il y a une terre orientale dans le Honshū « dont les habitants désobéissent à la cour impériale », et contre lesquelsYamato Takeru est envoyé combattre. Ce pays rival peut avoir été situé assez proche de la zone centrale de Yamato lui-même, ou relativement loin. La zone qui correspond à laprovince de Kai d'aujourd'hui est mentionnée comme l'un des endroits où le prince Yamato Takeru séjourne lors de l'expédition militaire mentionnée plus haut.[réf. souhaitée]
La frontière nord de cette époque est également présentée dans leKojiki comme la légende de l'expédition dushogun shido (四道将军, « shoguns à quatre voies »). Sur quatre shoguns, Ōbiko se dirige vers le nord de Koshi et son fils Take Nunakawawake vers l'ensemble des États de l'est. Le père se déplace vers l'Est en provenance du nord de Koshi tandis que le fils se déplace au Nord, et tous deux se rencontrent finalement àAizu (actuelle partie occidental de lapréfecture de Fukushima). Bien qu'il s'agisse d'une légende et non de l'énoncé de faits historiques, Aizu est assez proche du sud deTōhoku, où se trouve l'extrémité nord de la culture desKofuns en trou de serrure à la fin duIVe siècle.[réf. souhaitée]
Au cours de la période Kofun, se développe une société très aristocratique avec des dirigeantsmilitaristes. Cette période constitue une étape critique dans l'évolution du Japon vers un État plus cohérent et reconnu. Cette société est la plus développée dans larégion de Kinai et la partie orientale de lamer intérieure de Seto. Les dirigeants du Japon de l'époque saisissent même la justice chinoise pour obtenir confirmation de leurs titres royaux.
Alors que le titre des dirigeants est diplomatiquement « seigneur », ils s'intitulent localementōkimi (grand seigneur[60]) au cours de cette période. Des inscriptions sur deux épées, l'épée d'Inariyama et l'épée d'Eta Funayama mentionnent en communamenoshita shiroshimesu (治 天下, « Gouvernement du Ciel et de la Terre ») etōkimi (大王), souverain auquel les porteurs de ces épées sont soumis. Il apparaît que les dirigeants de cet âge saisissent également les autorités religieuses pour justifier leurs trônes par leur dignités célestes. Le titreamenoshita shiroshimesu ōkimi est utilisé jusqu'auVIIe siècle avant d'être remplacé par celui detennō.
Beaucoup des clans et des chefs locaux qui composent le système politique Yamato prétendent descendre de la famille impériale ou autresdieux tribaux. La preuve archéologique de ces clans se trouve sur l'épée d'Inariyama, sur laquelle le porteur a indiqué les noms de ses ancêtres pour faire valoir son origine à Ōbiko (大彦), mentionné dans leNihon Shoki comme un fils de l'empereurKōgen. D'autre part, un certain nombre de clans prétendent aussi faire remonter leurs origines en Chine ou dans lapéninsule coréenne.
Les Chinois, les Coréens et les Japonais écrivent des comptes-rendus de l'histoire, la plupart du temps encaractères chinois, ce qui rend la prononciation d'origine difficile à retracer.
Alors que l'écriture, largement inconnue des Japonais indigènes de cette période, les compétences littéraires des étrangers semblent être de plus en plus appréciées par l'élite japonaise dans de nombreuses régions. L'épée d'Inariyama, provisoirement datée de 471 ou 531, contient des inscriptions en caractères chinois dans les styles utilisés en Chine à cette époque[62].
LaChronique des Wo [jap: Wa] rend compte du regard des chinois sur les habitants de l'archipel dans leLivre des Wei (compilé entre 551 et 554, mais se référant à des sources et des évènements entre 386 et 550 (dynastiesWei du Nord etWei de l'Est). Une étude critique du texte[63] en montre les faiblesses mais aussi des renseignements précis. Cette chronique insiste, sur le plan politique sur les troubles qui suivirent la mort de lareine Himiko, au tout début de la période Kofun. Ces textes font allusion aux « grandes guerres entre Wa ». À cette époque dite desTrois Royaumes de Corée, le royaume deBaekje (Paekce) envoie une ambassade en 366 àSilla et une autre, en 367, chez les Wa. Le chef du Kinki est alors désigné dans les chroniques chinoises et coréennes sous le titre de « roi des Wa »[64], équivalent du japonaisdaiō.
La période Kofun fait place à lapériode Asuka au milieu duVIe siècle avec l'introduction dubouddhisme. La religion est officiellement présentée en 538 et cette année est traditionnellement considérée comme le début de la nouvelle période. La période Asuka coïncide également avec la réunification de la Chine sous ladynastie Sui, plus tard au cours de ce même siècle. Le Japon est alors profondément influencé par la culture chinoise.
Relations entre la cour de Yamato et les royaumes de Corée
Selon leLivre des Sui,Silla etBaekje apprécient particulièrement leurs relations avec leWa de la période Kofun, et les royaumes coréens font des efforts diplomatiques pour maintenir leur bonne réputation auprès des Japonais[65].
Selon leLivre des Song, en 451 un empereur chinois nomme lesCinq rois de Wa superviseurs de toutes les affaires militaires des six pays deWa,Silla,Imna,Gara,Jinhan et Mahan[66]. Mais comme Mahan et Jinhan sont alors des termes depuis longtemps anachroniques, le texte est peu fiable.
Selon lastèle de Kwanggaet'o (datée 414),Silla etBaekje sont des États clients du Japon. Cependant, les Coréens avancent que cette partie de la stèle peut être traduite de 4 manières différentes selon la façon dont sont remplis les caractères manquants et où est ponctuée la phrase[67]. L'Académie chinoise des sciences sociales a étudié cette épitaphe et indiqué qu'il y est écrit que « Silla etBaekje sont des États clients du Japon[68] ».
Selon leSamguk Sagi , « Chronique des Trois Royaumes » (rédigée durant la périodeGoryeo, en 1145, donc très éloignée des faits dont il est question)
Baekje et Silla envoient leurs princes otages à la cour de Yamato en échange d'un soutien militaire pour continuer leurs campagnes militaires déjà commencées. Le roiAsin envoie son filsJeonji en 397[69] et le roiSilseong de Silla envoie son fils Misaheun en 402.
Selon leNihon Shoki (achevé en 720),Silla est conquis par l'impératrice consort japonaiseJingū auIIIe siècle[71]. Selon leNihon Shoki, le prince de Silla arrive au Japon pour servir l'empereur du Japon[72] et vit dans laprovince de Tajima. Il est appelé Amenohiboko. Son descendant est Tajima Mori[73]. Selon leKojiki[74] et leNihon Shoki[75] durant le règne de l'empereurŌjin,Geunchogo de Baekje offre des étalons et des poulinières avec des entraîneurs de chevaux à l'empereur[76].
Après avoir mené des recherches pendant trois ans depuis 2002, les chercheurs des deux pays ont annoncé, en 2005, que leur premier rapport porterait sur trois domaines, les temps anciens, médiévaux et modernes. À cette époque, Séoul a demandé que les conclusions de cet institut de recherche soient prises en compte dans les manuels scolaires des deux nations, mais le Japon a rejeté cette demande[78].
Les points de vue actuels ci-dessous n'ont pas été mis à jour avec cette recherche sur l'histoire commune Corée-Japon et doivent donc être lus avec prudence :
Les documents archéologiques et les sources chinoises anciennes indiquent que les différentes tribus et chefferies du Japon n'ont pas commencé à se regrouper sous forme d'États avant 300 , lorsque de grandes tombes ont commencé à apparaître. Certains décrivent ce « siècle mystérieux » comme un temps de guerre intestines alors que diverses chefferies étaient en compétition pour l'hégémonie surKyūshū etHonshū[79]. Encore plus compliqué, leNihon shoki fait référence à un roi japonais lequel est aussi un souverain en Corée[80],[81],[82]. En raison de cette information conflictuelle, on ne peut tirer aucune conclusion du Livre des Song et du Nihon shoki.
Selon les recueils d'histoire au Japon (Nihon Shoki) et en Corée (Samguk sagi), un prince coréen aurait été envoyé au Japon en otage[81]. En raison de la confusion sur la nature exacte de cette relation à savoir si c'est un japonais, fondateur de Silla 37 ou s'il s'agit d'otage[83] et aussi en raison du fait que le Nihon Shoki soit une compilation de mythes, il est donc bien difficile de porter un quelconque jugement. Au Japon, l'interprétation qui évoque un otage est dominante. D'autres historiens comme ceux qui ont collaboré aux travaux pourPaekche of Korea and the origin of Yamato Japan et Jonathan W. Best qui a contribué à traduire ce qui restait des récits provenant de Baekje[84] ont noté qu'un roi de Silla avait la fonction honorifique de tenir la bride du cheval de l'empereur du Japon[85] et était à l'avant-garde de la flotte japonaise pendant la guerre avecKoguryo. Ce qui pourrait être la preuve qu'il avait une fonction diplomatique ainsi qu'une sorte de lien familial avec la famille impériale japonaise, il ne s'agissait donc pas d'un otage. En outre, la traduction de ces documents est difficile parce que à cette époque, le terme «Wa» avait un sens désobligeant, en chinois : «pirate nain». Il est difficile d'évaluer ce que cela signifie réellement. Ç'aurait pu être un terme peu aimable, de coutume entre deux nations belligérantes.
Il n'y a aucune preuve pour qu'à une date si ancienne le Japon ait été assez structuré pour contrôler une quelconque partie de la Corée à l'époque de l'Impératrice Jingū[21],[86]. Cependant, on possède des témoins archéologiques de relations avec la Chine : chinois qui se rendent au Japon par la péninsule de Corée pendant cette période, ou plus simplement, objets importés, ainsi que la découverte de sculptures de chevaux, lesmiroirs en bronzeShinjū-kyō, des peintures et des objets en fer fabriqués en Chine[87].
Le Japon de la période Kofun a été très réceptif aux cultureschinoise etcoréenne[88].Les immigrants coréens et chinois ont joué un rôle important à cette époque[81],[89].
Les coutumes funéraires spéciales (voire l'ensemble des tombes de Koguryo) de la cultureKoguryo ont eu une influence importante sur d'autres cultures au Japon[90]. Les tombes décorées et les tumuli peints qui datent du cinquième siècle et plus tard, découverts au Japon, sont généralement tenus comme des pratiques en provenance de l'ancien royaume de Koguryo (nord-est de la Chine et partie nord de la péninsule coréenne) et importées au Japon[N 10]. Lekofun de Takamatsuzuka a même des peintures d'une femme vêtue de vêtements distinctifs, semblables à ceux des peintures murales de Koguryeo et de la dynastie Tang[91]. De plus, on peut noter que l'astrologie chinoise a été introduite pendant cette période.
Selon leLivre des Song, de ladynastie Liu Song, l'empereur de Chine a accordé auroi Sai de Wa (du Japon d'alors) la souveraineté militaire surSilla, sur laconfédération de Gaya (Imna et Gaya), surJinhan etMahan. Cependant, cette tradition est largement rejetée même au Japon car il n'y a aucune trace de la loi japonaise dans Gaya ou dans toute autre partie de la Corée[21],[86]. Après la mort du roi Kō de Wa, son frère Bu a accédé au trône. Le roi Bu a demandé que Baekje soit ajouté à la liste des protectorats inclus dans le titre officiel attribué au roi de Wa par mandat de l'empereur de Chine, mais son titre n'a été renouvelé que comme « Superviseur de toutes les affaires militaires des six pays de Wa , Silla, Imna, Gaya, Jinhan et Mahan, grand général qui maintient la paix à l'Est, le roi du pays de Wa »[66] . Cette déclaration ne peut être lue au sens premier parce que Jinhan et Mahan n'existaient pas dans la même période que Silla, Baekje que les rois de Yamato étaient supposés dominer. En outre, Silla n'a pas eu de contact officiel avec les Song / Sui jusqu'auVIe siècle, ce qui rend cette évocation duIVe au Ve siècle impossible.
Certaines anciennes chroniques chinoises indiquent qu'à l'époque de ces textes il n'y avait pas de chevaux dans les îles du Japon. Ceux-ci sont mentionnés pour la première fois dans les chroniques sous le règne deNintoku, probablement importés par des immigrants chinois et coréens[80],[81]. Selon certains écrits (Nihon Shoki [53]), le cheval était l'un des trésors présentés lorsque le roi de Silla se rendit auprès de l'impératriceJingū (169 - 269). D'autres écrits font valoir qu'il n'y a aucune preuve d'une telle démarche de la part de Silla, et le roi qui s'est supposé se rendre aurait vécu auVe siècle, ce qui vieillirait l'impératrice Jingū de 200 ans. Le Nihon Shoki affirme que le père de l'impératrice Jingū était le petit-fils de l'empereurKaika et sa mère était du clanclan Katuragi[92]. En outre, le Nihon Shoki énonce qu'un coréen du royaume de Silla, Amenohiboko, était un ancêtre de l'impératrice Jingū, il s'ensuit que le Nihon Shoki et les chroniques chinoises relatives au Japon sont difficiles à interpréter. En outre, il n'y a aucune preuve d'une guerre japonaise avec la Corée ou d'une toute présence japonaise en Corée à ce moment-là [38] [46] et les Japonais n'ont acquis de véritables connaissances sur les chevaux que bien plus tard[21].
En 1976, le Japon empêche tous les archéologues étrangers d'étudier la tombe Gosashi, censée être le lieu de repos de l'empératriceJingū. En 2008, le Japon permet un accès contrôlé et limité aux archéologues étrangers, mais la communauté internationale a encore beaucoup de questions qui restent sans réponse. LeNational Geographic News rapporte qu'au Japon « l'agence conserve un accès restreint aux tombes, ce qui alimente les rumeurs, les fonctionnaires craindraient que des fouilles ne révèlent des liens de sang entre la « pure » famille impériale et la Corée ou que certaines tombes ne contiennent aucun reste royal[93] ».
Avec la diffusion de laculture chinoise, les styleshan de construction des tombes sont progressivement adoptés dans lesTrois Royaumes de Corée, principalement à partir duIVe siècle[95]. Les tombes dans la partie sud de la Corée et celles du Japon semblent avoir une relation[94]. Cependant, toutes les tombes de stylekofun découvertes en Corée ont été datées comme étant plus récentes que celles trouvées au Japon. D'éminents spécialistes japonais avancent que celles trouvées en Corée ont été soit construites par des immigrants japonais ou du moins influencées par la culture qu'ils ont apportée, d'ailleurs certainsartefacts trouvés dans d'énormes tombes coréennes sont deshaniwa japonais[96][réf. à confirmer]. Par ailleurs, les tombes peintes du royaume de Koguryŏ situées dans le nord-est de la Chine et dans le nord de la péninsule coréenne possèdent un répertoire iconographique chinois, similaire (quatre animaux protecteurs des points cardinaux, constellations) à celui dukofun de Kitora[97],[98],[99].
↑Il s'agit de tertres rectangulaires dont les quatre angles forment des avancées qui vont en s'évasant vers l'extérieur, produisant un effet sensiblement plus monumental.Mizoguchi, 2013,p. 208.
↑Les motifs desDotaku en tant qu'éléments symboliques ont perduré sous forme de peintures (occasionnellement préservées ou peintures occasionnelles) sur lesHaniwa qui symbolisaient la fertilité du riz, et ce jusqu'au moins la première moitié du Kofun final.Mizoguchi, 2013,p. 308 et 319-320.
↑Tennō : Il serait plus juste de considérer letennō comme le « souverain » plutôt que par l'empereur. Le choix du terme « empereur » pour la traduction deTennō étant une décision moderne. Sur cette nuance :Laurent Nespoulous, 2012 à 8 min 20 . Le terme est créé en 592 avec le motnihon à lapériode Asuka.
« Face à ce retour de Koguryo, les dirigeants deBaekje se sont tournés vers Yamato en vue d'en obtenir un soutien militaire et envoient même le prince héritier otage à Yamato en 397, comme Silla envoie un otage princier à Koguryo en 392, quand ce royaume a un besoin urgent de soutien militaire. »
« Nous ne pouvons que deviner, par exemple, ce que ressentaient les filles envoyées périodiquement comme épouses à des cours étrangères, ce que ressentait le prince héritier de Paekche quand il a été envoyé otage à la cour de Yamato en l'an 397, ou un prince de Silla qui connut le même sort en 402. »
« Paekche a souvent été attaqué par Koguryo au cours du siècle, ce qui explique les demandes répétées d'assistance de Yamato ; il est écrit que Paekche envoie même un prince héritier à Yamato en otage une fois et la mère du roi en une autre occasion. Pourtant, probablement en raison de dissensions internes, Yamato n'a pas dépêché de troupes dans la péninsule. L'intérêt de Yamato en Corée était apparemment le désir d'accéder à une technique développée et aux ressources du continent, en particulier le fer. »
« En 402, Silla a conclu la paix avec lesWa. Le prince Misahun a ensuite été envoyé au Japon comme otage. C'est peut-être un acte de vengeance par le monarque de Silla, qui, comme le prince Silsong, avait été envoyé en otage à Koguryo par le père du prince Misahun. Malgré la paix, les relations Silla-Wa n'ont jamais été amicales, certainement en raison de l'alliance Wa-Gaya. »
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↑Portraits des offrandes périodiques 斯羅国 : 斯羅國,本東夷辰韓之小國也。魏時曰新羅,宋時曰斯羅,其實一也。或屬韓或屬倭,國王不能自通使聘。普通二年,其王姓募名泰,始使隨百濟奉表献方物。其國有城,號曰健年。其俗與高麗相類。無文字,刻木為範,言語待百濟而後通焉.
↑« Complex of Koguryo Tombs », UNESCO World Heritage Centre(consulté le) "totalling about 30 individual graves, from the later period of the Koguryo Kingdom, one of the strongest kingdoms in north-eastern China and half of the Korean peninsula between the 3rd century BC and 7th century AD".
↑Chinese History RecordLivre des Sui, vol. 81,Liezhuan 46 : 隋書 東夷伝 第81巻列伝46 : 新羅、百濟皆以倭為大國,多珍物,並敬仰之,恆通使往來 « Silla et Baekje considèrent tous deux Wa comme un grand pays, avec beaucoup de choses rares et précieuses ; aussi [Silla et Baekje] le respectent-ils et l'observent, et y envoient régulièrement des ambassades. »[1][2]« Copie archivée »(version du surInternet Archive).
↑a etbChinese History RecordLivre des Song : 宋書 列傳第五十七 夷蠻 : 詔除武使持節、都督倭新羅任那加羅秦韓慕韓六國諸軍事、安東大將軍、倭王。興死,弟武立,自稱使持節、都督倭百濟新羅任那加羅秦韓慕韓七國諸軍事、安東大將軍、倭國王[3][4].
↑Samguk Sagi, Silla bongi, Vol.1 (三國史記 卷第一 新羅本紀第一 脱解尼師今) "脱解本多婆那國所生也 其國在倭國東北一千里" ). Il pourrait peut-être s'agir , dans les chroniques japonaises, de Zenkō duclan Kudara no Konikishi.
↑Best JW 2007 A History of the Early Korean Kingdom of Paekche, together with an annotated translation of The Paekche Annals of the Samguk sagi (Harvard East Asian Monographs) Massachusetts, Harvard University, Asia studies.
Laurent Nespoulous,Une histoire de la protohistoire japonaise : De la genèse de l'agriculture à la formation des sociétés archaïques complexes du Ve millénaire avant notre ère auVIe siècle de notre ère (2 microfiches), Lille, Atelier national de reproduction des thèses, 2011, Num. national de thèse : 2007INAL0022, (2007).