Seth-Péribsen est un roi de laIIe dynastie de lapériode thinite. Le nom enserekh de ce roi est très particulier car habituellement, il est surmonté du faucon symbolisant le dieuHorus, formant ainsi ce qui appelé lenom d'Horus, or ici leserekh est surmonté de l'animal sethien symbolisant le dieuSeth, formant ainsi unnom de Seth. Il semble que son successeur soit le roiSekhemib, à moins que ce dernier ne soit identique à Péribsen, ce qui fait que son successeur pourrait êtreKhâsekhemouy. Son prédécesseur est quant à lui très incertain. NiManéthon, ni aucuneliste royale datant de laXIXe dynastie ne le mentionnent sous ce nom. Le tombeau de Péribsen a été découvert en 1898 àAbydos. Elle a été bien conservée et a montré des traces de restauration entreprise au cours des périodes dynastiques ultérieures.
un fragment de vase en travertin inscrit deNesout-bity Nebty Péribsen et découvert dans la tombe deMerneith ; cette découverte dans cette tombe doit être dû à une contamination ultérieure, peut-être lors des fouilles d'Émile Amélineau[1],
un vase cylindrique en grès, sans provenance connue et inscrit au nom de Seth du roi[1],
un vase en schiste noir inscrit au nom de Seth du roi, sans provenance connue et aujourd'hui auMusée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye,
un quatrième vase en porphyre inscrit au nom de Seth du roi sans provenance connue et mentionné par Kaplony[2],
une empreinte de sceau d'un fonctionnaire du règne de Péribsen découvert àÉléphantine, plus précisément au nord du temple deSatet ; le titre du fonctionnaire inscrit est « scelleur de toutes les choses de Haute-Égypte »[1],
une empreinte de sceau de Péribsen découvert dans la tombe K1 deBeit Khallaf datée deDjéser avec une empreinte de sceau deKhâsekhemouy et une empreinte de sceau de Djéser[1],[3],[4],
de nombreux sceaux au nom du roi, faits d'argile et de boue et découverts dans la tombe P du roi ainsi que dans son enclos funéraire, tous deux situés àAbydos ; la très grande majorité des empreintes de sceaux mentionne le nom de Seth du roi, souvent précédé par la phrase « visite du roi à ... » ; cependant, une empreinte de sceau porte l'inscriptionNesout-bity Péribsen suivi de la première attestation d'une phrase complète[5],[6],
deux stèles funéraires en granit, d'aspect inachevées et rugueuses, et inscrites à son nom de Seth (JE 35261 et BM EA 35597)[1],[7],[3],[4].
Quelques attestations postérieures au règne de Péribsen sont chronologiquement relativement proches de ce règne : il s'agit des inscriptions de la tombe de Shéry àSaqqarah, datant de laIVe dynastie et qui indiquent que ce prêtre s'occupait du culte funéraire deSéned et de Péribsen, dont les nomsSéned etPéribsen sont inscrits dans descartouches sur plusieurs blocs dont la fausse-porte[8], ainsi que Inkef, peut-être un frère ou un cousin de Shery, qui portait aussi le titre desuperviseur des prêtres du Ka de Péribsen[9].
Un sceau cylindrique de provenance inconnue indique le nom de Péribsen à l'intérieur d'un cartouche et donne l'épithèteMery-netjerou (aimé des dieux). Cet inscription conduit les égyptologues et les archéologues à la conclusion que le sceau a dû être créé plus tard,in memoriam, parce que l'utilisation des cartouches royaux a commencé bien après le règne de Péribsen.
Les égyptologues tels que Helck identifientSekhemib avec le nom encartoucheramessideOuadjenes et associent Péribsen avec un roi nomméSéned. L'égyptologueDietrich Wildung pense de la même façon et identifie Sekhemib avec le nom deNebty-Ouneg et Péribsen avecSéned[10],[11].Aidan Dodson propose quant à lui que Péribsen soit associé au nomNéferkasokar et Sekhemib pourrait en conséquence être associé au motHoudjefa, signifiantlacune, situé dans les listes entre les nomsNéferkasokar etBeby/Bebty, correspondant au roiKhâsekhemouy[12].
Le roi est peut-être cité sur les annales de lapierre de Palerme, les traces de l'animal séthien semble être présente sur la partie supérieure du quatrième registre dufragmentI du Caire correspondant à la titulature du roi, mais cela reste incertain[13].
Fausse-porte de la tombe de Shery mentionnant les noms deSéned etPéribsen.
Les égyptologuesWalter Bryan Emery, Kathryn A. Bard etFlinders Petrie croient que Péribsen était aussi connu sous le nom deSekhemib-Perenmaât, un autre souverain de laIIe dynastie qui avait relié son nom au dieu fauconHorus. Comme preuve, les sceaux d'argile deSekhemib trouvés à l'entrée de la tombe de Péribsen soutiennent cette hypothèse. La tombe deSekhemib n'a pas encore été retrouvée[14],[15],[16],[17].
Cette théorie est discutable ; Hermann Alexander Schlögl[18],Hans Wolfgang Helck[19], Peter Kaplony[20] et Jochem Kahl[21] soutiennent que les sceaux d'argile deSekhemib n'ont été trouvés qu'à l'entrée de la tombe de Péribsen et aucun d'eux ne représente Péribsen etSekhemib en une seule inscription. De plus, ils font remarquer qu'il était d'usage pour un pharaon d'enterrer et de sceller la tombe de son prédécesseur ; la présence des sceaux deSekhemib montre la ligne de l'héritage dynastique. Des conclusions similaires peuvent être tirées des tablettes d'ivoire du roiHotepsekhemouy trouvées à l'entrée de la tombe du roiQâ et des sceaux d'argile deDjéser trouvés à l'entrée de la tombe deKhâsekhemouy. Schlögl, Helck, Kaplony et Kahl sont convaincus que la découverte des sceaux deSekhemib confirme l'idée queSekhemib aurait immédiatement succédé à Péribsen et aurait procédé à son enterrement.
Les chercheursToby Wilkinson etHelck croient que Péribsen etSekhemib auraient pu être parents. Leur théorie est basée sur les inscriptions de vases en pierre et les empreintes de sceaux qui montrent de fortes similitudes dans leur typographie et leur grammaire. Les vases de Péribsen portent la mentionini-setjet (hommage du peuple de Sethroë), tandis que les inscriptions deSekhemib portent la mentionini-khasout (hommage aux nomades du désert). Une autre indication que Péribsen etSekhemib étaient apparentés est le nom deserekh ; ils utilisent les syllabesPer etib dans leurs noms[22],[23],[15].
L'inscription sur lafausse porte de Shery pourrait indiquer que Péribsen est identique au roiSéned (Séned signifiel'Effrayant ouCelui qui est craint) et que ce nom a été utilisé dans leslistes royales en remplacement, comme le nom de Seth était interdit[24],[25]. En revanche,Dietrich Wildung etHans Wolfgang Helck identifient Péribsen avec le nom decartoucheramessideOuadjenes. Ils pensent qu'il est possible que le nomPer-ib-sen ait été mal interprété à partir d'une inscription hiératique négligée deOuadj-sen[26].
Le nom royal de Péribsen est un sujet de curiosité pour les égyptologues parce qu'il est lié à la divinitéSeth plutôt qu'àHorus, comme il était traditionnel pour le nom d'un pharaon. Traditionnellement, lenom d'Horus était écrit dans unserekh : l'image de la façade du palais royal sous un faucon représentant le dieu Horus. Au lieu de cela, Péribsen a choisi d'avoir l'animal sethien, représentantSeth, sur sonserekh. Bien que Péribsen soit le seul pharaon connu à avoir l'animal sehtien inscrit seul sur son serekh, il n'est pas le seul roi à s'associer avec Seth. Les exemples incluent le pharaon de laXIIIe dynastieMeribrê Seth[27], les dirigeants de laXIXe dynastieSéthi Ier etSéthi II et le roi de laXXe dynastieSethnakht[28],[29].
Le débat se poursuit sur les raisons pour lesquelles Péribsen a choisi ce nom. Des théories antérieures ont favorisé l'idée que l'Égypte était divisée en deux royaumes pendant le temps de Péribsen ou qu'il était un hérétique, qu'il a cherché à commencer une nouvelle religion monothéiste avec Seth comme seul dieu adoré[30]. Cependant, de nouvelles preuves et évaluations tendent à montrer que le royaume égyptien était unifié, mais a connu une vaste et profonde réforme sous laIIe dynastie. Les empreintes de sceaux des tombes de cette époque révèlent de grands changements dans les titres détenus par les hauts fonctionnaires, ce qui indique une réduction de leur pouvoir. D'autres empreintes de sceaux montrent que plusieurs divinités étaient vénérées sous Péribsen, réfutant la théorie du monothéisme, d'autres inscriptions contemporaines indiquant que la grammaire égyptienne était parfaite sous son règne : en particulier, les premières empreintes de sceaux avec des phrases complètes remontent au règne de Péribsen. Ainsi, le règne de Péribsen fut en fait une période de progrès culturel et religieux[9].
Le choix de Seth comme divinité protectrice par Péribsen et son règne pendant la période sombre de laIIe dynastie, a conduit les égyptologues et les historiens à chercher des explications possibles pour son nom et pour les temps troublés dans lesquels il vivait. Les sections qui suivent traitent de certaines des théories qu'ils ont mises de l'avant.
Une théorie qui a été populaire jusqu'au milieu duXXe siècle, soutenue par les égyptologues Percy Newberry[31], Jaroslav Černý[32], Walter Bryan Emery[33] et Bernhard Grdseloff[30], a suggéré que Péribsen était un hérétique qui a cherché à introduire une nouvelle religion d'État monothéiste en Égypte, avecSeth comme seul dieu adoré. On pensait que les actions de Péribsen étaient semblables à celles du pharaonAkhenaton, pharaon de laXVIIIe dynastie, qui avait exigé des Égyptiens qu'ils ne servent qu'Aton. Newberry proposa que les prêtres d'Horus et deSeth s'affrontaientà la manière d'une guerre des roses pendant la seconde moitié de laIIe dynastie.
La théorie dePéribsen hérétique reposait sur trois observations : que le nomPéribsen était exclu deslistes royales ultérieures, que la tombe du roi avait été détruite etpillée dans l'antiquité et enfin que les stèles de la tombe de Péribsen, qui montraient autrefois l'animal séthien, étaient gravement endommagées dans l'intention claire de faire disparaître le portrait de Seth. Les égyptologues ont émis l'hypothèse qu'il s'agissait des actions des opposants religieux à la caste des prêtres séthiens[32],[31].Jean-Philippe Lauer etCecil Mallaby Firth se sont appuyés sur la théorie dePéribsen hérétique pour expliquer l'énorme quantité de vases de pierre portant le nom des rois desIre etIIe dynasties, retrouvés sous lapyramide deDjéser dans des sacs portant les sceaux deKhâsekhemouy et deDjéser. Ils ont proposé que Péribsen avait pillé les tombes de ses prédécesseurs, disciples d'Horus, et dispersé leur équipement funéraire. Ces vases furent rassemblés dans le trésor royal pendant le règne deKhâsekhemouy après sa réunification de l'Égypte, et finalement mis sous la pyramide à degrés parDjéser, dans un acte de pieuse dévotion[34].
Aujourd'hui, cette théorie, ainsi que les conclusions de Lauer et Firth, sont largement remises en question. Des vestiges archéologiques de Péribsen ont été trouvés presque entièrement en Haute-Égypte. En particulier, son nom n'apparaît pas dans les documents de Basse-Égypte qui ont survécu à cette époque. On soutient que Péribsen n'a peut-être pas régné sur toute l'Égypte et qu'il n'avait donc pas le pouvoir d'imposer un changement de religion d'État. Une autre preuve qui va à l'encontre de la théorie duPéribsen hérétique est lafausse porte du prêtre Shery àSaqqarah. Shery a occupé son poste au début de laIVe dynastie. L'inscription sur lafausse porte relie le nom de Péribsen dans une phrase avec un autre roi obscur de laIIe dynastie,Séned. Selon l'inscription, Shery étaitle surveillant de tous les prêtres ouab du roi Péribsen dans la nécropole du roi Séned, dans son temple mortuaire et en tout autre lieu. Cela implique que le culte funéraire de Péribsen a continué au moins jusqu'à laIVe dynastie, ce qui va à l'encontre de l'hypothèse selon laquelle le nom de Péribsen ne pouvait être mentionné. De plus, des égyptologues comme Herman Te Velde soulignent que Shery n'était pas le seul prêtre de laIVe dynastie à participer au culte funéraire de Péribsen. Inkef, peut-être un frère ou un cousin de Shery, portait aussi le titre desuperviseur des prêtres du Ka de Péribsen[9].
Les empreintes de sceaux trouvées dans la tombe de Péribsen àAbydos montrent plusieurs divinités :Ach,Min etBastet, suggérant qu'ils étaient vénérés pendant le règne de Péribsen. Cette conclusion s'oppose à ce que Péribsen vénère un dieu unique, ou à ce qu'il promeuve le monothéisme[35],[36]. La théorie hérétique de Newberry, Černý, Grdseloff et d'autres a été conçue à partir des informations archéologiques très limitées disponibles au cours de leur vie. La plupart des empreintes de sceaux d'argile trouvées étaient encore non déchiffrées et non traduites à leur époque[19].
Pour Sainte Fare Garnot et Te Velde, en 1956, le nomPéribsen donne un sens religieux, avant même l'association avec une divinité. Le nomPéribsen signifie littéralementCelui qui vient par leur volonté ouSon cœur vient par leur volonté. La syllabe égyptiennesn signifieeux, leurs, ceux, qui révèle une écriture plurielle claire. Te Velde et Garnot sont convaincus que Péribsen a utilisé l'animal héraldique deSeth comme dieu protecteur de sonserekh, mais a aussi lié son nom àHorus. Si c'était vrai, cela prouverait que Peribsen vénéraitHorus etSeth sur un pied d'égalité de son vivant[9],[37]. Au début des dynasties égyptiennes, il n'était pas rare que les noms des pharaons aient un sens pluriel ostentatoire et ambigu sur le plan religieux. Péribsen peut avoir été perçu comme une incarnation vivante d'Horus et de Seth, tout comme ses prédécesseurs sur le trône. Par conséquent, le nom de Péribsen peut en fait ne montrer aucune rupture dans la tradition sacrée ; il a ajouté le pouvoir de Seth à Horus. Comme autres exemples, les titres des premières reines dynastiques utilisaient des divinités patronnes plurielles, telles quecelle qui est autorisée à voir Horus et Seth etcelle qui porte Horus et Seth[9],[37]. De même, le serekh inhabituel du roiKhâsekhemouy, le dernier souverain de laIIe dynastie, montre les divinités Horus et Seth ensemble au sommet duserekh. Horus porte la couronne blanche de Haute-Égypte et Seth porte lacouronne rouge de Basse-Égypte. Les deux dieux sont représentés en face l'un de l'autre dans un geste de baiser. Ce nom spécial devait illustrer la double incarnation du roi en tant que représentant d'Horus et de Seth, avec pouvoir sur toute l'Égypte. Le nom deKhâsekhemouy peut être interprété comme une forme avancée du serekh de Péribsen[9],[37].
Les égyptologues Ludwig David Morenz[38] et Wolfgang Helck[19] font remarquer que le ciblage des animaux séthien n'a eu lieu qu'à partir duNouvel Empire. L'effacement de l'animal de Seth sur les stèles de la tombe de Péribsen avait été attribué à une activité peu après sa mort selon la théorie dePéribsen hérétique ; de nouvelles découvertes suggèrent que l'endommagement n'a eu lieu que des siècles plus tard. L'historien Dietrich Wildung affirme que la nécropole d'Abydos n'était pas la seule à avoir été pillée dans l'Antiquité : les tombes deSaqqarah et deGizeh ont également été saccagées. Il conclut donc que toute action ciblée contre ce pharaon en particulier peut être exclue[39].
Les théories antérieures de Newberry, Černý et Grdseloff disaient que l'État égyptien sous Péribsen souffrait de plusieurs guerres civiles, d'origine économique ou politique. S'il a été tenu responsable de la misère supposée dans le passé, cela pourrait expliquer pourquoi les listes royales ultérieures ont exclu Péribsen[32],[31].
En revanche, selon des théories plus récentes, si le royaume égyptien était divisé, la division se serait faite de manière pacifique. Des égyptologues tels que Michael Rice[40], Francesco Tiradritti[41] et Wolfgang Helck évoquent les tombes-mastabas deSaqqarah et d'Abydos, autrefois palatiales et bien conservées, appartenant à de hauts responsables tels que Rouaben et Nefer-Setekh. Celles-ci sont toutes datées du règne deNynetjer à celui deKhâsekhemouy, le dernier souverain de laIIe dynastie. Les égyptologues considèrent le témoignage archéologique de l'état des mastabas et de l'architecture originale comme la preuve que les cultes mortuaires des rois et des nobles de l'État ont eu lieu avec succès pendant toute la dynastie. Si c'est vrai, leur préservation est incompatible avec la théorie des guerres civiles et des problèmes économiques sous le règne de Péribsen. Rice, Tiradritti et Helck pensent queNynetjer a décidé de laisser après sa mort un royaume divisé pour des raisons privées ou politiques et que la scission était une formalité soutenue par les rois de laIIe dynastie[40],[41],[42].
L'origine de la division politique est inconnue. C'est peut-être arrivé au début du règne de Péribsen ou peu avant. Parce que Péribsen a choisi la divinitéSeth comme nouveau dieu protecteur de sonserekh, les égyptologues sont d'avis que Péribsen était un chef deThinis ou un prince de la maison royale thinite. Cette théorie est basée sur le fait queSeth est une divinité d'originethinite, ce qui expliquerait le choix de Péribsen : son changement de nom n'était peut-être rien de plus qu'une propagande politique (et religieuse) intelligente[42],[43]. On pense que Péribsen a gagné le trône deThinis et n'a gouverné que la Haute-Égypte, tandis que d'autres souverains détenaient le trônememphite et gouvernaient la Basse-Égypte[19].
Il semble y avoir des preuves archéologiques que Péribsen n'a régné qu'en Haute-Égypte. Son royaume se serait étendu de l'île Éléphantine au sud, où une empreinte de sceau de Sekhemib a été découverte et où un nouveau centre administratif appeléLa Maison Blanche du Trésor fut fondé sous Péribsen, jusqu'àAbydosa minima au nord où Péribsen s'est fait enterrer et où de nombreuses empreintes de sceaux de Sekhemib ont été découvertes[44].
La durée de règne du roi n'est pas connue. S'il est bien différent deSekhemib, alors la découverte d'empreintes de sceaux de ce roi dans la tombe et l'enclos funéraire de Péribsen à Abydos semble montrer qu'il a régné immédiatement après ce dernier en ayant organisé ses funérailles. La découverte d'une empreinte de sceau de ce roi cette fois dans la tombe deKhâsekhemouy rapproche d'autant Sekhemib de ce dernier. Ainsi, l'ordre de succession Péribsen → Sekhemib → Khâsekhemouy est privilégié[23],[45]. Le prédécesseur de Péribsen est par contre totalement inconnu.
Sceau de Péribsen avec la première phrase complète en égyptien ancien.
Durant son règne, Péribsen fonda un centre administratif appeléLa Maison Blanche du Trésor ainsi qu'une nouvelle résidence royale, appelée laProtection de Noubt, située près d'Ombos (Noubt étant le nom égyptien ancien deNagada)[44]. Les titres administratifs des scribes, des porteurs de sceaux et des surveillants ont été ajustés pour correspondre à l'administration bureaucratique divisée de l'État. Par exemple, des titres commeGarde des sceaux du roi ont été changés enGarde des sceaux du roi de Haute-Égypte. Cette réforme bureaucratique peut indiquer une tentative de Péribsen de limiter le pouvoir de ces fonctionnaires, une preuve supplémentaire d'une administration étatique lourde et surchargée sousNynetjer[46].
Le système d'administration sous Péribsen etSekhemib avait une hiérarchie claire et bien définie ; à titre d'exemple, du rang le plus élevé au rang le plus bas :maison du Trésor (royale et donc de rang le plus élevé) →Service de pension →propriété →vignobles →vignoble privé (propriété des citoyens et donc de rang inférieur). Le roiKhâsekhemouy, dernier souverain de laIIe dynastie, a réussi à réunifier l'administration de l'État égyptien et donc l'ensemble de l'Égypte antique. Il a placé les deuxMaisons du Trésor d'Égypte sous le contrôle de laMaison du Roi, les amenant dans un nouveau centre administratif unique[46],[47].
Péribsen a également fondé des édifices royaux tels quePer-noubt (« maison d'Ombos ») etPer-Medjed (« maison des réunions ») et créé plusieurs villes d'importance économique. Leurs noms,Afnout (« ville des fabricants de coiffes »),Nebj (« ville protectrice »),Abet-desheret (« ville des jarres de granit rouge ») etHuj-setjet (« ville des Asiatiques »), sont mentionnés sur de nombreux sceaux d'argile aux côtés duserekh de Péribsen, souvent précédé par la phrasevisite du roi à ...[47][47],[20],[44]. Les inscriptions sur les récipients en pierre mentionnent également unini-setjet (« hommage du peuple de Sethroë »), ce qui pourrait indiquer que Péribsen a fondé un centre de culte pour la divinité Seth dans ledelta du Nil. Cela peut suggérer que Péribsen a régné sur toute l'Égypte, ou, du moins, qu'il a été accepté comme roi à travers toute l'Égypte[48].
Un fonctionnaire du règne de Péribsen, Nefer-Setekh (« Seth est beau »),prêtre ouab du roi, est connu des égyptologues par sa stèle. Son nom peut souligner l'apparence et la popularité de Seth en tant que divinité royale[49].
Dans la tombe de Péribsen àAbydos, des sceaux d'argile ont été trouvés qui montrent la première phrase écrite complète de l'histoire égyptienne enregistrée. L'inscription se lit comme suit[50] :
« Le doré d'Ombos s'est unifié sur les deux royaumes pour son fils, le roi de Basse et Haute-Égypte, Péribsen, et l'a remis à son fils. »
Le titreLe doré, également lu comme « Celui d'Ombos », est considéré par les égyptologues comme une forme religieuse d'adresse à la divinitéSeth[51],[52],[53].
Malgré son alignement avecSeth, de nombreuses divinités étaient vénérées par la population sous Péribsen. De nombreuses empreintes de sceaux d'argile et inscriptions de jarres mentionnent les dieuxAch,Horus,Nekhbet,Min,Bastet etKherty. Les représentations des divinités sont suivies du nom du lieu ou de la ville où elles ont eu leur principal centre de culte. Sur lapierre de Palerme, une statue d'Anubis et peut-être un domaine lié àSeth sont attribués à Péribsen, complétant les empreintes de sceaux d'argile, mais l'attribution de ces « cases-années » à Péribsen n'est pas partagée par tous les chercheurs, certains les attribuant àNynetjer[13],[54]. Curieusement, plusieurs empreintes de sceaux montrent un disque solaire sur l'animal séthien au sommet duserekh royal : le symbole du dieuRê. Il n'y a aucune preuve archéologique que le dieu SoleilRê faisait partie du panthéon égyptien à cette époque ; l'apparition du disque pourrait être la première preuve de l'évolution du culte solaire et des changements théistes. Le disque solaire apparaît en relation avec l'un des protecteurs de l'État (par exemple, sous le prédécesseur de Péribsen,Nebrê, le soleil était relié à Horus) ; sous Péribsen, il était relié à Seth. Sous le roiKhâsekhemouy, le soleil a finalement reçu son propre nomRê et, au moment du changement de trône entreKhâsekhemouy et son successeurDjéser, plusieurs prêtres et fonctionnaires ont également relié leur nom àRê[55],[56].
Tombe de Péribsen, à l'arrière, l'enclos du roiKhâsekhemouy est visible.
Péribsen a été enterré dans la tombeP du cimetière royal d'Oumm el-Qa'ab près d'Abydos. Les premières fouilles de la tombe ont débuté en 1898 sous la direction de l'archéologue et égyptologue françaisÉmile Amélineau[57]. Cette première incursion fut suivie de fouilles en 1901 et 1902 sous la direction de l'archéologue britannique SirWilliam Matthew Flinders Petrie[17],[58],[59]. En 1928, l'égyptologue suisseHenri Édouard Naville poursuivit l'exploration de la tombe[60].
La construction de la tombe est simple et, comparée à la taille des autres tombes royales de la même région, elle est étonnamment petite. Le modèle était la tombe du roiDjer (troisième roi de laIre dynastie), que l'on croyait être leTombeau d'Osiris auMoyen Empire. L'architecture de la tombe de Péribsen est similaire à celle du palais résidentiel. La tombe mesure 16 × 13 mètres et comprend trois structures indépendantes imbriquées les unes dans les autres : au centre se trouve la chambre funéraire principale de 7,3 × 2,9 mètres, qui est faite de briques de terre, de roseaux et de bois. Au nord, à l'est et à l'ouest, la chambre funéraire est entourée de neuf petites pièces de stockage qui s'emboîtent les unes dans les autres ; sur la face sud se trouve une longue antichambre. Un passage passe entre les structures intérieures et le mur extérieur[17],[58],[59].
Des fouilles menées en 2001 et 2004 sous la direction duDeutsches Archäologisches Institut Kairo (DAIK) ont révélé que la tombe avait été érigée et achevée très rapidement. Les travaux de construction se sont déroulés en une seule phase, les murs ont été enduits grossièrement et le monument s'est effondré plusieurs fois au cours des siècles. Pendant leMoyen Empire, le tombeau de Péribsen fut restauré au moins deux fois avec celui deDjer, que l'on pensait être celui d'Osiris[58],[61].
Plateau du jeuMehen provenant de la tombe de Péribsen, exposé auLouvre.
Le tombeau avait été largementpillé pendant l'Antiquité, mais de nombreux vases en pierre et des jarres en terre sont restés. Certains des vases en pierre avaient des bords recouverts de cuivre et sont semblables aux trouvailles les plus connues de la tombe deKhâsekhemouy. On a également trouvé des vases des souverains précédents tels queNynetjer etNebrê. Des perles et des bracelets en faïence et cornaline et des outils en cuivre ont été excavés. Parmi les trouvailles particulières, mentionnons une aiguille d'argent gravée au nom du roiHor-Aha et des fragments de sceau d'argile portant le nom du roiSekhemib. Les deux stèles en pierre de l'entrée, communes aux chambres funéraires desIre etIIe dynasties, sont maintenant exposées dans deux musées différents[17],[58],[59].
Une enceinte funéraire royale en briques de boue a été trouvée près de la tombe de Péribsen. Des sceaux d'argile portant le nom en serekh de Péribsen se trouvaient près de l'entrée est et à l'intérieur d'un sanctuaire d'offrandes détruit. Les résultats appuient l'idée que le bâtiment faisait partie du lieu de sépulture de Péribsen. L'enceinte funéraire est communément appeléeFort du Milieu. Il a été découvert pour la première fois en 1904 sous la supervision de l'archéologue canadien Charles Trick Currelly et de l'égyptologue britannique Edward Russell Ayrton. Le mur d'enceinte était situé du côté nord-ouest de l'enceinte funéraire deKhâsekhemouyShunet ez Zebib (grange à raisins). Celui de Péribsen mesure 108 × 55 mètres et n'abritait que quelques bâtiments de culte. L'enceinte a trois entrées : une à l'est, une au sud et une au nord. Un petit sanctuaire de 12,3 × 9,75 m était situé à l'angle sud-est de l'enceinte funéraire. Il était jadis composé de trois petites chapelles. Aucune tombe subsidiaire n'a été trouvée[58],[59],[62].
La tradition d'enterrer la famille et la cour du roi à sa mort fut abandonnée à l'époque deQâ, l'un des derniers souverains de laIre dynastie[63].
↑En termes de chronologie absolue, la détermination de dates exactes de début et de fin de règne est un exercice périlleux du fait de l'ancienneté du règne ; on trouve par exemple :
2734 à 2714 AEC selonRedford (en tant que roi identique à Sekhemib),
2700 à 2674 AEC selonMálek (en tant que roi identique à Sekhemib).
Kathryn A. Bard,« The Emergence of the Egyptian State », dans Ian Shaw (editor),The Oxford History of Ancient Egypt, Oxford University Press,(ISBN0-19-815034-2) ;
Jochen Kahl,« Inscriptional Evidence for the Relative Chronology of Dyns. 0–2 », dans Erik Hornung, Rolf Krauss, David A. Warburton (Hrsg.),Ancient Egyptian Chronology : Handbook of Oriental Studies. Section 1: The Near and Middle East,vol. 83, Leiden u. a., Brill,(ISBN90-04-11385-1) ;
Jean Sainte Fare Garnot,« Sur quelques noms royaux des seconde et troisième dynasties égyptiennes », dansBulletin de l'Institut d'Égypte,vol. 37,1,(ISSN0366-4228) ;
Günter Dreyer et al.,« Umm el-Qaab – Nachuntersuchungen im frühzeitlichen Königsfriedhof (16. / 17. / 18. Vorbericht) », dansMitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts, Abteilung Kairo. (MDAIK),vol. 62,(ISSN0342-1279) ;
Émile Amélineau,Mission Amélineau. Tome 4: Les nouvelles fouilles d'Abydos 1897–1898. Compte rendu in extenso des fouilles, description des monuments et objets découverts,vol. 2, Paris, Leroux, ;