Le pèlerinage constitue souvent une importante source de revenus, dès ses débuts. Ce facteur s'est accentué avec l'industrialisation dutourisme, qui participe au développement de lareligion concernée : c'est par exemple la présence deLourdes qui fait dePau-Pyrénées un aéroport international. Des villes commeLa Mecque,Mexico,Bodhgaya ouBénarès bénéficient des revenus de leurs pèlerinages respectifs, qui peuvent drainer des millions de personnes chaque année.
Dans l'entité géopolitique dubassin méditerranéen, quatre « cultures-monde » liées aux identités religieuseschrétienne (catholique etorthodoxe),judaïque etmusulmane[4] constituent la base d'un fort flux touristique dans cette région du monde. Au-delà du seul aspect économique, la circulation de personnes désintéressées, curieuses et animées d'un idéal crée des interactions propres à ouvrir et à renforcer en même temps l'identité des cultures concernées (sur les lieux d'origine, d'arrivée et de passage). Ces voyages hésitent ainsi souvent entre le pèlerinagestricto sensu et letourisme religieux.
En 2016, le nombre annuel de pèlerins est estimé à 500 millions, dont 80 % concernent l'islam, lebouddhisme et surtout l'hindouisme : leKhumba Mela hindou a ainsi réuni plus de 100 millions de personnes[5], les pèlerinages chrétiens représentant 90 à 100 millions de pèlerins, soit 20 % des pèlerins.
Les premiers pèlerinages remontent à lapréhistoire. Les dates exactes du phénomène sont difficiles à attester. AuNéolithique des hommes et des femmes se sont déplacés pour des motifs religieux[3].
En un certain sens, l'Égypte antique et laMésopotamie connaissaient également cette pratique, même si la notion est plus floue : ce sont en effet les dieux plutôt que les hommes qui se déplacent[6].
Dans le bassin méditerranéen, se pratique souvent aussi l'incubation, rite divinatoire consistant généralement à dormir près de lieux « sacrés » pour obtenir, sous la forme d'un songe, les réponses d'un dieu guérisseur aux questions que le pèlerin lui pose[7].
La plus ancienne description écrite de pèlerins chrétiens et de pèlerinages enTerre sainte est celle de l’Anonyme de Bordeaux, récit qui raconte comment un habitant deBordeaux s'est rendu enpèlerinage à Jérusalem en l'an333. LesPères de l'Église se méfient de ces premiers pèlerinages, sources de dissipation et d'abus tels que despéchés : de gourmandise, de luxure[Note 1] ou du commerce desreliques[Note 2] (la maxime du moineThomas a Kempisqui multum peregrinantur, raro sanctificantur[Note 3] confirme ces constats et ces craintes). Ce religieux considère que les pèlerinages ne sont pas nécessaires car le croyant peut honorer Dieu partout[14].
Les pèlerinages chrétiens auMoyen Âge, contrairement à une idée reçue développée auXIXe siècle[15], sont rarement entrepris par des personnes se déplaçant enfoules et ne voyageant que parpiété (pèlerinagepénitentiel ou à l'occasion dejubilés comme l'attestent lesarchives depénitencerie) sur des routes bien balisées ; il s'agit le plus souvent de voyages solitaires ou en petits groupes (essentiellement d'hommes) auxquels se mêlent de nombreuxcommerçants, sur desroutes muletières (lepavage se développe seulement auXIIIe siècle[16]). Ces petits groupes sont animés par des raisons pieuses ou moins pieuses : d'un côté lafoi, larepentance ; de l'autre, le défi, les affaires, le souhait de rompre avec sa famille, avec son milieu professionnel, parfois une démarche à dominantetouristique (découverte de nouveaux monuments, cuisines, personnes)[17]. À cette époque se généralise la pratique du « pèlerinage par procuration ». Il peut s'agir alors soit d'un pèlerinage posthume, prescrit partestament, le vœu de pèlerinage étant transférable à seshéritiers, soit d'un pèlerinage vicaire[Note 4], accompli par autrui de son vivant[18]. Le pèlerinage par procuration est une pratique toujours vivante et encadrée chez les musulmans (hajj badal).
Lessanctuaires lointains sont des destinations pour ceux qui en ont les moyens (« pèlerinage au long cours »). C'est ainsi que leMoyen Âge n'est pas l'âge d'or c'est plutôt l'âge mythique du pèlerinage, les foules pèlerines de cette époque appartenant à l'imaginaire populaire[19]. Déjà à l'époque carolingienne se développe la protection juridique du pèlerin et s'organise ainsi progressivement un ordre des pèlerins (ordo peregrinorum) et une loi des pèlerins (lex peregrinorum), constituant un statut du pèlerin[20]. Au cours du Moyen Âge s'organisent les grands sanctuaires de pèlerinage de la chrétienté qui jouent un rôle religieux et culturel, tout en répondant également à une nécessité économique (production et ventes d'objets souvenirs, offrandes, structures d'accueil qui assurent d'importants revenus au sanctuaire)[21]. Les pèlerins sont progressivement encadrés (gîtes et couverts) soit en raison des dangers qui guettent les voyageurs, soit pour éviter que certains ne se servent de ce déplacement comme motif pour rompre avec leur milieu d'origine[22].
Le premierjubilé formellement organisé par la papauté fut décrété en1300 par le papeBoniface VIII, qui invitait les chrétiens à se rendre à Rome pour bénéficier de l'indulgence plénière accordée auparavant auxCroisés. Cette décision s'explique par la perte duroyaume de Jérusalem qui rendait difficile le pèlerinage àJérusalem et développait, par contre-coup, fortement celui de Rome[23]. Le but premier du pèlerin médiéval est la possibilité de « toucher » lesreliques qui lui assure, outre le sacrifice financier ou temporel qu'il suppose, une plus grande efficacité que la prière à distance du saint[24].
AuXVIIIe siècle, laphilosophie des Lumières critique le commerce desreliques et letrafic d'indulgences dont le pèlerin peut bénéficier (notamment des prières ou mortifications réalisées dans son diocèse plutôt qu'effectuer un long pèlerinage). Elle est en partie à l'origine du fléchissement du « pèlerinage au long cours », celui de proximité se maintenant[28]. Celui-ci se solde par la mise sous scellé du sanctuaire de Lorette par Napoléon, avec la saisie des reliques et de la statue de la Madone, ainsi que le pillage et la destruction d’œuvres d’art par ses troupes. Lorette redevient alors objet de pèlerinage local, oublié du reste de l’Occident.
Aujourd'hui, beaucoup de pèlerinages ne sont plus le fait de fervents pratiquants menant une démarche religieuse rigoureuse ; ils sont utilisés pour obtenir une faveur divine (pèlerinage propitiatoire, notamment par la pratique de « déposer unex-voto », pèlerinage de guérison), remercier d’une grâce obtenue (pèlerinage gratulatoire), ou faire dutourisme religieux au cours de vacances thématiques, deretraite spirituelle ou de visites de destinations culturelles. Il n'en reste pas moins qu'il y a un renouveau du pèlerinage au long cours depuis lesannées 1980, en lien avec la mode de larandonnée pédestre en liberté ou accompagnée[16].
Parmi les pèlerinages catholiques actuels, on peut retenir :
Lespèlerinages mariaux dédiés à laVierge Marie, par exemple àLourdes et àFatima. Ces pèlerinages peuvent se faire individuellement ou en groupe, de préférence en consultant le calendrier proposé pour s'inscrire dans une occasion particulière, comme le pèlerinage national de Lourdes tous les 15 août.
Les pèlerinages des pères de famille qui se sont développés au début des années 2000 sous le patronage deSaint-Joseph[30] pour que chaque pèlerin réfléchisse à son rôle de père dans la famille. Les chapitres non mixtes d'une trentaine de pèlerins chacun sont organisés par les paroisses. Chaque chapitre choisit un itinéraire pour se rendre àVézelay, àCotignac ou auMont-Saint-Michel lors d'un long week-end de la fin de mois de juin. Une vingtaine de chapitres convergent ensuite pour se retrouver dans une célébration religieuse commune dans l'abbaye choisie. Il existe aussi des pèlerinages de mères de famille.
Lepèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle sous le patronage de l'apôtreSaint Jacques le majeur représente une longue marche. Pour un départ de France : d'environ 1.500 kilomètres jusqu'à 'Espagne. 300.000 pèlerins par an choisissent une ville de départ telle queVézelay,Le Puy en Velay ouParis. Les itinéraires balisés associés permettent à chacun de progresser à son rythme, de manière individuelle ou collective[31].
Le pèlerinage deChartres est populaire chez les étudiants et chez les traditionalistes catholiques. Les pèlerins marchent en chapitres et parcourent soit la distance complète d'environ cent kilomètres deNotre-Dame de Paris àNotre-Dame de Chartres soit un trajet allégé. Une version a lieu pendant le week-end de la Pentecôte[32].
Le pèlerinage (hajj) à La Mecque et ses proches environs, rassemble deux millions de pèlerins par an[34]. Il se subdivise en deux types : d'une part, lehajj ou « grand pèlerinage », qui s'effectue entre les 8 et 13 du mois lunaire deDhû al-hijja. L'accomplir est un descinq piliers de l'islam. Tous lesmusulmans qui en ont la capacité doivent en principe le faire au moins une fois dans leur vie. D'autre part, la'umrah ou « petit pèlerinage » peut se faire à n'importe quel moment de l'année, contrairement au « grand pèlerinage » qui se déroule invariablement aux mêmes dates; mais il ne suffit pas à satisfaire à l'obligation canonique du hajj. L'umrah est souvent pratiquée par les pèlerinsavant d'entamer le hajj proprement dit, ce qui permet se satisfaire à l'appel duCoran (sourate 2, v. 192)[33] :« Faites entièrement le Grand et le Petit Pèlerinages pour Dieu! »
Il existe aussi de nombreux pèlerinages extra-canoniques (ainsi nommés car ils sont d'abord la manifestation d'une piété populaire[33]) vers lestombes oumausolées deprophètes ou de saintssoufis, appelésZiyarat (« visites (pieuses) »), dans l'ensemble dumonde musulman, tant chez lessunnites que chez leschiites[33]. Parmi ces visites pieuses, lespèlerinages de l'urs sont effectués sur la tombe d'un saintsoufi à l'occasion de l'anniversaire de sa mort. Cette pratique est répandue enAsie du Sud[35], et elle est particulièrement populaire enInde.
Dans lebahaïsme,Bahá’u’lláh a prescrit, dans leKitáb-i-Aqdas, le pèlerinage vers deux endroits : la maison de Bahá’u’lláh àBagdad enIrak, et la maison duBáb àChiraz enIran. Dans deux tablettes séparées, connues sous le nom deSuriy-i-Hajj, Bahá’u’lláh a prescrit des rites spécifiques pour chacun de ces pèlerinages. Le pèlerinage est recommandé pour les hommes et les femmes qui en sont capables, mais les croyants sont libres de choisir entre les deux destinations, chacune étant considérée comme suffisante. Actuellement, ces deux lieux de pèlerinage sont inaccessibles aux baha’is. Ce pèlerinage n’est pas considéré comme un pilier de la foi.
Plus tard,‘Abdu’l-Bahá désigna le tombeau de Bahá’u’lláh àBahji (laqiblah) comme lieu de pèlerinage (ziyarat) additionnel. Aucun rite spécifique n’a été prescrit pour ce lieu. À nouveau, ce pèlerinage n’est pas un pilier ni une obligation, mais une recommandation afin de rendre hommage aux personnes centrales : Bahá’u’lláh et le Báb. Beaucoup de baha’is le font[36].
L'hindouisme est une religion qui donne beaucoup d'importance aux pèlerinages. Le plus vieux pèlerinage du monde encore pratiqué est le pèlerinage hindou deKurukshetra dans l'état indien de l'Haryana. Il y a plusieurs lieux saints d'une grande importance pour les hindous.
On a ensuite leChota Char Dham Yatra / छोटा चार धाम, pèlerinage des sources du Gange et de ses affluents, à faire dans l'ordre d'importance des lieux :Gangotrî-गंगोत्री, la source duGange,Yamunotri-यमुनोत्री, la source de laYamunâ;Kedarnath-केदारनाथ, la source de la Mandakini;Badrinath-बद्रीनाथ, la source de l'Alaknanda.
Le Jyotirlinga / ज्योतिर्लिङ्ग, le pèlerinage des douze linga de Shiva. On a aussi le Kailash Mansarovar Yatra / कैलाश मानसरोवर यात्रा, pèlerinage de la demeure de Shiva situé auTibet en trois lieux: leMont Kailash, leLac Manasarovar et leLac Rakshastal
LesSapta Sindhu / सप्त सिंधू, sont les sept rivières sacrées de l'Inde. Elles font l'objet d'un pèlerinage visant à la purification et lasalvation. On a ainsi l'Indus, fleuve le plus septentrional du pays, qui a longtemps été un cours d'eau très symbolique et spirituel dans la culture indienne. Ce cours d'eau est aujourd'hui principalement vénéré par lesSindis. 2) LeGange, fleuve le plus saint de l'Inde dont le pèlerinage est le plus important aux yeux des fidèles. 3) LaYamuna affluant du Gange qui a une importance particulière pour lesKrishnaïtes(en), lesVishnouïtes Gaudiya et les dévots deKrishna, du fait de l'enfance passée par cet avatar sur les rives de cette rivière. 4) LaNarmada, (Inde centrale), est traditionnellement considérée plus pure que le Gange lorsque celui-ci est pollué par l’indifférence humaine. 5) LeGodavari , fleuve duDeccan prenant sa source non loin deNashik, devient un centre de pèlerinage important en temps dePushkaram(en). 6) LaKaveri, (Inde du Sud), est essentiellement vénérée par ses riverains, par lesVishnouïtes et les dévots de Ranganath (Vishnou). 7) Enfin, laSarasvati, septième fleuve sacré de l'Inde, mais dont le culte n'est que très peu voire pas développé du fait que cette rivière a disparu entre 3000 et 2000 av. J.-C. Sa localisation géographique va de l'Himalaya (Himachal Pradesh) jusqu'auKutch (Gujarat) en passant par lePenjab et leRajasthan. Ce fleuve mentionné dans lesVédas disparaît à la suite d'une catastrophe d'origine sismique ayant pour conséquence l'assèchement de son bassin fluvial et la création dudésert du Thar. Cependant, plusieurs de ses anciens affluents (non himalayens) sont toujours objet de culte.
Les hindous croient que se rendre dans ces endroits mène aumoksha, la libération du cycle des renaissances, lesaṃsāra. On ajoutera encore à cette série de lieux leBromo, un volcan sacré des hindouistesindonésiens sur l'île de Java dédié àBrahmâ.
Au cœur dujaïnisme, se trouve vingt-quatre personnages appelés ensanskrit lesTirthankara, c'est-à-dire les « faiseurs de passages » — vers la Délivrance (moksha) du cycle des existences (samsara). Ils sont aussi porteurs du titre deJina (« vainqueur »). Les fidèles entreprennent donc des pèlerinages (tîrtha-yâtrâ, littéralement « voyages vers les lieux saints ») vers différents lieux associés à la biographie de chacun de ces personnages, dans le but de manifester leur dévotion et de pratiquer des rites qui les rapprochent des moines. Ceux-ci (surtout des membres du courantshvetambara) font d'ailleurs souvent, eux aussi, des pèlerinages, aux côtés des fidèles laïcs, afin de manifester leur piété[37].
Les lieux de pèlerinage sont essentiellement les endroits où les Jina ont atteint la délivrance. Seul cet événement importe, si bien qu'il n'y a aucun lien entre les lieux de pèlerinage et d'éventuelles reliques[38]
Les pèlerins cheminent pieds nus et doivent souvent gravir de (très) longs escaliers pour atteindre les sanctuaires, dont plusieurs se trouvent sur des éminences[39].
Pèlerins jaïns gravissant les escaliers de la colline Satrujaya. En arrière-plan, la ville de Palitana.
Parmi les lieux sacrés les plus fréquentés, on peut citerAyodhyâ (Uttar Pradesh), qui, selon la tradition jaïne, a vu naître plusieurs Tirthankara, et a reçu la visite du dernier d'entre eux,Mahâvîra. On a aussiSammet Shikar (Bihar), où vingt Tirthankara sont parvenus à la libération du cycle des réincarnations, ainsi queShatrunjaya-Palitana (Gujarat), avec ses 863 temples répartis en onze enceintes (basti) renfermant chacune plusieurs édifices.Ranakpur (Rajasthan),où se trouve le plus grand temple jaïn[réf. nécessaire]. Il s'agit le plus souvent de sites avec des lieux d'accueil sacrés, appelésdharmashâlâ[40], sur place ou à proximité, réservés à l'hébergement des pèlerins et des visiteurs.
Tout jaïn doit faire au moins un pèlerinage, dans sa vie, à l'un de ces lieux saints[39]. Néanmoins, on peut trouver des temples jaïns hors d'Inde, auxÉtats-Unis, enAfrique et enEurope (enGrande-Bretagne tout particulièrement) ; le plus grand site de pèlerinage du jaïnisme en Europe, à l'heure actuelle, est letemple jaïn d'Anvers[41],[42],[43], enBelgique, et il est par ailleurs le plus grand temple jaïn hors d'Inde.
Le pèlerinage est une pratique assez répandue dans lebouddhisme[44]. Les raisons pour l'accomplir sont diverses : revivre des événements de la vie des personnages saints, en particulier leBouddha Gautama, acquérir desmérites, bénéficier de l'influence positive des lieux saints et de l'arbre de la boddhi ou encore réaliser un vœu de pèlerinage[44]. Une liste de huit lieux (lesmahâsthâna ou« grands sites ») où se sont déroulés des événements importants de la vie du Bouddha[45].
Les quatre premiers et les plus anciens de ces sites — mentionné dans leMahaparinibbana Sutta[45] —sont ceux liés à la vie du Bouddha : 1)Lumbinî, lieu de sa naissance ; 2)Bodh-Gaya, le lieu de l'illumination ; 3)Sârnâth , lieu de sonpremier sermon ; 4)Kusinara (maintenantKusinâgar, Inde), lieu de son entrée dans leparanirvana et de sa mort. C'est le Bouddha lui-même qui a recommandé d'accomplir ces visites avec une grande vénération. Pour les bouddhistes, le lieu le plus important est Bodh-Gaya, où se trouve un très vieil arbre de la boddhi, le rejeton de l'arbre sous lequel le Bouddha s'est éveillé[44].
À ces quatre endroits s'ajoutent, entre le troisième et le cinquième[45], 5) ce qui est connu comme ledouble miracle du Bouddha accompli àSrâvasti, 6) la descente duciel de Tusita (à Sâmkâsya près de Srâvasti), 7) la soumission de Nâlâgiri, un éléphant ivre et furieux queDevadatta a fait lâcher contre son cousin Gautama àRâjagriha[46], et 4) l'acception de l'offrande d'un singe àVaisâli[45].
D'autres lieux saints sont souvent inclus dans des circuits de pèlerinage bouddhiste en Inde et auNépal, liés peu ou prou à la vie du Bouddha. Par exemple, le sanctuaireMaha Kassapa, sur la colline Hành Kukkutapa Tapada, dans l'état deBihar (Inde) ; la grotte de Dungeshwari (où Bouddha aurait médité quelque temps avant d'arriver àBodh-Gaya) ; lestupa de Sujata(en) (marquant le lieu à proximité de Bodhgaya où Sujata, une paysanne, offrit au Bouddha un bol de lait que Gautama accepta, renonçant ainsi à sa longue période d’ascétisme extrême. Il y a aussiNâlandâ où se trouvait la première université bouddhiste ;Rajgir, avec la cabane Gandhakuti dans le parc deJetavana(en), où le Bouddha séjournait pendant les saisons de pluie) ; Kapivalastu-Piprâwâ, dans l'état d'Uttar Pradesh, ancienSankissa, où le Bouddha séjourna.
Le montKailash et le lacManasarovar, tous deux situés au Tibet occidental, lieux de pèlerinage hindou, sont également visités par des pèlerinsbouddhistes tibétains etbön.
AuJapon, la tradition des pèlerinages bouddhistes (japonais:junrei) devint populaire à l'époque de Heian, après qu'un religieux du nom de Shinnyo (799-865) eut fait le pèlerinage en Inde. Parallèlement à la dévotion àKannon se développèrent des circuits de pèlerinage auxtrente-trois « sanctuaires de l'ouest » et aux trente-trois « sanctuaires de l'est » autour deKyoto (dans leKansai), car à chaque de ces endroits Kannon se serait manifestée sous une de ses trente-trois apparences (sanjûsan-ôgeshin)[47],[44]. Lepèlerinage des 88 temples à Shikoku suit les traces du moineKûkai, le fondateur du bouddhismeshingon — ses pèlerins sont nomméshenro. Tant à Shikoku qu'à Kyoto, le pèlerin fait tamponner un carnet de pèlerinage à chaque étape, afin d'attester sa présence et aussi de garder un souvenir de son pèlerinage[44]. La tradition de ces pèlerinages se répandit surtout à l'époque d'Edo, pour des raisons religieuses, aussi fréquemment pour se distraire[47]. Il arrive souvent que les fidèles bouddhistes se contentent de visiter l'un ou l'autre de ces temples, ne disposant pas du temps nécessaire pour parcourir l'ensemble de l'un de ces circuits[47].
Le pèlerinage àGrand-Pré, auCanada, a lieu pour commémorer ladéportation des Acadiens, ayant eu lieu à cet endroit en1755. Ce pèlerinage n'est donc pas religieux, bien qu'il soit relié à la religion catholique car finissant à l'église-souvenir.
Le concept du pèlerinage a été également trouvé dans l'Amérique centrale précolombienne. Les lieux importants de pèlerinage étaient :Teotihuacán (toujours visité des siècles après que ses bâtiments furent tombés en ruine), dit pour être le lieu où les dieux se sont réunis pour projeter la création de l'humanité ;Chichén Itzá, particulièrement le Cenote sacré, un puits naturel consacré au dieuChac de pluie, lieu de sacrifices ;Izamal, consacré au dieu créateurItzamna ;Cozumel, consacré àIx Chel, déesse de la lune et de l'accouchement.
Depuis mars 2020, « les pratiques d'itinérance et de pérégrination auMont-Saint-Michel » en Normandie sont inscrites à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France[48] en vue d'une candidature d'inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité[49].
↑En effet, le pèlerinage est alors un prétexte pour des maris ou pour des jeunes hommes de rompre avec leurs familles et de « partir à l'aventure ».
↑Leur culte, aussi ancien que celui des saints, permet de multiplier les lieux de pèlerinages, le nombre de tombeaux de martyres et de saints étant limité.
↑« Ceux qui voyagent beaucoup se sanctifient rarement ».
↑C'est-à-dire effectué par un pèlerin « professionnel » qui monnaye ses services auprès de ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas faire le voyage, et qui chargent donc, contre rétribution, quelqu'un d'autre de l'effectuer à leur place.
↑Alphonse Dupront, « Tourisme et pèlerinage : réflexions sur la psychologie collective »,Communications, vol. 10,no 10, 1967,p. 97-121[lire en ligne (page consultée le 26 février 2022)]
↑Jean Goossens, Université catholique Jean-Paul II de Lublin, « Types de pèlerinage au Moyen Âge »,Roczniki humanistyczne,vol. LIII,,p. 221(lire en ligne)
↑L'encadrement religieux des fidèles au Moyen Âge et jusqu'au Concile de Trente : la paroisse, le clergé, la pastorale, la dévotion (Actes du 109e congrès national des sociétés savantes, Dijon), Comité des travaux historiques et scientifiques,, 751 p.(ISBN978-2-735-50075-8)
↑Alfred Foucher, « Une liste indienne des actes du Buddha »,École pratique des hautes études, Section des sciences religieuses.Rapport sommaire sur les conférences de l'exercice 1907-1908 et le programme des conférences pour l'exercice 1908-1909, 1907.p. 1-32 (v.p. 23)[lire en ligne (page consultée le 26 février 2022)]
Béatrice Caseau, Jean-Claude Cheynet, Vincent Déroche (Dir.),Pèlerinages et lieux saints dans l'Antiquité et le Moyen Âge. Mélanges offerts à Pierre Maraval, Association des amis du Centre d'histoire et civil,, 512 p.(ISBN978-2-916-71608-4)
Jean Chélini,Les Pèlerinages dans le monde à travers le temps et l'espace, Picard,, 134 p.
Jean Chélini et Henry Branthomme,Les Chemins de Dieu. Histoire des pèlerinages chrétiens des origines à nos jours, Paris, Hachette,, 493 p.(ISBN978-2-010-08720-2).
Jean Chélini et Henry Branthomme,Histoire des pèlerinages non chrétiens. Entre magique et sacré: le chemin des dieux, Paris, Hachette,, 538 p.(ISBN978-2-010-11605-6).