Les oxydes de fer sont abondants dans la nature, soit dans des roches, notammentminerai de fer, soit dans lessols. Les oxydes de fer, surtout synthétiques, servent soit commepigments, soit pour leurs propriétésmagnétiques.
Les minéraux contenant du fer (principalement oxydes et hydroxydes de fer) font partie, après les argiles, des minéraux les plus importants du sol, jouant un rôle essentiel dans les processus depédogenèse. La diversité des minéraux contenant du fer est due :« à la large répartition de cet élément dans de nombreux types de roches ; à sa facilité de passage de l'état Fe(II) à Fe(III) et réciproquement en fonction des variations du potentiel redox ; à sa capacité à s'hydrater plus ou moins et à constituer ainsi des structures minérales variées, cristallisées ou non ; à son intervention dans de nombreux processuspédologiques, comme labrunification, lachéluviation, diversesoxydoréductions, etc. »[1].
Ces communautés microbiennes font partie des régulateurs principaux des formes du fer dans le sol. Elles rendent cet élément contenu dans des oxydes disponible pour d'autres organismes, le fer ayant un rôle d'oligoélément fondamental pour les êtres vivants, qui l'utilisent dans leurmétabolisme. Il sert aux animauxvertébrés pour produire l'hémoglobine[7].
Source duRio Tinto, près de Nerva, en Espagne. La forte concentration en oxydes de fer rend l'eau rougeâtre.
Les oxydes de fer donnent toute une série de pigments utilisés dans lesbeaux-arts depuis les origines, puisqu'on en trouve dans des sépultures duPaléolithique moyen[8]; en Égypte ancienne, les oxydes de fer colorent le verre et les poteries[9].
La réputation de certaines terres à tendance jaune et rouge en raison des oxydes de fer qu'elles contiennent s'établit à laRenaissance. Les artistes ont appris depuis l'Antiquité à en modifier la couleur parcalcination[10], qui rend les oxydes de fer plus rougeâtres.
Les oxydes de fer naturels, mêlés d'argile, se désignent commeterres ouocres[11]. Lesocres se distinguent des terres par leur proportion plus faible en oxyde de fer (moins de 25 %), et, du point de vue de leur emploi, par leuropacité. On trouve :
laterre d'ombre : (PBr7), naturelle (brune) ou brûlée (brun-rougeâtre), se distingue de la terre de Sienne par sa forte proportion en oxydes demanganèse, aux propriétéssiccatives pour l'huile ;
l'ocre jaune : (PY43) qui va du jaune verdâtre au jaune orangé ;
l'ocre rouge : (PR102) aux différentes nuances brun-rouge.
Parmi les pigments synthétiques, le sesquioxyde de fer (PR101) donne lerouge anglais ; avec de l'alumine, qui permet une certaine désaturation des couleurs et une amélioration de la transparence (PRV3,p. 135), il constitue lerouge de Mars. La teinte des pigments d'oxyde de fer varie selon le traitement de la matière parcalcination[13]. LeColour Index répertorie neuf procédés de production du rouge oxyde de fer. La plupart de ces procédés, utilisant des oxydes de fer sous-produits d'autres réactions chimiques industrielles, obtiennent d'abord un pigment jaune, noir ou brun, rougi ensuite par calcination (PRV3,p. 136).
La teinte de couleurs vendues sous le même nom commercial varie selon les fabricants ; assez peu en ce qui concerne les couleurs pour artistes[14], énormément quand il s'agit de décoration d'intérieur[15].
Les pigments oxydes de fer sontsolides et s'utilisent sans danger en peinture à l'huile. Les oxydes de fer rouges résistent bien à la chaleur, jusqu'à500 °C (PRV3,p. 134).
On utilise l'oxyde de fer encéramique pour colorer une pâte céramique, un émail. L'oxyde de fer est aussi présent naturellement dans certaines argiles — lesocres — comme la faïence rouge.
L'oxyde de fer micacé est un pigment naturel gris utilisé pour sa protection contre lacorrosion (PRV3,p. 132).
Dans la lutte contre lesfeux de forêt, les pompiers ajoutent auretardant dans l'eau que larguent desbombardiers d'eau de l'oxyde de fer, colorant naturel, afin de repérer les zones déjà traitées[16];
forme microparticulaires, ditesmall superparamagnetic iron oxide ou SPIO, de plus de 50 nanomètres. Les particules sont injectées dans les veines, pour détecter les lésions hépatiques de petite taille et accessoirement pour les caractériser. Une ingestion par la bouche permet aussi de diagnostiquer certains problèmes du tube digestif ;
Ces oxydes sont, sous ces deux tailles différentes, souvent formulées avec dudextrane ou ses dérivés[19].
Parmi les nombreuses nanoparticules d’oxydes de fer existantes dans la chimie, certaines sont approuvées par laFood and Drug Administration pour un usage thérapeutique, comme le traitement de l'anémie[20]. Aux États-Unis, elles sont parfois aussi utilisées en radiologie en off label (utilisé pour une autre indication que celle approuvée par la FDA)[20] du fait de leur « effetsuperparamagnétique »[21].
JeanPetit, JacquesRoire et HenriValot,Encyclopédie de la peinture : formuler, fabriquer, appliquer,t. 3, Puteaux, EREC,,p. 133sq « Oxydes de fer naturels », « Oxyde de fer synthétiques ».
↑Jean-MichelGobat, MichelAragno et WillyMatthey,Le sol vivant : bases de pédologie, biologie des sols, PPUR Presses polytechniques,,3eéd. (1reéd. 1998)(lire en ligne),p. 19.
↑Jacques Berthelin, Cécile Quantin, Sébastien Stemmler et Corinne Leyval, « Biodisponibilité du fer dans les sols: rôle majeur des activités microbiennes »,Comptes Rendus de l’Académie d’Agriculture de France,(lire en ligne).
↑JacquesBlockx,Compendium à l'usage des artistes peintres : Peinture à l'huile — Matériaux — Définition des couleurs fixes et conseils pratiques suivis d'une notice sur l'ambre dissous, Gand, L'auteur,(lire en ligne),p. 49.
↑PierreSchneider et RomainBaheux (Propos recueillis par), « Incendies dans le Sud : ce que larguent les Canadair sur les flammes »,Le Parisien,(lire en ligne, consulté le)
↑Oleg Lunov, Tatiana Syrovets, Berthold Büchele, Xiue Jiang, Carlheinz Röcker, Kyrylo Tron, G. Ulrich Nienhaus, Paul Walther, Volker Mailänder, Katharina Landfester et Thomas Simmet,The effect of carboxydextran-coated superparamagnetic iron oxide nanoparticles on c-Jun N-terminal kinase-mediated apoptosis in human macrophages,Biomaterials,vol. 31,no 19, juillet 2010,p. 5063-5071.
↑Jesse L. Winer, Charles Y. Liu et Michael L.J. Apuzzo,The Use of Nanoparticles as Contrast Media in Neuroimaging: A Statement on Toxicity ;World Neurosurgery, disponible en ligne 7 novembre 2011,DOI10.1016/j.wneu.2011.08.013 (Résumé).