LesOxycarenidae sont unefamille d'insecteshétéroptères (punaises), de lasuper-famille desLygaeoidea (infra-ordre desPentatomomorpha).
Il s'agit de punaises au corps allongé, parfois en forme de goutte, et souvent aplati, à la face dorsale ponctuée, et parfoismyrmécomorphes. Au sein desLygaeoidea, les Oxycarenidae se distinguent par desstigmates (ou spiracles) abdominaux ventraux, à l'exception du deuxième segment abdominal, où ils sont dorsaux (par contraste avec lesRhyparochromidae,Lygaeidae,Blissidae etGeocoridae). Ils ont desocelles non entourés d'un sillon (par contraste avec lesCymidae,Ninidae etCryptorhamphidae). Ils ont les marges latérales dupronotum arrondies ou faiblement carénées (par contraste avec lesArtheneidae). Les mâles portent des touffes de soies ou des peignes sur le septième sternite abdominal (parfois aussi sur le sixième), mais qui sont parfois peu visibles. Ces formations sont associées à des cellules sécrétrices. La tête estprognathe, avec des antennes et lerostre à quatre articles. Lepronotum n'a pas sillon transversal dans sa partie antérieure. Les hémélytres ont la bordure aplatie. Les fémurs antérieurs sont en général épineux. ces punaises mesurent de 1,8 à 6 mm de long[4],[5],[6],[7].
D'autres caractéristiques sont l'absence de latérotergites, la spermathèque réduite ou absente (comme chez lesIdiostolidae), une disposition des trichobothries abdominales, placées submédialement par trio sur les sternites 3 et 4, absentes du sternite 5, et par paires latérales sur les sternites 6 et 7 ; un segment génital (à l'apex de l'abdomen) tronqué chez les femelles ; l'édéage et lesparamères allongés et relativement minces (à l'extrémité pour les paramères)[5].
Les Oxycarenidae ont unerépartition cosmopolite, mais avec la plus grande diversité dans l'hémisphère Est, surtout dans lesécozones paléarctiques etafrotropicale. Certaines espèces ont été introduites par l'activité humaine ailleurs que dans leur zone d'origine, commeOxycarenus hyalinipennis, originaire d'Afrique, et maintenant rencontrée en Asie, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique du Sud et dans les Antilles[8]. Il est maintenant également présent en Amérique du Nord[9], où on pense qu'il a également pu être amené depuis les Antilles par des ouragans, bien que la voie d'importation par l'Homme ait par ailleurs été vérifiée des centaines de fois[8].
En Europe, la Punaise de la lavatère,Oxycarenus lavaterae, se répand assez rapidement de la Méditerranée vers le Nord, profitant du réchauffement climatique[10].
Ces punaises sucent principalement les graines de plantes, surtout deMalvaceae, mais également deSterculiaceae,Tiliaceae,Anacardiaceae,Asteraceae (pour les genresMetopoplax,Microplax),Boraginaceae,Cistaceae (genreMacroplax),Lamiaceae,Rosaceae,Rutaceae (genreBrachyplax) etSolanaceae[5],[6],[7]. Elles semblentpolyphages. Selon Péricart, elles sont de tendancexéro-thermophile, c'est-à-dire aimant les milieux secs et chauds[6].
Oxycarenus lavaterae peut former de regroupements importants notamment pendant l'hiver, sur des troncs de tilleuls en particulier[10].
ChezO. hyalinipennis, une femelle peut pondre jusqu'à 110 œufs, soit individuellement, soit par groupe de trois ou quatre, dans la fibre de coton, près de la graine. L'incubation dure 4 à 8 jours. Après l'éclosion, les larves restent ensemble pendant une demi-heure avant de se disperser pour chercher à manger. Les juvéniles passent par cinq stades larvaires avant de devenir adultes. Une nouvelle génération peut prendre20 jours pour apparaître. On rencontre environ trois à quatre générations par année, parfois jusqu'à sept. La dernière génération annuelle quitte les plantes hôtes pour chercher un abri et entrer en diapause hivernale en regroupement[8].
Certaines espèces s'en prennent aux cultures decoton (elles sont d'ailleurs parfois appelées « cotton bugs » en anglais, c'est-à-dire « punaises du coton ») et d'autres cultures deMalvaceae, avec parfois un impact économique important. Elles réduisent le poids des graines, leur quantité d'huile, ainsi que leur pouvoir germinatif. Elles peuvent également tacher le coton, amoindrissant sa qualité. Les cultures d'okra (ou gombo) et d'hibiscus peuvent aussi être affectées[8]. Certaines espèces sont d'ailleurs devenues résistantes aux pesticides[11],[5],[7]. Une espèce deprotistes pathogènes des plantes,Phytomonas oxycareni, a été identifiée comme provenant de la salive d’Oxycarenus lavaterae[12].
Ce taxon (regroupement supragénérique) a été défini en 1862 par l'entomologiste suédoisCarl Stål (1833-1878) sous le nom d'« Oxycarenida »[7]. À l'époque, une trentaine d'espèces sont déjà décrites. Lethierry & Severin en font déjà une famille séparée en 1894, mais la plupart des auteurs les considèrent plutôt comme une sous-famille desLygaeidae dans la conception large qui a prévalu jusqu'en 1997[5],[7]. C'est Thomas J. Henry qui, dans sa révision desLygaoidea dans une perspectivephylogénique, rétablit leur statut de famille[13].
Un catalogue est disponible en ligne avec les références, sur le siteLygaeoidea Species Files[3]. Il n'y a aucune subdivision en sous-famille ou en tribus. La famille contient un peu moins d'une trentaine de genres, avec environ 140 espèces décrites[3].
Le genre type estOxycarenus, décrit en 1837, et l'espèce typeO. lavaterae, décrite déjà en 1787 (la seule espèce de la famille à avoir été décrite auXVIIIe siècle)[3].
Un genre fossile a été décrit, †Procrophius, avec trois espèces découvertes dans le Colorado, datant duPriabonien (fin de l'Éocène supérieur, entre −37 et −34 millions d'années)[14],[3].
SelonBioLib(25 novembre 2022)[2], complété à partir deLygaeoidea Species Files[3] :
Les genres suivants sont présents en Europe, selonFauna Europaea(25 novembre 2022)[15], soit31 espèces dans17 genres :
En France, on compte18 espèces dans9 genres[16].
Au Canada, on rencontre deux espèces deCrophius,C. bohemani etC. disconotus, l'espèce arctiqueMacroplax variegata,Metopoplax ditomoides (arrivé d'Europe, via les États-Unis)[17], de même queM. fuscinervis, autre espècepaléarctique[18].
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