L’Ours brun (Ursus arctos) est uneespèce d’ours qui peut atteindre une masse corporelle de 130 à 700 kg. LeGrizzli (U. a. horribilis), l’Ours kodiak (U. a. middendorffi) et l’Ours brun mexicain (U. a. nelsoni) sont dessous-espèces nord-américaines, l'Ours brun d'Europe (U. a. arctos) est la principale sous-espèce eurasienne avec de multiples autres comme l'Ours Isabelle (U. a. isabellinus).
L'Ours brun peut vivre trente ans à l'état sauvage et jusqu'à quarante ans en captivité. L'Ours brun a unefourrure dans les teintes blondes, brunes, noires, ou une combinaison de ces couleurs. Les Ours bruns ont une grande bosse de muscles au-dessus de leurs épaules qui donne la force aux membres antérieurs pour creuser. Leur tête est grande et ronde avec un profil facial concave. Debout, cet ours atteint une hauteur de 1,5 à 3,5 mètres. Malgré leur taille, ils peuvent courir à des vitesses allant jusqu’à55km/h. Pour la marche, l’Ours brun estdigitigrade des pattes avant etplantigrade des pattes arrière. C’est-à-dire qu’il pose en premier les « doigts » puis le talon de ses pattes antérieures et qu’il pose toute la plante de ses pattes postérieures en même temps.
Il est fréquent que deux mâles combattent pour une femelle ou l’appropriation d'un territoire. Néanmoins si le vainqueur se voit assuré de pouvoir féconder l'ourse, cela ne débouche pas sur un partenariat stable et l'ourse élève en général seule les oursons.
Avec ses trois paires de mamelles, disposées sur la poitrine et l’abdomen, la femelle fournit un lait fort nourrissant, riche en graisses, protéines et vitamines. L'instinct maternel développé de l'ourse la pousse à protéger ses petits de prédateurs tels que lespumas et lesloups, mais également des mâles qui n’hésiteraient pas à les tuer aux fins de conquérir leur mère — comportement pareillement observable chez leslions et certainschiens de chasse. Le père ours peut aussi protéger ses petits des dangers même s'il est très rare qu'il leur accorde autant d'importance que la mère.
Autrefois indigènes enAsie, enEurope et enAmérique du Nord, les Ours bruns sont maintenant éteints dans de nombreuses régions et ont vu leur nombre considérablement réduit dans d’autres. L'espèce se maintient mieux dans lesforêts boréales et dans certains massifs montagneux.
En Amérique du Nord, l’Ours brun est réparti de l’Est de l’Alaska auxterritoires du Nord-Ouest, et plus au sud se trouve enColombie-Britannique et dans la moitié occidentale de l’Alberta. Des populations isolées existent dans le Nord-Ouest de l’État deWashington, dans le Nord de l’Idaho, dans leMontana, et dans le Nord-Ouest duWyoming, mais il existe des preuves que ces populations sont en croissance[1] ; ils récupèrent l'habitat[2]. La sous-espèceUrsus arctos horribilis (leGrizzli) est l’Ours brun commun de l’Amérique du Nord continentale ; la sous-espèceUrsus arctos middendorffi (d’Ours kodiak), la plus grande de toutes les espèces d’ours avec l’Ours polaire, vit en Alaska dans les îles de l'archipel Kodiak (Kodiak,Afognak etShuyak). La sous-espèceUrsus arctos nelsoni habitait dans le Nord du Mexique.
Une petite population d’ours bruns, dénommés populairement « ours cannelle », vit dans desforêts defeuillus de l’ouest duQuébec[3]. Cette population est protégée, chasse et piégeage sont interdits sur ce territoire.
L’habitat des Ours bruns duVieux Continent coïncide avec les reliquats des forêts de la préhistoire, qu’elles soient nordiques ou montagnardes. LaRussie et laScandinavie abritent aujourd’hui avec lesBalkans et lesCarpates leurs principales populations. L'ours dans les Alpes a une population située principalement enSlovénie liée à une petite population d'une centaine d'individus dans leparc naturel Adamello Brenta en Italie qui commence à s'étendre dans les Alpes suisses[4]. Dans les Pyrénées françaises et espagnoles, des réintroductions d'ours capturés en Slovénie ont permis d'éviter l'extinction d'une population relictuelle, autrefois continue avec celle desmonts Cantabriques[5],[6].
La population totale des Ours bruns est estimée à environ 200 000 dans le monde. Les plus grandes populations vivent enRussie, avec 120 000 ours, auxÉtats-Unis avec 32 500 ours et auCanada avec 21 750 ours. En Europe, il y en a environ 14 000, séparés en dix populations distinctes. On trouve de petites populations d'ours bruns isolées dans plusieurs pays d’Europe, de l’Espagne à laBulgarie. En Italie, entre 1999 et 2002, sept femelles et trois mâles capturés en Slovénie ont été relâchés dans leTrentin où subsistaient trois ours
Au massif du mont Pilat (Loire), les derniers Ours bruns furent observés entre 1881 et 1885.
En 1995, la France comptait une population d’ours brun relictuelle de cinq individus dans lesPyrénées occidentales. Sans la capture en Slovénie et le relâcher de deux femelles en 1996 et d’un mâle en 1997 dans le cadre duprogramme de réintroduction en Pyrénées centrales, l’Ours brun était condamné à une disparition certaine. Mais en 1997 et en 2004, deux ourses suitées,Mellba d’origine slovène etCannelle la dernière ourse de souche pyrénéenne, ont été abattues par des chasseurs. La réintroduction a permis de faire remonter la population à une quinzaine d’individus en 2005 mais ne pouvant être considérée comme viable à long terme, pour cause de nombre trop faible de femelles, et de problèmes deconsanguinité. Il s’est avéré que les deux femelles réintroduites s’étaient accouplées sur leur territoire d’origine avec le mâle lui aussi réintroduit. Cette situation a conduit le gouvernement français à mettre en œuvre un plan de renforcement avec un apport de quatre nouvelles femelles et d'un mâle au printemps 2006. Un nouveau plan de réintroduction était à l'étude pour la fin duquinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce plan n'a finalement pas abouti, ce qui, en 2012, a conduit la commission européenne à adresser une mise en demeure au gouvernement français afin de relancer sa politique en faveur de la biodiversité[9]. Ceci étant, le nombre d'ours dans les Pyrénées augmente. En 2016, par exemple, 39 individus ont été détectés (dont trois sont morts dans l'année), soit sept ours de plus qu'en 2015[10]. Les 4 et, deux ourses slovènes ont été relâchées par l'office national de la chasse et de la faune sauvage dans les Pyrénées occidentale, où ne subsistaient plus que deux ours mâles dontCannellito, le dernier de souche pyrénéenne[11] et l'une d'elles a eu une portée de deux oursons durant l'hiver[12].
En 2018, la population est estimée à au moins 40 individus[13].
En été il accumule jusqu'à 180 à 200 kg degraisse, réserve dans laquelle il puise pour tenir l’hiver, période durant laquelle il devient léthargique. Bien qu’il ne soit pas un vrai animalhibernant et qu’il puisse être réveillé facilement, l'Ours brunhiverne en ayant l'habitude de s’abriter dans des endroits protégés telle qu’unecaverne ou unecrevasse pendant les mois de la saison froide.
Omnivore, il se nourrit de plantes, dont lesbaies, lesracines, et les pousses,champignons et surtoutpoissons,insectes et petitsmammifères comme le renard. L’Ours brun est en grande partievégétarien, tirant jusqu'à 75 % de ses calories des matières végétales. Il adapte son régime alimentaire aux ressources locales et saisonnières (ainsi certains ours mangent un énorme nombre depapillons nocturnes (mites) en été, parfois jusqu'à 40 000 par jour, pouvant retirer jusqu'à un tiers de leurs calories de ces papillons[14]).
Les ours attaquent régulièrement desruches. Ce sont leslarves d'abeilles que l'ours apprécie tout particulièrement[15]. L'ours mange l’entièreté de la ruche abeilles et larves comprises[16].
Normalement solitaires, les ours se rassemblent à côté des cours d’eau et des fleuves pendant la remontée et le frai du saumon. Tous les deux ans les femelles mettent au monde un à quatre jeunes qui pèsent seulement 500 grammes à la naissance. Ce phénomène devient plus rare en raison d'une raréfaction du saumon sauvage.
Les méthodes classique d'évaluation des populations sous-estiment probablement la taille de lamétapopulation ursine. Les méthodes dites non invasives basées sur la photo automatique en infrarouge et sur l'analyse de l'ADN (de poils ou de fèces) permettent, à moindre coût, depuis peu, de mieux évaluer les populations locales, et aussi de mieux comprendre lagénétique des populations de l'Ours brun, sans interférer avec l'espèce et avec moins de stress pour les individus (par rapport à la pose deradiobalises). C'est ainsi qu'on a évalué une population d'ours suédois à550 individus environ (482-648) dans une aire de 49 000 km2 et 223 (188-282) ours étaient présents dans une aire de 7 328 km2[17]. Comme les autres méthodes, elles impliquent cependant un effort d'échantillonnage suffisant.
Depuis 2011, l'utilisation récente de nouveaux colliers émetteurs (intégrant une caméra enregistrant des séquences de 10 secondes toutes les 5 à 15 minutes durant plus d'un mois) a apporté des données nouvelles sur le comportement d'une petite population nord-américaine d'Ours bruns de mi-mai à fin juin (période choisie car les petits d'orignaux et decaribous y sont les plus disponibles pour les ours) : 100 heures de film exploitable (36 376 clips) ont permis de décrire l'emploi du temps des ours ainsi suivis[18]. 60,5 % de leur temps était consacré au repos, 21,3 % aux déplacements, pour seulement 6,3 % consacrés à l'alimentation[18]. Dans cette région au printemps plus de la moitié des repas étaient de la chair d'Orignal ou de Caribou, avec 20 % environ de nourriture végétale en complément, et 12 % de viande d'orignal adulte, plus quelqueslièvres d'Amérique, cygnes[18]. Et un cas de cannibalisme a été documenté : un ours mâle de dix ans a tué et mangé une femelle de six ans[18]. Cette étude a permis de réévaluer (à la hausse) le nombre de proies tués par les ours dans cette région. Il a aussi montré que certains ours tuent beaucoup plus de proies que les autres (l'un a tué quarante-quatre jeunes herbivores en25 jours pendant qu'un autre en tuait seulement sept en27 jours)[18].
En saison de reproduction les mâles se montrent très agressifs envers les petits des femelles. Ils cherchent à les tuer. À ce moment, certaines femelles se rapprochent des habitations de l'homme, semble-t-il, pour se protéger des mâles. Ce phénomène, appelé "Bouclier humain", a aussi été observé chez une espèce d'antilope menacée qui se rapproche chaque nuit de troupeaux de pasteurs, sans doute pour mieux échapper à la prédation par les hyènes qui se savent en danger près de ces troupeaux[19].
L'espèceUrsus arctos a été décrite par le naturaliste suédoisCarl von Linné en 1758[20].La localité type est Type "Sylvis Europæ frigidæ" réduite par le zoologiste Thomas (1911) au Nord de la Suède.
ÀChauvet, des crânes d’ours disposés en cercle ont été découverts ; l’un d’eux était volontairement posé sur un rocher au centre d’une des salles ornées de la grotte. ÀMontespan, il y a 17 000 ans, la statue d’un ours était façonnée dans l’argile. Dans la grotte basque d’Ekain, toutes les représentations animales sont orientées vers la niche aux ours (artzei).
L’archéologie livre de rares attestations directes de chasse à l’ours, notamment des impacts de projectiles en silex fichés dans les restes osseux de plantigrades. Lagrotte du Bichon (Suisse), datée du Paléolithique supérieur (Azilien) en offre un exemple exceptionnel : on y a trouvé deux squelettes entrelacés d'un homme et d'une ourse, avec un fragment de silex fiché dans une vertèbre de cette dernière. Cette découverte a été interprétée comme un accident de chasse. L'homme chassait l'ourse, qui s'est réfugiée dans la cavité, blessée. Le chasseur, pensant qu'elle était morte, s'engouffra dans la grotte, et se fit attaquer par sa proie qui, en réalité, vivait encore. L'homme périt de l'attaque de l'ourse et cette dernière, trop blessée, succomba elle aussi à ses blessures. La fouille intégrale du site a également révélé un grand nombre d'éclats de silex, notamment des pointes à dos courbe et des têtes de projectiles, qui faisaient probablement partie de l'équipement du chasseur, âgé d'environ23 ans selon l'étude anthropologique.
L'ours faisait partie des animaux utilisés par les Romains dans les cirques (ivoire byzantin duMusée national du Moyen Âge, Cluny).
EnBulgarie, enRoumanie, dans lesBalkans, enAsie, enYougoslavie, chez les Indiens d’Amérique du Nord comme dans lesPyrénées, l’ours fut longtemps considéré comme l’ancêtre de l’homme ou encore comme un homme sauvage ; souvent même il avait le statut d’un dieu. Son attitude parfois proche de l’humain lui a valu cet anthropomorphisme. Ainsi, quand il se dresse sur ses pattes arrière tel un homme, lesBéarnais le nomment « lo pè-descauç », le va-nu-pieds, ou encore « lo Mossur », le Monsieur. Cette apparente ressemblance avec l'homme a donné naissance dans l'Ouest des Pyrénées françaises à la légende deJean de l'Ours, fruit des amours entre un ours et une femme[23].
Les peuples nordiques et celtes représentaient l'ours comme leroi des animaux et comme un symbole de puissance. L'Église a cependant diabolisé cet animal durant leMoyen Âge afin de combattre lepaganisme, et son statut de monarque des animaux en Europe a été peu à peu cédé aulion, animal traditionnel duchristianisme.
↑thèse d'Eva Bellemain,Genetics of the Scandinavian brown bear (Ursus arctos): implication for biology and conservation, 2004, Université Joseph-Fourier, Grenoble I[lire en ligne]
↑Carl von Linné; Systema Naturae per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiæ: impensis direct. Laurentii Salvii. i–ii, 1–824 pp doi: 10.5962/bhl.title.542
↑Il est également considéré comme une espèce distincte (Ursus crowtheri) par certains auteurs.
Solgi E & Ghasempouri S.M (2015).Application of brown bear (Ursus arctos) records for retrospective assessment of mercury. Journal of Toxicology and Environmental Health, Part A, 78(5), 342-351résumé.