LesOudmourtes (russe :Удмурты) — également appelés par le passé Votyaks ou Votiaks — sont unpeuple finno-ougrien (permien) vivant dans le bassin de laKama, une région de l'Oural enRussie. Ils vivent principalement enOudmourtie.
L'étymologie de l'endonyme des Oudmourtes n'est pas très claire. L'hypothèse selon laquelle le motoudmourte viendrait de l'iranienanta-marta (qui peut être traduit parhabitant des régions périphériques ou frontalières, voisin) a attiré une certaine attention[8],[9]. En oudmourte contemporain, l'ethnonyme se compose de deux syllabes :oud[10](fort, puissant, élégant), etmourt (personne, homme) ; cependant la traduction du motoudmourte parhomme fort n'est pas correcte.
L'appellation russeVotyaks (russe :Вотяк), qui n'est plus d'usage, s'est probablement formée à partir de la première moitié du motOudmourte (oud,od,ot), auquel s'est ajouté le préfixe russev et le suffixeyak, caractérisant les représentants d'un peuple)[8],[9].
Les Oudmourtes semblent s'être installés sur les rives de la Kama dans cette région de l'Idel-Oural traversée par laVolga, à l'ouest des villes russes dePerm etIekaterinbourg et à l'est deNijni Novgorod. À la fin du premier millénaire de notre ère, ils sont sous le contrôle duKhanat bulgare de la Volga.
Aire de répartition des Oudmourtes au sein de la régionIdel-Oural.
La population oudmourte est d'un peu plus de 550 000 habitants enRussie, répartie principalement dans deux républiques autonomes :
l'Oudmourtie, qui comptait 1 619 000 habitants en 1990, dont environ 32 % d'Oudmourtes (497 000 personnes) ;
la République de Tatarie ouTatarstan, voisine de la première, qui compte entre 3,5 et 4 millions d'habitants et où les Oudmourtes représentent 5,9 % de la population, soit entre 205 000 et 235 000 personnes.
Selon les données du recensement de 2010, le niveau d'éducation des Oudmourtes de Russie est sensiblement inférieur à la moyenne de la Fédération : seulement 11,1 % des Oudmourtes détenaient un diplôme supérieur ou universitaire[12], contre 23,4 % en moyenne pour la population totale de la Russie[13].
L'activité traditionnelle des Oudmourtes était l'agriculture, l'élevage, et dans une moindre mesure le maraîchage. Les cultures les plus répandues étaient le seigle, le blé, l'orge, l'avoine, le sarrasin, lepanic, le chanvre et le lin ; ils élevaient du bétail destiné à la culture des sols, des bovins, des porcs, des ovins et des gallinacés. Leur production maraîchère était principalement constituée de choux, de rutabaga et de cucurbitacées. La chasse, la pêche, l'apiculture et la cueillette jouaient un rôle important dans leur mode de vie. De nos jours, les racines des Oudmourtes restent essentiellement rurales[14].
Les Oudmourtes ont une alimentation mêlant viandes et végétaux. La présence de fruits de la cueillette y est notable : champignons, baies, herbes... Différentes soupes peuvent être trouvées, aux pâtes, aux champignons, à base de gruau, ou de choux, voireokrochka. Les produits laitiers les plus utilisés sont letvorog et le lait fermenté, dont laryajenka. La viande peut être hachée ou rôtie, mais elle est plus souvent bouillie ou consommée engelée ou sous forme de saucisses. Les plats les plus typiques sont lespelmeni et lesblinis (voircuisine oudmourte(en)).
Le lieu saint des Oudmourtes est lakouala(ru) ; elle se trouve généralement dans la cour du prêtre, ou dans la forêt. Construite comme une petite cabane, elle ne présente pas de signe particulier, mais l'intérieur comme l'extérieur sont considérés comme sacrés[17].
Le folklore des Oudmourtes est fait de mythes, de légendes, de contes (magiques, sur les animaux ou réalistes) et de mystères. Les œuvres lyriques y occupent une place centrale, et le genre épique en est quasiment absent, représenté seulement par leslégendes des bogatyrs du cercle de Dondinsk(ru) (plusieurs tentatives ont été faites pour intégrer ces légendes auKalevipoeg).
Les Oudmourtes ont une tradition musicale et de danses ; les danses sont très simples : rondes, danses à trois ou à quatre. Les instruments de musique historiques sont legousli, la guimbarde, le pipeau et la flûte, lacornemuse, etc. De nos jours, labalalaïka, leviolon, legarmon et la guitare se sont substitués aux instruments traditionnels.
La mythologie populaire est proche de celle des autres peuples finno-ougriens. Elle est caractérisée par une cosmologie basée sur la lutte entre le bien et le mal, une division du monde en trois espaces (haut, intermédiaire et bas), et un culte d'une entité céleste créatrice de l'univers. La déité supérieure estInmar(ru), même siKyldysin(ru) est également très estimé. Le dieu du mal estSheitan. Le dieu du foyer, protecteur du peuple, estVorchoud(ru)[18]. De nombreux esprits mineurs existent également. L'influence de l'islam et du christianisme est perceptible, notamment dans le calendrier religieux et les sujets mythologiques. Il n'a pas été retrouvé d'image des dieux, mais l'ethnographie duXIXe siècle rapporte la présence d'idoles de bois ou d'argent chez les Oudmourtes.
Le clergé présentait différents rôles, dont le prêtre (oudmourte :вӧсясь), le guérisseur (oudmourte :туно), et le sacrificateur (oudmourte :парчась). On peut compter au nombre des membres du clergé letöro (oudmourte :тӧро), personne respectable qui doit impérativement assister à toutes les cérémonies.
Les bois étaient considérés comme sacrés ; certains arbres portaient une connotation sacrée particulière (bouleau, épicéa, pin, sorbier, aulne).
↑a etbMarie Casen, « Quelques aspects des transformations sociales des Oudmourtes depuis les années 1990 »,Revue Russe,vol. 36,no 1,,p. 115-124(lire en ligne, consulté le).
↑Eva Toulouze, « L'apparition de l'écrit chez les Oudmourtes : 1e partie »,Études finno-ougriennes, Presse de l'Inalco,,p. 93-120(lire en ligne, consulté le).
Christoph Pan, Beate Sibylle Pfeil, Michael Geistlinger,National Minorities In Europe, Purdue University Press, 2004(ISBN978-3700314431) : « The Peoples of Europe by Demographic Size », table 1,p. 11f.