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1903–1958
Drapeau de la France | Armoiries |
| Statut | Colonie(1906-1947) Territoire d'outre-mer(1947-1958) |
|---|---|
| Capitale | Bangui |
| Langue(s) | Français |
| Superficie | 700 000 km2 |
|---|
| Décret de création du poste deBangui | |
| Création duTerritoire de l'Oubangui-Chari | |
| 11 février 1906 | Réunion avec le Tchad et création de la colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad. |
| Proclamation de laRépublique centrafricaine |
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L’Oubangui-Chari est un ancien territoire colonialfrançais de l'Afrique centrale entre et, situé dans l'actuelleRépublique centrafricaine.
En 1906, le territoire est réuni àcelui du Tchad dans lacolonie de l’Oubangui-Chari-Tchad jusqu'en 1920, qui constitue une circonscription duCongo français de 1906 à 1910 puis de l'Afrique-Équatoriale française (AEF).
Colonie, puisterritoire d'outre-mer de la République française en, il devient en un État membre de laCommunauté française sous le nom actuel de laRépublique centrafricaine (RCA), avant d'accéder à l’indépendance le.

L'histoire de l'Oubangui-Chari est marquée par latraite orientale et trans-saharienne qui à pesé sur ladémographie de la région, la population passe de cinq à six millions à un million d'habitants entre leXVIIe et leXXe siècle[1].
À partir duXVe siècle, de nombreux petits États esclavagistes dits « du Nil », tels queKordofan,Khartoum (Soudan) etZanzibar, commencent à proliférer sur les ruines de l'empire du Mali et du royaume duKanem Bornou – qui comptent parmi les plus importantes puissances duMoyen Âge en Afrique. Ces petits États convergent en payscentrafricain dans une course à la recherche des esclaves et de l’ivoire[2].
AuXVIe siècle apparaissent les premiers royaumes reliés par les fleuvesCongo,Oubangui etSangha : le royaume de Gaoga, qui s'étale du Soudan central jusqu’au territoire centrafricain, et leroyaume d’Anzico, qui s'étend duCongo jusqu'aux limites duroyaume de Gaoga au nord[2]. Tous deux disparaissent pour des raisons inconnues, les historiens considérant la traite négrière comme l'hypothèse la plus probable[3],[2].
Par la suite naissent les royaumes dubassin du Tchad : Kanem et Bornou fusionnent pour former leroyaume du Kanem-Bornou. Les royaumes duOuaddaï et duBaguirmi s’étendent depuis lelac Tchad jusqu’au Nord de laCentrafrique. Les populations de ces royaumes, d’originenubienne, fournissent les victimes de latraite négrière orientale et ducommerce transsaharien grâce à leur interaction au nord du territoire centrafricain. Cela débouche sur une forme de colonisation, avec la naissance des sultanats deSenoussi au nord-est, deBangassou, deRafaï et deZémio au Sud-Est[2].
Le contact avec le monde arabo-musulman qui introduisent les armes à feu et le commerce formel, a vidé assez vite toutes les régions du Nord-Est et du Sud-Est de leurs populations et entraîné la prolifération des espèces sauvages, tout en modifiant les pratiques traditionnelles de chasse. L’impact de la traite frappe cependant la région plus tardivement que beaucoup d’autres du continent, à partir de 1750.[réf. souhaitée][4]
Les travaux de l'historien etadministrateur colonialPierre Kalck, outre une thèse obtenue en 1970 sur l'Oubangui-Chari et laRépublique centrafricaine, ont très tôt établi que la traite atlantique atteignait aussi le territoire centrafricain. Le commerce négrier en Afrique centrale s’est déroulé sur tout l’espace géographique actuel de la Communauté économique des états de l’Afrique centrale (CEEAC), les routes des esclaves de l’Afrique centrale étaient donc liées à celle de l’Afrique de l’Est et australe, les esclaves vendus auxAntilles ne provenaient pas uniquement des régions littorales[5],[6].
LesBobangui ont participé à la traite atlantique auXVIIIe siècle en transportant les captifs sur leurspirogues[7]. Ils donnent leur nom à un village du Sud-Ouest de laRépublique centrafricaine, où naissent auXXe siècle les grandes personnalités politiques centrafricainesBarthélémy Boganda etJean-Bedel Bokassa[8].
Au début duXIXe siècle, une population d'Afrique centrale, lesNgbaka, est obligée de fuir la traite atlantique, quittant les rives de l'Oubangui pour revenir s'installer dans la forêt de leurs ancêtres dans la région de la Lobaye qui leur permettent de se dissimuler. Mais ils y trouvent un autre peuple, les Bouaka Bondjo, installés entre les villes deBangui etMbaïki. Une partie de la population Ngbaka fusionne avec lesMandja, émigre vers l'est dans la région deDamara et devient les Ngbaka mandja, tandis que d'autres se confondent, le long du fleuve, avec lesBobangui, et qu'un troisième groupe se fixe sur l'emplacement de la future ville de Bangui, qui compte 200 habitants en 1900 (sa croissance n'aura lieu qu'auXXe siècle)[9].
Ils pratiquaient laculture sur brûlis, la chasse et la pêche, précédées d'un sacrifice aux ancêtres[10] et s'abritent derrière des fortifications[10].
Les Bouaka Bondjo auront eux des relations très conflictuelles avec le colonisateur français qui va raser leurs villages[7]. L'arrivée de la colonisation française assure une certaine sécurité aux commerçants islamisés[7]. Après 1800, Ngoura, le leader des Kogobili, fonde lanation Zandé[7], à l'origine des chasseurs, devenue essentiellement guerrière puis agricultrice[7], et résiste aux razzias des arabes de la confrérie duMahdisme[7]. La nation Zandé, dont le nom « Azandé » signifie « le peuple qui possède beaucoup de terre », est une association de peuples fondée autour du clan des Kogabili, venus du Soudan nilotique, qui vont imposer leur langage et leurs cultures aux autres, enRépublique démocratique du Congo, sur le HautCongo, dans l'ouest duSoudan du Sud autour des rives de l'Uelé, ainsi qu'enRépublique centrafricaine[7].
L’ivoire et les cornes des rhinocéros furent les principaux produits d’échange dès les débuts de latraite atlantique le long des côtes d’Afrique centrale[2]. Après les Portugais, les Allemands et les Hollandais en augmentent l’importation[2].Ndélé fut un important centre esclavagiste dépendant du sultan duBaguirmi. Un peu plus tard, plus au sud, les riverains de l’Oubangui deviennentpiroguiers et intermédiaires pour les trafiquants d’esclaves alors qu’à l’est, entre Mbomou etUélé, des petits États aristocratiques de langue Zandé (ou Nzakara au nord de l’Oubangui) combattent les trafiquants mais alimentent également pour leur propre compte les trafics d’esclaves à destination des occidentaux ou des pays arabes par leBahr el Ghazal. Ce dernier trafic, spécialement important dans la seconde moitié duXIXe siècle est d’autant plus dévastateur que les trafiquants jallabafinancés depuis Khartoum étaient équipés d’armes à feu[11].
Dotées d’un faible niveau d'immunité contre les grandes épidémies car autarciques les populations résistent mal à lavariole et larougeole. En parallèle,syphilis etgonococcies provoquent l’apparition fréquente de stérilité chez les individus infectés. Il résulte undépeuplement massif du tiers voire de la moitié orientale du territoire centrafricain[12], auquel s’ajoutent des migrations intérieures de sauvegarde qui contribuent à semer un peu plus le chaos[12]. La comparaison avec les études de Jean Noël Biraben, directeur de recherche à l'INED,Institut national d'études démographiques chargé de l'histoire des maladies a permis aux historiens de faire un parallèle avec la baisse de la population de l'Amérique latine, selon lui passée de39 millions en 1500 à10 millions en 1600 et 1700, en un seul siècle, suivie d'un autre siècle de stagnation[5]. La chute démographique en Afrique a été étalée sur trois siècles, avec une accélération brutale dans le dernier tiers duXVIIIe siècle, par un processus plus lent et différent[5]. Les recherches dans plusieurs régions (Tchad, Soudan nilotique, Gabon, Congo, République Centrafricaine…) ont indiqué qu'entre 1860 et 1930, l'Afrique noire a perdu le tiers ou plus de sa population, qui aurait été approximativement de 200 millions en 1860[5].
Les Arabes pillant les richesses et la possession des armes à feu« conférant une supériorité militaire » aux guerriers de latraite négrière orientale, parmi lesquels les aventuriers Ziber,Rabah, Tippo-tip[2], qui cherchent à créer leurs propres états[2],« le pays est saigné à blanc et ruiné » avant que n'arrivent les Européens du sud pour la colonisation, ce qui génère avec les Arabes« d’âpres rivalités ».
Les populations de la forêt, y compris lesPygmées, sont victimes des négriers, un peu moins que les autres, la forêt offrant un rempart[2] et lesmouches tsé-tsé écourtant le séjour des razzieurs[2]. Les riverains des fleuves, qui vivent du poisson, doivent fuir dans les îles de l’Oubangui ou par le courtage pour le compte des négriers[2]. L'esclavage, répondant jusque là à des cas précis (prisonniers, dettes) change d'échelle et acquiert un rôle dans l'économie[2].
Après de« grandes incursions esclavagistes organisées », sous forme de brefs allers-retours[2], les chefs de latraite négrière orientale passent à l'occupation d'une partie des terres en Centrafrique vers le milieu duXVIIe siècle[2]. Des colporteurs arabisés parcourent le Centrafrique à la recherche du fer du payssara,banda,yakoma, du cuivre duDar Fertit, de l’ébène des galeries forestières, du café de l’est de Centrafrique et de l’ivoire[2], ensuite échangé entre leTchad, leNil et leMbomou[2].
Dans les années 1860, latraite négrière orientale va reprendre de l’ampleur à partir de Zanzibar, Khartoum et le Tchad pour approvisionner le monde arabe en main d’œuvre agricole ou domestiques, ou en soldats. Pour s'approvisionner en ivoire, les Arabes se lancent à l’intérieur du continent et en profitent pour acheter les futurs esclaves de leurs plantations de clous de girofles[2]. Les régions environnantes (lac Tanganyika, Lualaba), ne suffisant plus, les Arabes sont allés jusqu’en Afrique centrale dans les premières décennies duXIXe siècle[2]. La confrérie religieuse dumahdisme émerge, très active dans les razzias dans l’est de la Centrafrique[2].
À l’ouest les Peulhs d'Ousman Dan Fodio imposent à une partie duCameroun, par les armes, un islam intégriste et créent les « Lamidots » :« celui de Ngaoundéré mène d’intensesactivités religieuses et esclavagistes dans l’ouest du pays »[2]. EnLibye,Mohammed bin Ali Al-Sanoussi, né entre 1780 et 1790, fonde une confrérie qui porte son nom, la Senoussiya, dont l’influence s’étend en 1880 de l’Égypte à l’Algérie et dont la richesse est tirée de la traite.
Lacolonisation de l'Oubangui a commencé avec l'établissement de l'avant-posteBangui en 1889, sur la rive droite française de l'Oubangui, face au poste belge de Zongo sur la rive gauche. Le territoire appelé Oubangui-Chari en 1904 est formé de la réunion de la région du Haut-Chari et des territoires duHaut-Oubangui.
Le territoire est contesté par leSultan d’Égypte. Après la défaite des forces égyptiennes, laFrance établit une administration coloniale dans ce territoire en 1903. En 1898, la mission militaire ducommandant Marchand tente d'incorporer l'actuel Soudan du Sud au territoire de l'Oubangui-Chari, mais la mission se heurte aux forces de l'armée britannique de Kitchener, àFachoda, donnant lieu à lacrise de Fachoda.
Le « Territoire de l’Oubangui-Chari » est créé par le décret du, « portant organisation du Congo français et dépendances »[13]. Des noms de deux importants cours d'eau du territoire : l'Oubangui, affluent du fleuveCongo et leChari, tributaire principal dulac Tchad. Le « Territoire de l'Oubangui-Chari » est administré, par délégation du commissaire général au « Congo français et dépendances », par un administrateur civil portant le titre de « délégué permanent » et résident àBangui.
Le décret du, « portant réorganisation des possessions du Congo français et dépendances »[14], unit le « Territoire de l'Oubangui-Chari » au « Territoire militaire du Tchad » et les érige en « Colonie de l’Oubangui-Chari-Tchad », dont le chef-lieu estFort-de-Possel. Le, un décret transfère le chef-lieu à Bangui.
EnCentrafrique, les colonisateurs français ont après les étapes de la pacification du territoire imposé un régime de colonie d’exploitation confié à des compagnies concessionnaires qui introduisent le portage et l’exploitation caoutchoutière[2].
En1910, il devient l’un des territoires de la fédération de l’Afrique-Équatoriale française (AEF), avec le Tchad, leMoyen-Congo et leGabon, tout d’abord en tant que territoire unifié sous le nom « Oubangui-Chari-Tchad », puis en tant que colonie autonome en1915.L'hévéa de Centrafriquecontribue à un krach mondial en 1921, qui est l'événement le plus important de l'histoire de la culture de l'hévéa. Le cotonnier est ensuite implanté à partir de 1918 en Oubangui parAuguste Lamblin[15], pour « porter secours aux villages » après les« ravages économiques et humains causés par la cueillette forcée du caoutchouc et la terrible corvée du portage »[15]. À cette fin,Auguste Lamblin développe en seulement deux ans le réseau routier: en1920, la colonie compte 4 000 km de routes[16]. Au cours de la seulePremière Guerre mondiale, la production mondiale avait doublé pour atteindre 221 000 tonnes en 1918, de nombreux hévéas plantés dans les années 1910 étant arrivés à maturité[17]. En 1923, confronté au marasme[2], le colonisateur décidera, en Oubangui, de mettre fin aux activités de ces compagnies concessionnaires de l'hévéa pour se lancer dans la création des premières entreprises d’exploitation forestière et éco-touristisme[18].

L'Afrique équatoriale française, en particulier la région d'Oubangui-Shari, avait un système de concessions similaire à celui de l'État indépendant du Congo et des atrocités similaires y ont également été commises. L'écrivainAndré Gide s'est rendu en Oubangui-Shari et les habitants lui ont raconté des atrocités telles que des mutilations, des démembrements, des exécutions, le brûlage d'enfants et des villageois attachés de force à de grandes poutres et obligés de marcher jusqu'à ce qu'ils tombent d'épuisement et de soif[19]. Le livre "Voyages au Congo" de Gide, publié en 1927, décrit les horreurs des sociétés concessionnaires en Afrique équatoriale française. Le livre a eu un impact important sur le mouvement anticolonialiste en France. Le nombre de victimes sous le système de concession français en Oubangui-Shari et dans d'autres parties de l'Afrique équatoriale française reste inconnu, mais en pourcentage, il était aussi meurtrier que l'ÉIC,[réf. nécessaire] dont la population a chuté de moitié[20].
En 1924, la colonie est divisée en 11 circonscriptions et 24 subdivisions. Ce découpage n'a jamais été fixe et fait l'objet d'un nombre considérable de rectifications. À la suite de la réforme Renard[21], la région de l'Oubangui-Chari est divisée en 6 départements, la région du Tchad en 4 départements entre 1935 et 1937[22].
En 1935, la région de l'Oubangui-Chari compte 6 départements, dont deux s'étendent sur le sud-ouest de l'actuelTchad[23].
| N° | Département | Chef-lieu | Subdivisions et Postes de Contrôle Administratif |
|---|---|---|---|
| 1 | Haute-Sangha-M'poko | Bangui | Berbérati,Boali,Boda,Carnot,Damara,Mbaïki,Ngotto |
| 2 | Oubangui-Ouaka | Bambari | Alindao,Dékoa,Fort-Sibut,Fort-Crampel, Les Mouroubas,Grimari,Mobaye,Ippy |
| 3 | Mbomou | Bangassou | Birao,Bria,Ouadda,Yalinga,Bakouma, Foroumbala,Ouango,Rafaï,Zémio,Djemah |
| 4 | Ouham-Pendé | Bozoum | Baboua,Baïbokoum,Batangafo,Bocaranga,Bouar,Bouca,Paoua |
| 5 | Logone | Moundou | Bongor,Doba,Laï,Kélo,Léré, Flanga |
| 6 | Chari-Bangoran | Fort-Archambault | Koumra,Moïssala,Ndélé |
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