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Ouarsenis

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Ouarsenis
Carte de localisation de l'Ouarsenis dans le Nord-Ouest de l'Algérie.
Carte de localisation de l'Ouarsenis dans le Nord-Ouest de l'Algérie.
Géographie
Altitude1 985 m, Kef Sidi Amar
MassifAtlas tellien
Administration
PaysDrapeau de l'AlgérieAlgérie
WilayasMédéa,Tissemsilt,Aïn Defla,Chlef,Relizane,Tiaret
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L'Ouarsenis (enarabe :الونشريس, enberbère : ⵡⴰⵔⵙⵏⵉⵙ,Warsnis) est unmassif de montagnes du Nord-Ouest de l'Algérie. Il culmine au pic Sidi Amar (1 985 m) près deBordj Bou Naama dans lawilaya de Tissemsilt, à 67 km au nord deTissemsilt.

Toponymie

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La forme actuelle du toponymeOuarsenis est adoptée aussi bien par les habitants que par la nomenclature officielle, mais elle est l'aboutissement d'une longue évolution. En effet, jusqu’à la fin duXIXe siècle, les sources donnaient plusieurs formes pour le massif :OuarsénisOuersenis,OuenserisOuaransenis,Ouarenseris,Ouarchticen,OuarchenisOuancherich  etWancharis. Les versions les plus anciennement attestées sont celles d'Ibn Khaldoun :Ouarsénis et surtoutOuarchenis[1].

L'Ouarsenis de l'historien duMoyen Âge semble avoir des dimensions du même ordre que celles des géographes et des administrateurs coloniaux par rapport à celles, beaucoup plus restreintes, que lui donnent ses populations actuelles qui réservent le nom de djebel Warsnis à son « massif central »[2].

L'Ouarsenis, duberbère :Warsnis, signifie « rien de plus haut » selon certaines hypothèses[2].Lionel Galand a suggéré queOuencheris était l'élément de départ, avecwa +n qui signifie littéralement « celui de » en berbère. Pour l'autre moitié du mot, G. S. Colin posait la question de savoir si elle ne pouvait pas être mise en rapport avecSersou, région immédiatement au sud[2].

En 1902, Onésime Reclus[3] surnomme l'Ouarsenis « l'Œil-du-monde », expression qui est reprise plus tard dans des récits sur laguerre d'Algérie.

Géographie

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Sommet de l'Ouarsenis près de la commune de Tamalehat.

L'Ouarsenis est un massif de l'Atlas tellien[4], situé dans le Nord de l'Algérie[5]. Il s'étend entre leChelif à l'est et au nord, l'Oued Mina et lesmonts de Saïda à l'ouest et le plateau duSersou au sud[6], à cheval sur les wilayas deMédéa,Aïn Defla,Tissemsilt,Chlef,Relizane etTiaret[7].

Le relief, accidenté, comporte de lourdes croupesmarno-schisteuses, et des crêtes[8]. Il est dominé par plusieurs pointementscalcaires dont le principal forme le « haut massif » ou « massif central » de la chaîne auquel les populations de ces régions réservent le nom de djebel Warsnis[5]. Les principaux sommets sont le mont Achaoun (1 850 m) le Ras Elbrarit (1 750 m), le pic Sidi Abdelkader, le mont Tamedrara, le Kef Siga et le Kef Sidi Amar (1 985 m, au nord deBordj Bou Naama), le point culminant du massif[9].

Le massif constitue la plus vaste unité montagneuse duTell algérien, il est compris entièrement dans lazone méditerranéenne. Il est coupé de la mer par la chaîne côtière duDahra et se trouve relativement privilégié par rapport aux régions voisines, notamment l'Oranie orientale et le Sersou, qui sont des régions plus sèches[6]. L'Ouarsenis est, pour l'Ouest algérien, le pendant symétrique, mais d'une altitude inférieure, du massif duDjurdjura en Grande-Kabylie. Il s'étire sur environ 200 km d'ouest en est, tandis que sa largeur est de l'ordre de 100 km sauf à l'est, où elle ne dépasse pas 60 km[6]. Il constitue, avec lesTraras et lesmonts du Tessala, la seconde ligne de crêtes méridionales telliennes surplombant les hautes plaines intérieures[7].

Forêt des cèdres.

La région offre globalement de bonnes conditions climatiques, à l'exception de la zone culminante qui se caractérise par de longs et rigoureux hivers. Les effets des irrégularités pluviométriques et thermiques sont ici atténués. Le massif échappe aux influences du sud, même s'il est en contact direct avec le domaine semi-aride[7].

La montagne est un refuge pour laflore et lafaune, on y trouve notamment de vastes forêts decèdres, depins d'Alep et dechênes verts, mais elle favorise aussi l'agriculture, notamment sur les versants[8] et le plateau du Sersou couvert de cultures céréalières. Leparc national de Theniet El-Had s’étend sur3 616 hectares, il a été créé dans la partie orientale du massif pour protéger des forêts decèdres séculaires[10]. La région était connue jadis pour abriter desLions, desPanthères et des Léopards[11],[12].

Sur les flancs du massif naissent les principaux affluents du Chelif : les oueds Deurdeur, Rouina, Tikzel, Sly et Rhiou. Il est un des grandschâteaux d'eau du pays, ses flancs septentrionaux portent une série de barrages importants, alimentant les irrigations de la vallée duChélif[8].

Histoire

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Commémoration de la bataille de Bab El Bekkouche.

Le peuplement de l'Ouarsenis est très ancien et durant toute la périoderomaine le massif est resté occupé dans sa plus grande extension par des populations autochtones indépendantes[13]. L'Ouarsenis a en effet échappé à l'occupation romaine,Gsell souligne qu'aucune voie romaine n'a été relevée à l'intérieur du massif[13]. Durant l'Antiquité tardive, une vasteprincipauté maure a pu s'établir entre l'Ouarsenis et la côte[14].

Le massif a connu une diffusion rapide de l'islam et ultérieurement celle des doctrines d'essencepuritaine et austère, notamment celles de certaines confréries religieuses[15]. Géographes et historiens médiévaux parlent peu de l'Ouarsenis. Les Berbères de la région sont donnés comme étant « zénètes » par les historiens arabes qui les rattachent auxBanou Ifren et auxMaghraoua[7].

Après l'effondrement de la dynastierostémide, l'Ouarsenis connaît des dominations successives notammentalmohade etzianide[7]. Ces derniers semblent avoir eu une véritable influence sur l'intérieur du pays, influence attestée par la toponymie, notamment : le ksar Hammou Moussa (Ammi Moussa), le djebel défensif de« Sidi Hammou » situé entre les territoires des communes deSebt etMelaab, le lieu-dit« Khandaq Youcef » dans la commune de Sebt, lieu de la bataille livrée par Youcef Ibn Abou Hamou Moussa et le lieu-dit« Kherbet Ezziayna » dans la commune deMeghila qui recèle des vestiges zianides[7].

La domination desMérinides en 1337 favorisa l'installation desArabeshilaliens (Ouled Ryah) au nord deChlef, au contact du massif. Dans les parties basses et plates, ils fusionnaient avec les autochtones sur la base de l'identité du mode de vie nomade, et à l'avantage de lalangue arabe. Les montagnards sédentaires et berbérophones continuaient leur existence de paysans. Plus tard et très progressivement le massif reçoit des apports de populations arabophones, qui font progresser l'arabisation des populations berbères[7].

Dans la première moitié duXIXe siècle, la plupart des tribus berbères citées par Ibn Khaldoun y étaient encore installées[7]. Il a été un des hauts lieux de résistance pendant laconquête coloniale, notamment en 1845, lors de la révolte decheikh Boumaza. Elle est suivie d'une répression qui se traduisit par des confiscations, notamment celles des terres céréalières du piémont, qui étaient nécessaires à l’alimentation de la population. Une part des paysans a émigré, ou a travaillé dans les fermes coloniales de plaine[7]. Puis à nouveau lors de laguerre d'indépendance[8].

Après l'indépendance, les difficultés de communication à l'intérieur du massif ont conduit à en rattacher les différentes parties à cinq wilayas dont les chefs-lieux sont installés à la périphérie[7].

Langues

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Paysage de l'Ouarsenis.

Leberbère, autrefois parlé dans tout le massif, ne survit que dans quelques îlots à la fin duXIXe siècle[15], mais persiste fortement dans la toponymie locale, les patronymes et le vocabulaire[16]. Paradoxalement, c'est dans leDahra qui est moins élevé et relativement plus accessible que les berbérophones se rencontraient le plus[15].

La variété de berbère de l'Ouarsenis fait partie de l'ensemble « zénète » dans la classification du René Basset (1887), qui qualifie même les parlers locaux de « zénatia ». Il est l'un des petitsparlers résiduels du centre-ouest algérien (en) qui sont des lambeaux survivant du grand ensemble socio-historique zénète[17]. René Basset a étudié dansla Zenatiya de l'Ouarsenis, les différents dialectes parlés auXIXe siècle dans la région[2].

L'enquête menée parEdmond Doutté etÉmile-Félix Gautier en 1913 confirme le processus d'arabisation de la région et le déclin de la langue berbère. Les montagnards berbérophones entretiennent des relations d'échanges commerciaux denses et régulières avec les arabophones des piémonts et plaines. Il mentionne :« Ils sont ainsi arrivés, en deux générations, à délaisser d’abord au dehors puis dans leurs relations familiales, leur dialecte, au point, me disait un homme de trente ans, “que nous ne savons plus désigner la nourriture en kabyle” »[17].André Basset, dans sonAtlas des parlers berbères (1936-1939), confirme l'existence de deux zones berbérophones dans l'Ouarsenis, l'une au nord deBordj Bou Naama, l'autre au nord-est deTheniet El Had[17].

Population

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Vestiges d'un hameau.

Les habitants sont d'origine berbère, ils sontzénètes et descendent desAït Ifran, desBeni-Ouragh, desMeknassas,Matmatas,Houaras et desMaghraouas[18]. À ce fond ethnique local, il y a eu des apportsarabes, sans doute à partir de la fin du milieu du Moyen Âge[19].

Les populations sont, en première approximation, des sédentaires, petits agriculteurs-éleveurs[20]. Les populations duSersou voisin les appelaientqbayl « Kabyles » quand ils nommentgbala les populations de la steppe, plus au sud. Cet usage du termeqbayl pour nommer les montagnards est une particularité algérienne ancienne : les « Kabyles » n'étaient pas alors les seuls habitants duDjurdjura[9].

La densité humaine est plus forte dans les altitudes élevées. La structure sociale traditionnelle comportait trois niveaux : la famille, laboccas et la tribu[7]. L'habitat est généralement groupé dans des hameaux appelésboccas (buqεa, littéralement : « emplacement »), correspondant à des petites collectivités autonomes distinctes[21]. Chacune d'elles comprend trois sortes de terroirs : le terroir de cultures permanentes (jardins et vergers), le terroir de replats réservé aux cultures annuelles, et le terroir de montagne, domaine de la forêt[22].

La propriété terrienne est privée, il existe des actes datant desXVIe et XVIIe siècles. Il s'agit d'une société sédentaire ancienne avec des droits bien définis[7]. Tous les membres de la bocca sont solidaires et concernés par tout ce qui touche l'organisation sociale de leur espace[22]. La bocca organisait également les travaux collectifs qui se déroulaient dans le cadre de latouiza ou« travaux collectifs d’entraide ». Ce mode d'organisation débordait à la fois sur les plaines duChélif, le massif duDahra et sur leSersou[7].

Les six principaux sommets, portent le nom de saints et deuxkoubbas coiffent les sommets les plus élevés (Kef Sidi-Amar et Kef Sidi-Abdelqader)[9]. Chaque année ont lieu des visites rituelles et des repas communiels à l'honneur d'unwali (saint) dans chaque bocca[23]. Il en existe de trois sortes de repas collectif à destination religieuse : ceux offerts au printemps et à l'automne en l'honneur du saint de l'islam,Abd al Qadir al-Jilani ; ceux offerts, aux mêmes saisons, au sanctuaire des saints locaux que chaque groupe dépend ou descend ; ceux que chaque chef de famille peut offrir à ses voisins en action de grâce[24].

À partir de laguerre d'Algérie, beaucoup de villageois du massif s'installent dans les villes voisines, cet exode rural s'est accéléré après l'indépendance du pays[17].

Références

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  1. Vignet-Zunz 2017,p. 28.
  2. abc etdVignet-Zunz 2017,p. 29.
  3. Onésime Reclus,L’Algérie, (Alger-Constantine-Oran), collection « Sites et monuments, à la France », Touring Club de France,, 207 p.
  4. ÉditionsLarousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - Ouarsenis », surwww.larousse.fr(consulté le)
  5. a etbVignet-Zunz 2017,p. 16.
  6. ab etcVignet-Zunz 2017,p. 25.
  7. abcdefghijkl etmJean-PierreLaporte, SalemChaker, ColetteRoubet et JacquesVignet-Zunz, « Ouarsenis : Histoire, géographie humaine et société »,Encyclopédie berbère,no 36,‎,p. 5929–5945(ISSN 1015-7344,DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2853,lire en ligne, consulté le)
  8. abc etdMarc Côte,Guide d'Algérie : paysages et patrimoine, Algérie, Média-Plus,, 319 p.(ISBN 9961-922-00-X),p. 87
  9. ab etcVignet-Zunz 2017,p. 27.
  10. DanielBabo et AlainSèbe,Algérie(ISBN 978-2-911328-96-1 et2-911328-96-5,OCLC 896837368,lire en ligne),p. 44
  11. E.CherblancE.Prothière et R.DuvierreC.Matton,Bulletin de la Société des sciences naturelles et d'enseignement populaire de Tarare Volumes 1-2, Tarare, Charlieu Imprimerie Paul Charpin rue de la Fromagerie, (1re éd. 1896), 204 p., « Bulletin de la Société »
  12. Élisée ReclusÉlisée Reclus et Élisée ReclusÉlisée Reclus,Nouvelle géographie universelle la terre et les hommes · Volume 11, Paris, Librairie Hachette, (1re éd. 1886), 373 p.(ISBN 9780274571901), « Faune de l'Algérie »
  13. a etbSari 1971,p. 65.
  14. Gilbert Meynier, « 12. Vandales, principautés maures et reconquête byzantine », dans :L'Algérie des origines. De la préhistoire à l'avènement de l'islam, sous la direction de Gilbert Meynier, Paris, La Découverte, « Poche/Sciences humaines et sociales », 2010, p. 175-182[lire en ligne]
  15. ab etcSari 1971,p. 70.
  16. Vignet-Zunz 2017,p. 54.
  17. abc etdSalemChaker et SaïdChemakh, « Ouarsenis : Langue et sociolinguistique »,Encyclopédie berbère,no 36,‎,p. 5946–5958(ISSN 1015-7344,DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2855,lire en ligne, consulté le)
  18. Le Correspondant, p. 580
  19. Sari 1971,p. 69.
  20. Vignet-Zunz 2017,p. 12.
  21. Sari 1971,p. 85.
  22. a etbSari 1971,p. 86.
  23. Sari 1971,p. 87.
  24. Vignet-Zunz 2017,p. 63.

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Vidéographie

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  • Les Déracinés, film de Lamine Merbah, inspiré de la thèse du géographe algérien, Djilali Sari, 1976.

Liens externes

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v ·m
Montagnes d’Algérie
Atlas tellien
Atlas saharien
Massifs sahariens
v ·m
Les grands espaces
Régions naturelles ou historiques
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