Canis megalotis(A. G. Desmarest, 1822) (Protonyme)
Canis lalandi(Desmoulins, 1823)
Otocyon cafferJ. Müller, 1836
Agriodus auritus(C. H. Smith, 1840)
Otocyon megalotisLesson, 1842
Megalotis lalandii(J. E. Gray, 1869)
Otocyon lalandiiP. L. Sclater, 1872
Otocyon virgatusG. S. Miller, 1909
Otocyon canescensCabrera, 1910
Otocyon steinhardtiZukowsky, 1924
Otocyon megalotis steinhardtiO. Thomas, 1929
Otocyon megalotis megalotisShortridge, 1934
Otocyon megalotis canescensCoetzee, 1971
Otocyon megalotis virgatusCoetzee, 1971
L’Otocyon, est un petitmammifèrecarnivore appartenant à lafamille descanidés. Le nom « Otocyon » désigne à la fois, legenreOtocyon, que la seuleespèce connue : l’Otocyon oreillard (Otocyon megalotis). Il s’agit d’un animal vivant dans lessavanes et lesprairies plutôt arides et désertiques d’Afrique orientale etaustrale. Plus communément désigné sous les noms deChien ouRenard oreillard, ou encoreRenard à oreilles de chauve-souris, il se caractérise par ses oreilles proéminentes, qui jouent un rôle dans lathermorégulation, ainsi que dans la détection desproies à base d’insectes, qu’il mâche avec une grande rapidité grâce à une dentition adaptée.
Nom typique en français : Otocyon (UICN)[2] et (RLRQ)[3].
Nomsvulgaires etvernaculaires, couramment utilisés en français : Chien oreillard, Renard oreillard, Renard à oreilles de chauve-souris (de l’anglaisBat-eared Fox)[4].
Le nomOtocyon provient du grec ancienοὖς (ous, « oreille ») etκύων (kyōn, « chien »), tandis que l’épithète spécifiquemegalotis dérive deμέγας (megas, « grand ») etοὖς (ous, « oreille »)[8].
Le terme « Oreillard » ne fait en réalité, pas référence à ses oreilles proéminentes, mais bien à sa tête semblable à celle de chauve-souris du genrePlecotus communément appelés « oreillards ».
L’otocyon a d’abord été désigné sous le nomCanis megalotis parAnselme Gaëtan Desmarest en 1822, puis déplacé dans son propre genre parSalomon Müller en 1835. En raison de sa dentition atypique, comprenant jusqu’à 50 dents, le plus grand nombre connu chez un mammifère placentaire terrestre, il a, pendant un temps, été placé dans une sous-famille distincte : les Otocyoninae[9].
L'espèce est génétiquement proche des renards et a été placée comme sœur du clade contenant les genresNyctereutes etVulpes. Elle occupe une position basale au sein descanidés[10].Des études suggèrent que leschiens viverrins (Nyctereutes) pourraient être les parent le plus proche de l’otocyon[11].
En plus des deux sous-espèces reconnues, certains auteurs identifient une troisième sous-espèce vivant en Éthiopie, désignée sous le nom deO. m. canescensCabrera, 1910[12].
Le genreOtocyon est peu représenté dans le registre fossile. Il pourrait former un clade avec l’espèce éteintePrototocyon. Des fossiles attribués à une ancienne formeO. recki ont été retrouvés dans les gorges d’Olduvai en Tanzanie, datés du Pléistocène inférieur, mais sont désormais attribués àPrototocyon[13].
La tête est allongée, dotée d’un museau fin et pointu, d’un large front, et d’un bourrelet sus-orbitaire bien marqué, visible sous forme d’arêtes crâniennes au-dessus des yeux. L’absence de dimorphisme sexuel marqué distingue la sous-espèce orientaleO. m. virgatus de la sous-espèce sud-africaineO. m. megalotis, dont les femelles sont légèrement plus grandes que les mâles[4].
Dans certaines parties de son aire de répartition, l’otocyon peut être confondu avec lerenard du Cap, qui possède toutefois des oreilles plus petites et une queue plus touffue[16].
Le pelage de l’otocyon est dense, doux et fourni, avec une mue saisonnière prononcée. Il varie selon la sous-espèce :
Chez l’otocyon d’Afrique australe, le pelage est globalement gris-brun à gris cendré. Le dessous du corps, la gorge et les flancs sont plus clairs, souvent blanchâtres. Le masque facial est noir sous les yeux, plus pâle au-dessus, et la raie longitudinale noire sur le dessus de la queue est bien marquée.
Chez l’otocyon d’Afrique orientale, la teinte générale tend davantage vers le fauve clair ou le sable, avec des nuances brun foncé plutôt que noir sur les pattes et la queue. Le dessous du corps est d’un fauve plus vif, tirant parfois vers le roux, notamment sur la gorge. L’ensemble donne à cette sous-espèce une apparence plus lumineuse et plus chaude que sa cousine du sud.
Dans les deux cas, les oreilles sont blanches à l’intérieur, noires à l’extérieur, et la face porte un masque sombre rappelant celui du raton laveur ou du chien viverrin, souligné par une ligne foncée courant le long du museau. Les pattes inférieures sont également noires[4]. Le sous-poil est gris avec des pointes blanches et mesure environ 3 cm, tandis que les poils de garde, noirs à pointes blanches, atteignent une longueur d’environ 5,5 cm[15].Une raie noire dorsale peut parfois être visible chez certains individus.
L’otocyon possède le plus grand nombre de dents de tous les canidés, et même de tous lesmammifères placentaires à denturehétérodonte, avec un total de 46 à 50 dents[14]. Cette particularité est liée à son régime insectivore spécialisé. La formule dentaire comprend notamment trois molaires supérieures et quatre molaires inférieures, de forme très émoussée. Ces dents sont inadaptées à la prédation de proies charnues, mais extrêmement efficaces pour la mastication rapide d’insectes à cuticule dure.
La mâchoire inférieure présente une morphologie adaptée à des mouvements rapides d’ouverture et de fermeture, favorisant la prise et la mastication d’insectes. Lemuscle digastrique est particulièrement développé, optimisant l’action des muscles masticateurs[17].
La sous-espèceO. m. virgatus se distingue également par une denture légèrement réduite, avec des dents plus petites et une bulle auditive moins hypertrophiée, ce qui reflète de subtiles différences écologiques et comportementales par rapport àO. m. megalotis[4].
O. m. megalotis est présent en Angola, Namibie, Botswana, Mozambique, Afrique du Sud et Zimbabwe, tandis queO. m. virgatus se rencontre du Soudan du Sud et de l’Éthiopie jusqu’à l’ouest de la Tanzanie, en passant par la Somalie, le Kenya et l’Ouganda[4].
Les deux sous-espèces fréquentent des habitats similaires : savanes ouvertes, plaines herbeuses à végétation clairsemée, zones arbustives semi-arides, pâturages, et terres sableuses dominées par les acacias ou les buissons de typefynbos, Les otocyons évitent les milieux boisés trop denses, préférant les prairies courtes où l’espacement des plantes favorise la recherche d’insectes[4].
Ils creusent leurs propres terriers ou réutilisent ceux d’autres espèces comme l’oryctérope, parfois remaniés et élargis. Ces systèmes souterrains complexes possèdent plusieurs chambres et sorties. Une même famille peut occuper plusieurs terriers répartis dans son domaine vital.
Le rythme d’activité dépend fortement de la région et des conditions climatiques. En Afrique du Sud, l’otocyon est principalement nocturne en été, mais devient partiellement diurne en hiver lorsque l’activité des insectes change[4]. À l’inverse, dans leParc national du Serengeti, l’activité est nocturne à plus de 85 %. Les individus évitent la chaleur diurne pour limiter la perte d’eau. Ils se reposent en journée dans leurs terriers, sous les buissons, ou à découvert lorsqu’ils ne sont pas dérangés.
L’otocyon a un régime alimentaire omnivores, mais à forte tendance insectivore spécialisé : lestermites (Hodotermes mossambicus etMicrohodotermes) représentent l’essentiel de son alimentation, pouvant constituer jusqu’à 90 % de son régime. Lesbousiers,fourmis,criquets et autres insectes complètent ce régime, ainsi que, de façon opportuniste, de petits rongeurs, œufs d’oiseaux, fruits ou champignons[18]. Ses dents petites et nombreuses, associées à une mâchoire adaptée, permettent une mastication rapide. Il localise ses proies grâce à ses grandes oreilles, capables de percevoir les bruits souterrains des larves ou des termites en train de ronger l’herbe ou de manipuler leur pelote fécale[4]. Il suit parfois les troupeaux de zèbres, gnous ou buffles, se nourrissant des insectes attirés par leurs excréments. Il chasse en général seul, mais peut former de petits groupes lorsque les insectes abondent, rendant la chasse plus fructueuse[19]. L’otocyon tire presque toute l’eau dont il a besoin des fluides des insectes qu’il ingère[20].
L’otocyon vit en groupes familiaux, généralement composés d’un couple monogame et de sa progéniture, bien queO. m. virgatus montre parfois une structure plus coopérative, avec des femelles apparentées partageant le terrier et allaitant mutuellement leurs petits[4].
La communication est principalement visuelle (postures corporelles, queue en U inversé, mouvements d’oreilles). Les vocalisations sont rares : grognements en cas d’alerte, glapissements chez les jeunes, aboiements brefs et puissants en cas de danger[8].
L’otocyon possède de très nombreux prédateurs : d’abord leschacals, notamment lechacal à chabraque. Différentes espèces de félins, le lion, le léopard, le guépard et le caracal. Les différentes espèces dehyènes, notamment lahyène tachetée et lahyène brune. Il peut également être pris pour cible par des python ou encore de grands oiseaux comme l’aigle ravisseur ou l’aigle martial.
Les adultes évitent les prédateurs en fuyant rapidement vers les terriers. Dans un cas documenté, une meute de lycaons a même développé une spécialisation pour la chasse à l’otocyon[22].
Les otocyons peuvent être touchés par plusieurs maladies, notamment larage, lamaladie de Carré et laparvovirose. Les épidémies de rage sont particulièrement destructrices et représentent la principale cause de mortalité dans certaines régions comme laSerengeti.
La longévité atteint 9 à13 ans en milieu naturel, jusqu’à14 ans en captivité.
Dans de nombreuses régions de son aire de répartition, l’otocyon est apprécié comme prédateur de termites et considéré comme utile. L’espèce n’est pas directement menacée mais peut faire l’objet de chasse de subsistance par les populations locales ou être tuée par les éleveurs de bétail[4]. Ces malentendus surviennent lorsque les otocyons consomment les larves présentes sur des carcasses ovines[16].
AuBotswana, certaines populations chassent encore l’otocyon pour sa fourrure[15].
L’espèce n’est pas considérée comme menacée et est même commune à l’échelle locale. Les fluctuations de population observées sont liées à des facteurs climatiques, à l’abondance de termites et à la prévalence de la rage. L’otocyon devient plus rare dans les régions d’Afrique du Sud intensément cultivées[23]. Dans laSerengeti, la densité de population est estimée entre 0,3 et1 individu par km2[16].
EnAfrique du Sud, des otocyons sont parfois gardés commeanimaux de compagnie[16]. On peut également les observer dans certainsparcs zoologiques internationaux. Leur élevage est facilité par leur capacité à s’adapter à une alimentation exclusive à base de fruits, en dépit de leur régime naturel insectivore[24].
↑Carolyne Bardeleben, Rachael L. Moore, Robert K. Wayne, « A molecular phylogeny of the Canidae based on six nuclear loci »,Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 37,no 3, 2005,p. 815–831.
↑a etbNowak, R. M.,Walker's Carnivores of the World, Johns Hopkins University Press,
↑ab etcR. H. N. Smithers, J. D. Skinner, Christian T. Chimimba,The Mammals of the Southern African Subregion, Cambridge University Press, 2005,p. 470 et suiv.
↑abc etdClaudio Sillero-Zubiri, Michael Hoffmann, David W. Macdonald (dir.),Canids: Foxes, Wolves, Jackals and Dogs – Status Survey and Conservation Action Plan, Gland, IUCN, 2004,p. 183 et suiv.