Le terme « orthodoxie » vient dugrecὀρθός /orthós (« droit ») etδόξα /dóxa (« opinion »). Au sens littéral « orthodoxe » signifie « la pensée droite », la définition sous-tend donc le sens « qui pense dans la bonne voie » ; et plus largement : « ce qui est conforme à », « respectueux de latradition ». L’orthodoxie est unedoctrine érigée en« norme de la vérité[1] », et parmétonymie ce qui est conforme à cette doctrine. À l'inverse, on entend parhétérodoxie tout ce qui diverge par rapport à cette présuméerectitude, ce qui latransgresse.
Ces quatre patriarcats orthodoxes, auxquelsd'autres se sont ajoutés depuis, revendiquent la conformité de leurs enseignements avec celui duchristianisme originel, des Pères de l'Église indivise et des sept premiers conciles œcuméniques[4],[5].
Au cours duXIXe siècle est apparu au sein duprotestantisme une scission entre "orthodoxes" et "libéraux". Le courant orthodoxe, qui se confond parfois avec le courant « évangélique », se caractérise par le souci de maintenir dans leur pureté initiale les "justes doctrines" formulées par lesréformateurs, particulièrementLuther etCalvin. À l'opposé, les libéraux considèrent que laRéforme n'a été que le début d'une plus vaste démarche de changement et ils souhaitent en particulier se détacher desconfessions de foi traditionnelles[8]. Dans plusieurs pays, cette opposition est allée jusqu'à la séparation des Églises entre Églises libres "orthodoxes" et Églises officielles "libérales".
Le termejudaïsme orthodoxe recouvre les croyances et pratiques desJuifs fidèles à la loi écrite et à la loi orale, transmises àMoïse auMont Sinaï, avec les interprétations et nuances halachiques établies au cours des siècles. Les juifs orthodoxes considèrent comme centrale la fidélité à une chaîne de transmission de lahalakha depuis l'époque de Moïse jusqu'à aujourd'hui en passant par les rédacteurs duTalmud (Gueonim) et les commentateurs ultérieurs (Tossafistes). Est juif orthodoxe celui qui reconnaît devoir se conduire selon laHalakha (corpus de règles établies par la tradition orale, depuis le Talmud jusqu'à aujourd'hui).
Au sein de l'orthodoxie religieuse juive se sont progressivement distinguées deux branches : les orthodoxes et lesultra-orthodoxes. Les sociologues israéliens font souvent une distinction entre lesjuifs laïques (peu intéressés par la religion, mais pas forcément anti-religieux), les traditionalistes (pratique religieuse partielle), les orthodoxes (pratique religieuse stricte, mais immersion dans le monde moderne) et les ultra-orthodoxes, ouHaredim, caractérisés par une pratique religieuse stricte, un large refus de la modernité et une volonté de séparatisme social fort : vêtements spécifiques, quartiers spécifiques, institutions religieuses spécifiques.
Lesunnisme, le courant religieux majoritaire de l'islam, est parfois apparenté à une vision orthodoxe de l'islam. Par opposition auxchiites et auxkharidjites, on appelle parfois les sunnites « musulmans orthodoxes », bien que l'islam ne comprenne aucun magistère censé définir légitimement une telle norme. Le critère de l'ijmâ', auquel les penseurs sunnites ont parfois recours pour définir leur système, se présente comme une règle idéale que chacun invoque et appliqueà sa manière. Dans l'islam sunnite, l'orthodoxie est le résultat d'une alliance tumultueuse et de longue durée, sous le règne desAbbassides, entre les gens du savoir religieux,« ceux qui lient et délient »,« ahl al hal wal 'aqd », les « gens » dupouvoir politique, et le « peuple des croyants qui suit lasunnah prophétique »,« ahl a-sunnah wal jam'a »[9].
Au sens large, « orthodoxe » peut aujourd'hui être compris comme « normal » (inscrit dans lesnormes et les convenances), « généralement ou majoritairement admis », objet de considération. Le monde s'étant peu à peusécularisé à partir de laRenaissance, l'économie joue un rôle majeur dans lessociétés modernes, principalement depuis les théories d'Adam Smith. L'idée qu'il existerait a prioriune bonne façon de gouverner contribue alors à généraliser le mot « orthodoxe » dans le champ dessciences économiques.
En économie, on désigne sous le qualificatiforthodoxe le courant auquel adhère la majorité deséconomistes et qui est enseigné dans la plupart des universités. Il regroupe (et oppose l'une à l'autre) essentiellement deux théories :
Lathéorie keynésienne, issue de la pensée de l'économisteKeynes, selon laquelle les marchés doivent être régulés par l'État, lequel assure le rôle autrefois dévolu à laProvidence.
Les économistes hétérodoxes estiment quant à eux que les marchés, régulés ou pas, ne peuvent êtreefficients : lascience économique, pour évoluer, doit cesser de s'appuyer sur unemystique déresponsabilisante (« main invisible » ou « État-providence ») et s'ouvrir aux autressciences sociales.