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Orson Welles

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Pour les articles homonymes, voirWelles.

Orson Welles
Orson Welles à l'âge de 22 ans (parCarl Van Vechten,1937)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
George Orson WellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Père
Richard Head Welles(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Beatrice Ives Welles(d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoints
Virginia Nicolson(d)(de à)
Rita Hayworth(de à)
Paola Mori(de à)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Chris Welles Feder(d)
Rebecca Welles(d)
Beatrice WellesVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Maître
Représenté par
Genres artistiques
Distinctions
Films notables
Filmographie d'Orson Welles(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Discographie
Orson Welles discography(en)Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Orson Welles
Signature

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George Orson Welles[ d͡ʒɔɹd͡ʒˈɔɹsənwɛlz][1], simplement appeléOrson Welles, parfois crédité sous les noms deO. W. Jeeves ouG. O. Spelvin[2] (né le àKenosha, dans leWisconsin et mort le àHollywood, enCalifornie) est un artisteaméricain, à la foisacteur,réalisateur,producteur etscénariste, mais égalementmetteur en scène dethéâtre,dessinateur,écrivain etillusionniste.

D'abord révélé à lui-même par lethéâtre deShakespeare, puis rendu célèbre par une émission deradio (La Guerre des mondes), Orson Welles devient une figure incontournable ducinéma avec son premierlong métrage,Citizen Kane (1941), que l'ensemble des critiques considère comme l’un des films les plus importants duXXe siècle[3],[4].

Par la suite, son style cinématographique, mais aussi son jeu d'acteur, exercent une grande influence sur le cinéma desannées 1950-1970, en particulier surStanley Kubrick[5]. Artiste précoce et polymorphe, farouchement épris de son indépendance, amateur decigares, detauromachie et d'illusionnisme, Welles ne cesse tout au long de sa carrière de revenir au théâtre et à la littérature, aux grands textes classiques (Othello,Don Quichotte) comme aux contemporains (Le Procès). Se défiant du système de production et entretenant sa propre légende d'effets à la fois spectaculaires et énigmatiques, il laisse de nombreux films inachevés.

Dans le numéro 500 desCahiers du cinéma[6] — publié en — dont il avait été invité à être le rédacteur en chef exceptionnel et sur la couverture duquel il figure,Martin Scorsese rend hommage à l'auteur deCitizen Kane en déclarant à propos de l'œuvre d'Orson Welles :« Regardez les films d'Orson Welles, parce qu'il définit à lui seul le cinéma[7]. »

Biographie

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Jeunesse

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Son père, Richard Heard Welles, est un industriel dilettante et un grand voyageur[8] ; sa mère, Béatrice Welles née Ives[9], est pianiste[10]. Le fils les décrit ainsi :« Mon père était un bon vivant de l'époque édouardienne qui aimait se dire inventeur[11]. Il était généreux et tolérant, adoré de tous ses amis. Je lui dois une enfance privilégiée et l'amour des voyages[12]. Ma mère était une femme d'une beauté mémorable, elle s'occupait de politique, était championne de tir au fusil, ainsi que pianiste de concert très douée[11]. Je tiens d'elle l'amour de la musique et de l'éloquence sans lesquels aucun être humain n'est complet[12]. »

Le jeune Orson grandit dans une ambiance raffinée et cultivée avec une touche d'excentricité. Les témoignages sur sa précocité abondent : il sait lire à deux ans, apprend à jouer du piano à trois ans et met en scène des pièces de Shakespeare à sept ans. La légende, difficile à démêler de la réalité, veut en effet qu'il ait été un enfant prodige et qu'il ait jouéLe Roi Lear tout seul à l'âge de sept ans et accompli d'autres exploits avant cela[8]. Ces « exploits » sont désormais connus : il fait à trois ans une apparition dansSamson et Dalila à l'Opéra de Chicago, puis plus tard dansMadame Butterfly[13].

En 1919, ses parents se séparent et Orson suit sa mère à Chicago. À dix ans, il interprètePierre Lapin dans les locaux du centre commercialMarshall Field's àChicago[14]. Par la suite, le journal local lui consacre un article titré : « Dessinateur, acteur, poète ; il n'a que dix ans »[14]. Ses aptitudes et sa passion pour le monde du spectacle ne s'arrêtent pas là : il se veut également décorateur, metteur en scène et surtout comédien, et ce qu'il préfère avant tout sont letransformisme et lespostiches.

À dix ans, il entre comme interne dans une école située à Madison (Wisconsin), où il monte une adaptation théâtrale deDocteur Jekyll et Mister Hyde. Il rencontre le magicienHarry Houdini qui l'initie à l'illusionnisme[15],[16]. Le, il intègre laTodd School for Boys (en)[17], un établissement ouvert aux pratiques artistiques situé àWoodstock (Illinois) et dirigé par Roger Hill (à qui Welles rendra hommage par la suite, au mentor et à l'ami pour la vie). En effet, durant ses quatre années passées à laTodd School (en), il approfondit son goût pour la tragédie et la poésie classique, mais aussi pour l’illusionnisme. Il obtient son diplôme en 1931. Très attaché à cette école, il y retourne durant l'été 1934 pour y monter un festival de théâtre qui donne lieu à son premier ouvrage (premier d'une série de 3 livres écrits en collaboration avec Roger Hill, et publiés en 1934) :Everybody's Shakespeare[18].

Deux événements personnels viennent ternir l'enfance et l'adolescence d'Orson : il perd sa mère, âgée seulement de quarante ans, le, perte suivie six ans plus tard par la mort de son père. Orphelin à quinze ans, il est pris en charge par lepédiatre Maurice Bernstein (qu'Everett Sloane incarne plus tard dans un rôle transposé pourCitizen Kane), un ami de longue date de ses parents qui va continuer à parfaire son éducation : il a discerné en Orson, dès son plus jeune âge, un goût hors du commun pour le théâtre et l'illusion, lui offrant même unelanterne magique et unthéâtre de marionnettes[19].

En 1930, encore étudiant à la Todd School, Orson gagne le prix de la meilleure mise en scène estudiantine avec sonJules César, prix décerné par l'Association dramatique de Chicago. Bernstein lui propose de l'inscrire àHarvard puis le présente àBoris Anisfeld de l'Art Institute of Chicago qui se montre impressionné par ses dessins, et Welles demande un congé sabbatique pour faire un « tour d'Europe »[20].

Gate Theatre (1930–1933)

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La façade duDublin Gate Theatre : un lieu des plus prestigieux qui fascina Welles.

Il choisit de partir durant l'été 1930 pour l'Irlande, afin d'étancher sa soif de peinture — de fait, Welles a dessiné toute sa vie. Il parcourt le pays avec une roulotte tractée par une mule[11], fait un crochet par lesîles d'Aran, se rend àDublin et de là, àParis[8]. Âgé de seize ans et sans un sou, il revient à Dublin et se présente comme « vedette de théâtre new-yorkaise » àHilton Edwards (en) etMicheál Mac Liammóir, directeurs duGate Theatre[21] : Orson se montre très convaincant, car il s'est habilement grimé, et sa voix chaude et grave le fait passer pour plus âgé qu'il n'est. Grâce à cettemystification, il est enrôlé et demeure à Dublin, où il approfondit son expérience de la scène : « Je commençais en jouant les premiers rôles en vedette. Les petits rôles vinrent plus tard[22]. » Le Gate, où débute égalementJames Mason, révèle Welles à son « démon du théâtre ». Il interprète le rôle duduc Charles‑Alexandre dans une adaptation duJuif Süss[23], mais surtout les rôles titres dansHamlet,Richard III,King John,Timon d'Athènes, soit une vingtaine de pièces, rencontrant pour la première fois un vrai public[24]. Par intermittence, il est également régisseur son et lumières pour l'Abbey Theatre, le concurrent plus conservateur du Gate.

Aficionado

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Ambitieux, Welles décide de partir à la conquête des théâtres londoniens, mais son permis de travail lui est refusé et il retourne à Dublin. Entre deux saisons théâtrales, il effectue un séjour àSéville et se fait passer pour un auteur de romans policiers[25]. Il a déclaré à ce propos : « J'habitais dans le quartier deTriana. J'écrivais desromans policiers, ce qui me prenait deux jours par semaine et me rapportait trois cents dollars. Avec cet argent, j'étais un grand seigneur à Séville »[26]. C'est également durant cette période qu'il se prend de passion pour lacorrida. Après avoir découvert l'Andalousie à dix-sept ans, il pratique latauromachie en tant qu'Aficionado practico, puis la corrida en tant quenovillero[27]. Ce sera une de ses passions sa vie durant (voir plus loin).

En 1932, il réalise un premier exercice cinématographique, un essai de dix minutes, mettant en images leDocteur Jekyll et Mister Hyde, mais d'aprèsJoseph McBride, « il ne s'agit que d'un travail amateur et chaotique, dans lequel Welles et quelques amis dublinois s'amusent »[28]. En 1934, il décide de retourner aux États-Unis.

New York (1934–1938)

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En1934, après cette immersion dans le théâtre, il retourne aux États-Unis, non sans amertume et quelque peu désœuvré. Le jeune homme possède alors une solide culture littéraire, ainsi qu'une bonne maîtrise des techniques de mise en scène. Pourtant les années 1933-1934 apportent nombre de changements, d'abord par la scène puis par son mariage.

Théâtre indépendant

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Alors qu'il peine à trouver des rôles à sa mesure, que ses propres pièces commeThe Marching Song sont refusées et que les États-Unis s'enfoncent dans la crise, Welles produit, toujours grâce à Roger Hill, une série d'ouvrages éducatifs illustrés intituléeShakespeare pour tous, qui lui permet de visiter l'Afrique du Nord et de là, de ramener des centaines de dessins. Entretemps, il rencontreThornton Wilder qui lui ouvre les portes de spectacles produitsoff-Broadway : c'est ainsi qu'il commence à jouer dans la troupe deKatharine Cornell, et c'est durant son interprétation dansRoméo et Juliette[29] qu'il est remarqué parJohn Houseman.

La chance lui sourit également quand Roger Hill, directeur de la Todd School, le contacte pour lui demander d'organiser un festival théâtral (Summer Festival of Drama) durant l'été[30]. Il réussit à inviter Mac Liammóir et Edwards, les directeurs du Gate. Au cours des répétitions, il rencontre une jeune actrice en devenir, Virginia Nicolson (1916-1996), qu'il épouse quatre mois plus tard — en mars 1938, le couple a une fille prénommée Chris[31], mais divorce en 1939. Virginia se remarie avec le scénaristeCharles Lederer l'année suivante.

The Hearts of Age

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Dans l’intervalle, Welles tourne son premier film,The Hearts of Age[32], uncourt métrage muet d'une durée de huit minutes et par lequel, selon ses termes, il« raille l'univers poétique et fantasmagorique deJean Cocteau ». Welles y interprète le rôle d'un homme en chapeau et grimé, tentant de descendre d'un bateau puis jouant du piano, tandis qu'une femme âgée le menace. Le montage « vigoureux et débridé », les angles et la lumière, révèlent un style très marqué par lecinéma expressionniste et l'espritsurréaliste[33]. Virginia y campe la vieille dame et l'agent de police, son camarade de théâtreWilliam Vance interprète un indien, le tout ponctué de plans de cloches d'église et de croix. Une séquence montre la main de Welles en train de dessiner. Restauré et conservé à laBibliothèque du Congrès, ce premier opus ne détourne pas vraiment Welles de sa passion pour le théâtre.

Federal Theatre Project

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Orson Welles dans le rôle de Brutus en 1938.

Au vu de ses performances avec Cornell, le producteur et directeur de théâtreJohn Houseman lui offre de travailler avec lui, dans le cadre duFederal Theatre Project et duFederal Art Project, un programme culturel issu duNew Deal et opérationnel en[25]. En, il fait sensation en montant sur les planches d'un théâtre d’Harlem une adaptation très originale duMacbeth de Shakespeare, transposant sur scène la vieille Écosse, brumeuse et froide, en une ambiance caraïbe inspirée de l'histoire moderne d'Haïti[34], le tout interprété par des acteurs noirs. L'histoire se déroule à l'époque du roiHenriIer, et les sorcières deviennent des prêtresses vaudou. Il monte également leFaust deMarlowe dans une ambiance tamisée et mortifère. Après une adaptation d'Un chapeau de paille d'Italie (Horse Eats Hat) d'Eugène Labiche qui voit apparaîtreJoseph Cotten pour la première fois, Houseman et Welles connaissent en un véritable succès, doublé d'un autre scandale, avec une sorte desatire de la vie politique américaine en forme d'opéra composé parMarc Blitzstein et intituléeThe Craddle will rock. De nombreux opposants politiques, ainsi que des ennemis duFederal Theatre, font pression àWashington et obtiennent que la police donne l'ordre de fermer les portes du théâtre. Houseman et Welles décident alors de jouer l'opéra dans la rue, où 600 personnes se sont rassemblées[35].

Les deux hommes démissionnent et fondent à la fin de l'année 1937 leMercury Theatre (en), essentiellement pour servir le répertoire shakespearien. Leur première production estJules César dans une mise en scène inspirée du fascismemussolinien.

Too Much Johnson

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En 1938, Orson Welles réalise une comédie,Too Much Johnson, produit par Mercury Productions et lié à une production théâtrale produite par Houseman. Le film s'inspire d'unefarce écrite parWilliam Gillette. Tourné au cours de l'été 1938 dans les environs de New York et d'une durée de 40 minutes, le film muet doit faire partie intégrante du spectacle, servant et de prologue et d'entractes. Pour des raisons multiples, il n'est pas projeté lors de l'avant-première prévue au festival duStony Creek Summer Theater. On voit dans le rôle-titreJoseph Cotten déambuler sur les toits de New York, mais aussi Virginia Nicolson, Orson Welles etMarc Blitzstein[36].

Débuts en radiophonie

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Disque de l'émission du 30 octobre 1938.

Parallèlement à son activité théâtrale, Welles fait dès 1935 ses débuts à la radio, dans l'émissionThe March of Time, où sa voix chaude et grave séduit les auditeurs : en quatre ans, il collabore à une quinzaine d'émissions[37],[38]. La chaîneCBS l'engage pour réaliser des adaptations radiophoniques d'œuvres littéraires, avec ce qui constitue plus tard la troupe duMercury Theatre (en) notamment Joseph Cotten, Everett Sloane,Agnes Moorehead,Dolores del Río,Ray Collins, etGeorge Coulouris. L'émission hebdomadaire, intituléeMercury Theatre on the Air, met en ondes de nombreux romans, dontLa Splendeur des Amberson — qui constitue plus tard son deuxième long-métrage —, mais aussiL'île au trésor deRobert Louis Stevenson,Jane Eyre deCharlotte Brontë,Jules César deShakespeare etLe Tour du monde en quatre-vingts jours deJules Verne[39]. L'expérience dure vingt et un mois[40].

Le 27 mars 1938, naît sa fille, Chris Welles[41].

Attaque martienne contée à la radio

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Article détaillé :La Guerre des mondes (radio, 1938).

Durant la soirée du lundi, veille d'Halloween, CBS diffuse une adaptation deLa Guerre des mondes deHerbert George Wells. Cette émission, écoutée par plus de 6 millions de personnes pendant trente-sept minutes[42], du fait de sa mise en ondes très réaliste (Welles se fait passer pour un présentateur de CBS interrompant le programme), a, selon une thèse très répandue, mais aujourd'hui remise en question[43], effrayé une bonne partie de lacôte est des États-Unis qui aurait cru à l'invasion du pays par des Martiens[44]. Les circonstances de cette émission se révèlent moins impressionantes que ses conséquences. Les standards de CBS, mais aussi des commissariats ont été submergés d'appels de personnes prétendant avoir aperçu des Martiens. La panique est relayée durant une semaine dans la presse écrite, qui pressent que sonmonopole est menacé par l'apparition du concurrent radiophonique[45]. Rétrospectivement, l'ampleur de la panique a été, selon certains auteurs, considérablement exagérée au fil des années, entre autres par Welles lui-même[46]. Cette émission permet à ce dernier de devenir célèbre dans tout le pays du jour au lendemain, et lui ouvre les portes deHollywood où lui est proposé un contrat en or[44].

Hollywood (1939–1947)

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Avec sa société Mercury Production, Welles peut coproduire tous ses projets (image issue de la bande annonce deCitizen Kane).

Tandis que Welles continue à travailler avec Houseman pour CBS dans une émission identique, mais désormais rebaptiséeThe Campbell Playhouse (du nom de laCampbell Soup Company, sponsor du show), il est contacté au cours de l'année 1939 par le tout nouveau président de laRKO Radio Pictures, George J. Schaefer (1888-1981) dont l'ambition consiste à faire des films de qualité[47]. Le magazineLife vient de désigner Welles comme le « nouveauMax Reinhardt »[48]. Et le, il déménage sur lacôte ouest.

Contrairement à la légende, le contrat des studios ne lui laisse pas « une entière liberté », mais prévoit cependant qu'il peut être à la fois acteur, scénariste et réalisateur, et également coproducteur via sa société Mercury Production — un statut en vérité assez inhabituel, mais la RKO restant le distributeur, son droit de veto demeure considérable, notamment sur le choix des acteurs et sur le montant des sommes avancées. Par ailleurs, on lui demande un film par an sur une durée de cinq ans, en échange de 25 % des bénéfices et 150 000 dollars d'avance, avec une liberté concernant le choix de la musique et même du montage, chose rarement vue à Hollywood. En 1939, un témoin raconte l'arrivée de la troupe duMercury Theatre (en) à la RKO : « Ils s'avançaient à travers la cantine du studio, tous les regards convergeaient vers eux, ils étaient rois »[49].

Divorcé, puis installé àBrentwood (Los Angeles) et entouré de secrétaires, Welles travaille d'abord à l'adaptation du roman deJoseph Conrad,Au cœur des ténèbres (Heart of Darkness), et propose l'utilisation d'unecaméra subjective[50]. La RKO refuse pour cause de dépassement de budget prévisionnel[51], le projet, pourtant scénarisé, n'aboutit pas[52]. Welles propose alors immédiatement une adaptation deCecil Day-Lewis[53], un polar politique intituléThe Smiler with a Knife, qui raconte l'histoire d'une femme détective qui enquête sur un mystérieux personnage vivant incognito et qui s'avère être un futurdespote doublé d'un aviateur excentrique (visiblement inspiré d'Howard Hughes). Le choix deLucille Ball pour le rôle-titre déplait aux studios,Carole Lombard ayant décliné l'offre. Côté vie privée, Welles noue une relation avecDolores del Río. En 1940, il rompt son association avec John Houseman[54].

Citizen Kane

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Orson Welles dansCitizen Kane.

Un an après son arrivée à Hollywood, Orson Welles, qui avait voulu adapterAu cœur des ténèbres deJoseph Conrad, associé au scénaristeHerman Mankiewicz (frère du cinéasteJoseph L. Mankiewicz), écrit le scénario deCitizen Kane et s'inspire en partie de la vie du magnat de la presseWilliam Randolph Hearst. Toute la troupe du Mercury est intégrée dans la distribution. Le cinéaste a enfin obtenu le contrôle total du tournage, car il désire maintenir secret le sujet de son film. Les producteurs essaient de s'en mêler en débarquant à l'improviste sur le plateau, mais ils n'y trouvent que les techniciens et les acteurs en train de jouer au baseball, sur l'ordre du réalisateur rendu méfiant[55].

Le tournage se déroule du au[56]. Une fois le montage et lapostproduction achevés durant l'hiver, Orson Welles participe à de nombreuses manifestations promotionnelles où on ne lui exprime que le parallèle entre le personnage deCharles Foster Kane et Hearst, et la réaction de ce dernier qui vient d'engager une campagne de dénigrement par l'intermédiaire de ses propres journaux. Lassé, Welles déclare :« Lorsque le bruit déclenché par Citizen Kane sera apaisé, je tournerai un grand film sur la vie de Hearst ». Les choses s'enveniment à tel point qu'au sein de l'état-major de la RKO, il est question de confisquer le négatif du film ; les dirigeants décident malgré tout de lâcher du lest non sans avoir fait passer une copie à Hearst[57], et Welles, s'estimant trahi, menace publiquement la société d'un procès en rupture de contrat, en son nom et en celui duMercury Theatre : le film a coûté 800 000 dollars. Sa santé s’altère tant que son médecin l'envoie prendre du repos dans une clinique dePalm Springs[46]. Malgré la campagne de dénigrement orchestrée par Hearst qui dure jusqu'en avril1941, le film sort en salles, avec retard, le1er mai et d'abord au New York Palace[58]. La critique s'avère unanimement positive : le film apparaît comme une révolution du point de vue de la technique cinématographique et de la structure du récit. Plus tard, Welles affirme s'être inspiré, pour la réalisation, duRoman d'un tricheur deSacha Guitry quant à certains effets stylistiques (flashbacks, fondus, caméra subjective,voix-off, etc.), effets que l'on retrouve dans les films suivants[59]. Toujours est-il que, si le public n'est pas au rendez-vous et que le résultat d'exploitation est déficitaire, Orson Welles décroche unOscar du meilleur scénario original, qu'il partage avecHerman Mankiewicz.

La Splendeur des Amberson

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Joseph Cotten, dansLa Splendeur des Amberson

Pour échapper au monde d'Hollywood, Welles s'accorde quelques semaines de mise en scène sur les planches où il monte une adaptation deNative Son (en) deRichard Wright. Après avoir épluché une quarantaine de scripts possibles dontLes Frères Karamazov et une biographie deLudwig van Beethoven, il s'attelle à un nouveau script inspiré du romanLa Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons) deBooth Tarkington, qu'il a déjà transposé à la radio en.

Le tournage se déroule du au : ladestruction de Pearl Harbor survient entre-temps et le film s'achève dans un climat oppressant, surtout que Welles s'affaire déjà à d'autres projets. Pour ce deuxième film, le studio reconsidère en effet son contrat, réduisant sa marge de manœuvre en termes de montage final : n'y ayant pas accès, Welles part auBrésil pour tourner dans un premier temps un reportage sur le carnaval deRio. Là-bas, il apprend que Schaefer est mis dehors (Welles perd son protecteur) et qu'à la suite de deux pré-projections négatives en termes de retour, la RKO ampute le film de près de 43 minutes, lesquelles ne seront jamais retrouvées. La RKO fait également tourner une autre fin plus « moralement acceptable » par l'assistant-réalisateur Freddie Fleck et le monteurRobert Wise qui s'est déjà illustré surCitizen Kane. Par ailleurs, mécontent que sa partition soit également mutilée,Bernard Herrmann refuse que son nom soit porté au générique qui figure comme l'un des premiers aux États-Unis à être récité à haute voix, se concluant par la marque finale devenue mythique :My Name is Orson Welles (Mon nom est Orson Welles, selon l'habitude des présentateurs radio). La première a lieu le. Le film n'engrange que 620 000 dollars de recettes. Il est inscrit sur la liste de quatre Oscars, mais n'en remporte aucun[60].

Conflits avec la RKO

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Article détaillé :It's All True.
Combat de taureaux le dimanche, gravure extraite de l'album américainOur Sister Republic - Mexico (1870).

Commencé en même temps queLa Splendeur des Amberson, le tournage duVoyage au pays de la peur (Journey into Fear) place Welles dans une position délicate : il est sur ce dernier à la fois acteur et producteur, mais son contrat avec la RKO, initialement prévoit qu'il le dirige. Visiblement plus intéressé parLa Splendeur des Amberson, Welles froisse quelque peu les studios en quittant le plateau. Par ailleurs, et sur les instances deNelson Rockefeller, il met en chantier un troisième projet durant cet automne 1941 : intitulé d'abordPan American et bientôt rebaptiséIt's All True, regroupant quatre épisodes documentaires, Welles y brosse la vie des Américains sur les deux continents. Durant l'été 1941, et dans le cadre de ce travail de commande visant à rapprocher les peuples américains menacés par la guerre, Welles prend contact avecDuke Ellington et lui commande une suite musicale pour un portrait deLouis Armstrong qui ne s'accomplit jamais. En septembre,Norman Foster est dépêché àMexico pour tourner l'épisode intituléMy Friend Bonito, l'histoire d'un taureau et d'un garçon, lequel est intégré plus tard au projet de documentaire.

Orson Welles en train de faire un tour de cartes àCarl Sandburg (août 1942).

De février à, Welles parcourt le Brésil en quête d'images pour deux épisodes :The Story of Samba (l'histoire de la samba) etFour Men on a Raft (quatre pécheurs brésiliens sur un radeau). On peut supposer aussi qu'une telle distance permit à la RKO d'en profiter : « J'étais enAmérique du Sud et attendais les rushes deVoyage au pays de la peur ; c'est alors qu'un galopin de la RKO, ayant reçu l'approbation bienveillante d'un couple de vice-présidents et des censeurs du studio, se permit de monter le film. Le résultat fut heureusement présenté par une nuit noire, alors que personne ne regardait. » dit plus tard Welles[61]. Les raisons pour lesquellesIt's All True reste inachevé sont multiples : d'abord la direction de la RKO change, après le départ de Schaefer, c'est Rockefeller qui se retire. Et puis il y a le montage deLa Splendeur des Amberson qui a rendu furieux Welles. Par la suite, le tournage est annulé et les bobines disparaissent.

Photo du mariage d'Orson Welles et deRita Hayworth accompagnés deJoseph Cotten

L'année 1943 marque un retour à l'optimisme : le, Orson Welles épouseRita Hayworth, et ils ont une fille, Rebecca, qui naît en 1944[62]. Invité parFranklin Roosevelt à participer à l'effort deguerre, il propose une série de conférences un peu partout aux États-Unis, dont certaines sont publiées dans leNew Farmer Almanac et leNew York Post ou diffusées sur CBS, et ce, durant toute la guerre. CBS programme en 1942-43 :Ceiling Unlimited, une série radiophonique de 13 épisodes qui valorise l'armée de l'air américaine, commandée par Lockheed-Vega, mais écrite, réalisée et récitée par Welles ; puisHello Americans qui consiste en 12 épisodes enregistrés dans différents pays du continent américain[63].

Début 1944, Welles devient une vedette de cinéma avecJane Eyre deRobert Stevenson, qui est par ailleurs une adaptation de la pièce radiophonique jouée parThe Mercury Theatre on the Air. Welles y incarne le premier rôle et connaît un beau succès commercial[64].

Le Criminel

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L'affiche du filmLe Criminel

Welles s'investit à la fin de l'année 1943 dans lethéâtre aux armées, produisant entre autres destours de magie. La revue est baptiséeThe Mercury Wonder Show et participe notamment au film à sketchHollywood Parade (Follow the Boys), dans lequel il découpe en morceauxMarlene Dietrich et où il se qualifie de « magicien amateur »[65]. Cette même année, il écrit un scénario intituléMonsieur Verdoux, inspiré d'un fait divers français,l'affaire Landru, et pour lequel il pressentCharlie Chaplin pour le rôle-titre : Chaplin n'ayant jamais été dirigé par personne le réécrit après lecture et le transforme selon ses besoins, y incluant notamment une critique socio-économique, et, pour dédommager Welles, lui propose 5 000 dollars, ainsi que sa présence au générique.

Welles ne revient derrière la caméra qu'à l'automne 1945 avecLe Criminel (The Stranger) :Sam Spiegel et la RKO, plus réticente que jamais, lui proposent de réaliser ce film, à condition de prendre le scénario deAnthony Veiller sans modification ;John Huston qui n'est pas crédité, aide Welles du mieux qu'il peut et les deux hommes deviennent amis. Welles expédie la mise en scène avec dix jours d'avance sur la date prévue et le film sort le, puis connaît un franc succès, mais Welles lui-même le considère « comme étant son plus mauvais. Il n'y a rien de moi là-dedans. Je l'ai fait pour prouver que je pouvais tourner un film comme tout le monde. […] Les deux bobines tournées en Amérique du Sud étaient ce qu'il y a de mieux dans le film. Spiegel les a supprimées »[66]. Welles y interprète un anciennazi et c'est aussi le premier film à montrer des images decamps de concentration. Toutefois, l'année 1946 doit lui apporter une véritable satisfaction : tourner librement avec son épouse, Rita Hayworth.

La Dame de Shanghai

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Rita Hayworth dansLa Dame de Shanghai

Il réalise cette année-làLa Dame de Shanghai (The Lady of Shanghai) vaguement inspiré d'un roman deSherwood King, et magnifié par la présence de Rita Hayworth — avec qui il est déjà en instance de divorce. Le public crie au scandale en voyant la rousse Rita, symbole duglamour hollywoodien, transformée en blonde platine aux cheveux courts, devenue à l'écran une héroïne cynique et froide ; on boude le film pendant les projections tests, lesquelles n'emballent pas non plus laColumbia qui préfère retarder sa sortie au profit deGilda, autre film avec Hayworth en vedette. Le film ne sort qu'en. Le quatrième long-métrage de celui que la presse décrit déjà comme l'« enfant terrible d'Hollywood à l'étoile pâlissante »[67] s'achève sur la séquence dupalais des glaces, oùRita Hayworth etEverett Sloane, qui jouent un couple marié, s'entretuent dans un terrifiant vacarme de verre brisé, labyrinthe de miroirs dont seul parvient à s'échapper le personnage principal (et narrateur), Michael O'Hara, interprété par Welles[68].

Juste après le tournage, Welles revient au théâtre et donc à New York. Certaines séquences deLa Dame de Shanghai sont utilisées par Welles pour sa pièce,Around the World, comédie musicale d'aprèsJules Verne sur un livret deCole Porter — créée en mai 1946 àBroadway —, dont l'adaptation filmique est envisagée parMichael Todd[69]. Avec cette dispendieuse production théâtrale que le public boude, Welles connaît pour la première fois des ennuis d'argent.

Macbeth

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Marziya Davudova etAbbas Mirza Sharifzade dans leMacbeth (1936) de Tuganov, victimes dustalinisme, un repère esthétique pour le projet de Welles.
Article détaillé :Macbeth.

Durant l'été 1947,Herbert Yates, le président deRepublic Pictures, un petit studio indépendant spécialisé dans le western et les séries B, accepte de financer son nouveau projet de film, l'adaptation duMacbeth de Shakespeare contre 200 000 dollars[70], le dépassement devant être payé parMercury Theatre, autrement dit Welles. Ce pari économique n'est pas tenu : Orson Welles paye près de 100 000 dollars en extra, tout en dissimulant la pauvreté des décors au milieu d'un brouillard artificiel, mais en tournant son film en seulement vingt et un jours. Le résultat est saisissant d'étrangeté et de mystère, et restitue parfaitement« l'atmosphère tellurique de la tragédie »[71]. Sorti le, le film manque d'être présenté à laMostra de Venise face à l'Hamlet deLaurence Olivier, puis disparaît des écrans. Il sort en France en 1950 etAndré Bazin en est l'un des plus ardents défenseurs, contribuant, avecJean Cocteau, à faire venir « l'enfant prodigue » en Europe. En réalité, Welles sort totalement ruiné de cette expérience et le fisc américain lui réclame de fortes sommes. Dès la fin 1948, il embarque pourCinecittà, où il travaille pour divers rôles, profitant ainsi de sa notoriété d'acteur.

Tour d'Europe (1949–1956)

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Outre ses ennuis avec le fisc, Welles est désormais tombé en disgrâce auprès des producteurs américains, en particulier parce qu'il figure depuis à la suite des recommandations de l'HUAAC sur la liste noire de laMPAA, laquelle refuse d'employer des artistes supposés être de tendancecommuniste. Paradoxalement, Welles n'a jamais caché son aversion pour les fascismes et le stalinisme, entretenant même une correspondance entre autres avecEisenstein. Victime collatérale dumaccarthysme, Welles part en Europe où il joue dans de nombreux films pour financer son nouveau projet shakespearien :Othello.

Le Troisième Homme

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Après Rome dont on peut retenirBlack Magic (Cagliostro) qui permet la rencontre avecAkim Tamiroff, puis après quelques projets parisiens avortés, Welles tourne surtout à Londres[72]. Le film qui amorce la transformation d'Orson Welles en un véritable mythe en Europe est celui où, entre ombre et brouillard, il n'apparaît que peu (comparé à Joseph Cotten) : adapté du roman éponyme deGraham Greene (également scénariste),Le Troisième Homme du BritanniqueCarol Reed reste un cas à part dans sa carrière d'acteur. Reed reconnaît plus tard que Welles s'est particulièrement investi dans cette aventure qui les a menés àVienne, prodiguant même quelques conseils sur deux ou trois séquences, mais pas plus. Son personnage fait corps avec lui et Welles devient pour tous Harry Lime, « l'homme qui meurt deux fois » doublé d'un truand équivoque et fascinant[73].

La France

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Extrait de l'article de Jean-Paul SartreCitizen Kane ;L'Écran français,.

Le public français découvre les premiers films de Welles après la Libération.Jean-Paul Sartre publie une critique deCitizen Kane[74], un an avant que le film ne sorte en salles en. Il loue les qualités techniques du film, mais en critique le caractère de propagande du libéralisme :« Film abstrait, intellectuel, en l'air... » Quelques mois plus tard, les jeunes critiques desCahiers du cinéma se laissent séduire,André Bazin[75] en tête.

Le réalisateur revient en Europe au milieu des années 1940, fuyant le fisc et lemaccarthysme. En France, il y est davantage admiré qu'aux États-Unis mais ses exigences et ses prétentions durant les décennies suivantes y seront parfois déçues[76].

À New York pendant la guerre, Orson Welles a assisté à une projection deLa Femme du boulanger deMarcel Pagnol[77]. Welles débarque àMarseille en[78], et Pagnol raconte qu'il a vu surgir dans son bureau un géant qui s'est exclamé : « Je veux voir monsieurRaimu ! » Mais Raimu vient juste de mourir, et Welles de fondre alors en larmes : « C'était le meilleur de nous tous ! », finit-il par dire[79], avant d'expliquer qu'il avait envisagé de faire appel à Raimu pour quelques projets de films. Entre Pagnol et Welles, c'est l'amitié, ce dernier n'hésitant pas à le critiquer, disant par exemple deLa Femme du boulanger qu'il est« parmi les meilleurs films du monde, mais parmi les plus mal filmés ». Welles fait aussi la connaissance d'un collaborateur de Pagnol, le photographe de plateauRoger Corbeau, qui est engagé surDossier secret etLe Procès[80]. Quelques années plus tard, Welles est contacté parSacha Guitry qui lui donne le rôle deBenjamin Franklin dansSi Versailles m'était conté… et celui deHudson Lowe pour sonNapoléon. Lorsque Bill Krohn s'entretient avec Welles à la fin des années 1970, celui-ci lui révèle qu'il a forgé son style« d'essayiste, en s'inspirant du travail de Guitry »[81].

Londres

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En 1951, le producteur indépendantHarry Alan Towers demande à Welles, alors installé entre Londres et l'Italie, de réaliserTales from the Black Museum, une série radiophonique en 51 épisodes inspirés de faits divers réels tirés des dossiers deScotland Yard et de laMetropolitan Police Service. Towers réussit à exporter ce programme sur l'ensemble des chaînes anglophones dans le monde. Aux États-Unis, il est diffusé surMutual Broadcasting System durant l'année 1952. La scénarisation est signée Ira Marion et possède l'originalité de faire entendre à la fois le point-de-vue de la police et des criminels.

Othello

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Welles va mettre quatre ans à tournerOthello (The Tragedy of Othello: The Moor of Venice). Bien qu'inscrit au répertoire duMercury Theatre, André Bazin situe le début de ce projet lorsque Welles s'est trouvé en Italie. Un séjour àVenise et une liaison avecLea Padovani qui devait interpréter Desdémone, lui permettent de faire remonter le début du tournage à l'été 1948[82]. Les cachets italiens de l'acteur (via Mercury Productions) servent à payer les premières séquences, puis les cachets de Londres sont exploités. Après une première audition décevante, il fait appel à Micheál MacLiammóir pour jouer Iago, puis àSuzanne Cloutier pour Desdémone. L'équipe du film se révèle bientôt composée de différentes nationalités, car le tournage interrompu par les problèmes d'argent doit s'adapter à de nombreux changements de lieux. Ainsi, Welles utilise de nombreux plans extérieurs (Venise, Rome,Pérouse,Viterbe,Essaouira)[83] en réalise d'invisibles raccords, tisse son film de façon obstinée, et suivi tant bien que mal par son équipe, se retrouve sans producteur italien (Michele Scalera dépose le bilan en 1950), est sauvé par Les Films Marceau, pour un budget total d'environ 6 000 000lires[84] avec un montage qui comprend 2 000 plans (contre 500 pourCitizen Kane). Le film conserve cependant la marque du réalisateur, qui affirme :« Le montage est essentiel pour le metteur en scène, c'est le seul moment où il contrôle complètement la forme de son film »[85]. Sa réussite artistique est saluée par le Grand prix (ex-æquo) àCannes en 1952, le film étant présenté sous pavillon marocain[76].

Débuts à la télévision

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Welles revient ensuite sur les planches et c'est authéâtre Édouard-VII à Paris qu'il propose une adaptation de sa propre pièceThe Unthinking Lobster (Miracle à Hollywood), une fable satirique contre le système de production hollywoodien pour laquelle il tourne en guise de prélude le court-métrageThe Miracle of St. Anne et recruteEartha Kitt ; l'ensemble s'intituleThe Blessed and the Damned. La critique parisienne dontLe Monde, salue les prouesses techniques, mais s'inquiète du coût financier, aussi Welles remplace le tout par du Musset et du Shakespeare, Eartha clôt la soirée avec un récital de chansons puis le spectacle part en tournée.

Revenu àLondres, Welles finit enfin par y monter du Shakespeare grâce à l'aide deLaurence Olivier, puis participe au lancement de la chaîneBBC2 avec une adaptation duMarchand de Venise. Pour la radio anglaise, il participe à une série en 52 épisodes,préquelle auTroisième Homme et intituléeThe Adventures of Harry Lime (BBC, 1951-52). Sur ce, il rencontrePeter Brook qui adapte avec luiKing Lear (Le Roi Lear) pour latélévision américaine (Omnibus Theatre, CBS, 1953). En 1955, la BBC lui commande une série,Orson Welles' Sketch Book, six épisodes dans lesquels il raconte des anecdotes personnelles tout en dessinant. Dans la foulée, en mars, Associated-Rediffusion, une société de production londonienne, passe commande de 26 téléfilms :Around the World with Orson Welles (ITV, 1955) est un « travels essays film »[86], tourné entre Vienne, Londres, Paris,Lurs, Madrid et lePays basque.

Dossier secret

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Après des débuts remarqués à la télévision, il se lance totalement dans le projet d'un nouveau film, en partie inspiré de trois épisodes desAdventures of Harry Lime[87]. Non seulement ce film a deux titres (voire trois), mais aussi cinq versions en salle[88]. L'histoire du tournage est aussi complexe que celle d'Othello.

Article détaillé :Dossier secret.

Intitulé sur le script de départMasquerade, puisConfidential Report (Dossier secret) et produit par le français Louis Dolivet (qui va confisquer le montage), le tournage s'étale sur sept mois (1953-54), entre Ségovie, Madrid, Valladolid, Munich, Paris, la Côte d'Azur et leChâteau de Chillon. Arkadin, le personnage que joue Welles, prend sa source dans la vie du milliardaireBasil Zaharoff et l'homme chargé d’enquêter sur son passé s'avère Lime, mais Welles le rebaptise Van Stratten. La sortie du film prend deux ans de retard, car le montage entamé par Welles dure presque toute l'année 1954, à cause surtout de lapostsynchronisation. La première a cependant lieu à Madrid en mars 1955 sous le titreMister Arkadin, puis à Londres cinq mois plus tard et enfin Paris (). La critique est partagée, maisÉric Rohmer compare alors Welles à Eisenstein[89].

Au début du tournage, Welles rencontre l'actrice italiennePaola Mori qu'il épouse en — ils ont une fille,Beatrice Welles, née à la fin de la même année.

Intermède américain (1956–1959)

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Welles devient Hank Quinlan dansLa Soif du mal (1958).

Welles est déjà revenu àBroadway en 1954 pour unKing Lear remarqué et d'ailleurs capté par CBS, mais c'est à Londres qu'il transpose pour la scèneMoby-Dick, le roman deMelville en 1955, mise en scène bientôt captée à son tour par la télévision anglaise : intituléeMoby Dick - Rehearsed, le montage n'a jamais été achevé. Peu après,John Huston est alors chargé de réaliser un film, à partir d'un scénario deRay Bradbury : c'estMoby Dick (film, 1956), où Welles joue le Père Mapple, et qui revient donc après dix ans d'absence àHollywood. Il participe à nombre d'adaptations shakespeariennes pour CBS etNBC, mais surtout, et contre toute attente, il réalise un long-métrage.

En 1958, il se voit confier la réalisation deLa Soif du mal (Touch of Evil), d'après un petit roman noir, par les studiosUniversal. Dans des entretiens ultérieurs[90] avecPeter Bogdanovich, Welles explique commentCharlton Heston, véritable star à l'époque, a joué dans ce choix un rôle déterminant. Désirant la star pour le projet, Universal convoque Heston, qui apprend que la distribution intègreJanet Leigh dans le rôle de sa femme, et Orson Welles, dans le rôle du commissaire Quinlan. À la suite d'un malentendu, Heston comprend que « Welles va être le réalisateur du film », alors il déclare : « Si Welles est le réalisateur, je suis d'accord ». Contacté, Welles donne son accord pour un bout d'essai. Les producteurs visionnant tous les soirs les rushes,sont emballés au point de proposer à Welles de signer un contrat de quatre films pour les cinq ans à venir[réf. nécessaire]. Hélas pour lui, une fois le film monté, le studio change radicalement de position. Universal décide de faire remonter complètement le film par un autre réalisateur, de couper des scènes etd'en tourner de nouvelles à la hâte[réf. nécessaire]. Welles déclare : « L'humour que j'ai mis dans le film était inhabituel pour l'époque. Aujourd'hui, il s'est banalisé. Mais à l'époque, il a déplu aux pontes d'Universal »[91]. C'est là son dernier film hollywoodien : on y retrouveAkim Tamiroff etMarlene Dietrich, et unplan-séquence inaugural mythique. Durant ce séjour, il tourne notamment dansLes Feux de l'été d'aprèsWilliam Faulkner où il décroche un rôle face àPaul Newman et travaille pourDesilu Productions, qui le contacte fin 1956 pour lancer une série,The Orson Welles Show, mais le projet est avorté. La chaîne NBC programmeThe Fountain of Youth (en) (La Fontaine de jouvence), seul épisode achevé et qui remporte un prestigieuxPeabody Awards.

Retour en Europe

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Avant de rentrer en Europe, Welles fait la connaissance à Mexico d'Oscar Dancigers, producteur entre autres deLuis Buñuel. Un nouveau projet émerge : adapter leDon Quichotte deCervantès. Ce film n'a jamais été achevé, mais Welles, toute sa vie durant, a tenté de le terminer (cf. plus loin). En 1961, la chaîneABC programmeOrson Welles and the Art of Bullfighting qu'il réalise en Espagne : c'est vers cette époque qu'il s'installe àMadrid, mais Welles ne cesse d'aller et venir, prenant l'avion dès qu'une occasion se présente.

Le Procès

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En 1960, le producteurAlexander Salkind propose à Welles d'adapter une œuvre moderne, mais libre de droit. Quelque temps auparavant,Michael Lindsay-Hogg, le (supposé) fils naturel de Welles, né en 1940 deGeraldine Fitzgerald[92], lui a soumis l'idée d'adapter pour le théâtreLe Procès deFranz Kafka. Plus tard, les droits cinéma se révèlent appartenir à un agent allemand. Toujours est-il que Salkind parvient à réunir 650 millions d'anciens francs[93] avec un montage financier franco-italo-allemand et le tournage débute en àZagreb (à défaut dePrague), en passant par laGare d'Orsay, et se termine en juin. Welles revisite le roman, mais contourne quelque peu l'humour noir de l'auteur, innovant cependant en commandant àAlexandre Alexeïeff etClaire Parker une animation tirée de laParabole de la Loi, incluse dans le texte originellement arrangé parMax Brod. Le film sort à Paris en et décroche lePrix Méliès :The Trial est mal perçu par la critique anglo-saxonne, jugé baroque et déstabilisant, il s'achève sur un champignon atomique,Guerre froide oblige.

Dès la fin du tournage, Welles commence à vivre avecOja Kodar, rencontrée à Zagreb. Dans la foulée, il continue d'être acteur pour les films des autres, et retenons de cette période sa rencontre avecPasolini pourLa ricotta en 1963.

Falstaff

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Photographie promotionnelle d'Orson Welles dans le rôle-titre deFalstaff, 1965.

Trois ans après le tournage duProcès, il réaliseFalstaff, qui est une refonte de plusieurs tragédies de Shakespeare qu'il a écrites sous le nom deFive Kings en 1939 (Richard II, Henri IV, Henri V, Les Joyeuses Commères de Windsor) et en s'inspirant également deschroniques deRaphael Holinshed ; en, il reprendFive Kings auGrand Opera House deBelfast qui demeure pour Welles sa dernière performance sur les planches, mais qui sert en réalité de« prérépétition » pour un film dont il a déjà l'idée en tête[94]. Le tournage se déroule entre et en Espagne et la production assurée parEmiliano Piedra avec l'aide ultérieure d'Harry Saltzman[95], que Welles avait rencontré à Madrid pour un projet, l'adaptation deL'Île au trésor.

Le thème central du film se fonde sur l'amitié trahie et la jeunesse perdue ; Orson Welles y incarne SirJohn Falstaff. Sa passion dévorante pour le dramaturge anglais irradie ce film à la foismélancolique et bouffon. Il considère qu'il s'agit de sa plus grande réussite : « Mon meilleur film estFalstaff, ensuiteLes Amberson.Falstaff est le complément, quarante ans plus tard, de ceCitizen Kane que j'ai tourné à l'aube de ma vie »[96]. Le film est une coproduction hispano-suisse avec un tournage en anglais dans les environs de Barcelone entre l'hiver 1964 et le printemps 1965.Jeanne Moreau, déjà présente dansLe Procès y tient le rôle de Dolly, entourée d'une kyrielle d'acteurs issus du théâtre anglais dontJohn Gielgud. Présenté àCannes en, le film décroche deux récompenses : le Prix duXXe Anniversaire du Festival du Film et le Prix de la Commission supérieure technique. Le réalisateur est déçu, s'attendant à remporter la Palme d'or[76].

Une histoire immortelle

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Durant l'automne 1966, Welles tourne pour la télévision française (ORTF),Une histoire immortelle (The Immortal Story), tiré d'une nouvelle deIsak Dinesen intituléeL'éternelle histoire[97] et pour la première fois en couleurs. Conçu à la façon d'une « miniature », ce film comprendJeanne Moreau,Roger Coggio et Orson Welles dans le rôle de Mr Clay. Il ne sera diffusé que sur la deuxième chaîne le, passant relativement inaperçu eu égard aux événements en cours, mis à part une scène d'unérotisme assez poussé pour l'époque etqueJean Renoir salua[réf. nécessaire].

Quelques mois plus tard, Welles s'embarque pour le tournage deThe Deep (1967-1969) — d'aprèsDead Calm (1963) deCharles Williams — sur un bateau, au large des côtes yougoslaves, avec, entre autres, Oja Kodar et Jeanne Moreau. Le film reste inachevé (cf. plus loin). Welles est alors à un nouveau tournant de sa carrière : il va faire face à une succession de projets avortés, dont le plus connu resteDe l'autre côté du vent, commencé en avec ses amisJohn Huston etPeter Bogdanovich, et dont le tournage (chaotique) s'étend jusqu'en 1976. En 1969, CBS programmeAround the World with Orson Welles puis, en 1971,Orson Welles Bag, comprenant des extraits deThe Merchant of Venice. Mais le fisc américain confisque les financements reçus par Welles et le téléfilm reste inachevé. Cette année-là, Welles reçoit l'Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. C'est sans doute au cours de 1970 qu'il décide de quitter l'Espagne, et de rentrer aux États-Unis. Il s'installe à Los Angeles avec Oja Kodar, tout en étant toujours officiellement marié avec Paola Mori.

Dernières années

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En quinze ans, Welles ne réussit à sortir que deux documentaires. Tout en continuant à jouer dans des films, à se montrer dans des émissions télévisées, à participer même à des publicités, il occupe l'essentiel de son temps à tenter de monter de nouveaux projets. Sa liaison avec Kodar est désormais publique. Elle participe avec lui à la plupart des films de fiction (des adaptations) que Welles, faute d'argent et de temps, ne parvient pas à terminer.

En 1974, il répond à une série d'entretiens avecMichael Parkinson pour laBBC One[98].

Vérités et Mensonges

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Réalisé avec la complicité deFrançois Reichenbach,Vérités et Mensonges (F For Fake) est un essai documentaire, une réflexion sur le cinéma comme art de l'illusion, ainsi que sur les différentes techniques mises en œuvre pour y parvenir. Orson Welles apparaît dans des scènes additionnelles en magicien/prestidigitateur.

Filming Othello

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Revenant sur le tournage d'Othello à partir de documents datant des années 1950-52,Filming Othello (1978), est réalisé pour la télévision allemande (Hellwig Productions), mais bénéficie d'une distribution en salles américaines en, fait rare et dû à la personnalité et au prestige de son auteur. En 1982, Welles devient le président de la cérémonie desCésar. La même année le, le présidentFrançois Mitterrand le nomme commandeur de laLégion d'honneur, la plus haute distinction civile en France, mais, faute d'un accord financier avec le gouvernement socialiste, son projet d'adapterLe Roi Lear ne se fait pas[76].

Stèle commémorative en l'honneur d'Orson Welles (Ronda, Espagne).

Mort

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Orson Welles meurt à 70 ans le àLos Angeles des suites d'unarrêt cardiaque[99] quelques heures après avoir participé à l'émission télévisée leMerv Griffin Show.

Conformément à ses dernières volontés, ses cendres sont dispersées enEspagne[100], dans lafinca Recreo de San Cayetano près deRonda enAndalousie[101], qui appartenait à son ami, le toreroAntonio Ordóñez.

Il avait obtenu son étoile sur leHollywood Walk of Fame le[102].

Films ébauchés, inachevés ou perdus

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Le héros deCervantes, Don Quichotte avec son fidèleSancho Panza, d'après une illustration deGustave Doré.

La carrière du réalisateur est émaillée de projets de films, soit restés à l'état de scénario, amorcés puis abandonnés, ou, mieux encore, tournés, mais invisibles[103]. Après la mort de Welles en 1985, de nombreuses zones d'ombres demeurent : problèmes des droits et de la succession, localisation des archives, intentions de montage du cinéaste et statut des œuvres, etc. « S'inscrivant dans la vieille tradition des expérimentateurs » selon André Bazin[104], ces projets de films font sans doute partie intégrante de son œuvre, en tous cas participent de la construction du personnage Orson Welles, cas unique dans l'histoire du cinéma. Par ailleurs, Welles lui-même n'a reconnu de son vivant[105] que deux films « en cours d'achèvement » (in progess), à savoir :Don Quichotte etDe l'autre côté du vent.

Cette liste ne prétend pas être exhaustive, et ne répertorie que les films signés avec une maison de production ou pour lesquels il existe une source certaine.

It's All True

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Inachevé, le tournage deIt's All True commence fin 1941 et est annulé en. Welles n'a à l'origine nullement l'intention de réaliser seul cedocumentaire, mais au cours des années qui suivent, il cherche à remettre la main sur lesrushes, afin de pouvoir les monter en quelque chose d'exploitable. Certains de ces rushes sont retrouvés en 1985. Les droits du film appartiennent désormais à laParamount, mais ne sont libres que passés 50 ans. En 1993, sort dans les salles un documentaire intituléIt's All True: Based on an Unfinished Film by Orson Welles, écrit et réalisé par Richard Wilson (l'un des collaborateurs de Welles en 1942), Bill Krohn et Myron Meisel avec la participation de Catherine Benamou, fruit d'un long travail d'enquêtes sur les lieux de tournage (1986-1991) et montrant une bonne partie des rushes disponibles.

Don Quichotte

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Welles commence à tourner les premières images deDon Quichotte en septembre- au Mexique[106], avec un premier producteur,Oscar Dancigers. Le film ne voit jamais le jour. Il va tourner pendant sept ans, interrompant volontairement le film, le plus souvent pour des raisons budgétaires[107]. En 1969, l'acteur Francisco Reiguera, qui interprétait le rôle de Don Quichotte, meurt. Welles tente de monter le film dans les années 1970. Une seconde tentative de montage réalisée à partir des rushes et suivant les notes laissées par Welles est produite en 1992 : les réactions des critiques sont mitigées.

The Deep

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Inachevé, le tournage deDead Reckoning (titre prévu) est interrompu en 1969. L'un des chefs opérateurs n’est autre queWilly Kurant, le même que surUne Histoire immortelle. L'un des acteurs,Laurence Harvey, étant mort en 1973, Welles n'a jamais pu compléter les scènes manquantes. Une partie du film est également tournée auxBahamas. Toutes les scènes devaient être en couleurs, mais faute de moyens, certaines sont ennoir et blanc. Les négatifs sont réputés perdus, mais leMunich Stadtmuseum possède une copie de travail qui a été projetée au Festival de Berlin en 2000. En 1989,Phillip Noyce tourne une adaptation du roman (inachevé) de Williams, qui sort en français sous le titreCalme blanc.

The Merchant of Venice

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C'est à l'origine un téléfilm couleur commencé en 1969 pour la chaîne CBS, mais réputé inachevé, et tiré de la tragédie de Shakespeare,Le Marchand de Venise. Welles y interprèteShylock et l'on peut découvrir dans le documentaireThe Lost Films of Orson Welles[108] ses saisissants monologues tournés face caméra, dans le désert d'Arizona. Une partie des négatifs aurait été perdue àRome, mais Bogdanovich laisse entendre que CBS aurait tout simplement suspendu le tournage à cause des ennuis de Welles avec le fisc américain[109].

Carrière d'artiste

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Les dangers liés aux progrès de la science, cristallisés dans l'accident de George Amberson, dans son deuxième film, sont toujours d'actualité. Mais l'homme est avant tout un féru de littérature, de musique, de peinture et de théâtre. En 1958, venu présenterLa Soif du mal en France, Orson Welles rencontreAndré Bazin, journaliste et fondateur desCahiers du cinéma, à qui il accorde un long entretien qui est repris dans le livre que le critique consacre à Welles. Il parle des cinéastes qu'il admire :Marcel Pagnol,John Ford dont il a vuLa Chevauchée fantastique une quarantaine de fois avant de réaliser son premier film,Vittorio De Sica,Kenji Mizoguchi,Sergueï Eisenstein,Charlie Chaplin,René Clair etDavid Wark Griffith. Mais il n'est pas tendre avec certains de ses pairs. Toujours dans l'entretien avec Bazin, il descendRoberto Rossellini,Nicholas Ray etVincente Minnelli. SeulStanley Kubrick trouve grâce à ses yeux. Du reste, il est possible de considérer Kubrick comme le meilleur disciple de Welles tant les deux artistes ont de points communs.

Sa carrière n'a pas été un long fleuve tranquille. Il a été obligé de batailler ferme pour mener à bien tous ses projets, qu'il s'agisse de théâtre ou de cinéma. Après1946 et l'échec commercial cuisant duTour du monde en quatre-vingts jours deJules Verne, au théâtre[110], il a eu des ennuis avec le fisc. Mais il a également connu des moments heureux. Il a pu monter quelques pièces de Shakespeare en Angleterre. Visionnaire et audacieux, il a monté, à New-York,Macbeth et transposé l'histoire de l'Écosse brumeuse à l'île d'Haïti sous le règne du roi Christophe, en faisant jouer des acteurs noirs. Sa passion pour le grand dramaturge anglais ne s'arrête pas au théâtre et au cinéma : il réalise plusieurs adaptations radiophoniques qu'il sort par la suite en disque. Il collabore avec entre autres plusieurs musiciens : en tant que narrateur, sur l'album musical d'Alan Parsons Project intituléTales of Mystery and Imagination sur le titreA Dream Within a Dream ; avec le groupe deheavy metalManowar en prêtant sa voix pour des narrations sur les titresDark Avenger etDefender.

Shakespeare

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Macbeth et Banquo rencontrant les trois sorcières.

Orson Welles est dès son plus jeune âge un lecteur émerveillé deWilliam Shakespeare. Dans les multiples entretiens qu'il a accordés, il n'a cessé de répéter que le barde deStratford-upon-Avon était le plus grand poète de tous les temps. Le choc, dans le plus beau et le plus noble sens du terme, entre les deux artistes ne pouvait déboucher que sur des chefs-d'œuvre. Avant même de faire du cinéma, Welles maîtrise parfaitement le théâtre shakespearien :Richard III, monstre du théâtre du dramaturge anglais, est à son répertoire. En 1939, il produitLes cinq rois, où il refond plusieurs pièces, et le fait jouer par leMercury Theatre. La consécration a lieu dans les années 1950, quelque temps après avoir terminé son adaptation deOthello. Grâce à l'aide de l'acteurLaurence Olivier, il a pu monter la pièce sur la scène duSaint James Theatre, le temple du théâtre élisabéthain. Le triomphe a été total. En 1956, à New-York, il a mis en scèneLe roi Lear, au théâtre City Center, toujours avec le même succès.

Au cinéma, l'influence de Shakespeare se manifeste dèsCitizen Kane : un roi de la presse, qui cherche à étendre son empire, doit essuyer plusieurs échecs sentimentaux, relationnels et professionnels qui le conduisent à la solitude et à la mort. Nous retrouvons dans ce premier film de nombreuses thématiques shakespeariennes : un roi solitaire, tentant en vain de concilier ambition, pouvoir et vie de famille, et devant faire face à la trahison ; celle de ses amis, mais aussi la sienne propre, car Charles Kane trahit sa profession de foi. Ce thème de la trahison, et de l'échec qui s'ensuit, va se retrouver tout au long de son œuvre, mais également de sa vie professionnelle. Il suffit de penser àIt's All True etDon Quichotte : trahi par ses échecs commerciaux, le cinéaste a de nombreuses difficultés pour mener à bien ses projets.

Les adaptations qu'Orson Welles réalise sont chacune différentes, mais également fascinantes.Macbeth est composé majoritairement de plans-séquences très longs. Le seul couronnement du roi dure près de dix minutes. Le cinéaste plonge le film dans des brumes, rappelant celles d'Écosse, afin de cacher la pauvreté des décors. À l'inverse,Othello est composé d'environ deux mille plans. Véritable prouesse technique de Welles qui interrompt son film pour le reprendre quelques mois plus tard, une fois les finances arrivées. C'est également le film où le thème de la trahison est sublimé : Othello est trompé par Iago qu'il croit être son ami, alors qu'en fait ce dernier ne sert que ses ambitions. Sa dernière adaptation est également grandiose puisqu'il s'agit deFalstaff, où il refond plusieurs pièces du dramaturge et fait de John Falstaff, personnage secondaire, presque un faire-valoir chez Shakespeare, un personnage de premier plan. La séquence de bataille est admirable, et le pachyderme Welles, très loin du jeune premier deCitizen Kane, incarne Falstaff, personnage bouffon mais sincère, renié par son ami devenu roi.

Tauromachie

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Welles découvre l'Espagne à 17 ans. Au cours de l'année 1935, il sillonne de nouveau l'Espagne sous l’apodo deEl Americano. Mais après deux blessures, l'une au cou, l'autre à la cuisse, il renonce à son ambition de devenirtorero. Il déclare plus tard, lors d'un entretien avec un journaliste d'Arriba le, qu'il avait cherché à devenirtorero mais« ne pus atteindre ce que je me proposais… C'est (latauromachie) un véritable art de Titan »[111]. Il a cultivé toute sa vie une passion pour la tauromachie au point de faire répandre ses cendres le dans lafinca (Recreo de San Cayetano[112]), de son amiAntonio Ordóñez[113],[114] et de planter en Espagne parfois le décor de plusieurs de ses films. Cependant il n'a jamais réussi, au cours de sa carrière, à trouver le financement pour son filmMonstres sacrés[réf. nécessaire] dont le sujet est celui d'un cinéaste (lui-même) qui suit des toreros de ville en ville. De sonAfición, seuls subsistentMy Friend Bonito ainsi que quelques émissions de télévision, parmi lesquellesCorrida à Madrid (1955),TheOrson Welles' Sketch Book (Around the World with Orson Welles, ABC, 1955) etOrson Welles on the Art of Bullfighting (ABC, 1961)[114].

Au cours de sa carrière, il tente de « contaminer » un certain nombre de célébrités deHollywood, occupant dans lesarènes les places du premier rang en compagnie d'acteurs et d'actrices. Certains le suivent parce que c'est en quelque sorte à la mode :Frank Sinatra,Debra Paget,Lee Marvin,Glenn Ford. D'autres sont devenus de réels aficionados :Rita Hayworth,Ava Gardner,Stefanie Powers (qui a été elle-même uneAficionada practica),Joseph Cotten,Anthony Quinn[115].

Dessin et littérature

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Textes publiés de son vivant :

Publications posthumes :

Welles est un dessinateur accompli, et ce dèsHearts of Age. DansTheOrson Welles' Sketch Book, il illustre diverses anecdotes à partir de ses propres croquis ; dansVérités et Mensonges, on le voit en train de dessiner dans plusieurs séquences[120]. En 2019, une exposition et un ouvrage mettent en lumière son art du dessin et de la peinture.

Radiophonie

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Cette liste présente l'essentiel des contributions radiophoniques d'Orson Welles entre 1934 et 1952 et montre qu'au cours des cinq premières années l'homme de théâtre et de radio fusionnent en un travail très prenant, exploratoire et fondateur, et qui connaît son apogée avec l'adaptation deLa Guerre des mondes en :

1934

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  • The American School of the Air (CBS) - acteur

1935

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1936

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  • Poèmes pourMusical Reveries (CBS) - récitant
  • The Bells pourTerror by Night (CBS) - acteur
  • The Wonder Show, 6 émissions pour (Mutual) - récitant
  • Hamlet deWilliam Shakespeare pourColumbia Workshop[122] (CBS) - adaptateur et acteur

1937

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  • The Fall of the City d'Archibald MacLeish pourColumbia Workshop (CBS) - acteur
  • Les Misérables deVictor Hugo, 7 épisodes coproduit parMercury Theatre (Mutual[123]) - adaptation, réalisation et acteur
  • Twelfth Night de Shakespeare pourShakespearean Cycle (CBS) - adaptation, réalisation et acteur
  • Dramatiques pour la série reprenant le personnageThe Shadow (Mutual) - voix de The Shadow[124]
  • Adaptation deMiss Middleton's Lover deLaura Jean Libbey (en) (Mutual) - acteur

1938

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1939

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  • Série d'adaptations pourThe Campbell Playhouse (CBS)

1940

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  • Suite des adaptations pourThe Campbell Playhouse (CBS)
  • The Jell-O Program Starring Jack Benny (NBC) - lui-même
  • This is Radio (Mutual) - acteur
  • Entretien entre Welles et H.G. Wells par Charles Shaw (KTSA)[128]

Filmographie

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Réalisateur

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Cinéma

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Longs métrages
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Courts métrages
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Télévision

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Projets inachevés

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Producteur associé

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La réalisation est d'Orson Welles, sauf mention contraire

Scénariste

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Acteur

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Années 1930–1940
Années 1950
Années 1960
Années 1970
Années 1980

Voix off et narrations

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Discographie

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Box-office des films qu'il a réalisés

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Recettes aux États-Unis au moment de la sortie en salles :

Orson Welles dans la fiction

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Personnage de cinéma

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Personnage de bande dessinée

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Orson Welles a accepté de poser afin de prêter ses traits au personnage principal deLa Tour, troisième album de la sérieLes Cités obscures, créée par le dessinateurFrançois Schuiten et le scénaristeBenoît Peeters. Cet album est sorti en 1987, après la mort de Welles.

Voix françaises

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  • Yves Brainville(*1914 - 1993) dans :
    • Visa pour Hong Kong
    • Austerlitz
    • La Fayette
    • La Fabuleuse Aventure de Marco Polo
  • Marc Valbel(*1907 - 1960) dans :
    • Jane Eyre
    • Échec à Borgia
  • Raoul Delfosse(*1924 - 2009) dans :
    • L'Étoile du sud
    • Commencez la révolution sans nous
  • André Valmy(*1919 - 2015) dans :
    • Trois pour un massacre
    • La Bataille de la Neretva
et aussi

Notes et références

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  1. Prononciation enanglais américainretranscrite selon lanorme API.
  2. D'après imdb.com, pour quelques scénarios et une émission de télévision, cf. filmographie détaillée eninfra.
  3. Les classements successifs de l'Institut cinématographique américain, mais aussi le magazine britanniqueSight & Sound, ont éluCitizen Kane en tant queplus grand film de l'histoire du cinéma américain.
  4. Dès 1958, durant l'Exposition universelle de Bruxelles, un jury international de critiques appelé à juger l'ensemble de la production cinématographique, classe le film en6e position.
  5. O. Welles se sentait artistiquement très proche de Kubrick :« Pour moi, Kubrick est meilleur queJohn Huston. Je n'ai pas vuLolita, mais je crois que Kubrick peut tout faire. Il possède un talent que n'ont pas Ray, Aldrich et les autres cinéastes de la génération précédente. C'est peut-être parce que son tempérament correspond davantage au mien. », cité par Alain Bergala, Jean Narboni, Claudine Paquot inOrson Welles, Éditions Cahiers du cinéma, 1986,p. 47.
  6. Voir le sommaire de ce numéro des Cahiers du cinéma
  7. Les textes de ce numéro exceptionnel des Cahiers du cinéma, sont reproduits dans l'ouvrageMartin Scorsese : Mes plaisirs de cinéphile, compilation de textes et d'entretiens publiés au fil du temps par « Les Cahiers du cinéma » , 1998(ISBN 978-2-86642-217-2))
  8. ab etcPassek et al 1986,p. 680
  9. (en) « Orson Welles | Biography, Movies, & Facts », surEncyclopedia Britannica(consulté le).
  10. Danièle Parra et Jacques Zimmer,Orson Welles, Éditions Filmo-13, 1985, page 13.
  11. ab etcParra & Zimmer (1985),op. cit.,p. 15.
  12. a etbAndré Bazin,Orson Welles, Éditions Cahiers du Cinéma, 2002, page 49.
  13. Welles aurait fait ses débuts en scène dans le rôle muet de Dolore, le fils de Cio-Cio-San, lors d’une représentation deMadame Butterfly, donnée dans le cadre du festival de Ravinia, Illinois, le 2 août 1919.
  14. a etbParra & Zimmer (1985),op. cit.,p. 14.
  15. (en) « Wild about Harry : Orson Welles remembers Houdini », surwildabouthoudini.com,(consulté le).
  16. (en) « Orson Welles' Sketchbook: Transcripts : Episode 4: May 14, 1955 », surwellesnet.com(consulté le).
  17. (en) « Orson Welles Biography - life, family, children, parents, name, story, death, wife, school », surwww.notablebiographies.com(consulté le).
  18. Cf. ci-après §Écrivain et dessinateur.
  19. Alain Bergalaet al. (1986),Orson Welles, Éditions Cahiers du Cinéma,p. 22.
  20. Selon Peter Conrad (Faber Paperback, 2004,p. 49) : Dans la tradition des écoles d'art européennes, l'étudiant devait commencer par l'Italie puis la France : Welles choisira de commencer par l'Irlande.
  21. Fondé en 1928, Mac Liammóir revient sur cet épisode dans Christopher Fitz-Simon,The Boys: Biography of Micheál Mac Liammóir & Hilton Edwards, New Island Books, 2002(ISBN 978-1904301042).
  22. Cf.Positif, juillet-août 1963 (traduit duSunday Times par Jean-Claude Allais).
  23. Il s'agit bien d'une adaptation du texte deLion Feuchtwanger, lequel dénonça en 1940 le film idoine réalisé parVeit Harlan.
  24. Fitz-Simon (2002), § III.
  25. a etbDanièle Parra et Jacques Zimmer,Orson Welles, Éditions Filmo-13,p. 16
  26. Alain Bergala, Jean Narboni, Claudine Paquot,Orson Welles, Éditions Cahiers du Cinéma,p. 41
  27. Sherwood 2001,p. 268
  28. Joseph Mc Bride (1972),Orson Welles, Rivages, 1985,p. 25-26.
  29. Voir ladistribution du 20 décembre 1934.
  30. A. Bazin (2002),p. 27.
  31. Christopher Welles, épouse Feder, née le 27 mars 1938.
  32. Vidéo sur le site wellesnet.com
  33. McBride (1985),p. 26-28.
  34. Bazin (2002),p. 57.
  35. Bazin (2002),p. 58 ; chiffres revus par McBride (1972) et Conrad (2004).
  36. Une copie de ce second court métrage, longtemps considéré comme égaré, a été retrouvée en Italie en août 2013 et est en cours de restauration par le musée George Eastman House. La première projection sera effectuée le 9 octobre 2013 dans le cadre de la Journée du cinéma muet, à Pordenone (inLe Monde, 7 août 2013).
  37. Bazin (2002),p. 29.
  38. Bessy (1982),p. 17.
  39. Bazin (2002),p. 61.
  40. Parra et Zimmer (1985),p. 17.
  41. Chris WellesFeder,In My Father's Shadow: A Daughter Remembers Orson Welles, Chapel Hill, North Carolina, Algonquin Books,(ISBN 9781565125995,lire en ligne),2.
  42. Serge July,Dictionnaire amoureux du journalisme, Paris, Plon,, 917 p.(ISBN 978-2-259-20599-3),p. 140
  43. Voir notamment : David Miller,Introduction to Collective Behavior, Waveland Press, 1985,p. 99-100, 103-106; pour une étude entièrement consacrée à cette histoire et à une analyse de la construction du discours sur la panique et l'irrationalité des foules, voirPierre Lagrange,La guerre des mondes a-t-elle eu lieu ?, Paris, Robert Laffont, 2005.
  44. a etbPassek et al 1986,p. 681
  45. « Il y a 80 ans, Orson Welles faisait paniquer l'Amérique avec son canular radio », surwww.rtl.fr(consulté le).
  46. a etbPierre Lagrange,La guerre des mondes a-t-elle eu lieu ?, Robert Laffont, 2005.
  47. Son slogan était : "Quality Pictures at a Premium Price".
  48. Bessy (1982),p. 51.
  49. Opuscule accompagnant le DVD du filmLa Splendeur des Amberson,Repères biographiques rédigé par MadameClélia Cohen desCahiers du cinéma pour le compte desÉditions Montparnasse en 2001.
  50. Finalement adapté au cinéma en 1979 parFrancis Ford Coppola avecApocalypse Now, mais selon un traitement différent.
  51. Bessy (1982),p. 50, cite la somme de 1 100 000 dollars contre 500 000 alloués.
  52. Quelques essais filmés auraient été tournés d'après Conrad (2004),p. 123.
  53. Publié sous le pseudonyme deNicholas Blake.
  54. Conrad (2004),p. 145.
  55. Bazin (2002),p. 68, "Hollywood 1939-1941. Le grand diptyque".
  56. Paolo Mereghetti,Les grands cinéastes : Orson Welles, Éditions Cahiers du cinéma, 2007,p. 28.
  57. Bazin (2002),p. 69.
  58. Mereghetti (2007),p. 33.
  59. Bessy (1982),p. 49 et suiv.
  60. McBride (1986),p. 172-173.
  61. Cité par Peter Noble (1957) inOrson Welles, le magnifique et repris dans Parra & Zimmer (1985),p. 21.
  62. 1944-2004,News Tribune du 22 oct. 2004, Tacoma, Washington State.
  63. Internet Archive :Hello Americans, en ligne.
  64. Pour un coût initial de 1 705 000 dollars, le film dégagea une importante marge bénéficiaire [McBride (1972),p. 87-89].
  65. Conrad (2004),p. 95.
  66. Citation rapportée par McBride (1972),p. 91.
  67. Rapporté parSerge Daney,Ciné Journal Cahiers du Cinéma, 1986,p. 20.
  68. Woody Allen y rendra hommage dansMeurtre mystérieux à Manhattan.
  69. Bazin (1972),p. 87.
  70. Selon McBride (1972),p. 111.
  71. Bazin (1972),p. 88-90.
  72. Bazin (1972),p. 90-92.
  73. Bessy (1985),p. 78.
  74. Jean-Paul Sartre,Citizen Kane dansL’Écran français,, pp.115-116
  75. « La technique de Citizen Kane »,Les Temps Modernes,no 17, 1947 puis le premier essai consacré à Welles par Bazin et préfacé parJean Cocteau, paru chez Chavanne en 1950.
  76. abc etdPeter Biskind, « Orson Welles et les maudits français »,Vanity Fair,no 10,‎,p. 158-167(lire en ligne).
  77. Photographie de Marcel Pagnol avec Orson Welles, Radio France.
  78. Pour le Festival de Cannes (20 sept. - 9 oct. 1946) ?
  79. Marcel Pagnol,Confidences, Éditions de Fallois, 1990.
  80. Roger Corbeau - Biographie.
  81. Bill Krohn,Entretien avec Orson Welles, Cahiers du Cinéma, février 1982, rééd. 1986.
  82. Bazin (1972),p. 94.
  83. Brigitte Tast, Hans-Jürgen Tast,Orson Welles - Othello - Mogador. Aufenthalte in Essaouira, Kulleraugen Vis.Komm.no 42, Schellerten 2013,(ISBN 978-3-88842-042-9).
  84. Soit 1 million de dollars de l'époque.
  85. Extrait des entretiens avec André Bazin, in Bazin (1972),p. 99.
  86. D'après Welles cité par Bazin (1972),p. 210-211.
  87. Certains sont peut-être coécrits avec Harry Alan Towers, quoi qu'il en soit Welles ne possédait pas les droits du personnage Harry Lime, inventé par Graham Greene.
  88. (en) Jonathan Rosenbaum, "The Seven Arkadins", inDiscovering Orson Welles, Berkeley, University of California Press, 2007,p. 146-62.
  89. Cahier du Cinéma,no 75, citation reprise par André Bazin (1972,p. 111).
  90. This is Orson Welles, New York, Harper & Row, 1972.
  91. Welles/Bogdanovich (1972),ibid.
  92. Lire "Are You My Father, Orson Welles?", d'Alex Witchel,The New York Times, 30 septembre 2011.
  93. 1,2 million de dollars de l'époque.
  94. Welles & Bogdanovich (1992),p. 427.
  95. Ce montage financier compliqué fait que les droits actuels donnent lieu à conflits entre les héritiers des producteurs et Beatrice Welles.
  96. Parra et Zimmer,Orson Welles,p. 10, citant l'interview par BBC Arena (1982).
  97. Laquelle se trouve dans le recueilLe Festin de Babette, Paris, Gallimard, 1958.
  98. extrait sur YouTube — fr. :« Orson Welles, Series 1, Parkinson: The Interviews - BBC One », surBBC(consulté le).
  99. Il est retrouvé au petit matin par son chauffeur Fred Gillette avec une machine à écrire en équilibre sur son corps
  100. (en) NoelBotham,The Book of Useless Information : An Official Publication of the Useless Information Society, Perigee,,1re éd., 286 p.(ISBN 978-0-399-53269-6,OCLC 67922572,LCCN 2006043282,lire en ligne),p. 25.
  101. (en) « Orson Welles »,Find a grave.
  102. « Orson Welles | Hollywood Walk of Fame », surwww.walkoffame.com(consulté le).
  103. Sur cette notion d'invisibilité et la question du statut des films non tournés, cf. Christian Janicot,Anthologie du cinéma invisible. Cent scénarios jamais réalisés de poètes et d'écrivains, Jean-Michel Place, 1994, intr.
  104. Bazin (1972),p. 124.
  105. "Interview face aux étudiants américains" in Vassili Silovic etOja Kodar,Orson Welles: The One-Man Band, La Sept-Arte, 1995 [vidéo], cf. filmographie.
  106. Patrick Brion in Bazin (1972),p. 196.
  107. « Don Quichotte : l’impossible rêve d’Orson Welles »,Le Suricate Magazine,‎(lire en ligne, consulté le).
  108. O. Kodar et V. Silovic, 1995.
  109. Welles & Bogdanovich,op. cit..
  110. Voir Irène Zanot :Phileas Fogg chez Orson Welles,Revue Jules Verne 33/34,Les Arts de la représentation,Centre international Jules-Verne, 2011,p. 29-39.
  111. Popelin 1993,p. 17
  112. (es) « El recreo de San Cayetano », surrecreosancayetano.com(consulté le).
  113. (es) Carlos Funcia, « Entierro intimo de las cenizas de Orson Welles », surelpais.com,(consulté le).
  114. a etbBérard 2003,p. 392.
  115. Sherwood 2001,p. 34.
  116. D'aprèsIt's in the Bag, novélisation d'une fiction radiophonique coécrite avec Harry Alan Towers en 1951 et adaptée parMaurice Bessy. Inédit en anglais.
  117. Inédits en anglais.
  118. Plus tard, Welles dira à Bogdanovich (1972) que seul Bessy avait pris la liberté de cette novélisation.
  119. Album réalisé par Welles pour sa fille en 1956 lors du festival éponyme de Saint-Tropez.
  120. Dans Maurice Bessy,Orson Welles (Pygmalion, 1982), apparaissent une cinquantaine de dessins originaux de Welles.
  121. La collaboration avec l'émissionThe March of Times s’étendra jusqu'en 1938.
  122. D'autres adaptations de Shakespeare suivront pour le Columbia Workshop en 1938.
  123. Épisodes diffusés du 23 juillet au 3 septembre 1937.
  124. Émission programmée de septembre 1937 à octobre 1938.
  125. First Person Singular est le premier nom de The Mercury Theatre on the Air : cette adaptation deDracula est aussi la première production radiophonique complète de Welles.
  126. L'auteur deLa Splendeur des Amberson.
  127. Première d'une série d'adaptations écrites par Orson Welles jusqu’au 31 mars 1940 avecJohn Houseman.
  128. Unique entretien entre les deux hommes, le 28 octobre 1940.
  129. présenté avec les bonus du DVD d'Othello, 2014 Carlotta film
  130. Fiche IMDB.
  131. Il s'agit de l'épisode 4 de la sérieOrson Welles' Great Mysteries.
  132. La voix de Welles ayant été jugée parJoris Ivens comme trop théâtrale et distanciée au regard du réalisme tragique du film, c'est finalementErnest Hemingway qui assura la narration dans la version anglaise définitive.

Voir aussi

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Unecatégorie est consacrée à ce sujet :Orson Welles.

Bibliographie

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Monographies

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  • Jean-Claude Allais-ViartOrson Welles ou itinéraire d'un poète maudit, Lyon, Aléas, 2006.
  • André Bazin,Orson Welles, Paris, Éditions des Cahiers du cinéma. 2002. Réédition de l'étude réalisée en 1972 et préfacée parAndré S. Labarthe, avec ajout d'un texte deFrançois Truffaut. Étude d'autant plus précieuse que le critique a pu s'entretenir avec Orson Welles qui venait à Paris pour présenterLa Soif du mal.
  • Alain Bergala,Jean Narboni et Claudine Paquot,Orson Welles, Paris, Éditions des Cahiers du cinéma, 1986. Les auteurs ont rassemblé de nombreuses études critiques de différents numéros desCahiers du cinéma, ainsi que des entretiens avec Orson Welles.
  • Jean-Pierre Berthomé et François Thomas,Orson Welles au travail, Paris, Éditions des Cahiers du Cinéma, 2006.
  • Maurice Bessy,Orson Welles, Paris, Seghers, coll. Cinéastes de notre temps, 1965.
  • Maurice Bessy,Orson Welles, Paris,Pygmalion/Gérard Watelet, 1982.
  • Peter Bogdanovich.Moi, Orson Welles, Paris, Le Seuil, collection Points, 1997. Cet ouvrage est composé de plusieurs entretiens avec Peter Bogdanovich, réalisés à partir de 1968 et s'étendant sur 15 ans. C'est sa seule véritable autobiographie.
  • Jean Cocteau, André Bazin,Orson Welles, Édition Chavane, 1950.
  • Johan-Frederik Hel-Guedj,Orson Welles, la règle du faux, Michalon, 1997.
  • Youssef Ishaghpour,Orson Welles, cinéaste, une caméra visible, Paris, La Différence, 2001. Monumentale monographie en trois volumes.
    • Tome 1 :Mais notre dépendance à l'image est énorme..., 672 p.
    • Tome 2 :Les films de la période américaine, 430 p.
    • Tome 3 :Les films de la période nomade, 880 p.
  • Henry Jaglom,En tête à tête avec Orson : conservations entre Orson Welles et Henry Jaglom, Robert Laffont, 2015.
  • Barbara Leaming,Orson Welles, Mazarine, 1986.
  • Joseph McBride,Orson Welles, Rivages, 1997.
  • Paolo Mereghetti,Orson Welles, Paris, Éditions des Cahiers du cinéma. collection Les grands cinéastes, 2007.
  • Elsa Nagel,L'Art du mensonge et de la vérité : Orson Welles, « Le procès » et « Une Histoire immortelle », L'Harmattan, 1997.
  • Peter Noble.Orson Welles le magnifique, Paris,Éditions Pierre Horay. 1957.
  • Danièle Parra etJacques Zimmer,Orson Welles, Paris, Éditions Filmo 13. 1985.
  • Noël Simsolo,Orson welles, l'inventeur de rêves , Paris, Editions des Lettres Modernes Minard, 1963.
  • Brigitte Tast, Hans-Jürgen Tast :Orson Welles - Othello - Mogador. Aufenthalte in Essaouira, Kulleraugen Vis.Komm. Nr. 42, Schellerten 2013,(ISBN 978-3-88842-042-9)
  • Anca Visdei,Orson Welles, éditions de Fallois, 2015.

Ouvrages généralistes

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Documentaires sur Orson Welles

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  • Leslie Megahey,With Orson Welles, Story of a life in film, où la carrière de Welles est passée en revue, film par film. BBC TV Prod., 1989, diff. 1990.

Discographie et supports audio

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  • Il existe un CD audio édité en France qui restitue l'ensemble de l'émissionLa Guerre des mondes de 1938 accompagné d'un livret de commentaires (coll. « Les grandes heures de la radio », Phonurgia nova Éditions, Arles, France, 1989).
  • En 1984 Orson Welles a enregistré un 45 tours dont il a écrit les paroles I know what it is to be young (but you don't know what it is to be old) accompagné par les Ray Charles Singers ([lire en ligne].)

Liens externes

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