Des auteurs proposent de scinder l'espèce en plusieurs, dont, pour lePacifique nord-est :
Orcinus ater (orque résident) ;
Orcinus rectipinnus (orque de Bigg).
Elle a unerépartition cosmopolite ; elle vit dans les régionsarctiques etantarctiques jusqu'aux mers tropicales. Sonrégime alimentaire est très diversifié, bien que les populations se spécialisent souvent dans des types particuliers de proies. Certaines se nourrissent de poissons, tandis que d'autres chassent les mammifères marins tels que leslions de mer, lesphoques, lesmorses et même de grandesbaleines (généralement des baleineaux). Les orques sont situées au sommet de lachaîne alimentaire desocéans et sont lessuper prédateurs qui occupent la plus large aire de répartition surTerre. Les anglophones les surnommentbaleines tueuses (killer whales), bien que legenreOrcinus soit propre aux seules orques.
Les orques sont fortement sociables, elles vivent en groupe, certaines populations sont composées de plusieursfamilles matrilinéaires qui sont parmi les plus stables de toutes les espèces animales. Les techniques de chasse sophistiquées et les comportements vocaux, qui sont souvent spécifiques à un groupe particulier et sont transmis à travers les générations, ont été décrits par les scientifiques comme des manifestationsculturelles.
Les orques sauvages ne sont pas considérées comme une menace pour l'Homme ; certaines s'approchent même des embarcations dans le but d'établir un contact. Cependant, il y eut des cas de spécimens captifs tuant ou blessant leurs dresseurs dans des parcs à thème marin. Les orques sont très présentes dans lesmythologies des peuples navigateurs, avec une réputation allant du protecteur d'âmes humaines à celle de tueur impitoyable.
Les orques, les plus grandsdelphinidés, animent les plus anciennes légendes, ce qui explique qu'elles sont mises en scène dans des films et la littérature. Elles sont à distinguer desfausses orques (Pseudorca crassidens) et desorques pygmées (Feresa attenuata)[2].
Les restrictions budgétaires et les limitations de communication imposées à laNOAA aux États-Unis soulèvent des préoccupations auCanada quant à la protection des épaulards résidents du Sud, une espèce en voie de disparition. Avec seulement 73 individus recensés, ces orques sont menacées par la pollution, la diminution du saumon quinnat et le trafic maritime. La coopération entre laNOAA etPêches et Océans Canada est essentielle à leur conservation, mais la réduction des échanges scientifiques pourrait compromettre les efforts de protection de cette espèce transfrontalière[3].
Pouvant mesurer de 1 à 2 mètres de haut[6], l'aileron dorsal du mâle est plus grand que celui de la femelle (environ 90 cm). Il a une forme detriangle isocèle allongé tandis que l'aileron dorsal de la femelle est plus court et est falciforme[7].
Anatomie interne d'une orque.Modèle 3D du squelette.
Les orques ont une apparence caractéristique avec un dos noir, un ventre blanc et une tache blanche derrière et au-dessus de l'œil. Le corps est puissant et surmonté d'un grand aileron dorsal avec une tache gris foncé en forme de selle juste derrière.
Dans la nature, seuls 1 % des orques ont leur nageoire dorsale courbée contre 80 % en captivité ; une des explications avancées est le fait que les orques captives restent plus souvent à la surface de l'eau et la nageoire n'est plus « soutenue » par la forte densité de l'eau salée. Elle finit par s'affaisser sur le côté[8].
Les scientifiques identifient les individus grâce aux entailles, coups et éraflures sur leurs ailerons ainsi qu'à la forme de l'aileron.
L'orque mâle a une silhouette caractéristique qui ne peut être confondue avec celle d'une autre espèce d'animal marin. Dans les eaux tempérées, les femelles et les juvéniles, s'ils sont observés d'une certaine distance, peuvent être pris pour des représentants d'espèces comme lafausse orque ou ledauphin de Risso.
On distingue plusieurs écotypes d'orques, qui peuvent être considérés comme des sous-espèces voire des espèces différentes[9].L'UICN a annoncé que la classification de l'orque allait probablement être divisée en plusieurs parties.[réf. nécessaire]
Actuellement, neuf écotypes d'orques sont décrits et bien documentés, correspondant à neuf populations distinctes, réparties dans trois océans[10].
Orques nomades[11] : elles consomment presque exclusivement des mammifères marins. Elles se déplacent en petits groupes de deux à six individus. Elles sont observées au large de laCalifornie et de l'Alaska et sont parfois surnommées orques de Bigg, en l'honneur du cétologue canadienMichael Bigg. Ces orques sont plus grandes et plus trapues que les orques résidentes. Les orques mâles nomades atteignent plus de 8 m de long. Les orques nomades et sédentaires vivent dans les mêmes zones, mais s'évitent[12],[13],[14]. On pense que les différents types d'orques se sont séparés il y a deux millions d'années. Il n'y a pas eu de reproduction entre ces types depuis au moins dix mille ans d'après les analyses génétiques.
Type 2 : considérées comme nomades, elles se nourrissent exclusivement de mammifères marins et sont encore très peu étudiées. Elles sont beaucoup plus imposantes que les populations dutype 1. En effet, les orques mâles dutype 2 peuvent atteindre 8,50 m de long.
Les quatre variations répertoriées de l'hémisphère sud.Type A : typiquement nomades, rencontrées autour de tout le continentantarctique, ce sont les orques les plus imposantes. Les mâles peuvent atteindre plus de9,5 mètres de long, et plus de9 tonnes. Elles vivent hors des zones de banquises et semblent manger principalement desbaleines de Minke, mais aussi, récemment, des baleines bleues. Début, un groupe de six orques a tué une baleine bleue de 18 m de long ; les six orques ont ensuite été rejointes par près de cinquante orques qui ont participé au festin[16].
Type D : aussi connues sous le nom d'orques subantarctiques. On sait très peu de choses sur ces orques, hormis que leur morphologie diffère de celle des autres orques. Elles ont, en effet, un front très bombé, une tache oculaire extrêmement petite, et un aileron plus fin que les autres écotypes d'orques.
Bien que les documents mentionnent neuf écotypes d'orques, il faut savoir qu'il y en a, en fait, beaucoup plus : orques de Patagonie, orques de Méditerranée, orques d'Hawaï, orques au large du Chili, Mexique, orques des eaux japonaises, orques de Nouvelle-Zélande (qui se nourrissent principalement de raies), orques de Russie, orques au large des îles Canaries... Il reste beaucoup à écrire et à étudier sur les différents écotypes d'orques.
L'orque est l'une des rares espèces qui transmettent leur savoir aux générations suivantes. Des scientifiques ont observé des orques femelles enseigner l'échouage volontaire à des groupes de jeunes orques. Cet apprentissage peut durer vingt ans. Les orques de Norvège chassant le hareng utilisent la technique dite du «carrousel» : pour rassembler les harengs en une masse compacte près de la surface, ils nagent en contournant le banc de harengs, présentant leur abdomen blanc aux poissons, et tapent avec leur nageoire caudale sur cette masse pour les assommer[18].
Le besoin social des orques est un instinct dominant très fort. Les familles d'orques passent de longues heures à communiquer et à se caresser chacune. Ce contact influence l'état moral, la durée de vie et la santé des spécimens, et conditionnent leurs méthodes de chasse[19].
Ce sont les premiers animaux non humains dont il a été prouvé que l'évolution a été influencée par descomportements culturels[20]. Certains gènes impliqués dans des fonctions spécifiques, comme l'alimentation, semblent ainsi avoir divergé entre différents groupes culturels d'orques[21].
On distingue trois types d'orques bien définis :
les orques nomades sont constamment en déplacement et silencieuses. Elles sont parfois solitaires, ou en petits groupes de deux à sept individus. Leurs sons ne s'entendent que lors des repas. Ce sont ces orques qui s'attaquent aux mammifères marins de grande taille. Elles possèdent un aileron pointu et droit ;
les orques résidentes reviennent à chaque période donnée dans la même zone, ce qui rend leur étude assez simple. Elles vivent en groupes de cinq à cinquante individus dirigés par la doyenne des femelles. Elles se nourrissent desaumons et autres poissons, mais elles ont aussi été observées chassant des mammifères marins. Les résidentes vocalisent sans cesse et chaque groupe peut être reconnu par son dialecte unique. Elles utilisent fréquemment l'écholocation qui consiste à émettre des petits sons semblables à des clics et ensuite écoutent leur écho ce qui leur permet de détecter les proies et de se repérer en eaux troubles ;
les orquesoffshore sont majoritairementpiscivores et vivent en troupe de trente à soixante individus. Elles n'ont été découvertes qu'en 1988 au large de laColombie-Britannique. Le typeoffshore ressemble plus aux résidentes qu'aux nomades ; en effet, la taille des groupes semble assez similaire, leur nageoire dorsale et leur selle grise ont presque la même taille. Elles vocalisent constamment, comme les résidentes. Leur régime demeure cependant un mystère ; il semble qu'elles se nourrissent principalement de poisson.
La plupart des données sur le cycle de vie des orques proviennent de campagnes d'observation de longue durée portant sur des populations grégaires vivant le long des côtes deColombie-Britannique et de l'État de Washington ainsi que d'études menées sur des orques en captivité. Compte tenu de la minutie des études menées et de la nature fortement structurée des groupes d'orques de ces populations, les données dont on dispose peuvent être considérées comme justes et détaillées ; toutefois, les groupes d'orques transhumants et ceux vivant dans d'autresocéans peuvent avoir des caractéristiques légèrement différentes.
Les femelles deviennent adultes dans les environs de quinze ans. À partir de cet âge, elles ont des périodes de fertilité espacées de trois à seize mois. La durée de la période degestation est variable, de quinze à dix-huit mois. Les mères donnent naissance à un seul nouveau-né, environ une fois tous les cinq ans. Ce bébé est appelé veau, comme c'est le cas pour d'autres mammifères[22]. Dans les groupes d'orques grégaires étudiés, les naissances s'échelonnent tout au long de l'année, le pic de naissance se situant en hiver. La mortalité des nouveau-nés est très élevée ; d'après une étude, il semble que près de la moitié décèdent avant d'avoir atteint l'âge de six mois. Les nouveau-nés sont allaités durant deux ans, mais commencent à se nourrir eux-mêmes à compter de l'âge de douze mois.
Les femelles se reproduisent jusqu'à l'âge de quarante ans, elles élèvent en moyenne cinq nouveau-nés. Les mâles deviennent sexuellement actifs à l'âge de quinze ans[23].
La longévité moyenne, la longévité maximale et l'âge moyen varient en fonction de la population d'orques considérée. La majorité des études scientifiques traitant de ce sujet portent sur les orques résidentes du nord de l'océan Pacifique (divisées en orques résidentes du Sud et orques résidentes du Nord). Pour les autres populations d'orques, et notamment pour les orques nomades, les données sont faibles ou inexistantes.
L'espérance de vie des orques fait l'objet de polémiques entre les parcs exploitant ces animaux et certains biologistes marins, océanologues et autres membres de la communauté scientifique. D'après l'étude financée par le parcSeaWorld, les orques captives auraient une espérance de vie moyenne de41,6 ans (tous sexes confondus) contre29 ans et 42,3 ans pour deux populations d'orques libres. Cependant, selon le documentaireBlackfish, les orques sauvages auraient une espérance de vie de60 ans pour les mâles et même90 ans pour les femelles. Ces chiffres sont appuyés par les résultats de l'océanologue français Christophe Guinet : « Ces animaux vivent normalement environ40 ans pour les mâles et 60-80 ans pour les femelles ». Par ailleurs, l'espérance de vie varie d'une population à l'autre.
En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[25] affinant leurs précédents résultats :
Population
Résidentes du Nord
(côte Ouest de la Colombie britannique)
Résidentes du Nord et du Sud
(côte Ouest de la Colombie britannique et des États-Unis)
Résidentes de la côte Sud de l'Alaska
Sexe
Femelles
Mâles
Femelles
Mâles
Femelles
Mâles
Période d'étude
1973 - 1996
1996 - 2004
1973 - 1996
1996 - 2004
1973 - 1987
1984 - 2001
Espérance de vie moyenne (années)
46
30
31
19
50
29
39
31
Les chercheurs font remarquer que plusieurs facteurs peuvent affecter l'espérance de vie de ces individus, notamment la chasse fréquente qui avait cours avant le début de la période d'étude, et la contamination par des toxines persistantes comme les PCB.
Lalongévité maximale des orques résidentes du Pacifique Nord est en moyenne de 80 à 90 ans pour les femelles et de 50 à 60 ans pour les mâles, selon l'étude de 1990 des chercheurs de laPacific Biological Station duministère des Pêches et des Océans du Canada[24]. Seule une faible proportion d'orques sauvages atteint ces âges.
En 2005, les chercheurs de cette station publient une nouvelle étude[25] affinant leurs précédents résultats :
Population
Résidentes du Nord
(côte Ouest de la Colombie britannique)
Résidentes du Nord et du Sud
(côte Ouest de la Colombie britannique et des États-Unis)
Résidentes de la côte Sud de l'Alaska
Sexe
Femelles
Mâles
Femelles
Mâles
Femelles
Mâles
Période d'étude
1973 - 2004
1973 - 1996
1996 - 2004
1973 - 1987
1984 - 2001
Longévité maximale
~ 80 ans
~ 60 à 70 ans
~ 40 à 50 ans
~ 80 à 90 ans
~ 50 à 60 ans
~ 60 à 70 ans
~ 50 à 60 ans
Quelques rares orques sauvages étudiées par les scientifiques atteignent des records de longévité.Granny J2, matriarche du groupe J des orques résidentes du Sud (au large de laColombie-Britannique), est morte à l'âge estimé de 106 ans[26]. Lummi, une matriarche du groupe K de cette population est morte en août 2008 à l'âge estimé de 98 ans[27],[28]. Au sein du groupe L de cette même population, Ocean Sun L25, atteindrait les97 ans[26].
L'âge moyen d'une population est la moyenne des âges des individus, à un instant donné. C'est un indicateur de l'état de santé d'une population. Chez les orques[Lesquelles ?] il serait[Quand ?] de dix-sept ans pour les mâles et de trente ans pour les femelles[réf. nécessaire]. Cet âge moyen, relativement faible, signifie que la natalité est élevée, et que la mortalité des jeunes individus est faible.
Crâne d'orque dont l'entièreté de la dentition s'apparente à des canines.
L'orque est un carnivore avec un régime alimentaire varié dépendant de son milieu de vie et de son type (A,B,C,D) et dont la dentition permet de broyer et déchiqueter des animaux de toute taille[31].
Selon les populations, l'orque se nourrit de poissons de toute taille allant du hareng aux requins, d'oiseaux de mer (manchots), et de mammifères marins (phoques,dauphins,lions de mer,marsouins et d'autrescétacés). La teneur exacte de leur alimentation est mal connue des scientifiques et dépendante de leur habitat[32],[33],[34].
Il s'agit de l'un des rares cétacés à s'attaquer à d'autres mammifères marins de grande taille comme des baleines (lapseudorque attaquerait elle aussi des petits mammifères marins)[19].
Les orques vivent, se déplacent et chassent en groupe de trois à quarante individus dans la plupart des océans[19]. L'éventail des techniques de chasse développées par l'orque est vaste et dépend à la fois de la proie et de l'environnement.
Ainsi, dans l'hémisphère sud, la chasse auxpinnipèdes se fait-elle parfois par échouage volontaire sur la plage. Les orques utilisent l'écholocation, un système desonar naturel, sauf dans le cas de la traque des autres cétacés. Les chasses peuvent se dérouler en pleine mer ou près des côtes, auquel cas la proie est rabattue vers la terre jusqu'à ne plus pouvoir échapper à ses prédateurs.
EnNorvège les orques utilisent une technique de chasse dite "du carrousel" pour se repaître deharengs. Les individus coopèrent pour se déplacer en communiquant pour prendre des décisions. Cette technique se déroule en deux phases : le rassemblement des poissons, puis l'alimentation[34].
EnArctique, les orques coopèrent, pour créer un courant marin induisant des vagues pour déloger les phoques réfugié sur un morceau de banquise dérivant[34].
Lorsqu'il s'agit d'un gros cétacé, tous les membres du groupe participent, les uns immobilisant l'animal par la queue pendant que les autres le frappent de tous côtés. Il leur arrive d'attaquer les petits des baleines grises, mais sans toujours le succès escompté face à la réaction combative de la femelle ; ou des grands cétacés adultes diminués, hors d'état de se défendre.
Contrairement à la légende[Laquelle ?], on ne connaît qu'un cas assuré de bandes d'orques faméliques qui dans l'hémisphère austral aient attaqué une famille derorquals bleus (beaucoup plus imposants que la baleine grise) avec un relatif succès (la mère s'étant échouée sur les côtes de l'Argentine pour faire lâcher prise à un assaillant)[35].
Bien que legrand requin blanc et l'orque s'ignorent quand ils se croisent, il n'est pas rare que des orques s'attaquent à des requins blancs. Ainsi, dans la baie deMonterey, en Californie, une orque femelle d'environ six mètres et du nom de matricule "CA2" a été observée à plusieurs reprises attaquant des requins blancs. La première observation, datant d', eut lieu quand CA2 a attaqué et tué un requin blanc de 3,50 mètres. CA2 avait attrapé le requin dans sa gueule et l'a retourné pour l'immobiliser (les requins deviennent inconscients lorsqu'ils sont mis sur le dos) et l'asphyxier, le requin immobilisé ne pouvant plus se déplacer pour récolter l'oxygène. Malgré son cuir extrêmement solide, le requin avait été mis en pièces par l'orque. La deuxième observation eut lieu quand CA2 attaqua un requin blanc plus gros (estimé à près de 4,50 mètres)[36].
Plus récemment en Afrique du Sud, deux orques surnomméesPort et Starboard (« Bâbord et Tribord ») présentant des caractéristiques d'orques pélagiques sont soupçonnées d'avoir fait au moins cinq victimes parmi les requins blancs des eaux de False Bay, à proximité de Gansbaai[37]. Les scientifiques ignorent pourquoi ces orques ont particulièrement visé les populations de requins blancs pendant une courte période, début 2017[38]. Il est seulement établi que les orques se nourrissent du foie des requins qui est un organe très riche en nutriments[39]. En mai 2022 la chasse derequins blancs est filmée pour la première fois dansMossel Bay par un drone et un hélicoptère. On y observe l'une des deux orques mentionnées et 5 autres individus s'en prendre à un requin blanc pour en dévorer le foie[39]. Cette pratique relativement récente de chasse aux requins par les orques s'apprête à bouleverser l'écosystème marin avoisinantle Cap et menacer la survie d'espèces comme lemanchot du Cap[39]. Les orques de cette région s'en prennent également aurequin plat nez et à leurs foies. Les causes de ce changement de niche écologique des orques restent inconnues[39].
Les orques utilisent leur vitesse et leur système d'écholocation dans la chasse. Il n'est pas rare que, tout comme les dauphins, elles fassent éclater par des chocs certains organes de leur proie ou adversaire — comme le foie, particulièrement visé[38].
On retrouve un comportement de chasse particulier de l'orque sur les côtes Amérique du Sud. L'orque y longe les berges à la recherche de groupes d'otaries se trouvant sur la plage. Lorsqu'un groupe est trouvé, l'orque s'en approche furtivement en se déplaçant parallèlement à la berge tout en cachant son aileron dorsal puis se propulse en dehors de l'eau pour capturer une proie. Totalement émergée, elle peut ensuite retourner à l'eau en se balançant et se tortillant[40].
Orcinus orca est la seule espèce existante du genreOrcinus, et a été décrit pour la première fois parCarl von Linné en1758, dans sonSystema Naturae. Konrad Gessner décrit la première fois l'animal dans un livre de pêche de 1558, se basant sur un spécimen échoué dans la baie de Greifswald. L'orque est apparue il y a environ onze millions d'années.
Les orques vivent dans tous les océans et la plupart des mers (on dit même qu'après l'humain, c'est le mammifère vivant dans le plus d'endroits différents du monde[1]) ; cependant, depuis quelques années, on ne les retrouve quasiment plus que dans lesocéans Arctique etAustral[1]. À cause de leur grande portée, leur nombre et leur densité, les estimations de distribution sont difficiles à comparer, mais elles aiment nettement mieux les latitudes plus élevées et les zones côtières que les milieux pélagiques.
La plus grande population vit dans l'hémisphère sud, dans les eaux de l'Antarctique, où elles vont jusqu'au bord de la banquise et en explorent les ouvertures, comme les bélugas de l'Arctique. Les épaulards étaient des visiteurs très saisonniers (deux mois d'été) en Arctique où ils ne s'approchaient pas de la banquise. Mais, profitant du réchauffement du grand-nord, ils colonisent plus facilement et plus longtemps des zones du nord Pacifique Arctique, dont lamer des Tchouktches, au nord dudétroit de Béring, entre l'Alaska et laRussie (autrefois englacées). Ce phénomène pourrait porter préjudice aux autres mammifères marins de la région[43]. Autrefois uniquement accessibles quelques semaines les plus chaudes (fin juillet-début août) la zone est aujourd'hui fréquentée beaucoup plus longtemps (dès le et jusqu'au 16 novembre au milieu des années 2010). Des études antérieures, inspirées de constats faits enbaie d'Hudson (Canada) avaient montré que l'arrivée de ce super-prédateur dans ce type d'écosystème pouvait réduire les populations de bélugas, de baleines boréales et de narvals. La mer des Tchouktches abrite aussi des morses, des bélugas, des baleines boréales et à la suite du recul des glaces on y voit parfois aussi l'ours blanc nager[43].
Parfois, les orques s'aventurent dans les rivières d'eau douce. Elles ont été observées jusqu'à 160 km dans le fleuveColumbia aux États-Unis. On en trouve également dans le fleuveFraser au Canada et dans l'Horikawa au Japon. En mai 2022, une orque est observée enFrance dans laSeine, dont elle remonte le cours jusqu'à hauteur deRouen. Après l'échec de diverses tentatives pour ramener l'animal très affaibli vers la mer, la décision de l'euthanasier est prise, mais le cétacé meurt avant cette intervention[44].
Le terme d'orque vient dulatinorca qui désigne une sorte de cétacé[45]. Dans la première description deCarl von Linné en 1758, elle est nommée « Delphinus orca ». En 1860, Fitzinger emploie le premier termeOrcinus, tandis que Van Beneden et Gervais emploient une autre dénomination :Orca gladiator. Son nom latin subit alors plusieurs révisions successives de la systématique, et l'espèce finit par se retrouver dans le genreGrampus, sous le nom deGrampus rectipinna pour les spécimens munis d'ailerons plus développés.Aujourd'hui, l'orque (Orcinus orca) est considérée comme la seule espèce actuelle du genreOrcinus.
Le terme d'épaulard vient de l'ancien françaisespaart, lui-même dérivé deespee en raison de son aileron dorsal en forme d’épée[46].
Lenom génériqueOrcinus signifie « qui a trait à la mort »[47] ou bien « appartenant àOrcus »[48]. Le terme italienorco signifie également« ogre »[49].
Ledictionnaire de l'Académie française, dans sa neuvième édition, précise qu'orque est du genre féminin (« une orque »), tandis qu'épaulard est du genre masculin (« un épaulard »)[50]. On lui prête le surnom de « baleine tueuse » paranglicisme en raison de son appellation anglophonekiller whale.
près des plages duMaroc et dudétroit de Gibraltar, les orques viennent chasser lethon qu'elles prennent quelquefois dans les filets des pêcheurs. L'une d'elles a été abattue en 2007[51] ;
au Canada, dans la Pedder Bay, y fut observée la toute première orque albinos au monde, le. C'était une jeune femelle appelée Chimo (T4) qui fut capturée avec un membre de sa famille : Scarredjaw Cow (T3) sa mère présumée. Elle fut envoyée au Sealand of the Pacific, en compagnie de Knootka et Haida. Chimo mourut le, après deux ans de captivité (elle avait quatre ans lorsqu'elle est morte). Les causes de sa mort sont lesyndrome de Chediak Higashi et une pneumonie, qui ont provoqué une septicémie à streptocoques.
au large de la Russie auKamtchatka, une orque albinos a été observée le en compagnie d'un groupe de treize orques, les scientifiques l'ont baptiséeIceberg[52].
Roberto « Beto » Bubas[54], garde de la réserve de lapéninsule de Valdés (Patagonie argentine), passionné par les orques de la région, a établi avec elles une relation en n'hésitant pas à se mettre à l'eau avec elles et à les toucher. Il a ainsi pu les étudier de très près, étudiant leur technique de chasse au loup ou à l'éléphant de mer par échouage, jouant à leur faire rapporter des algues, analysant leur structure sociale de groupe de familles dominées par les femelles, identifiant et nommant les individus… L'expertise reconnue de Roberto Bubas lui vaut d'intervenir dans de nombreux pays pour y contribuer à la connaissance des orques[55].
Les images de Beto Bubas diffusées à la télévision jouant avec des orques et communiquant avec elles ont eu pour effet inattendu de faire réagir un enfant autiste profond de neuf ans qui a bondi en criant : « Moi, moi! ». Cet événement a librement inspiré le film deGerardo OlivaresLe phare aux orques (2016)[55].
En captivité, elle peut attaquer l'homme, mortellement dans de rares cas.
Ainsi trois dresseurs ont été tués par leurs orques. En 1991, l'orqueTilikum, arrachée à son milieu naturel très jeune, tue sa dresseuse Keltie Byrne au parc deSealand of the Pacific. En 2009, une orque attire son dresseur Alexis Rodriguez au fond de l'eau et le noie auLoro Parque en Espagne (l'autopsie révélera des blessures)[56]. En 2010, Tilikum, qui avait été déplacée au parc deSeaWorld Orlando en Floride, après avoir tué sa dresseuse en 1991, attaque mortellement sa dresseuse Dawn Brancheau durant un spectacle[57]. Tilikum avait en outre été impliquée dans la mort présumée accidentelle (hypothermie) d'un homme qui s'était introduit illégalement et en pleine nuit dans le bassin des orques en 1999. En 2013, le film documentaire américainBlackfish (L'Orque tueuse en français), réalisé par Gabriela Cowperthwaite, revient sur ces trois incidents, dénonçant les effets néfastes de la captivité des orques.
Depuis 2010 en France, les soigneurs n'ont plus le droit de pénétrer dans le bassin d'une orque, tout comme en Floride. À ces accidents mortels, de nombreux accidents graves sont à dénombrer dans les parcs[58]. Ce comportement est souvent apparu lorsque l'orque est fatiguée ou contrariée.
En liberté, elles n'ont pas peur des bateaux et s'en approchent souvent. Quelques attaques d'orque sauvage sur l'Homme ont été recensées :
dans une expédition en Antarctique au début duXXe siècle, l'expédition Terra Nova, le photographeHerbert Ponting qui se déplaçait sur la banquise s'approcha d'un groupe d'orques et revint à bord du navire après avoir senti les blocs de glace bouger sous la pression de coups de boutoir des cétacés qui voulaient vraisemblablement le faire tomber à l'eau. Mais des scientifiques ont mis en doute la motivation anthropophage des animaux, car l'homme, engoncé dans ses fourrures, aurait pu être pris pour un manchot, tout comme le chien qui l'accompagnait dont l'aboiement pourrait être semblable à un phoque[59],[60]. Ces animaux de la famille des dauphins sont également capables de percevoir le danger qu'il y aurait à attaquer un être humain[61].
le, un surfer californien, Hans Kretschmer, a témoigné avoir été mordu par une orque à Point Sur. Il a subi 100 points de suture[62],[63]
en 2011, pendant le tournage du3e épisode d'un documentaire de laBBCFrozen Planet[64], un groupe d'orques a été filmé en train d'essayer de renverser en formant des vagues le zodiac de l'équipe de tournage. L'équipe avait filmé plus tôt le même groupe d'orques en train de chasser le phoque de la même façon.
En 2020 lasous-population des Orques dudétroit de Gibraltar et dugolfe de Cadix a fait preuve d'un nouveau comportement, dit disruptif. Deux orques juvéniles et une orque adulte ont commencé à interagir principalement avec lesvoiliers. Ces interactions ont été pour 50% d'entre-elles à l'origine de dommages, notamment sur legouvernail. Un site a été mis à disposition pour partager l'étude de cette population et réaliser de la prévention[65].
Les orques appartiennent à la même famille que lesdauphins et, tout comme ces derniers, sont relativement aisées à dresser. Leur taille imposante, leur beauté et leurs bonds spectaculaires en font des attractions appréciées par les visiteurs desdelphinariums[66].
Le maintien de cescétacés de plusieurs tonnes habitués à parcourir de longues distances chaque jour dans des bassins est très vivement critiqué par le public et lesbiologistes marins[67]. De plus, l'organisation sociale des orques ne leur permet pas de vivre dans une telle promiscuité. Les séquelles subies par cette vie en captivité sont multiples et leur espérance de vie en captivité est réduite par rapport à des individus sauvages[68]. Les séquelles visibles de la détention en captivité des orques sont l'affaissement de leur nageoire dorsale, des comportements anormaux mais aussi la mort de beaucoup d'orques à un âge très jeune lié à des infections ou à d'autres problèmes de santé qui sont plutôt rares dans leur milieu naturel. La captivité impacte aussi leurs interactions avec d'autres orques et leurs morales[69]. Les deux volumes du documentaireBlackfish ont eu à ce sujet un impact retentissant sur les publics[67].
Dès 2022, les parcs français ne pourront plus détenir d'orques sauvages en captivité après le vote de la loi 2021-1539 du 30 novembre 2021[70] LeMarineland d'Antibes conservera finalement ses orques jusqu'au 5 janvier 2025, date de sa fermeture, sans qu'on sache encore le devenir de ses deux orques[71].
En, il existe treize delphinariums qui maintiennent captifs et exploitent des orques à travers le monde[72] :
↑John K. B.Ford et Graeme M.Ellis,Transients: mammal-hunting killer whales of British Columbia, Washington, and Southeastern Alaska, UBC Press,(ISBN978-0-7748-0717-3 et978-0-295-97817-8).
↑Robin W.Baird et Lawrence M.Dill, « Occurrence and behaviour of transient killer whales: seasonal and pod-specific variability, foraging behaviour, and prey handling »,Canadian Journal of Zoolology,vol. 73,no 7,,p. 1300–1311(DOI10.1139/z95-154,lire en ligne[PDF]).
↑a etb(en) PF Olesiuk,MA Bigg et GM Ellis, Department of Fisheries and Oceans, Pacific Biological Station, Nanaimo, B.C., Canada, « Life history and population dynamics of resident killer whales (Orcinus orca) in the coastal waters of British Columbia and Washington State »,Report of the International Whaling Commission, Special Issue 12,,p. 209 à 243(ISSN0255-2760,lire en ligne)[PDF].
↑a etb(en)MA Bigg, PF Olesiuk, GM Ellis, JKB Ford et KC Balcomb III, « Social Organization and Genealogy of Resident Killer Whales (Orcinus orca) in the Coastal Waters of British Columbia and Washington State »,Report of the International Whaling Commission, Special Issue 12,,p. 400(ISSN0255-2760,lire en ligne)[PDF].
↑Georges Blond,La grande aventure des baleines, Paris, 1951 ; depuis, de nombreuses notices encyclopédiques sur la baleine ou sur l'orque ont mis en exergue la capacité des épaulards groupés à attaquer des baleines adultes ; en fiction voir Pierre Boulle "La baleine des Malouines où un navire de guerre anglais en lutte contre les Argentins tire ses premiers coups de canon contre des orques qui attaquaient un couple de baleines ; seul le livre de Georges Blond est cité.