Ledétroit d'Ormuz (enarabe :مضيق هرمز /Maḍīq Hurmuz ; enpersan :تنگه هرمز /Tange-ye Hormoz) est un détroit dugolfe Persique. Il permet la communication avec legolfe d'Oman et doit son nom à l'île iranienneOrmuz[1], située au sud-est deBandar Abbas. Les pays frontaliers sont au nord l'Iran et au sud lesÉmirats arabes unis (depuis Jazirah al Hamra), suivis dusultanat d'Oman (extrémité de la pointe sur la photo).
La voie d'accès au golfe Persique a une importance stratégique décisive : il constitue, en effet, une voie commerciale essentielle du trafic international, empruntée par plus de 30 % du commerce mondial depétrole[3]. OutreOman, lesÉmirats arabes unis et l'Iran, le détroit commande l'accès à d'autres pays producteurs d'hydrocarbures aussi importants que l'Irak, leKoweït, l'Arabie saoudite,Bahreïn et leQatar. Selon ledépartement américain de l'Énergie, environ 2 400 pétroliers y transitent chaque année, pour un volume d'environ 17 millions de barils de pétrole par jour[4]. Les navires doivent suivre un rail (montant/descendant ou entrant/sortant).
Le détroit a été le théâtre de nombreux affrontements pendant laguerre Iran-Irak. Les intérêts américains de cette principale « route du pétrole » sont sécurisés par la cinquième flotte américaine basée auBahreïn[5].
Le, dans le cadre d'une opération de déminage, la frégate américaineUSSSamuel B. Roberts(en) est gravement endommagée par une mine iranienne. Les États-Unis, qui entretiennent à l'époque de très mauvaises relations avec l'Iran et soutiennent l'Irak, lancent uneopération de représailles sous le nom de codePraying Mantis (mante religieuse). Plusieurs unités navales appuyées par l'aviation embarquée du porte-avionsUSS Enterprise, attaquent et détruisent les plates-formes pétrolières iraniennes Sassan et Sirri, qui, d'après le gouvernement américain, étaient utilisées comme bases par les vedettes rapides iraniennes. Une bataille navale s'ensuit, au cours de laquelle les Iraniens perdent un patrouilleur, une vedette, ainsi que la frégateSahand. Quatre-vingt-sept militaires iraniens sont tués et plus de trois cents blessés. Cet affrontement est la plus grande bataille navale livrée par les États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale.
L'Iran a saisi laCour internationale de Justice d'une requête contre les États-Unis pour la destruction de ses deux plates-formes. Dans son arrêt du, la Cour a estimé que considérant les circonstances, cette destruction ne pouvait pas se justifier au nom de la légitime défense car elle ne répondait pas aux critères de nécessité et de proportionnalité de la légitime défense en droit international. Elle a cependant repoussé la demande iranienne d'indemnisation[6].
Un Airbus de la compagnie aérienneIran Air est abattu le au-dessus du détroit d'Ormuz par un tir de missiles provenant du croiseur américainUSS Vincennes. La catastrophe, qui fait 290 victimes civiles, dont 66 enfants, serait due à une méprise des militaires américains qui ont cru avoir affaire à un avion militaire iranien.
Le, le gouvernement américain annonce que trois navires de guerre américains, patrouillant dans le détroit d'Ormuz, ont été menacés par des vedettes rapides occupées par desPasdaran (gardiens de la révolution) iraniens agissant de manière coordonnée. Les vedettes sont parties après les sommations d'usage. Il dénonce des manœuvres « provocatrices » commandées par le gouvernement iranien.
Le, le commandant duCorps des Gardiens de la révolution islamique,Mohammad Ali Jafari, déclare que si l'Iran était attaqué par Israël ou les États-Unis, il fermerait le détroit d'Ormuz. Le vice-amiral commandant la Cinquième flotte américaine, alors présente dans la région, réagit en indiquant qu'une telle mesure serait considérée comme un acte de guerre[7].
Le, dans un contexte de renforcement des sanctions prises par de nombreux pays contre l'Iran en raison de sonprogramme nucléaire controversé, le premier vice-président iranien Mohammad Reza Rahimi a annoncé que son pays fermerait le détroit d'Ormuz en cas de sanctions visant les exportations iraniennes de pétrole[8].
Cedétroit est un lieu stratégique car il est au cœur d'une zone riche en ressources. Il constitue la partie la plus orientale dugolfe Persique, un espace extrêmement pourvu enhydrocarbures. Les pays du Golfe (Arabie saoudite,Émirats arabes unis,Irak,Iran,Koweït,Oman,Qatar) possèdent près de la moitié des réserves prouvées de pétrole[10] et réalisent le tiers de la production mondiale pétrolière. Ainsi, le détroit d'Ormuz voit passer 24 % des exportations pétrolières mondiales[11]. Actuellement, la consommation d'énergie étant en augmentation, la majeure partie de la hausse de la production pétrolière est réalisée par les pays du golfe Persique[12],[13].
Du fait de sa situation géographique, le détroit est absolument nécessaire pour les échanges[14]. Ormuz est l'unique voie de sortie satisfaisante dupétrole saoudien,iranien etémirati (soit un quart de la production mondiale de pétrole brut)[15]. Les options pour exporter le pétrole sans passer par Ormuz sont limitées. Lespipelines saoudien[16] et émirati qui permettent d'exporter au-delà du golfe en évitant Ormuz ont une capacité d'exportation de pétrole plus limitée[17]. Les deux pays ne peuvent donc pas se passer de leurs exportations par le détroit. Puisqu'il borde les eaux iraniennes, l'Iran à un accès privilégié sur cet espace[18]. Il peut donc l'utiliser, voire en verrouiller l'accès. Le détroit d'Ormuz est ainsi uncouloir maritime stratégique, verrou potentiel, au cœur de très importantes ressources pétrolières. Il s'insère dans les échanges de l'océan Indien et plus au loin encore, l'Indo-Pacifique, notamment grâce à ces flux pétroliers[19].
Lapéninsule de Musandam s'ouvre autourisme[20] (pour sespaysages au relief marqué - un sommet de plus de 2 000 m supporte le radar qui contrôle le trafic de la zone - et pour laplongée sous-marine notamment), malgré une chaleur souvent extrême (source de brumes de chaleur). En dépit des hauts-fonds et des tensions géopolitiques (sources d'épaves et de pollutions graves du golfe Persique liées aux guerres et attaques de pétroliers, de plates-formes de forage et de stocks de pétrole), et en dépit d'une industrialisation du littoral (zones franches destinées à l'industrie et aux activités numériques[21]) la région abrite encore une riche faune aquatique avec par exemple descétacés et despalétuviers nains (mangrove deRas El Khaimah[21]). Le détroit et ses littoraux sont aussi uncorridor demigration aviaire. La zone reste vulnérable aux risques de "terrorisme maritime"[22]
↑a etbDumortier, B. (2007). Développement économique et contournement du droit : les zones franches de la rive arabe du golfe Persique. In Annales de géographie (No. 6, pp. 628-644). Armand Colin.
↑Eudeline, H. (2016).Le terrorisme maritime, une menace réelle pour la stabilité mondiale. Herodote, (4), 9-31 (résumé).