L'article peut contenir des analyses et interprétations inexactes ou inédites de sources primaires. Pour améliorer lavérifiabilité de l'article ainsi queson intérêt encyclopédique, il est nécessaire, quand dessources primaires sont citées, de les associer à des analyses faites par des sources secondaires.
Claviers d'un Hammond L-100Roue phonique tournant devant un capteur
Le principe de fonctionnement est celui de laroue phonique, inventée au début duXXe siècle pour letelharmonium[3],[4], basé sur un ensemble de 91 pignons entraînés par un moteur électrique alternatif synchrone qui cale sa vitesse de rotation sur la fréquence du courant (60 Hz, aux États-Unis).
Lesdits pignons sont constitués d'un matériau ferromagnétique. Ils ont un nombre de dents différent, en fonction de la fréquence à synthétiser. Ils tournent dans le champ magnétique émis par un aimant, proche de chaque pignon. La rotation du pignon induit une variation de ce champ magnétique, dont la fréquence est proportionnelle au nombre de dents de ce pignon. Une bobine centrée sur l’aimant sert alors de capteur pour le champ magnétique variable, transformant la variation magnétique en courant alternatif de cette même fréquence. Il y a autant de pignons/aimant/bobines que de fréquences sonores à générer. En utilisant un système à base de tirettes, on peut ajouter différentes fréquences quand l’organiste appuie sur une touche du clavier. C’est ainsi qu’est généré le fameux son Hammond. Cet instrument est un orgue électromécanique muni d'un amplificateur et non un instrument électronique[4],[5].
Le modèle le plus connu est le B-3. Mis au point en 1955[1],[6] — et toujours utilisé plus de 60 ans après —, il se différencie de ses prédécesseurs par l'utilisation d'un système de percussion et de tirettes linéaires[7]. Cet instrument est toujours très utilisé dans lejazz,le blues ou lerock. Il est mondialement popularisé parJimmy Smith[2],[8] et, en France, parRhoda Scott, la « dame aux pieds nus » (« The Barefoot Lady »)[9].
En 1958, alors que la firme Hammond s'apprête à sortir un nouveau modèle (le A-100) pour lui succéder, elle décide — devant l'explosion des ventes et grâce à Jimmy Smith — de prolonger la production du B-3, sans savoir encore que ce modèle sera la référence de la marque.
L'orgue Hammond est souvent associé à unecabine Leslie (du nom de son inventeurDonald Leslie), un dispositif muni d'un haut-parleur fixe devant lequel tourne un plan incliné — et, par la suite, d'un haut-parleur rotatif — destiné à créer desvibratos sans autre artifice que l'amplification et le mouvement de rotation[10]. Les cabines Leslie utilisent des amplificateurs àlampes, qui ajoutent une distorsion naturelle (« overdrive »), ce qui est devenu un aspect emblématique du « son Hammond »[2],[11].
Compte tenu du coût élevé de sa fabrication, la production du B-3 est arrêtée fin 1974[1],[2]. Il est remplacé par le B-3000, un instrument électronique à l'aspect identique au B-3 mais qui n'a pas le son typique du modèle à roues phoniques[12].
Hammond a aussi produit des orgues d'appartement : la série Aurora Custom[13] et le modèle Concorde[12].
Le nom, la marque et les licences Hammond sont rachetés, en 1985, par Noël Crabbe, un Australien. Il confie alors la recherche, le développement et la fabrication des instruments imitant de manièrenumérique les orgues électromécaniques au groupe japonaisSuzuki[14]. Ont ainsi été produits, successivement, les modèles XB1, XB2, XK1, XK2 et XK3 ainsi que des double claviers du type CX 5000[15].
L'orgue Hammond est un instrument très lourd : un orgue B-3, avec son banc et son pédalier de basses, pèse 193 kg.
De plus, c'est un instrument électromécanique assez compliqué, en général très fiable, mais qui peut quand même tomber en panne pendant un concert.
De ce fait, il y a une forte demande, parmi les musiciens, pour une façon plus simple de reproduire le « son Hammond ». Les premiers orgues électroniques qui imitent ce son, lescombo organs (Vox Continental ou Farfisa Professional), sont utilisés par des musiciens commeRay Manzarek, desDoors[16], surWhen the Music's Over, ainsi queAlan Price, du groupeThe Animals, dansThe House of the Rising Sun. Après plusieurs années d'améliorations, on arrive à des instruments électroniques légers reproduisant assez bien le son Hammond, comme lesRoland VK7, VK-88 et VK-8, lesKorg BX-3 et CX-3, lesKurzweil K2600 et K2600x ou lesClavia Nord Electro,Nord Stage, C1 puis C2.
La marque Hammond produit elle-même de nouveaux orgues utilisant une technologie numérique, notamment le XK-3c, le New B-3 et les modèles SK1 et SK2, plus simples et plus abordables. Ces instruments sont considérés par les musiciens de jazz comme assez réalistes et capables de reproduire une qualité de son proche des modèles à roues phoniques. Ils sont désormais adoptés par les plus grands organistes de jazz. Il faudra toutefois attendre l'orgue XK5 — considéré comme la version la plus aboutie, avec notamment un nouveau clavier multi-contacts et les quatre jeux de tirettes harmoniques présents sur les orgues de référence (B-3, C-3 et A-100) — pour retrouver toutes les nuances, subtilités sonores et sensations de toucher des instruments originels[17].
Enfin, des émulations logicielles de qualité existent, tels le B4 II de Native Instruments, VB3 de Genuine Soundware et (sous Linux) Beatrix, Blue3 de GG Audio, le B-3X de IK Multimedia ou encore le B-3 V d'Arturia. Une autre émulation logicielle, le HX3 de KeyboardPartner, imite parfaitement le son du B-3 avec tous les réglages possibles[18]. Il existe également sous forme d'expandeur MIDI.
Dernier né des clones d'orgue Hammond, l'orgue italien KeyB duo utilise un système Linux/Beatrix embarqué. Plus récemment, avec le même moteur sonore, on trouve le Numa Organ.