La Société des Nations est fondée le avec la signature dutraité de Versailles : son but est de conserver la paix et d'assurer une "sécurité collective" face aux horreurs de la Première Guerre mondiale[4]. Elle est active entre 1919 et 1939 (de jure jusqu'en 1946). Mais sa crédibilité est éprouvée par laSeconde Guerre mondiale. Pour pallier cet échec, et afin d'institutionnaliser un nouvel espace de dialogue international, le président américainFranklin Delano Roosevelt souhaite la création d'une nouvelle organisation.
Les premières bases de l'architecture internationale d'après-guerre sont posées le dans laCharte de l'Atlantique établie conjointement par le président des États-Unis et le premier ministre du Royaume-Uni,Winston Churchill. Les deux dirigeants « sont convaincus que toutes les nations du monde […] devront finir par renoncer à l'usage de la violence. […] En attendant l'institution d'un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il est essentiel de désarmer ces nations »[5]. Cette déclaration est complétée en septembre par la signature de neuf États européens[Note 1] occupés ou en guerre contrel'Allemagne nazie, ainsi que par lesForces françaises libres.
LaDéclaration des Nations unies fut signée le àWashington DC par26 États[Note 2] se battant contre les forces de l'Axe. C'est la première fois que l'expression « Nations unies », dont la paternité est attribuée à Roosevelt, est utilisée ; elle désigne alors l'engagement des signataires à contribuer ensemble à l'effort de guerre et à ne pas signer de paix séparée avec l'Axe[6].
Ce n'est qu'avec les conférences deMoscou etTéhéran que la république de Chine, les États-Unis, l'Union soviétique et le Royaume-Uni reconnaissent formellement « la nécessité d'établir aussitôt que possible, en vue de la paix et de la sécurité internationales, une organisation internationale fondée sur le principe de l'égalité souveraine de tous les États pacifiques »[7]. Les quatre États se rencontrèrent ensuite lors de laconférence de Dumbarton Oaks en 1944 afin d'adopter une proposition de traité. Lors de laconférence de Yalta en février 1945, les « Trois Grands » (États-Unis, Royaume-Uni et Union soviétique) évoquent à nouveau des questions liées à la future organisation (nombre de voix de l'URSS, Conseil de Sécurité…). Pour ne pas reproduire l'échec de la Société des Nations, il fut convenu que la nouvelle organisation devait être structurée autour d'un noyau dur d'États détenant unepuissance objective et disposant d'un droit de véto[8]. Finalement, après reconnaissance dugouvernement provisoire de la République française par les alliés[9], cinq pays considérés comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, disposeront du droit de veto : lesÉtats-Unis, laFrance, l'URSS (remplacée par laRussie en 1991), larépublique de Chine (remplacée par larépublique populaire de Chine en 1971[Note 3]) et leRoyaume-Uni.
Le, les États ayant signé la Déclaration des Nations unies et déclaré la guerre à l'Allemagne et au Japon avant sont invités à participer à laconférence de San Francisco[6], qui a lieu du 25 avril au 25 juin 1945. La rencontre s'achève le avec la signature de laCharte des Nations unies par les cinquante États membres (la Pologne, n'ayant pas à cette date de gouvernement constitué, ne put ratifier le texte).
La salle plénière de l'Assemblée générale, utilisée pour la première fois à l’ouverture de sa septième session ordinaire, le 14 octobre 1952[Note 4].
L'ONU a été officiellement fondée àSan Francisco le avec la ratification de laCharte des Nations unies[10]. Elle réunit des États pour prévenir les conflits armés et se préserver des violences de laPremière et la Seconde Guerres mondiales qui « deux fois en l'espace d'une vie humaine ont infligé à l'humanité d'indicibles souffrances »[11].
Le siège provisoire des Nations unies était situé à Londres ; l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité s'y réunissent pour la première fois en. Le, le NorvégienTrygve Lie devient le premier secrétaire général des Nations unies. La première résolution, adoptée le, est relative à la découverte de l'atome : l'Assemblée générale recommande d'en éliminer l'usage militaire et d'en développer l'usage civil[12].
En 1946,Joachim Hambro, président de l'Assemblée générale de la Société des Nations entre 1939 et 1946 déclare au sujet de l'Organisation des Nations unies :« L'ONU dispose de moyens d'actions qui dépassent infiniment ceux de la SDN. Son premier budget annuel se monte à 20 millions et demi dedollars, alors que celui de sa devancière n'était que de 9 million defrancs-or. Son fonds de roulement est, au départ, de 10 millions de dollars, tandis que celui de la SDN n'a jamais dépassé 7 millions et demi defrancs. Or, si l'argent est le nerf de la guerre, il est aussi le nerf de la paix. Dans un autre domaine, au temps de sa plus grande splendeur, la SDN ne comptait que 735 fonctionnaires; celui de l'ONU, doit en engager d'entrée 2 850 ». Joachim Hambro rapporte aussi une déclaration du premier secrétaire de la Société des Nations,Eric Drummond :« Même si les défaites de l'ONU étaient dix fois plus nombreuses, elle représenterait encore, pour le maintien de la paix, une force dix fois supérieure à celle de la SDN »[13].
La question de la partition de laPalestine mandataire entre Juifs et Arabes fut l'un des premiers dossiers majeurs de l'Organisation. En janvier 1947, le Royaume-Uni, qui assure alors le mandat sur la Palestine, confie aux Nations unies le rôle de définir la mise en place d'unplan de partage, après de vaines tentatives d'y trouver une réponse entre 1945 et 1947. Le transfert du mandat d'administration britannique de la Palestine aux Nations unies donne lieu à la première mission d'observation de l'organisation avec l'envoi du médiateurFolke Bernadotte en Palestine. Le 29 novembre 1947, l'Assemblée Générale vote la résolution 181, préconisant le partage de la Palestine mandataire en 3 entités : un État juif, un État arabe, etJérusalem, placée sous tutelle de l'ONU. Cet évènement, qui marque le début d'uneguerre civile en Palestine mandataire, sera suivi de la proclamation de l'État d'Israël et du retrait britannique en mai 1948, marquant le début de lapremière guerre israélo-arabe. Assassiné pendant le conflit en à Jérusalem, Folke Bernadotte est remplacé par son bras-droitRalph Bunche. La premièreguerre israélo-arabe s'achève après la signature d'uncessez-le-feu entre Israël et les États arabes le sous les auspices de Ralph Bunche. La trêve donne lieu à la première opération de maintien de la paix des Nations unies qui est déployée en 1949 avec l'ONUST.
Dès 1946, la question de l'arme atomique, dont l'utilisation estmonopolisée par les États-Unis, fait l'objet de tensions entre Soviétiques et Américains. Staline s'oppose auplan Baruch, un projet proposé aux Nations unies ayant pour but d'attribuer la maîtrise de l'atome à un organisme de l'ONU. Plus tard, l'Union soviétique utilisera pour la première fois son droit de veto dans une décision demandant l'évacuation des troupes soviétiques d'Iran, qui y sont stationnées depuis la guerre. Le début de laguerre civile grecque en 1947 accentue les dissensions au sein du Conseil de sécurité. Les antagonismes entre les États-Unis et l'URSS verrouillent son action[14]. En 1948, le bloc soviétique s'abstient sur le vote de laDéclaration universelle des droits de l'homme et, à partir de 1949, l'ambassadeur soviétique auprès des Nations unies pratique lapolitique de la chaise vide pour contester la reconnaissance de laChine nationaliste (gouvernement de Taïwan) au lieu de laChine communiste (gouvernement de Pékin). Or, le Conseil de Sécurité adopte le une résolution autorisant à soutenir par la force la Corée du Sud contre l'invasion du Nord ; la séance, qui a lieu en l'absence de l'URSS, ouvre la voie à des opérations militaires sans réserves[15]. Cet évènement marque une évolution dans la pratique du droit de véto : l'absence d'un membre permanent du Conseil de sécurité ne bloque pasde facto l'adoption d'une résolution, il faut que son ambassadeur vote formellement contre. L'URSS s'est donc rendu compte qu'il était dans son intérêt de siéger auCSNU.
En 1952, le siège des Nations unies est déménagé à New York. L'année suivante, le SuédoisDag Hammarskjöld est élu secrétaire général par l'Assemblée Générale : son mandat débute le et s'achève à sa mort le.
Son mandat est marqué par une importante évolution des opérations de maintien de la paix avec l'introduction d'instruments coercitifs. En 1956, le déploiement de la Force d'urgence des Nations unies (FUNU) en Égypte pour endiguer lacrise du canal de Suez marque ainsi un premier tournant : c'est la première mission d'interposition armée[16]. Dans ce prolongement, le déploiement de l'Opération des Nations unies au Congo (ONUC) est d'une plus grande envergure : 20 000 casques bleus sont mobilisés au Congo, contre 6 000 en Égypte[17],[18]. Le mandat de l'ONUC est le premier à briser le principe de neutralité du maintien de la paix et les Nations unies rencontrent des difficultés tactiques, financières et humaines sur le terrain :250 membres du personnel sont tués, dont le secrétaire général. L'expérience est un traumatisme pour l'institution, autant chez les fonctionnaires que les États-membres, et laisse place à une période relativement non-interventionniste jusqu'en 1989[19].
La fin du mandat d'Hammarskjöld est également marquée par la décolonisation et l'élargissement significatif des Nations unies[20]. Le passe ainsi de 82 à99 États membres : sur les17 nouveaux entrants, 16 sont des États africains nouvellement indépendants. En tout, entre 1960 et 1970,46 nouveaux États-membres rejoignent l'organisation. En pleine guerre froide, ces derniers contribuent largement à fonder lemouvement des non-alignés et legroupe des 77.
La composition du Conseil de Sécurité des Nations unies doit s'adapter à ces bouleversements. En 1963, on décide de faire passer le nombre de membres du CSNU de 11 à 15 :6 sièges pour des membres non-permanents sont créés ; une décision effective à partir de 1966.
En 1964,U-Thant supervise le déploiement des casques bleus à Chypre. L'UNFICYP, toujours active, est la plus longue opération de maintien de la paix de l'histoire des Nations unies.
Néanmoins, l'ONU est restée pendant très longtemps paralysée durant laguerre froide. Les deuxsuperpuissances, les États-Unis et l'URSS, paralysèrent l'Organisation des Nations unies en usant de leur droit deveto (il fut utilisé 242 fois en45 ans). Pour tenter de contrer cette paralysie, larésolution Acheson fut adoptée à l'initiative des États-Unis ; elle permettait à l'Assemblée d'émettre des recommandations aux États membres de l'ONU. Cependant, celle-ci ne fut que très peu utilisée en pratique[21],[22].
Le, l’ÉgyptienBoutros Boutros-Ghali est élu secrétaire général par l'Assemblée Générale des Nations unies. Son mandat débute le et s'achève le. Pour la première fois de l'histoire onusienne, il invite les chefs d'État et de gouvernement à siéger à la place de leurs représentants pour une réunion du Conseil de sécurité le. Ce sommet permet de préparer l'Agenda pour la paix, publié le : il s'agit d'un plan présentant la diplomatie préventive, de rétablissement et de maintien de la paix de l'ONU rénovée.
La décennie desannées 1990 est marquée par la fin de la guerre froide et l'éclatement dubloc de l'Est :30 nouveaux États membres intègrent l'organisation. Pour endiguer des conflits naissants, des mandats sont votés pour déployer desopérations de maintien de la paix en Yougoslavie, au Rwanda, en Somalie et en Angola.
À l'occasion du Sommet mondial de 2005, les États-membres réaffirment l'importance accordée par l'ONU à la promotion du développement, du maintien de la paix, des droits de l'homme et de la sécurité mondiale. Ils adoptent également le principe de laresponsabilité de protéger : elle est mobilisée pour la première fois par le Conseil de sécurité en 2011, pour répondre à laguerre civile libyenne.
Le,Ban Ki-Moon est élu secrétaire général par l'Assemblée générale : son mandat débute le et s'achève le. Lesobjectifs du développement durable sont adoptés en 2015 et succèdent aux objectifs du millénaire pour le développement.
Depuis 2012 et l'adhésion duSoudan du Sud, l'ONU compte193 États membres. La même année, la Palestine se voit octroyer le statut d'observateur.
Alors que la Société des Nations n'était qu'un espace de dialogue où les diplomates pouvaient se rencontrer pour établir des consensus, l'ONU peut, avec leConseil de sécurité, prendre des décisions concrètes. Celles-ci peuvent déboucher, par exemple, sur l'autorisation d'employer une force armée – les « Casques bleus » – pour maintenir ou rétablir la paix.
Dans ses opérations internationales, l'ONU utilise l'abréviation anglaise UN (pourUnited Nations) comme sigle distinctif.
Selon l'article 1 de saCharte, l'ONU s'efforce d'être un lieu où se construit un avenir meilleur pour tous lesêtres humains, et ce à travers quatre objectifs[24] :
Maintenir lapaix et la sécurité dans le monde[25] ;
Développer les relations amicales entre les nations ;
Être un centre où s'harmonisent les efforts des nations dans des objectifs communs[24].
L'ONU n'est pas un gouvernement mondial et ne légifère donc pas. Cependant, ses résolutions donnent une légitimité aux interventions des États dans le cadre de leur mise en œuvre et sont de plus en plus appliquées dans le droit national et international. Toutes ces actions se pérennisent au travers de la signature detraités ouconventions internationales entre les nations.[incompréhensible]
Le, l'Assemblée générale adopte ladéclaration universelle des droits de l'homme. Il ne s'agit pas d'un traité : le texte n'a pas une valeur juridique en soi. Néanmoins, il constitue une source d'inspiration pour la promotion, le développement et l'exercice des droits de l'homme[26]. C'est-à-dire qu'elle a produit des effets politiques.
Ainsi, la déclaration a inspiré neuf principaux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme, et dont l'application est surveillée par un comité d'experts onusien[27] : la ratification par un État l'engage à en appliquer les dispositions[24].
Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (1965)
En 1983, le Secrétariat général mandate une Commission mondiale sur l’environnement et le développement, présidée par l'ancienne première ministre norvégienneGro Harlem Brundtland[28]. Sonrapport, publié en 1987, définit le développement durable comme la capacité à satisfaire les besoins présents tout en garantissant les besoins futurs : il est caractérisé par une dimension économique, sociale et environnementale[28].
L'Organisation des Nations unies comprend six organes principaux[29] :
L'Assemblée générale, où tous les États membres sont représentés et disposent d'une voix pour les recommandations qui sont portées au vote ; l'assemblée générale dispose de compétences très larges mais n'émet pas de décisions contraignantes pour les États ;
LeConseil de sécurité est plus spécialement chargé de traiter les menaces contre la paix, les ruptures de la paix ou les agressions ; il peut émettre des résolutions contraignantes pour les États ; ses pouvoirs sont définis dans lechapitreVII de la charte de l'ONU. La pratique lui permet de décider du lancement d'opérations demaintien de la paix avec le concours des États membres puisque l'ONU est dépourvue de moyens militaires propres. Le conseil de sécurité peut décider de sanctions contre un État ;
LeConseil économique et social qui aide à la promotion de la coopération économique et sociale et au développement ;
LeSecrétariat qui assure la gestion quotidienne de l'organisation, y compris celle des quelque 9 000 fonctionnaires qui l'animent, et des représentants des Nations unies.
Depuis l'adhésion duMonténégro en 2006 et de larépublique du Soudan du Sud en 2011, l'ONU compte en juin 2022, 193 états[31] sur les 197 qu'elle reconnaît – les quatre États reconnus mais non membres étant laPalestine (depuis le) et leVatican (à travers leSaint-Siège) qui ont un statut d'observateur, ainsi que lesîles Cook etNioué[Note 5]. Le Vatican est toutefois le seul État pleinement souverain et reconnu par les Nations unies bien qu'il n'en soit pas membre et il n'existe aucun obstacle à son adhésion si les autorités vaticanes souhaitent un jour rejoindre l'organisation.
Certainsterritoires prétendant à un statut d’État (par exempleTaïwan,Kosovo, etc.) dont certains sont reconnus par un ou plusieurs États membres de l’ONU ne sont pas représentés. Ainsi contrairement à la dénominationNations unies, c'est le statut d’État majoritairement reconnu et non deNation qui permet l'accès à l’ONU.
Il existe six langues officielles utilisées par l'Organisation des Nations unies. Il s'agit de l'anglais, de l'arabe, duchinois (mandarin), de l'espagnol, dufrançais et durusse[32]. Ces langues sont utilisées lors des réunions des différentsorganes de l'ONU, en particulier à l'Assemblée générale (Article 51 de son règlement intérieur) et auConseil de sécurité. Les six langues officielles servent également à la diffusion de documents officiels. Tant que les documents ne sont pas disponibles dans les six langues officielles, ils ne sont pas publiés. Cependant, leSecrétariat des Nations unies n'utilise que deux langues de travail : l'anglais et le français.
Le financement de l'Organisation des Nations unies et de ses agences spécialisées est assuré par trois types d'instruments[33] :
le budget régulier alimenté par les contributions obligatoires des pays membres ;
le budget des opérations de maintien de la paix, un compte à part lié à chaque opération impliquant des casques bleus ou effectuée sousmandat, alimenté par des contributions obligatoires mais avec un barème spécifique ;
les fonds extra-budgétaires alimentés par des contributions volontaires de toute organisation, entreprise ou encore tout particulier. Il existe notamment une tradition américaine de fondations qui supportent l'activité des Nations unies. Le site du siège des Nations unies à New York, par exemple, est un don de la fondationJohn D. Rockefeller Jr.,Ted Turner a fait un don de 1 milliard de dollars US en 1998 à une fondation[Laquelle ?] qui défend la cause des Nations unies, et a notamment assuré le paiement des arriérés du gouvernement américain.
Pour l'année 2023, l’Assemblée générale a approuvé le 31 décembre 2022 un budget s’élevant à 3,4 milliards de dollars. Elle a également confirmé le passage permanent à un exercice annuel[34]. À la demande desÉtats-Unis, le niveau maximum de la plus grosse contribution a été fixé à 22 % (le seuil minimal est quant à lui 0,001 % du budget global)[35]. Tous les trois ans, le barème des contributions est révisé par l'Assemblée générale.
Information sur la crise de liquidité au budget ordinaire de l'ONU à Genève
Depuis plusieurs années les Nations unies connaissent des problèmes financiers. Ils sont principalement dus aux arriérés de paiement des États membres parmi lesquels le plus grand débiteur est les États-Unis avec 61 % du total en 1999[36]. Les contributions obligatoires ne sont pas toujours remplies à temps par les autres États membres. Seuls 31 États sur 192 l'ont fait en[37]. L'ONU étant de plus en plus souvent engagée dans des opérations de maintien de la paix dans le monde (objectifs qui n'étaient pas formellement prévus dans sa Charte), cela a un impact important sur son budget en raison du coût élevé de ces interventions. Néanmoins il s'agit d'un budget séparé du budget ordinaire. Dans ce domaine également les États-Unis partagent 62 % de la dette avec un autre pays[Lequel ?]. Cet état de fait a été évoqué dans un bulletin de session du sénat belge en 1998[38] ainsi que dans la section « affaires étrangères » d'un projet de loi de finances du sénat français en 2001[39]. De nombreux États souhaitent une réforme en profondeur des Nations unies[réf. souhaitée].
Barème des quote-part de contributions au budget ordinaire
Selon le barème 2013-2015[40], les principaux contributeurs sont : lesÉtats-Unis (22 %), leJapon (10,833 %), laFrance (8,593 %), l'Allemagne (7,1741 %), leRoyaume-Uni (5,179 %), la république populaire deChine (5,148 %), l'Italie (4,448 %), leCanada (2,984 %), l'Espagne (2,973 %) et leBrésil (2,934 %).
Selon le barème 2016-2018[40], adopté par la résolution 70/245 de l'Assemblée générale, les principaux États contributeurs sont : lesÉtats-Unis (22 %), leJapon (9,68 %), la république populaire deChine (7,921 %), l'Allemagne (6,389 %), laFrance (4,859 %), leRoyaume-Uni (4,463 %), leBrésil (3,823 %), la fédération de Russie (3,088 %), leCanada (2,921 %) et l'Australie (2,337 %).
Cinq des six organes principaux de l'ONU sont situés à New York : seule laCour internationale de justice (CIJ) siège àLa Haye auxPays-Bas. Il existe trois sièges subsidiaires des Nations unies à Genève (ouvert en 1946), Vienne (ouvert en 1980) et Nairobi (ouvert en 1996).
De nombreuses agences importantes des Nations unies ont leur siège àGenève, siège européen de l'ONU qui a hérité du siège de l'ancienneSociété des Nations (SDN), où se déroulent toujours deux tiers des activités du système des Nations unies[réf. nécessaire] :
Dans son ouvrageNo Enchanted Palace. The End of Empire and the Ideological Origins of United Nations, l'historien anglaisMark Mazower soutient que les Nations unies, comme la Société des Nations avant elle, ne sont pas sorties d'une vision libérale immaculée des droits universels, mais sont plutôt une manifestation de « l'internationalisme impérial » de l'époque victorienne, une extension organisationnelle et idéologique de l'Empire britannique. Il prend pour exemples notammentJan Smuts, l'homme politique sud-africain, qu'il décrit comme un partisan de la supériorité raciale blanche, et SirAlfred Zimmern, la principale voix britannique de l'internationalisme libéral. Tous deux appartenaient à un groupe plus large d'élites qui tentaient de « consolider un ordre mondial libéral compatible avec l'empire et l'hégémonie anglo-américaine ». Selon Mazower, Smuts croyait que la ligue assurerait « leleadership blanc du monde », agirait comme un instrument pour une « mission civilisatrice mondiale » et soutiendrait le leadership impérial britannique[42].
Néanmoins, le fait de s'appuyer sur d'anciennes figures de l'époque de la Société des Nations signifie, pour G. John Ikenberry, passer à côté de l'évolution de l'ONU alors que les rébellions coloniales desannées 1950 et 1960 ont transformé l'Assemblée générale en la voix du « Sud global ». D'autres participants aux origines des Nations unies étaient mus par des buts différents, la Charte des Nations unies a finalement affirmé l'égalité raciale et des aspirations similaires ont été énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948[42].
L'organisation s'est montrée largement impuissante lors de drames récents : échec de la prévention et de la protection en 1994 lors duGénocide des Tutsis au Rwanda qui s'est soldé par 800 000 morts, incapacité également de prévenir et d'arrêter lesconflits en ex-Yougoslavie de 1991 à 1995, en particulier d'assurer la protection des enclaves musulmanes de Bosnie-Herzégovine. LeMassacre de Srebrenica (), pour lequel la qualification deGénocide est en débat, s'est déroulé dans l'incapacité des 400 Casques bleus néerlandais d'intervenir.
Après l'invasion américaine de l'Irak, les demandes pour une réforme en profondeur de son fonctionnement deviennent de plus en plus pressantes, notamment les demandes concernant le fonctionnement duConseil de sécurité avec l'arrivée de nouveaux membres permanents et l'extension de son domaine de compétence. Durant son mandat, le secrétaire généralKofi Annan a commandé de nombreuses études sur les voies à suivre pour réformer l'organisation. Mais, par manque de consensus au sein des membres permanents du Conseil de sécurité, elles sont restées lettre morte. Le, lors du sommet annuel auquel participèrent près de 175 chefs d'État et de gouvernement au siège à New York, des réformes mineures furent adoptées : la création d'uneCommission de consolidation de la paix pour fournir un mécanisme aidant les pays en guerre à sortir d'un conflit, la création d'uneresponsabilité de protéger les populations contre les génocides, les crimes de guerre, les nettoyages ethniques et les crimes contre l’humanité, la création d'unConseil des droits de l'homme des Nations unies en parallèle de laCommission des droits de l'homme des Nations unies (discréditée depuis longtemps par la présence en son sein de pays violant ces mêmes droits)[réf. nécessaire], la dissolution duConseil de tutelle des Nations unies (qui n'a cependant toujours pas eu lieu en 2020), une condamnation « claire et sans ambiguïté » du terrorisme et des engagements financiers[43].
En 2010, lorsqu'unséisme provoqua un désastre humanitaire à Haïti, l'ONU s'est montrée incapable de coordonner l'aide rapidement, c'est finalement l'armée américaine qui jouera un rôle clé. L'organisation internationale avait été dépassée à peine un mois auparavant lors de laConférence de Copenhague sur les changements climatiques, les États-Unis et la Chine avaient alors conclu des accords seuls[45].
L'ONU est très souvent critiquée pour son inaction, certains conflits se produisant sans aucune intervention de sa part. Dans une interview menée parARTE, la journalisteCelhia de Lavarène, ancienne employée de l'organisation, dénonce les raisons de cet immobilisme, parmi lesquelles les nominations de personnes non compétentes et les copinages avec des pays enfreignant lesdroits de l'homme[46].
D'après la spécialiste en relations internationalesAnne-Cécile Robert, les principes fondateurs des Nations unies sont violés par des pays siégeant au conseil de sécurité de l'ONU, notamment dans les cas de la Yougoslavie, de l'Irak et de la Libye[47].
Le droit de veto des pays membres duconseil de sécurité est également très critiqué, en ce sens qu'il accorde de facto un pouvoir bien plus important aux pays qui en sont membres qu'à tous les autres, puisque le veto d'un pays membre suffit à ce qu'une proposition de l'ONU soit annulée[48]. Ainsi, ce mode de fonctionnement permet que des crimes de guerres et violations des droits humains qui servent les intérêts des membres du conseil de sécurité puissent être commis dans une relative impunité, notamment l'invasion de l'Ukraine par la Russie[49].
En 2009, d'après des câbles émanant dudépartement d’État révélés parWikileaks, les États-Unis ont massivement collecté des informations relatives à des diplomates de l'ONU, en particulier nord-coréens, cubains et syriens :courriers électroniques, mots de passe Internet et intranet, numéros de cartes bancaires, numéros de cartes de fidélité de compagnies aériennes, plannings de travail, empreintes digitales, portraits,ADN, scanners de l'iris, etc[50].
Le 21 mars 2025, les Universités catholiques deLeuven etLouvain ont conjointement attribué undoctorat honoris causa à l'Organisation des Nations unies représentée pour la circonstance par son secrétaire général,Antonio Guterres.
↑La Belgique, la Grèce, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la Tchécoslovaquie, l'Union soviétique et la Yougoslavie.
↑L'Australie, la Belgique, le Canada, la Chine, le Costa Rica, Cuba, les États-Unis, la Grèce, le Guatemala, Haïti, le Honduras, l'Inde, le Luxembourg, le Nicaragua, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Panama, les Pays-Bas, la Pologne, la République dominicaine, le Royaume-Uni, le Salvador, la Tchécoslovaquie, l'Union soviétique, l'Union sud-africaine et la Yougoslavie.