Orel ouOriol (enrusse :Орёл,API :/ɐˈrʲol/) est la capitale administrative de l'oblast d'Orel, enRussie. Sa population s'élevait à 289 503 habitants en2025.
La ville a été fondée comme une petiteforteresse en1566, au confluent des rivièresOka etOrlik(ru), sur l'ordre du tsarIvan IV. Elle devait défendre les frontières du sud de la Russie contre les invasions des peuples nomades. La forteresse était en bois et brûla plusieurs fois.
L'origine du nom d'Oriol a diverses légendes. Les bâtisseurs de la forteresse étaient des soldats et des paysans. Quand ils commencèrent à travailler, un grandaigle s'envola du sommet d'un vieux chêne. Cet aigle monta très haut dans le ciel. Selon cette histoire, la ville reçut le nom d'Oriol, qui signifie en russe« aigle ». Les armoiries d'Oriol représentent l'aigle et la forteresse.
Angle de la rue Kromskaïa (aujourd'hui rue du Komsomolsk) et de la rue de l'Hôtel, carte postale de 1900
La première ligne téléphonique est installée en 1881. Elle se trouve au commissariat de police qu'elle relie à l'appartement du commissaire (Polizmeister). Il faut attendre 1892 pour l'installation d'une véritable station téléphonique avec trente-cinq abonnés en ville. Cinq ans plus tard, ils sont quatre-vingt-six. En 1911, le téléphone relie par standard Moscou et d'autres villes de Russie. Il y a quatre cents abonnés au téléphone à Orel en 1913.
En 1895, la compagnie belge Guillon construit une station électrique, donnant ainsi l'électricité à plusieurs maisons de la ville et à l'éclairage urbain des rues du centre-ville. C'est à la même époque que la compagnie Guillon met ici en service les premierstramways (1898). C'est en 1894-1895 qu'apparaissent dans la région les premiers groupes de révolutionnaires socio-démocrates en lien avec la ligue pétersbourgeoise du combat pour l'émancipation de la classe ouvrière. La ville est éclairée par une cinquantaine de lampadaires électriques en 1901 et de soixante-six en 1910, alors que le reste des lampadaires (huit cent cinquante) est éclairé aukérosène.
Véhicules militaires allemands au début de l'hiver 1941 rue Lénine (anciennement rue Bolkhovskaïa)
Le premier jour de la guerre toute la population de la ville est mobilisée à l'effort de guerre. La mobilisation des hommes au front commence le. Les usines sont en activité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le premier bombardement aérien allemand sur la ville a lieu le. La ligne du front avance très rapidement en ce début de l'été 1941. La décision est prise en début d'automne de démonter certaines usines vers l'est du pays. Mais le processus n'est pas terminé lorsque les troupes allemandes pénètrent en ville. C'est ainsi par exemple que l'une des usines d'Orel de cordage les plus importantes du pays est évacuée àVerkhni Oufaleï, que lebétail est transporté dans les régions dePenza, deTambov, deSaratov, ainsi que le produit des récoltes, etc. On évacue également des objets d'art ou d'importance culturelle.
Les Allemands mettent aussitôt en place une police locale — surnommée laGestapo russe par les habitants — dirigée par un ancien marchand d'Oriol, Mikhaïl Boukine, avec en plus 190 agents secrets (sur le mode de laHilfspolizei). Une gazette de propagande pro-allemande, intituléeRetch[2], est diffusée pendant toute la durée de l'occupation dans les territoires occupés de la région. La rédaction principale est à Oriol[3]. Le, les résistants — appelés« partisans » en Union soviétique — parviennent à faire brûler l'hôtelCommunal (3, rue de l'Hôtel), tuant 150 officiers hitlériens arrivés à Oriol pour renforcer l'armée deGuderian. Un autre immeuble - servant aux réunions d'état-major - saute quelques jours plus tard. En, un groupe de jeunes lycéens (formés par le jeuneVladimir Setchkine) commence à répandre des tracts prosoviétiques dans la population et à livrer des informations à l'état-major du front. Vingt-six jeunes gens de ce groupe de patriotes sont arrêtés en octobre suivant et presque tous fusillés. Une autre cellule de résistance fonctionne autour d'A. N. Komarov[4] aupseudonyme de Jaurès, qui effectue de vastes opérations de sabotage[5]. Des actions de sabotage ou de mauvais entretien, surtout chez lescheminots, permettent de rendre les locomotives et le matériel ferroviaire presque totalement inutilisable pendant l'hiver 1941-1942, à tel point que les Allemands doivent faire venir d'Allemagne de nouvelles locomotives au printemps.
(...)
Legénéral Hamann commande la région d'Orel du au. Le, l'Armée rouge libère Orel des forces allemandes. Le se déroule pour la première fois dans l'histoire de laGrande Guerre patriotique un défilé de différentes groupes de partisans dispersés dans la région d'Oriol.
La guerre et l'occupation ont durement frappé la ville qui est en grande partie à l'état de ruines : toutes les usines sont détruites, ainsi que tous les ponts des environs, les canalisations et les stations électriques. Deux mille deux cents immeubles ou maisons d'habitation sont détruits, trente-trois établissements d'enseignement, dix-neuf cliniques, hôpitaux ou dispensaires ont disparu, la gare est à moitié détruite ainsi que le réseau ferroviaire, la station téléphonique, le réseau radiophonique, les tramways sont anéantis, etc. Sur une population de 110 000 habitants avant l'invasion, il n'en restait que 30 000 à l'entrée de l'Armée Rouge dans la ville, 12 000 ayant été assassinés, le double déportés enAllemagne, d'autres morts de faim ou de maladies[6].
Par une décision duprésidium du Soviet suprême du, Oriol fait partie des quinze villes les plus anciennes et les plus importantes de Russie à être restaurée et reconstruite en priorité. La gare peut rouvrir en 1946.
La population d'Orel augmente régulièrement auxXXIe et XXe siècles, jusqu'auxannées 1990, à partir desquelles elle commence à décroître lentement. En1990, la ville avait unsolde naturel légèrement positif de 1,4 pour mille (taux de natalité de 11,2 pour mille ettaux de mortalité de 9,8 pour mille). En2005, le solde naturel accuse un déficit de 6,3 pour mille, avec un faible taux de natalité (8,7 pour mille) et un fort taux de mortalité (15 pour mille). La population d'Orel a augmenté jusqu'en1996 (347 600 habitants), avant d'entamer une baisse régulière.
Recensements (*) ou estimations de la population[7]
Immeuble l'un des plus significatifs de la ville, dit de l'ancienne banque, inscrit au patrimoine
Aujourd'hui, l'endroit où la rivière Orlik se jette dans le fleuve d'Oka est marqué par un obélisque où ont été gravés les dates des évènements historiques des quatre siècles d'existence d'Orel.La plus ancienne église de la ville, construite en1640, s'appelle l'église de l'Épiphanie, rappelant la manifestation de l'Esprit Saint et le baptême de Jésus-Christ. Une petite chapelle à côté de l'église a été construite en1998. À l'intérieur une source d'eau apporte aux gens la santé.
De la petite forteresse qu'était Orel il y a quatre siècles, la ville est devenue un centre régional avec une industrie développée. Orel a quatre arrondissements administratifs. Elle ne possède pas de monuments très anciens, les uns ayant été détruits par le temps, les autres par les occupants allemands entre 1941 et 1943. Mais ses habitants conservent pieusement les lieux liés à son passé héroïque.
C'est à quelques kilomètres de la ville que se trouve le domaine familial de l'écrivainIvan Tourgueniev,Spasskoïe-Loutovinovo, qui est accessible par voitures et autocars aux touristes. Oriol est en outre la ville natale du peintre et sculpteurAntoine Pevsner (1886-1962) et du comédien et musicienSacha Bourdo (1962).
Le, un monument dédié àIvan le Terrible est inauguré dans la ville d'Orel, le tsar étant présenté comme un« défenseur du pays » ayant« étendu les frontières de l'empire », ce qui a suscité une controverse[8].
La plupart des habitants confessant la foi chrétienne, le sont dans leur immense majorité au sein de l'Église orthodoxe russe. La cathédrale de l'Îcône-de-la-Mère-de-Dieu-d'Akhtyrka est construite en 1775, agrandie en 1876, fermée le pour devenir un entrepôt à grains. Elle a rouvert en 1942 sous l'occupation allemande, pour ne plus jamais fermer. Elle reçoit le statut de cathédrale épiscopale en 1962.
Collégiale Saint-Michel-Archange.Intérieur de la collégiale de l'Épiphanie.Église ND de Smolensk.
L'églisecatholique de la ville a été construite en style néogothique en 1861 pour les Polonais, Lituaniens ou Allemands catholiques et fermée en 1938. Elle n'a pas été rendue au culte car servant d'usine. La paroisse catholique enregistrée dans les années 1990 a donc construit en 2005 une nouvelle petite église dédiée à l'Immaculée Conception, rue Kirpitchnaïa.
Une toute petite chapelleluthérienne construite dans les années 1860 aucimetière de la Trinité dessert les luthériens de la région, leur église ayant été démolie au début des années 1930.
Maison de prière baptiste Bethléem.
Depuis la fin des années 1990, plusieurs lieux de prières de courants du protestantisme américain ont été construits à Oriol : comme pour lespentecôtistes (avec une grande école), rue Jeleznodorojnaïa ; lesbaptistes (trois églises), ou encore pour lespresbytériens (église construite en 2005), ainsi que différentes sectes nées du protestantisme américain (adventistes,témoins de Jéhovah, et même lesmormons, etc.).
L'église catholique d'Oriol.Les adeptes de la scientologie sont également apparus vers la fin des années 1990.
Synagogue inaugurée en 1912, fermée en 1923 (devenue entretemps école, section de la police, puis école technique) et rendue à l'association israélite de l'oblast d'Orel en 2016. Elle se trouve rue Sovietskaïa.
Salle de prière musulmane rue Deposkaïa desservant 400 fidèles depuis les années 2000.
↑Par exemple plusieurs attentats ont lieu dans les réservoirs d'essence de la ville, nœud ferroviaire important vers le front, ou bien à l'aérodrome, où un dépôt d'obus est détruit par les partisans à l'été 1942.
↑Alexandre Dallin,La Russie sous la botte nazie, Paris, Fayard,, 350 p.,p. 280