Unordre mendiant est unordre religieux qui dépend de lacharité publique pour vivre. En principe, il ne possède ni individuellement ni collectivement de propriété. Les religieux ont fait le choix d'une pauvreté radicale pour témoigner de l'Évangile. Apparus avec le développement des villes et des Universités, ces ordres vivent dans descouvents établis en milieu urbain et se différencient desordres monastiques en ce qu'ils joignentvie contemplative etvie apostolique.
L'émergence des ordres mendiants auXIIIe siècle coïncide avec ledéclin des ordres monastiques traditionnels tels que lesbénédictins et lesordres militaires qui étaient jusqu'à cette époque les guides écoutés des élites sociales et les bénéficiaires de leurs faveurs. Dernier grand réveil religieux du Moyen Âge[1], le développement des ordres mendiants est lié à l'essor urbain rattaché à larenaissance duXIIe siècle, et aux nouvelles aspirations de cette époque (exigence de pauvreté, retour à lavie apostolique, lutte contre leshérésies). Ces nouveaux ordres, soutenus dès leur origine par le papeInnocent III, se consacrent à laprédication de l'Évangile et au service des pauvres (sequela Christi), et organisent desquêtes itinérantes pour assurer leur subsistance, leurs revenus issus d'aumônes et non de rentes foncières réclamant l'économie de grandes cités. La papauté veille directement à la formation de leurs membres à qui elle confie à la fois l'élaboration de la doctrine orthodoxe et sa diffusionmissionnaire. La diffusion fulgurante des ordres mendiants en Europe où ils créent de nombreux établissements à proximité immédiate des villes ou à l'intérieur de leurs enceintes (dans les quartiers les moins favorisés), est telle qu'un siècle après leur fondation, ils ont établi quelque 2 000 couvents dans la chrétienté occidentale[2]. Près de 140 établissements d'ordres mendiants sont créés en France de 1340 à 1550[3].
Les deux principaux ordres sont fondés parsaint Dominique etsaint François d'Assise. Respectivement implantés dans le Sud de laFrance et dans le Nord de l'Italie, ils proposent un modèle de service de Dieu au sein de la société. Ils attirent rapidement le patronage tant de la bourgeoisie que de l'aristocratie. Leur action se développe rapidement dans les villes dont l'accroissement de la population nécessite une prédication et une approche pastorale adaptées. La plupart des villes médiévales d'Europe de l'Ouest, quelle que soit leur taille, accueillent des couvents de ces ordres. Certaines de leurs églises sont conçues de grande taille, telles que l'église des Dominicains à Toulouse en vue de la prédication, faisant de celle-ci une spécificité des ordres mendiants.
Par ailleurs, les Dominicains avecsaint Albert le Grand etsaint Thomas d'Aquin inaugurent une tradition, qui se poursuit à l'heure actuelle, de religieux voués à la recherche et l'enseignement dans les domaines de la philosophie, de la théologie et des sciences naturelles.
Chez les Franciscains, on doit mentionnersaint Bonaventure etsaint Antoine de Padoue.
Ledeuxième concile de Lyon (1274) reconnaît ces deux ordres en tant que « grands » ordres mendiants, et supprime certains autres. Leconcile de Trente assouplit les restrictions vis-à-vis de la propriété. Les Ordres mendiants sont autorisés à posséder des propriétés collectivement, à l'instar des Ordres monastiques.
Au Moyen Âge, les principaux ordres religieux mendiants sont :
Parmi les autres ordres, on trouve :
Les difficultés qui affectent cesordres religieux (notamment les dénonciations d'abus : relâchement de la morale sexuelle, usage des armes, abandon de la vie commune) suscitent des réformes durant la seconde moitié duXIVe siècle, et la constitution d'« observances » visant à un retour au strict respect des règles[4].
Les ordres mendiants ont donné leur nom à un dessert composé de fruits secs, lesquels étaient anciennement appelésfruits de carême :figues de Provence,raisins de Malaga,amandes etavelines[5].
LeDictionnaire général de la cuisine française ancienne et moderne rapporte que le pèreAndré Le Boullanger, lors d’un prêche devantLouis XIII, a affirmé« que ces fruits étaient nommés ainsi parce qu'ils avaient pour patrons les quatre ordres mendiants, à savoir : lesFranciscains capucinaux qui représentaient les raisins secs, lesRécollets qui étaient comme des figues sèches, lesMinimes qui semblaient des amandes avariées, et lesMoines-déchaux qui n'étaient que des noisettes vides. Ceci fit un grand scandale, et le père André Le Boullanger fut interdit pour six mois par arrêt du grand-conseil »[6].
De ce dessert dérive la friandise connue sous le nom de « Mendiant au chocolat », pâtisserie composée d'une fine semelle de chocolat sur laquelle sont déposés les fruits secs.