Récompense les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire, ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des Arts et des Lettres en France et dans le monde.
Institué le[2], l'ordre des Arts et des Lettres est« respecté et envié desartistes, desécrivains, descréateurs », selon la formule d’André Malraux. Il est néanmoins parfois méprisé ou farouchement refusé (parLéo Ferré, parmi les cas les plus célèbres).
Ce n'est qu'en 1959 que l'ordre des Arts et des Lettres quitte la tutelle de l'Éducation nationale, pour être rattaché au tout nouveau ministère de la Culture administré par André Malraux.
Le, un décret du président de la République supprime la direction générale des Arts et Lettres administrée parPierre Moinot et porte création d'une direction de l'action culturelle[4].
Les candidatures sont aujourd'hui instruites par la section des distinctions honorifiques, puis sélectionnées par le conseil de l'ordre. Seul le ministre de la Culture donne son approbation à la nomination ou à la promotion d'un candidat.
Comme pour la plupart des récompenses créées et délivrées par un État, il est difficile de dégager une vision d'ensemble, voire une certaine cohérence, dans la liste des récipiendaires. Les effets de mode[5], la médiatisation ou non des artistes, jouent sans doute également, parallèlement à la qualité du travail récompensé.
Cetordre honorifique comprend trois grades conférés par arrêté duministre de la Culture après avis dupréfet et du conseil de l'ordre des Arts et Lettres, les promotions ayant lieu en janvier et en juillet de chaque année pour les citoyens français, en mars pour les étrangers. Par ordre croissant d'importance, les grades sont : chevalier, officier et commandeur.
Chevalier
Officier
Commandeur
Le premier grade ne peut être décerné qu'à des personnes âgées de trente ans au moins et jouissant de leursdroits civiques. Les deux grades supérieurs, quant à eux, ne peuvent être attribués qu'à deux conditions : justifier d'un minimum de cinq ans d'ancienneté dans le grade inférieur – sauf à être déjà commandeur ou officier de laLégion d'honneur – et faire preuve de nouveaux mérites culturels. Cette règle ne s'applique pas aux décorés étrangers.
La prise de rang (nomination ou promotion effective) dans l'ordre des Arts et des Lettres intervient dès la signature de l'arrêté par le ou la ministre de la Culture, contrairement aux deux ordres nationaux de laLégion d'honneur et duMérite, pour lesquels celle-ci n'a lieu que le jour de la remise des insignes.
Les insignes décernés aux ressortissants étrangers le sont hors contingent[7]. Ceux qui ne résident pas habituellement en France peuvent être admis directement sans condition d'âge et d'ancienneté à tous les grades de l'ordre ; ceux qui résident habituellement en France doivent remplir les mêmes conditions d'âge et d'ancienneté que les citoyens français. Les arrêtés les concernant sont pris après avis du ministre des affaires étrangères.
Il est institué auprès du ministre chargé des arts et lettres, et sous sa présidence, un conseil de l'ordre dont les membres sont commandeurs de droit. Il est composé comme suit[N 1] :
L'insigne des Arts et des Lettres a été créé parRaymond Subes, célèbre ferronnier d'art, membre de l'Institut. L'insigne consiste en une croix double-face, à huit branches émaillée de vert et sertie d'une arabesque argentée ou dorée pour les officiers et commandeurs, ces derniers ayant un insigne plus grand. Le médaillon central présente : à l'avers unmonogramme constitué des lettres A et L entrelacées (pourArts etLettres), entouré d'unlistel portant l'inscription « République française » ; au revers, une effigie de la République, face à gauche, entouré d'un listel portant l'inscription « Ordre des Arts et des Lettres ». La décoration de cet ordre a la particularité d'être la seule décoration française dont l'effigie dela République est placée sur le revers de l'insigne :« la raison en est peut-être de montrer l'universalité des arts et des lettres dans le monde[10] ? ».
Jacques Bertin, dans la chanson « Adieu, amis de ma jeunesse » de l'albumLa Bande des cinq, mentionne l'ordre : « Ainsi moururent mes poètes / Ainsi vécurent mes amis / On connaît ça depuis des siècles / Et on s’en est toujours remis / LesArts et Lettres, la joncaille / C’est pour les gagneurs pas les mous / Fausses révoltes, vraies canailles / Ils auront tous roulé sur nous »[11].
↑Ministère de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, première promotion de l'ordre des Arts et des Lettres, arrêté du 24 septembre 1957. Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses n° 27 du 9 octobre 1957, p. 1001/1002/1003.