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Opium

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Pour les articles homonymes, voirOpium (homonymie).

De l'opium s'écoule d'incisions sur une capsule de pavot.
Les principales zones de production d'opium.

L'opium est lelatex qu'exsude lepavot somnifère. On le récolte en le laissant couler le long d'incisions faites sur les capsules des fruits de la plante au petit matin, après la chute des pétales. Il contient une grande concentration d'alcaloïdes comme lamorphine ou lacodéine, dont elles sont extraites. Il en résulte, après préparation, un produit hautementpsychotrope. L'opium induit notamment une euphorie, une somnolence et unétat hypnotique etonirique que de nombreux écrivains, penseurs et artistes ont recherché, commeCharles Baudelaire,Jean Cocteau ouAntonin Artaud.

De nombreuses substances dérivées de l'opium sont utilisées en médecine ou pour des usages ditsrécréatifs, ce sont lesopiacés :morphine,codéine,laudanum,héroïne.

Histoire

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Une fumerie d'opium.
Coolies chinois fumeurs d'opium à Londres en 1874.
Fumerie d'opium à Pékin, en Chine, vers1896. On fume l'opium surtout dans lestabagies, qui ont pour enseigne des feuilles de papier bruni de fumée d'opium, collées sur le mur ou sur la porte. On ne le fume que couché.

LesSumériens connaissaient déjà les effets de l'opium, comme en témoignent des tablettes gravées datant de 3 000 ansav. J.-C., et des vestiges dunéolithique suggèrent déjà des cultures depavot somnifère à proximité des villages[1].

L'image de la capsule dupavot, unenthéogène, est un attribut des dieux bien avant que l'opium soit extrait de son latex laiteux. À la galerie des reliefsassyriens auMetropolitan Museum de New York, unedivinité ailée d'un palais d'AssurnasirpalII àNimroud, datée de879 av. J.-C., porte un bouquet de capsules de pavot (néanmoins décrites par le musée comme desgrenades).

L'opium a été un objet decommerce pendant des siècles pour ses effetssédatifs. Il est bien connu dans laGrèce antique sous le nom d'opion (« jus de pavot ») duquel le nom latinisé actuel est dérivé, et, déjà à l'époque, les médecins mettent en garde contre les abus potentiels[1].

Le pavot est introduit enInde dès leIXe siècle par l'invasion desArabes et desPerses islamisés, et sous le règne desMoghols (1527 à 1707), le commerce d'opium est un monopole d'État[1].

Son usage se poursuit auMoyen Âge et à laRenaissancevia diverses préparations médicamenteuses. On utilise l'opium comme un des ingrédients d'unanesthésique. Il est également un composant dulaudanum (connu comme « teinture d'opium »), une solution d'opium enalcool, à partir duXVIIIe siècle[1].

L'opium et la Chine

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Dès leXVIIIe siècle, la Chine fait état d'un phénomène de consommation abusive, et en 1729, l'empereur de Chine interdit — sans résultat — les importations d'opium.

AuXIXe siècle, le trafic d'opium de laChine depuis l'Inde, particulièrement par les Britanniques, est à l'origine desguerres de l'opium. Ainsi, en 1880, l'opium assure 14 % du budget duRaj britannique[2].

À la suite de lapremière guerre de l'opium (1839-1842), les Britanniques obtiennent la concession exclusive du port deHong Kong, entamant ainsi ce que les Chinois nomment le « siècle de la honte », et c'est à la suite de laseconde guerre de l'opium (1856-1860) que l'importation d'opium est de nouveau légalisée enChine à la suite dutraité inégal deTianjin (1858) entre leSecond Empire français, leRoyaume-Uni, l'Empire russe et lesÉtats-Unis, ce qui indignera toutefois lesligues de tempérance américaines qui adoptent une politique deprohibition des drogues[1].

« L'opium fut d'abord à l'usage exclusif des mandarins, qui le fumaient pour se donner du ton. Ils en offraient à ceux qui leur rendaient visite, comme une curiosité, pour leur faire honneur, et ceux-ci n'osaient leur refuser. Peu à peu l'habitude se répandit dans les classes riches, parmi les lettrés, la noblesse, les gens approchant par leur position des mandarins, et parvint même, sous le nom detabac d'honneur, à la connaissance du peuple qui le fuma d'abord par amour-propre, puis par goût. Aujourd'hui, il n'y a point un district de la Chine où il n’exerce son empire ; il a pénétré dans le palais des souverains aussi bien que dans la cabane du pauvre. Le gouvernement chinois est impuissant à remédier au mal, il a tout le monde contre lui. […] Pour se livrer à ce prétendu délice, il faut se munir de différentes choses : d'abord une petite lampe, sorte de veilleuse à l'huile ; d'une épingle de 12 à 14 centimètres de long, d'une pipe dont le tuyau, qui a trois centimètres de diamètre sur trente à trente-cinq centimètres de long, est surmonté d'une boule de porcelaine percée d'une cheminée assez large pour l'introduction d'une épingle à cheveux, et enfin d'opium à l'état aqueux, contenu la plupart du temps dans une coquille. On en prend une goutte à l'aide de l'épingle, on la chauffe légèrement à la flamme de la lampe, et lorsque cette goutte se boursoufle et va se dessécher, on la pique sur le trou du fourneau de porcelaine. On s'allonge alors la tête sur un coussin, et de la main gauche on approche la pipe de la lampe, tandis que, de la main droite tenant l'aiguille, on ramène sur le trou l'opium embrasé, dont on aspire d'un unique et long trait la fumée. »

— La Chine, missionnaires de la société de Saint-Augustin, 1896[3].

Volume de production

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Au début duXXe siècle, non seulement l'opium est légal, mais la Chine a développé la production sur une large échelle depuis le dernier quart duXIXe siècle. En1906, plus de 40 000 tonnes d'opium sont produites, principalement en Chine (85 % de la production[4]) et enInde. En 2008, moins de 8 000 tonnes sont produites, principalement enAfghanistan, ce qui permet à l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime de parler de « progrès »[4]. Toutefois, en 1970, 1 066 tonnes d'opium ont été produites dans le monde[4]. On constate donc une forte augmentation de la production d'opium ces dernières décennies, que la « War on Drugs » (guerre contre la drogue) n'a pas réussi à empêcher[4].

Réglementation moderne

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L'opium est réglementé par laConvention internationale de l'opium de1912 qui est progressivement adaptée dans les réglementations nationales comme laloi de taxation des narcotiques Harrison de1914 aux États-Unis. Un congrès de l'opium débute en Hollande, le 1er juillet 1913 à Amsterdam, sous la présidence de M. Cremer, délégué néerlandais.

La Convention internationale de l'opium est révisée par laConvention unique sur les stupéfiants de 1961.

Pharmacologie

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L'opium a des propriétéssédatives etanalgésiques[5].

Il contient deux groupes d'alcaloïdes à l'origine de ses propriétés : desphénanthrènes (incluant lamorphine, lacodéine, lathébaïne) et desbenzylisoquinolines (en) (incluant lapapavérine) qui n'ont pas d'effet significatif sur lesystème nerveux central.

Lamorphine est de loin le principal alcaloïde présent dans l'opium, elle représente de 10[5] à 16 % du total. Elle rejoint et active des récepteurs µ-opioïdes dans lecerveau, lamoelle épinière et leventre.

Une consommation régulière ou excessive, même pour peu de temps, mène à unetolérance et, en cas d'usage prolongé, à unedépendance physique, présentant unsyndrome de sevrage caractéristique quand le dosage est brutalement réduit ou interrompu. En thérapie, tout comme avec l'usage de la morphine, ses modalités d'arrêt sont favorisées par le rétablissement du patient et restent soumises aux protocoles d'induction et de sevrage desopiacés. Sesformes galéniques ne prévoient cependant que des formules à faible dosage dans des usages courts ne provoquant généralement aucune accoutumance (dosage antalgique à court terme, antidiarrhéique, traitement d'appoint de la goutte…). En France, bien que considéré comme un produit au potentiel de stupéfiant, il est classé sur la liste 1 des produits pharmaceutiques et peut faire l'objet d'une ordonnance depréparation magistrale. Pour des dosages forts, généralement en tant qu'analgésique, la morphine ou des molécules équivalentes lui sont préférées, notamment pour des questions de précision de dosage en fonction d'un taux variable de la composition de l'opium. La morphine est quant à elle soumise à la règle des 14 jours.

Utilisation : opium à fumer

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Lampe d'opium conçue pour faciliter la vaporisation et l'inhalation de l'opium. Collection de l'Université de la Colombie-Britannique.

L'opium peut être utilisé dans la forme d'élixir parégorique pour traiter la diarrhée.

Il peut être avalé ou bu en décoction mais son usage le plus courant consiste à être fumé, souvent à l'aide d'unepipe (où la boule d'opium est préchauffée en étant piquée sur une aiguille), parfois mélangé avec dutabac. L'opium est également fumé en cigarette avec du tabac (parfois du cannabis, le « joint » est alors qualifié d'« impérial »).

Les graines de pavot n'ont quant à elles aucun effet psychoactif, cela s'explique par le fait que seul le « latex » de la plante contient les alcaloïdes morphiniques. Il est donc conseillé de limiter sa consommation de graines de pavot de grande distribution, elles peuvent être enduites de ce latex à la suite d'un nettoyage non effectué ou insuffisant[6].

L'opium permet également la production légale demorphine et decodéine. Il permet aussi la production illégale d'héroïne et les abus dedrogue viennent davantage de ses dérivés que de l'opium proprement dit.

Effets lors de la prise

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L'effet est rapide et persiste pendant 3 à 6 heures[7]. Il est semblable, en moins intense, à la consommation d'héroïne : sensation d'extaseorgasmique, état de relaxation intense, effetanxiolytique, insensibilité totale à la douleur (propriétéanalgésique de la morphine), difficulté de coordination des mouvements, etc. À forte dose, la consommation d'opium peut entraîner deshallucinations[7].

Effets sur la santé

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La consommation d'opium répétée entraîne très rapidement une fortedépendance physique et psychique[7],[8] qui est caractérisée par un phénomène de tolérance qui nécessite l'augmentation progressive des doses pour continuer à obtenir les mêmes effets[8].

Les effets secondaires classiques des opiacés, semblables à ceux de l'héroïne, peuvent apparaître en cas de surconsommation : dépression respiratoire, constipation et forte dépendance.

À long terme apparaissentconstipation et troubles de lalibido et ducycle menstruel chez les femmes[8].

Sa consommation induit unmyosis, une baisse de l'amplitude respiratoire, unehypotension artérielle et peut provoquer desnausées ou desvomissements.

Chez la femme enceinte, la consommation d'opium entraîne unsyndrome de sevrage chez lenouveau-né ainsi qu'une augmentation du risque d'accouchements prématurés et defausses couches[8].

Sevrage

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L'arrêt d'une consommation régulière d'opium entraîne l'apparition de symptômes très intenses et douloureux[8] :nausées,vomissements,diarrhées,crampes musculaires,douleurs musculaires etabdominales,sueurs,frissons, sensations de chaud, de froid, sentiment de malaise et d'angoisse,insomnie importante[8].

Fabrication

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L'opium est extrait du pavot (Papaver somniferum).

L'opium s'extrait de lacapsule, gonflée à son maximum mais non encore arrivée à pleine maturité, dupavot somnifère (Papaver somniferum L. ou le synonymepaeoniflorum). Pour récolter l'opium, on incise lepéricarpe des capsules mûrissantes après la chute des pétales avec un couteau à une ou plusieurs lames et de formes variées selon les régions du monde. L'incision fait exsuder unlatex blanc, laiteux, qui sèche en une résine brune. Enfin, pour récolter la résine séchée qui constitue l'opium brut, on racle les capsules à l'aide d'une large lame incurvée. Celle-ci doit rester humide afin que le latex ne s'y accumule pas à l'excès.

C'est de ce latex (taryak), une fois séché, que l'on extrait lamorphine qui sert de base à l'héroïne. L'héroïne se présente sous la forme d'une poudre blanche ou brune.

Le chandoo

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Lechandoo est différent de l'opium brut. Une préparation minutieuse est nécessaire avant d'obtenir une substance sirupeuse, débarrassée des produits indésirables et dont l'arôme est ainsi rehaussé[réf. à confirmer][9]. Durant toute la période decolonisation enIndochine française, c'est l'État, par l'intermédiaire de laRégie de l'opium (RO), qui s'était assuré lemonopole de la production (la fabrique s'appelait une « bouillerie » :bouillerie d’opium) et de la vente de l'opium, en tirant de substantiels bénéfices qui constituaient une part importante du budget de la colonie. Le processus complexe de préparation nécessitait des ouvriers qualifiés et expérimentés.

L'opium brut, qui se présente à l'origine sous forme de boules recouvertes de feuilles de bananiers, est tout d'abord coupé et débarrassé des couches intérieures et extérieures. Ces couches seront traitées séparément avant d'être réintégrées dans la préparation principale. L'opium est dissout dans de grandes bassines remplies d'eau, filtré, puis chauffé à la vapeur d'eau jusqu'à réduction du mélange. Le contenu est brassé jusqu'à obtention d'une consistance proche de la pâte à pain en prenant soin d'éviter que le produit ne brûle, ce qui risquerait de dénaturer l'arôme final[10].

Une fois la consistance désirée obtenue, le produit est réparti, sur une épaisseur constante de quelques centimètres, dans une bassine métallique. La substance, à ce stade, doit être à juste température, ni trop liquide, ni trop solide. La bassine est retournée sur un feu de cendres en prenant soin d'obtenir une répartition égale de la chaleur. Une fumée abondante s'en dégage. Il s'agit ensuite de déterminer le bon moment et de retirer, grâce aux ongles ou à une spatule, une « crêpe » de 2 ou 3 mm d'épaisseur, qu'on déposera et qui sera, une fois refroidie, dure et cassante. On obtient ainsi plusieurs « crêpes » par bassine. Une partie importante desalcaloïdes et des résidus végétaux a déjà été éliminée à ce stade grâce à la filtration et à la chaleur. L'opération précédente permet également une semi-torréfaction qui rehausse les arômes.

Les crêpes sont brisées puis dissoutes dans de grandes bassines remplies d'eau où elles sont laissées à macérer trois jours. Leur légèreté, qui leur permet de flotter, leur fait céder facilement à l'eau toutes les parties solubles tandis que les gommes flottent dans le mélange. Dès la troisième journée, on décante puis filtre le liquide grâce à un procédé original. Des filtres sont confectionnés à partir de moelle végétale de joncs décortiqués. Longs de vingt-cinq centimètres, ils sont liés ensemble en paquet par une extrémité puis plongés dans le liquide où surnagent les crêpes. Les bouts libres, étalés en nappe, retombent en dehors du vase sous forme de gros vermicelles. Cette moelle agit par capillarité comme un véritable siphon, qui vide en une demi-heure la bassine progressivement inclinée. Le liquide ainsi récupéré est concentré en le chauffant avec de la vapeur d'eau jusqu'à obtention d'un sirop noir et rougeâtre.Cet extrait est alors battu sous un courant d'air froid avec des spatules ou de manière mécanique afin d'y incorporer de l'oxygène. Tandis que le volume augmente, tels des œufs battus en neige, cette dernière manipulation permet également de donner de l'arôme au produit.

Le chandoo ainsi obtenu n'est théoriquement pas fumé immédiatement. Il doit fermenter pendant au minimum 3 ou 4 mois. En Indochine française, il était conditionné dans des boites delaiton de 40, 20, 10 ou 5 grammes[9]. Plusieurs variétés étaient alors proposées, notamment l'opium deBénarès et duYunnan. Les boites étaient serties au chalumeau, trempées dans unvernis de protection, puis entreposées au stock pour la période defermentation. Comme pour le vin, la fermentation développe les arômes ; l'opium pouvait ainsi être laissé à fermenter plus longuement.

L'opium ainsi traité, le chandoo, est de consistance sirupeuse. Il ne peut être fumé comme du tabac. La méthode de consommation (dite « méthode thébaïque extrême-orientale »[11]) nécessite une minutieuse préparation demandant de longues heures et des équipements spéciaux au fumeur qui souhaite s'y adonner.

Une aiguille en fer, de dimensions semblables à une aiguille à tricoter, est trempée dans le récipient contenant le chandoo. On obtient ainsi une fine gouttelette qu'il faut débarrasser de son humidité en faisant rouler l'aiguille entre ses doigts tout en donnant à la goutte une forme de boulette au-dessus d'une lampe à pétrole. L'opération est répétée jusqu'à obtention, par accumulation, d'une boulette de la taille d'un pois chiche.

La boulette ainsi obtenue est placée sur le fourreau de la pipe en prenant soin de laisser le trou de l'aiguille au centre pour permettre le tirage et le passage de l'air.

L'opium est absorbé en maintenant le fourreau de la pipe au-dessus de la lampe sans être au contact direct de la flamme. Celui-ci ne doit pas se carboniser. La chaleur vaporise l'opium autour de200 °C, ce sont les vapeurs ainsi obtenues qui sont absorbées par le fumeur.

Opioïdes

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Article détaillé :Opioïde.

L'opium est utilisé pour créer de nombreuxpsychotropes de synthèse, les opioïdes.

Aspects économiques et politiques

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Lamorphine produite pour l'industrie pharmaceutique provient en partie del'Inde où il existe des cultures licites destinées à cet usage[1]. Les opiacés pharmaceutiques (morphine,codéine,thébaïne) destinés à la consommation française sont cependant principalement produits à partir de pavots cultivés légalement sous licence en France en utilisant directement la paille de pavot sans passer par l'opium[12].

Production illicite

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Dans l'imaginaire collectif, la production d'opium est attachée auTriangle d'or (Birmanie, Laos, Thaïlande) et auCroissant d'or (Afghanistan, Pakistan, Iran).

La production est en2006 principalement localisée enAfghanistan. Après une forte baisse en2001 en raison de l'interdiction de sa culture par lestalibans, la production est revenue à la normale.

L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime estime que la surface totale de plantations de pavot dans le monde est passée de223 000 hectares produisant 8 890 tonnes d'opium en 2007 à181 000 hectares produisant 7 754 tonnes d'opium donnant 657 tonnes d'héroïne en 2009[6].

L'adultération d'opiacés avec destoxiques comme duplomb, de l'arsenic ou duthallium est source de nouveaux problèmes de santé liés à l'abus d'opioïdes. Lesaturnisme étant difficile à détecter sur la base de ses seuls symptômes,« il est recommandé d’adopter et d’appliquer des tests de dépistage à tout patient toxicomane présentant des signes et des symptômes subaigus non spécifiques, tels que desdouleurs abdominales, uneconstipation, uneirritabilité et uneanémie »[13].

Afghanistan

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Article détaillé :Narco-économie en Afghanistan.
Champ de pavot en Afghanistan.

En1979, lors de l'invasion soviétique, l'Afghanistan ne produit qu'une centaine de tonnes d'opium mais dix ans deguerre provoquent une explosion de la production liée à deux facteurs : l'absence de contrôle du territoire par le gouvernement central, qui laisse la voie libre auxcontrebandiers, et lesbombardements, qui réduisent les surfaces cultivées et poussent lespaysans vers des cultures plus rapidement rentables[14].

Quand les Soviétiques quittent le Nord du pays en1989, les réfugiés reviennent et, dans leur besoin de ressources pour la reconstruction, continuent la lucrative production d'opium. Entre1992 et1994, le chaos se développe dans le pays et des affrontements violents ont lieu pour contrôler la production d'opium[14].

L'apparition en 1994 destalibans en Afghanistan correspond à l'avènement d'une nouvelle période de production d'opium dans le pays. Avec la conquête rapide de 85 % du territoire, ceux-ci s'approprient également environ 96 % des terres à opium du pays. La récolte de 1999 sera doublée par rapport à celle de 1998, le pays produisant subitement 4 600 tonnes d'opium, soit 75 % du total mondial[15]. Ils perçoivent une taxe sur la production d'opium qui diminue nettement en2001 (200 tonnes) à la suite de l'interdiction de semence promulguée parmollah Omar (1962-2013). Le gouvernement des talibans est ensuite renversé militairement en2001 par lesÉtats-Unis qui placentHamid Karzai à la tête du pays. Depuis la fin2002, la production est de nouveau repartie à la hausse[14].

Selon l'UNODC, en2006, 92 % de la production mondiale d'opium provient d'Afghanistan et excède de 30 % la consommation. Selon les chiffres de2004, la production d'opium était réalisée dans 32 provinces du pays et l'économie de l'opium représentait 2,8 milliards de dollars US, équivalant à 60 % duPIB afghan (calculé sur l'économie légale seulement) et contribuant ainsi à un tiers de l'économie afghane.

Selon les experts de l'UNODC, 10,3 % de la population afghane est impliquée dans la culture dupavot.

En 2006, la production a augmenté de 49 % et les surfaces cultivées de 59 % (165 000 hectares de terres, contre104 000 hectares en 2005) ce qui représente plus de la moitié des terres cultivables en Afghanistan. Le chiffre avancé pour l'année 2007 établit un nouveau pic avec 8 400 tonnes d'opium produites.

En2009, la production est en baisse avec 6 900 tonnes pour123 000 hectares[16].

En2017, un nouveau record est atteint avec 9 000 tonnes produites[17].

Production afghane d'opium selon l'UNODC[18],[19],[20]
Année1995199619971998199920002001200220032004200620072008200920102011201220132014201520162017[21]201820192020[17]
Masse en tonnes2 3002 2002 8002 7004 5653 3002003 4003 6004 2006 1008 4007 7006 9003 6005 8003 7005 5006 4003 3004 8009 0006 400-6 300

Birmanie

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L'opium est introduit en Birmanie par des minorités ethniques venues deChine qui en font un usage traditionnel et dont la production reste réduite[14].

En1949, les forces nationalistes duKuomintang (KMT), vaincues par lescommunistes chinois, se réfugient dans ce qu'il est courant d'appeler leTriangle d'or et contrôlent dès1954 la frontière avec la Chine et laThaïlande, obligeant les tribus locales à leur verser unimpôt sous forme d'opium[14].

Au début desannées 1960, le KMT installe des raffineries demorphine-base et d'héroïne[14].

Le gouvernement militaire de Birmanie tente de créer des milices d'autodéfense pour lutter contre le KMT ; ces milices sont un échec et sont dissoutes en1973 mais les armes distribuées lors de leur formation ne sont pas rendues et servent à installer les« Rois de l'opium » (Chan Shee-fu etLo Hsing Han)[14].

À la fin desannées 1960, c'est le Parti communiste birman qui s'empare du nord-est de la Birmanie grâce aux appuis de la Chine. Ce parti s'appuie de plus en plus sur les revenus de l'opium à mesure que l'aide chinoise décline[14].

Durant lesannées 1970 et la première moitié desannées 1980, la production d'opium continue de se développer[14].

Puis à partir de1986, la situation économique se dégrade rapidement, aboutissant en1988 à des manifestations populaires sévèrement réprimées. Une nouvellejunte arrive au pouvoir (State Law and Order Restoration Council)[14].

En1989, le Parti communiste birman subit des remous qui aboutissent à sa dissolution. La junte en place en profite pour négocier avec les groupes qui en sont issus afin qu'ils conservent leurs prérogatives territoriales, leurs armes et la liberté de circulation contre l'argent du trafic d'opium, argent que la junte militaire réinvestit en armement pour se protéger des opposants[14].

Chan Shee-fu contrôle la frontière avec laThaïlande à la tête de laMong Tai Army malgré une guerre — entretenue par la junte militaire — avec une faction rivale. Le, il annonce pourtant sa reddition et démobilise ses troupes vraisemblablement à la suite d'accords secrets avec le pouvoir en place, notamment la cession d'une partie de ses activités de transformation d'héroïne[14].

En1997, leState Law and Order Restoration Council devient leState Peace and Development Council, sans changer la nature de son régime ou son implication dans le trafic d'opium, et mène une politique largement favorable auxWa, une ethnie ayant aidé la junte dans sa lutte contre Chan Shee-fu. Cette politique placeWei Shao Kang à la tête des Wa et leur réserve les meilleures terres via destransferts de populations. Sous l'impulsion de Wei Shao Kang, les Wa diversifient leur activité (méthamphétamine,MDMA) et la production d'opium baisse régulièrement depuis1996[14].

Colombie

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Article détaillé :Narcotrafic en Colombie.

Laos

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Articles détaillés :Hmong#Culture de l'opium sous l'Indochine française,Opération X (guerre d'Indochine) etActivités de la CIA au Laos.

La France utilise des agriculteurs de la minoritéhmong pour produire de l'opium à destination de la Chine, pendant l'Indochine française. Pendant laguerre d'Indochine, l'opération X de trafic d'opium sert à financer les forces spéciales françaises. À la fin de celle-ci avec la victoire du gouvernement indépendantiste et communiste duPathet Lao, lesÉtats-Unis poussent une partie des Hmongs à la rébellion contre le nouveau gouvernement et à la production d'opium en échange d'armes. Ils sont abandonnés à leur sort à la fin de laguerre du Vietnam. Une partie de cette guérilla part se réfugier dans des pays européens, aux États-Unis ou enGuyane.

Législation

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Depuis le début duXXe siècle, de nombreux règlements nationaux et internationaux encadrent la production et la distribution de substancesnarcotiques. L'utilisation pharmaceutique de l'opium et de ses dérivés est strictement contrôlée et tout autre emploi est le plus souvent interdit depuis laConvention unique sur les stupéfiants de 1961 qui a remplacé laConvention internationale de l'opium de1912.

Consommation

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Akha man with opium

Dans lesannées 1900, près de 25 millions de personnes étaient des consommateurs d'opium, soit près d'1,5 % de la population mondiale. Dans lesannées 2000, environ 25 millions de personnes consomment des drogues dans le monde, soit moins de 0,5 % de la population mondiale. Le nombre de personnes qui utilisent des drogues illicites au moins une fois par an est estimé à 5 % de la population mondiale[22].

Selon le rapport des Nations unies sur la drogue dans le monde en 2005, l'Iran détient la plus grande proportion de drogués à l'opium avec 2,8 % de la population au-dessus de 15 ans. Seuls deux autres pays, l'île Maurice et leKirghizistan, dépassent le taux de 2 %.

Aspects culturels

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« Drogue des poètes »

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De nombreux écrivains occidentaux, surtout des poètes, ont été opiomanes sous une forme ou une autre, à commencer par les BritanniquesJohn Keats,Samuel Taylor Coleridge etAlfred Tennyson.Percy Bysshe Shelley, autre poète romantique, époux de la romancièreMary Shelley, était, lui, un grand consommateur delaudanum, tout commeThomas de Quincey, auteur en 1822 desConfessions d'un mangeur d'opium anglais. On peut encore citerWalter Scott,Charles Dickens ou l'AméricainEdgar Allan Poe, autre buveur de laudanum, qui parle notamment de l'opium dans sa nouvelleLigeia. Pablo Neruda évoque l'opium dans ses poésies et dans sa biographieJ'avoue que j'ai vécu. Il l'a essayé lors de ses voyages en Asie, par curiosité avant de s'en détourner rapidement car il estimait qu'elle amenait de la fatigue.

Thomas de Quincey.

Chez les auteurs de langue française,Charles Baudelaire, dansLes Paradis artificiels, évoque longuement l'opium et ses effets, de même que le poète et journalisteJules Boissière, installé enIndochine, qui voit en lui une clé pour « comprendre l'Orient » et meurt en1897, à trente-quatre ans, d'uneocclusion intestinalesans doute liée à satoxicomanie[réf. nécessaire]. AuXXe siècle, on peut encore citerJean Cocteau (qui rendra compte de son expérience dansOpium : Journal d'une désintoxication),Victor Segalen etHenry de Monfreid. En pleine vague hippie,Charles Duchaussois parle aussi longuement de l'opium dans un roman autobiographiqueFlash ou le Grand Voyage.

Autres aspects culturels

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Fumerie d'opium clandestine à San Francisco (Henry Farny).
Calcutta,1945.

Notes et références

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  1. abcdef etgDenis Richard, Jean-Louis Senon et Marc Valleur,Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse,(ISBN 2-03-505431-1).
  2. Office des Nations unies contre la drogue et le crime,Cent ans de contrôle des drogues.
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Voir aussi

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  • opium,sur leWiktionnaire

Bibliographie

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Sources primaires

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Articles connexes

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