L'opérationLion de Mer (enallemand :UnternehmenSeelöwe, enanglais :Operation Sea Lion) était un plan d'invasion allemand de laGrande-Bretagne au début de laSeconde Guerre mondiale. Retardé à fin 1940, il fut définitivement abandonné en 1943.
Les préparatifs d'une invasion de laGrande-Bretagne commencèrent peu après la fin de lacampagne de France au moment où les Allemands croyaient avoir gagné la guerre sur le front de l'Ouest. Refusant cette idée, leRoyaume-Uni n'acceptait pas de commencer des pourparlers de paix ; ainsi cette opération fut-elle conçue pour briser la résistance britannique.
L'ordre primitif émane d'Hitler lui-même dans sa directive n°16 du : "...j'ai décidé de préparer une invasion des îles Britanniques et, si nécessaire, d'effectuer cette opération. Celle-ci est dictée par le souci d'éliminer la Grande-Bretagne en tant que base d'où l'ennemi pourrait continuer la guerre contre l'Allemagne. S'il le faut, l'île sera occupée... Je donne les ordres suivants :
Le débarquement devra résulter d'une traversée par surprise... de Ramsgate à l'île de Wight... Les préparatifs devront être achevés pour la mi-août
Les opérations préliminaires suivantes...:
a) L'aviation anglaise doit être anéantie...
b) Les routes maritimes devront être débarrassées de tout champ de mines
c) des champs de mines devront interdire... sur les deux flancs...
d) De puissantes batteries côtières devront être mises en place pour dominer et protéger toutes les eaux littorales[1]"
Cette directive se traduisit par un important travail de la Marine même si le combat pour la supériorité aérienne était d'une importance vitale[1].
L'amiral de laKriegsmarineErich Raeder était à l'origine de nombreuses études de faisabilité d'un assaut naval allemand à travers laManche. La première de ces études datait de et soulignait l'importance des éléments suivants :
L'opération, initialement prévue pour le, fut par la suite reportée au 10 août ("la journée de l'aigle" selon Göring[1]) puis à une date ultérieure carAdolf Hitler était sûr qu'en battant les Soviétiques grâce à l'opérationBarbarossa prévue pour1941, il priverait les Britanniques d'alliés en Europe qui n'auraient ainsi d'autre choix que de se rendre.
Labataille d'Angleterre fut la conséquence de l'opérationAdler, destinée à donner à laLuftwaffe la supériorité aérienne sur le front ouest et à faciliter l'invasion mais ces plans changèrent et l'opérationAdler devint leBlitz : le bombardement stratégique et intensif des villes britanniques.
Par la suite, l'entrée en guerre desÉtats-Unis et les revers de la Wehrmacht enURSS diminuèrent les chances de réussite deSeelöwe. L'incapacité des Allemands à améliorer leur situation confirmait les craintes de l'armée de terre au sujet d'une guerre sur deux fronts.
Les transports utilisés auraient été les bateaux que les Allemands avaient employés contre laFrance durant le franchissement duRhin, la Kriegsmarine ne possédant pas de véritables barges de débarquement, ce qui réduisait la capacité d'acheminement d'artillerie et de blindés.
L'état-major allemand tenta d'improviser une flotte de débarquement à partir de péniches fluviales hollandaises (gabarit dit "Kampine") ou françaises (gabarit Freycinet, plus modeste) réquisitionnées, celles-ci étant plus ou moins modifiées. La plupart des péniches fluviales de l'époque (dont une bonne part était encore en bois) n'avaient aucun système de propulsion propre (traction animale depuis unchemin de hâlage ouremorquage par trains). Ces embarcations très peu marines furent équipées de moteurs de camion reliés à une hélice par un arbre relevable en oblique (façonmotogodille) voire d'hélices... aériennes (montage d'un moteur d'avion sur un pylône[3] ), procédé valable pour unhydroglisseur mais désastreux en termes de rendement sur un bateau de charge. De véritables embarcations amphibies et des péniches de débarquement bien conçues comme les MFP (Marine Fahrpram) ou Siebel Ferries existaient à l'inventaire militaire allemand, mais uniquement à l'état de prototypes ou de préséries[4].
La plupart des analystes militaires pensent que l'opérationSeelöwe aurait eu peu de chances de réussir. Les Allemands manquaient de navires en comparaison de la flotte de laRoyal Navy (laKriegsmarine ayant subi de lourdes pertes lors de l'invasion de la Norvège). D'autre part, les pertes au sein de leurs forces aéroportées durant labataille des Pays-Bas n'auraient pas été remplacées à temps pour cette nouvelle opération.
LaRoyal Navy ne pouvait cependant pas déployer la totalité de sa supériorité de dix contre un contre la Kriegsmarine car la majeure partie de la flotte britannique était engagée dans l'océan Atlantique et enMéditerranée. Néanmoins, laHome Fleet, qui assurait la protection desîles Britanniques, restait supérieure en nombre à la flotte allemande.
Lesrenseignements britanniques ont cru que laLuftwaffe avait un avantage de quatre contre un dans le ciel, alors qu'en réalité le rapport de force n'était pas si défavorable. Ceci amena donc laRoyal Air Force à mobiliser toutes ses réserves et à accélérer la production desSpitfire. En outre, la menace de l'invasion favorisa le développement desradars qui connurent alors leur première utilisation en temps de guerre.
Desjeux de guerre menés à l'Académie royale militaire de Sandhurst en1974, qui supposaient que laLuftwaffe n'avait pas encore gagné la suprématie aérienne, concluaient que les Allemands pouvaient établir unetête de pont auRoyaume-Uni en utilisant un champ de mines dans laManche pour protéger leur assaut initial. Toutefois, les forces terrestres allemandes étaient ensuite retardées sur lesStop lines, une série de positions défensives constituées chacune d'une combinaison de barrages routiers et de troupes de laBritish Home Guard ; pendant ce laps de temps, les troupes régulières de l'armée britannique pouvaient se mettre en formation.
Après seulement quelques jours, laRoyal Navy en provenance deScapa Flow (Écosse) atteignait laManche, où elle pouvait couper le ravitaillement des troupes allemandes auRoyaume-Uni. Isolée et face à des troupes régulières munies de blindés et d'artillerie, la force d'invasion aurait été contrainte de se rendre.
Cette simulation ne tenait pas compte du fait que pendant l'été1940, l'armée de terre britannique se réduisait à dix divisions dépourvues de tout leur matériel lourd qu'elles avaient dû abandonner àDunkerque. À ces dix divisions ne détenant qu'un matériel léger, la Wehrmacht avait prévu d'opposer trois armées abondamment pourvues en blindés et artillerie… mais n'avait aucun moyen sérieux de leur faire traverser la Manche, face à l'écrasante supériorité de la flotte britannique.