Le débarquement (le) est suivi de la conquête de la Sicile jusqu'au (prise de Messine), période durant laquelle un événement inattendu survient en Italie : lachute de Mussolini (le) et la mise en place du gouvernement dumaréchal Badoglio, qui entre très vite en contact avec lesAlliés.
Ce choix se justifie principalement par deux arguments, outre la proximité par rapport à la Tunisie :
la réussite de l’opération donnerait le contrôle stratégique aux Alliés de la voie maritime est-ouest en Méditerranée ;
prendre pied en Sicile menacerait directement les forces de l'Axe et les obligerait à détourner une partie non négligeable de leurs forces vers le front italien au détriment du front de l’Est : la conséquence, simple à entrevoir, est que l’Armée rouge pourrait disposer de plus d’amplitude pour tenter de desserrer l’étau allemand.
À laconférence de Casablanca (), les Britanniques se montrent partisans d'une prolongation du combat en Méditerranée : la Sicile devait être conquise pour servir de tremplin à uneinvasion de l'Italie, afin de détourner les réserves allemandes des côtes atlantiques dans la perspective d'un futur débarquement et mettre à portée des forces de bombardement les champs pétrolifères de Roumanie et les zones industrielles allemandes du sud. Au contraire, les Américains voulaient se concentrer sur le futur débarquement sur les côtes de la Manche, tout en restant mobilisés contre le Japon.
Les Américains acceptent finalement la proposition britannique car ils craignent une défection de la Russie s'il n'y avait pas de débarquement en Europe occidentale au cours de l'année 1943. Il fut aussi décidé que l'on exigerait de l'Italie une reddition sans conditions.
Mais il n'y eut pas de plans établis pour la conquête. Les opérations en Sicile furent donc des opérations par défaut.[pas clair]
La Sicile est un terrain difficile pour un assaillant : après l'étroite plaine côtière, le défenseur peut s'appuyer sur les collines et montagnes, traversées par des routes étroites, sinueuses, en mauvais état et en forte pente. Les nœuds routiers étaient dominés par des villages sur les hauteurs, propices aux embuscades. La roche friable était un véritable terrain de jeu pour les sapeurs allemands et italiens. Même dans la large plaine de Catane, la progression des blindés pouvait être ralentie par les canaux d'irrigation. Les Alliés bénéficiaient heureusement d'une maîtrise aéronavale totale : l'escadre italienne de Gênes et laRegia Aeronautica étaient trop mal en point, les flottilles côtières allemandes et laLuftflotte 2 ne valaient guère mieux. La Regia Aeronautica produisit cependant au cours de l'année 1942 quelques nouveaux appareils de qualité mais en nombre trop faible pour renverser l'équilibre : tel était le cas du bombardier-torpilleurSavoia-Marchetti SM.84 (variante du SM79), des chasseurs équipés de moteurs allemands Macchi C-202 « Folgore » et Reggiane RE-2001 « Falco », de l'hydravion Fiat RS-14 et du premier bombardier lourd italien Piaggio P-108 B.
Il prévoyait un débarquement américain à Palerme et des Anglo-canadiens autour de Catane. Montgomery protesta : il craignait en effet une résistance aussi forte qu'en Afrique du nord et préférait une attaque concentrée au sud-est, qui parviendrait à neutraliser rapidement les aéroports siciliens situés principalement dans cette région. Le plan fut finalement établi ainsi : laVIIIe armée britannique débarquerait au nord et à l'ouest du cap Passero, laVIIe armée américaine du généralPatton plus à l'ouest dans le golfe de Gela, jusqu'au petit port de Licata. LaVIIIe armée devait se diriger vers Messine en suivant la côte, laVIIe armée devait traverser l'île jusqu'à Palerme.
L'opérationMincemeat[1] est une opération d'intoxication : le, le corps d'un faux officier anglais, porteur de fausses lettres indiquant la Grèce[2] comme objectif du prochain débarquement, est découvert sur les côtes sud de l'Espagne. On y décrit une invasion prioritaire de la Sardaigne afin d'ouvrir la route de Gênes, une invasion conjointe de la Grèce et une opération de diversion sur la Sicile.
Cette information est transmise par la police espagnole aux services d'espionnage allemands qui mordent à l'appât. Ils déplacent des unités blindées et navales vers la Grèce.
Transfert entre un DUKW et la barge de débarquement USS LCI(L)-196, sur une plage près deScoglitti, juillet 1943
Le principal objectif duXVe Groupe d'armées dugénéral Alexander était la prise deMessine, pour empêcher l'arrivée de renforts ou l'évacuation des troupes par le détroit, ainsi que les autres grands ports deCatane,Palerme etSyracuse. Cependant, tous ces ports n'étaient pas couverts par le parapluie aérien des bases de Malte, Gozo et d'Afrique du nord. Lesexpériences de Dieppe et d'Oran (au cours de l'opération Torch) démontraient l'extrême difficulté à attaquer un port de front, bien défendu par les mines sous-marines, l'artillerie lourde côtière, les ouvrages anti-chars et de solides fortifications : il valait mieux débarquer sur les plages, s'en dégager le plus vite possible et prendre le port à revers afin de disposer d'une base de ravitaillement convenable. C'est au cours du débarquement de Sicile que fut cependant expérimenté le transit massif de matériel par les plages grâce auDUKW, une sorte de camion amphibie. Les troupes bénéficièrent du soutien de l'artillerie navale des cuirassés britanniquesHMS Nelson,HMS Rodney,HMS Warspite etHMS Valiant.
Du point de vue du commandement, le débarquement en Sicile était considéré comme une opération hasardeuse et risquée en raison de deux paramètres majeurs :
Le comportement de la mer combiné au fait que de multiples plages se trouvaient inaccessibles en raison des nombreuxhauts-fonds qui rendaient tout débarquement amphibie très complexe.
Les défenses de l’Axe profitaient intelligemment du relief montagneux et très accidenté : entrer à l’intérieur des terres s’annonçait donc plutôt périlleux.
De ce fait, les Alliés s'attendent à rencontrer une forte résistance. En effet, l'île est défendue par laVIe Armée italienne du généralAlfredo Guzzoni, qui compte plus de 200 000 hommes, et par deux divisions allemandes motorisées, les15e et90ePanzerdivisions de grenadiers commandées par le généralHans Hube.Le plan allié, sous le commandement du général d’arméeHarold Alexander se décompose en trois principaux mouvements :
Au total, les troupes impliquées par le débarquement de Sicile (160 000 hommes) seront supérieures en nombre à celles du premier jour dudébarquement de Normandie en1944 (150 000 hommes).
La logistique du débarquement allié en Sicile est d'une complexité inouïe : les troupes américaines ont leurs bases de départ en Afrique du Nord et même aux États-Unis, les troupes britanniques, enTunisie et enÉgypte, et la1re Division canadienne, auRoyaume-Uni.
Des troupes britanniques aéroportées attendent de monter dans un planeurWACO CG4A avant l'assaut
Deux assauts américains (à partir de la base aérienne deKairouan en Tunisie) et deux assauts britanniques partroupes aéroportées ont été menés juste après minuit dans la nuit du 9 au 10 juillet, dans le cadre de l'invasion. Lesparachutistes américains se composaient en grande partie du505th Parachute Infantry Regiment du colonelJames M. Gavin puis du504th Parachute Infantry Regiment, ainsi que du456th Parachute Field Artillery Battalion, Compagnie 'B' du307th Airborne Engineer Battalion et autres unités de soutien de la82nd Airborne Division US, faisant leur premier largage de combat. Les débarquements britanniques ont été précédés par les pathfinders de la21st Independent Parachute Company, qui devaient marquer les zones d'atterrissage pour les troupes qui avaient l'intention de s'emparer duPonte Grande, le pont sur la rivière Anape juste au sud de Syracuse, et le garder jusqu'à ce que la5e division d'infanterie britannique arrive des plages deCassibile, quelque 7 km au sud[6]. Les planeurs d'infanterie de la1re division aéroportée britannique de la1st Airlanding Brigade, commandée par le brigadier Philip Hugh Whitby Hicks, devaient s'emparer des zones d'atterrissage à l'intérieur des terres[7]. Des vents forts allant jusqu'à45km/h[8] ont soufflé - poussant les avions hors de leur but et la force américaine fut largement dispersée sur le sud-est de la Sicile entre Gela et Syracuse. Le 14 juillet, environ les deux tiers du 505th avaient réussi à se concentrer et la moitié des parachutistes américains n'avaient pas atteint leurs points de ralliement[9]
La météo exécrable perturbe en premier lieu les troupes aéroportées : le vent, combiné à la DCA ennemie, provoque de grosses difficultés de navigation pour les avions de transport et de remorquage qui peinent à atteindre leurs cibles.Les 3 400 parachutistes de la82e airborne se retrouvent dispersés en petits groupes, autour d’une zone de80 kilomètres de diamètre.
Malgré ces mésaventures, le débarquement généralisé des troupes aéroportées, tant américaines que britanniques, a eu un effet positif car de petites unités isolées, agissant à leur initiative, ont attaqué des points vitaux et ont créé la confusion : les informations sur la présence et les mouvements des troupes alliées semblent contradictoires et complexes à décrypter par les Italiens. Les hommes du colonelJames Gavin réussissent, dans l’ensemble, à se rendre maîtres des points vitaux identifiés par le haut commandement.
LesAlliés ont réuni des forces et des moyens considérables : 160 000 hommes, une couverture aérienne de 4 000 avions, 3 200 navires, des barges de débarquement d'un type nouveau qui permettent d'amener hommes et matériel directement sur les plages deLicata, Mollarella et Poliscia - ce qui présente l'avantage de ne pas avoir à s'emparer initialement de ports toujours puissamment défendus[10].
Les hommes qui débarquent le premier jour sont pour moitié américains, sous le commandement du généralPatton, pour l'autre moitié, britanniques et canadiens, sous le commandement du généralMontgomery. L'opération est dirigée par le général britanniqueAlexander, adjoint d'Eisenhower. Les forces canadiennes, composées de la1re Division d'infanterie canadienne et de la1re Brigade blindée canadienne, ainsi que des forces américaines (le deuxième corps d'armée américain dirigé par le généralOmar Bradley) sont rattachées à la8e Armée britannique. Elles sont commandées par le généralMontgomery.
Soldats britanniques lors du débarquement en Sicile, 10 juillet 1943
Char Tigre allemand détruit à Biscari le 14 juillet 1943
Les Américains de Patton débarquent sur la côte sud-ouest de la Sicile, les Britanniques sur la côte sud-est, près deSyracuse. Les Canadiens, au centre du dispositif, débarquent dans la presqu'île dePachino sur huit kilomètres de plage avec pour mission de s'emparer de l'aérodrome voisin ; la45e division américaine du généralTroy Middleton débarquée àScoglitti, entre le fleuve Dirillo et le secteur de laVIIIe armée, a pour consigne de prendre les deux aérodromes deComiso (ce qui est fait le jour même) et deBiscari (pris3 jours plus tard) puis de rallier les Canadiens versRaguse. Au centre, la1re division (Allan) devait attaquer le port de Gela et ses plages orientales, relever les paras à Piano Lupo, prendre les aérodromes de Gela-Farello et Ponte Olivo, occuperNiscemi. À gauche, la3e division (Truscott) renforcée par unCombat command de la2e DB, ne faisait pas partie du2e Corps (Bradley), contrairement aux deux autres divisions, et devait occuperLicata, son petit port et son aérodrome pour protéger le flanc de l'attaque. À terme, les Américains devaient rejoindre une ligne jauneGrammichele-Palma di Montechiaro parCaltagirone,Mazzarino etCampobello. Au départ, tout se déroula comme prévu, malgré la présence de bunkers, de nids de mitrailleuses et d'une batterie de défense côtière, ils ne rencontrent tout d'abord que peu de résistance. Les soldats italiens s'enfuient à leur approche ou sont faits prisonniers. La3e DIUS prit Licarna avec le soutien actif de la flotte, la1re DIUS s'empara de Gela grâce à laForce X (mélange de rangers et sapeurs d'assaut commandé par le colonel Darby : elle ne put cependant éviter le sabotage de la jetée) et établit le contact avec les paras de Piano Lupo, la45e division, dirigée par le général Middleton, rejoignit le pont Dirillo. Mais dans le cours de la journée cela se gâta du côté du Gela : une contre-attaque italienne dès9 heures (groupe mobile E depuisNiscemi et bataillon de la Division Livorno au nord-ouest de la ville) fut repoussée avec l'aide de la flotte par les Rangers et les Paras de Piano Lupo. L'après-midi, ladivision Hermann Göring (généralConrath), quoique retardée par le harcèlement des paras de Gavin, prit le relais en deux colonnes parties deNiscemi etBuscari. Si un bataillon fut délogé et dut être remplacé, l'assaut échoua car les panzers manœuvraient mal sur les oliveraies en terrasse. Mais la1re division se trouvait dépourvue de chars à cause du mauvais état des plages et des bombardements ennemis. Du côté de la3e division, Truscott put au contraire vite débarquer ses chars. Du côté de la45e division, on occupait une bande de terre de 12 km de profondeur avecVittoria etSanta Croce Camerina.
Une très bonne surprise pour les alliés fut la relative faiblesse de laLuftwaffe malgré la disponibilité de800 appareils et pilotes expérimentés. Cependant, malgré une supériorité aérienne, les appareils alliés sont difficilement intervenus sur les plages alliées. Le commandement maritime allié ne souhaitait pas, durant les premiers jours, faire décoller les avions des porte-avions alliés. Ces derniers étaient destinés à couler la flotte italienne en Italie si cette dernière sortait de ses ports. De ce fait, les avions alliés qui assuraient la sécurité aérienne décollaient de Malte voire de Tunisie et à la limite de leur rayon d'action. Par conséquent, plusieurs attaques aériennes allemandes se sont déroulées sur les plages et la flotte américaines (le destroyer américainUSS Maddox est coulé le à5 heures)[11]. Toutefois, les attaques allemandes n'ont pas empêché l'avancée alliée.
Le général Patton en discussion avec le Lt-colonel Bernard près de BroloUn char Sherman Britannique près de Catane, le 4 août 1943
Le plan du généralAlexander était d'établir d'abord ses forces sur une ligne entreLicata à l'ouest etCatane à l'est avant de se lancer dans des opérations d'invasion du reste de l'île. La clé était de capturer des ports et des aérodromes pour faciliter la constitution de ses forces. La tâche de lahuitième armée britannique du généralMontgomery était donc de capturer le port dePachino sur leCap Passero et celui deSyracuse avant de se diriger vers le nord pour prendre les ports d'Augusta et de Catane. Leurs objectifs comprenaient également les terrains d'atterrissage autour de Gerbini, dans la plaine de Catane. Les objectifs de laSeptième armée US du Lieutenant-généralPatton comprenait la capture du port de Licata et des aérodromes de Ponte Olivo, Biscari et Comiso pour empêcher les réserves ennemies de se déplacer vers l'est contre le flanc gauche de la Huitième Armée[12].
Le11 juillet :Conrath, sur ordre deKesselring et de concert avec la Division Livorno (général Chirieleison) plus à l'ouest, réitéra sa tentative de la veille avec trois colonnes de ses panzers à partir de l'aérodrome de Ponte Olivo,Niscemi etBiscari, soutenue par l'aviation. Les Américains réussirent à tenir et le colonel Gavin, chef des paras, prit même à revers la contre-attaque de la colonne de Biscari sur le pont Dirillo. Conrath, à la tête de la colonne deNiscemi, atteignit la route côtière mais fut littéralement cueilli par les canons et chars qui venaient tout juste d'être débarqués pour la première fois sur la plage par lesDUKW. La Division Livorno se fait tailler en pièces devant les Rangers du capitaine Lyle par les artilleries navale et de campagne. Seul véritable coup dur : un lâcher de paras sur Gela est décimé dans un barrage d'artillerie établi par la flotte alliée. LaVIIIe Armée tient son front dePalazzolo, pris par la23e Brigade blindée, à la mer en passant parGiarratana etModica dans le secteur canadien. Dans le secteur du13e Corps, la5e Division ne s'arrêta pas àSyracuse et prit la route d'Augusta ; des éléments avancés du groupe Schmalz les stoppèrent àPriolo. La division Napoli avait par contre été rejetée par les Anglais à l'ouest deSyracuse.
Le terrain très accidenté de la Sicile que les Allemands savent parfaitement utiliser oblige, au prix d'efforts inouïs et de lourdes pertes, à s'emparer de villes et de villages escarpés puissamment fortifiés. Les ponts sont détruits, les routes minées, truffées de pièges, maintenues sous le feu des mitrailleuses, des mortiers et des canons allemands. Dans ces conditions, les unités mécanisées voient leurs moyens d'intervention fortement réduits et l'infanterie canadienne doit livrer l'assaut à travers ravins, rochers et montagnes. Les Canadiens progressent grâce à une succession de coups de main que les Allemands qualifient d'« Indianer Krieg », une guerre à l'indienne, dans laquelle l'infanterie canadienne se révèle particulièrement efficace.
Le16 juillet : un assaut de la brigade Durham parvient à établir une tête de pont avec le pont sur le Simeto. Un bataillon de Rangers prendPorto Empedocle et la3e division s'empare d'Agrigente sans opposition. Alexander laisse alors « Georgie tenter le coup » d'un assaut rapide de la2e DB surPalerme. De son côté, les1re et45e DIUS reprirent leur marche : la1re DI affronta le groupe "Ens" de la15e Panzergrenadier qui se repliait versEnna. Du côté canadien, on occupeCaltagirone.
Le17 juillet : les paras allemands se retirent du Simeto.
Le24 juillet, leRoyal Regiment of Canada et le régiment de chars de Trois-Rivières se lancent à l'assaut du village escarpé deNissoria qui défend l'entrée d'Agira. Ils sont durement repoussés et ce n'est qu'à la suite d'un barrage d'artillerie intense que les positions allemandes sont neutralisées par l'infanterie des régiments Princess Patricia, Seaforth Highlanders et Edmonton.
Après quatre semaines de combats impitoyables, toujours à la pointe du combat, les Canadiens sont mis en réserve afin de préparer leur débarquement dans la péninsule italienne. Ils n'entrent donc pas en vainqueurs dans Messine, qu'Américains et Britanniques prennent le. 200 000 Italiens ont été faits prisonniers, mais le gros des troupes allemandes a réussi à passer en Italie et a échappé au piège. En effet, du 10 au, plus de 100 000 soldats italo-allemands, de nombreux véhicules et des milliers de tonnes de matériel de guerre furent évacués deSicile vers laCalabre lors de l'opérationLehrgang[16].
À l’instar du débarquement en Normandie, la météo aura joué un rôle majeur : bien que toutes les troupes stationnées en Sicile aient reçu un message d'alerte, les Italiens présents sur les côtes n'ont pas voulu croire qu'un débarquement aurait lieu par un temps aussi mauvais.
Lamafia sicilienne joue un rôle non négligeable : elle aurait été acquise aux Américains par les bons offices du parrainLucky Luciano en échange, dit-on, d'un allègement de sa détention. Ses services auraient inclus des contacts avec le parrainCalogero Vizzini. Le SicilienMichele Pantaleone, qui était présent àVillalba le jour où Vizzini aurait été approché par les Américains, est l'un des témoins les plus importants de cette version, cependant mise en doute par de nombreux historiens[18]. Grâce à ces « alliés », des renseignements précieux furent obtenus et même des coups de force ponctuels contre des points stratégiques.
Les Italiens évacuent 62 182 hommes, 41 canons et 227 véhicules, les Allemands quelque 52 000 soldats (dont 4 444 blessés), 14 105 véhicules, 47 chars, 94 canons, 1 100 tonnes de munitions et environ 20 700 tonnes de matériel et de provisions[19].
LaSeptième armée américaine a perdu 8 781 hommes (2 237 tués ou disparus, 5 946 blessés et 598 capturés), tandis que laHuitième armée britannique a subi 11 843 pertes (2 062 tués ou disparus, 7 137 blessés et 2 644 capturés). La marine américaine a perdu546 tués ou disparus et484 blessés et la Royal Navy a perdu314 tués ou disparus,411 blessés et quatre capturés. L'USAAF fait état de28 tués,88 disparus et41 blessés[20]. Les Forces canadiennes ont subi 2 310 pertes, dont562 tués, 1 664 blessés et 84 capturés[21].
Les forces allemandes ont perdu 4 325 hommes tués, 4 583 disparus, 5 532 capturés et 13 500 blessés, soit un total de 27 940 victimes[20]. Selon la branche historique de l'armée italienne, les pertes militaires italiennes étaient de 4 678 tués, 36 072 disparus, 32 500 blessés et 116 681 capturés[22]. Une grande partie des disparus ont été présumés avoir été tués et enterrés sur le champ de bataille ou dans des lieux inconnus, tandis qu'une autre partie comprenait vraisemblablement des soldats recrutés localement qui ont déserté et sont retournés chez eux. En 2007, Samuel Mitcham et Friedrich von Stauffenberg ont estimé le nombre total de victimes italiennes à 147 000. Une étude canadienne antérieure sur l'invasion alliée estimait le nombre total d'Italiens et d'Allemands faits prisonniers en Sicile à environ 100 000[21].
Immédiatement après le débarquement en Sicile, des meurtres de civils par les troupes américaines ont été signalés. Il s'agit notamment du massacre de Vittoria, où 12 Italiens sont morts (dont Giuseppe Mangano,podestat d'Acate, et son fils de dix-sept ans Valerio, qui a été tué d'un coup de baïonnette au visage), à Piano Stella, Agrigente, où un groupe de paysans a été assassiné et lemassacre de Canicattì, au cours duquel au moins huit civils, dont une fillette de onze ans, ont été tués[23],[24].
Après la prise de l'aérodrome deBiscari le 14 juillet, des soldats américains de la180e équipe de combat régimentaire de la45e division ont assassiné 74 prisonniers de guerre italiens et deux allemands lors de deuxmassacres à l'aérodrome de Biscari le 14 juillet 1943. Le sergent Horace T. West et le capitaine John T. Compton ont été accusés de crime de guerre. West a été reconnu coupable et condamné à la prison à vie et déchu de son grade, mais a été remis en service actif en novembre 1944 en tant que soldat et honorablement libéré à la fin de son service. Compton a été accusé d'avoir tué 40 prisonniers sous sa responsabilité mais a été acquitté et transféré dans un autre régiment, où il est mort en novembre 1943 dans les combats en Italie[25].
Diverses sources, dont laSpecial Investigation Branch ainsi que des témoignages de journalistes belges, ont déclaré que le viol et le harcèlement sexuel par les troupes britanniques se produisaient fréquemment après l'invasion de la Sicile en 1943[26]. Selon Mitcham et von Stauffenberg, leLoyal Edmonton Regiment a également assassiné des prisonniers de guerre allemands lors de l'invasion de la Sicile[27].