Date | 24 - |
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Lieu | Téhéran,Iran |
Casus belli | Prise de l'ambassade des États-Unis à Téhéran |
Issue | Échec de l'extraction des otages, abandon de la mission |
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8 morts 4 blessés | aucune |
Coordonnées | 33° 04′ 23″ nord, 55° 53′ 33″ est | |
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L’opérationEagle Claw (« Serre d'aigle », aussi appeléeopérationEvening Light ouopérationRice Bowl[1]) est uneopération militaireaméricaine menée les24 et et destinée à secourir les53 otages retenus prisonniers dans l'ambassade américaine à Téhéran.
Uneplanification trop complexe, des problèmes techniques ainsi que destempêtes de sable imprévues conduisirent à la déroute et à l'annulation de l'opération[2]. Huit militaires américains trouvèrent la mort et, pendant l'évacuation, des documents compromettants des agents de laCIA furent laissés dans des appareils abandonnés sur place.
Échec cuisant, cette opération influença très négativement la campagne de réélection deJimmy Carter[3]. Sur le plan militaire, elle conduisit à une réorganisation desforces spéciales américaines.
Les otages furent finalement relâchés après444 jours de captivité, le, lors de l’Inauguration Day aux États-Unis, le jour où Jimmy Carter céda la présidence àRonald Reagan.
Le 4 novembre 1979, alors que l'Iran est dirigé par l'ayatollahKhomeini depuis moins d'un an, des étudiants prennent en otage le personnel de l'ambassade américaine à Téhéran. Les négociations diplomatiques échouent. Sur décision du président Jimmy Carter, une opération militaire est envisagée pour libérer les otages.
Le 12 novembre 1979, laJoint Task Force 179 (force opérationnelle interarmes) est créée avec à sa tête leMajor General (général de division) James « Hammer Jim » Vaught. L'opération s'avère complexe. Le lieu de détention ne permet pas une mise en place directe par avion, et les distances à parcourir sont hors portée de touthélicoptère. Il faut donc transporter le personnel par une combinaison d'avions et d'hélicoptères et utiliser, en territoire iranien, des bases intermédiaires. Les lieux de départ retenus se situent au sud-est de l'Iran : l'île Masirah, au large d'Oman, et leporte-avionsUSS Nimitz dans leGolfe Persique.
Le 16 avril 1980, le général Vaught expose son plan final au président Carter. Le lendemain, le feu vert est donné pour une exécution dès le 24 avril.
L'opération prévue doit se dérouler en deux nuits en utilisant successivement trois sites comme bases temporaires.
La force d'assaut comprend120 hommes : le1st SFOD-Delta (la « Delta Force », qui compte93 hommes),13 hommes d'un SFOD-A desSpecial Forces, et 14 spécialistes divers. Elle est commandée par lecolonelCharles Beckwith, créateur et commandant de l'unité anti-terroriste diteDelta Force. Une section de protection (12 hommes) doit sécuriser le premier site.
Six avionsLockheed C-130 Hercules sont nécessaires. Trois MC-130 transportant les troupes d'assaut doivent se poser sur un site préalablement balisé, appeléDesert One en plein désert iranien, à 300 km au sud-est de Téhéran. Ensuite, trois EC-130 doivent acheminer le kérosène pour réapprovisionner les huithélicoptères de transportRH-53D Sea Stallion.
Les avions partiront de l'île de Mazirah, et les hélicoptères du porte-avionsUSS Nimitz. Tous doivent voler à très basse altitude pour échapper à la détectionradar. Après avoir assuré leur mission àDesert One, les C-130 regagneront leur base en ramenant la section de protection.
Les hélicoptères, après avoir été ravitaillés en kérosène, doivent embarquer la force d'assaut et la transporter jusqu'àDesert Two, un site situé à 60 km de Téhéran. Là, les troupes seront débarquées à l'abri des regards et les hélicoptères seront camouflés sur un site approprié en attendant la nuit suivante.
ÀDesert Two, des camions, achetés préalablement par des agents sur place, viennent chercher les troupes et les amènent dans un hangar situé à 15 km de Téhéran où elles sont cachées durant la journée.
La force d'assaut, amenée par camions, doit délivrer les otages. La Delta Force libère la majeure partie des otages, retenus dans l'ambassade, et le SFOD-A doit délivrer le chargé d'affaires américain et deux autres diplomates détenus au ministère des affaires étrangères iranien.
Ensuite, les hélicoptères seront appelés et se poseront dans un stade en face de l'ambassade, afin d'embarquer otages libérés et forces d'assaut, pour les transporter jusqu'à l'aérodrome deManzariyeh, situé à 50 km au sud-ouest de Téhéran. Les hélicoptères pourraient être amenés à faire deux voyages.
TroisAC-130 (canonnières volantes) sont prévus pour fournir un appui aérien aux unités au sol : deux pour l'ambassade à Téhéran et un à Manzariyeh.
Pendant l'élaboration du plan, des renseignements sont récoltés grâce à des otages libérés, et par des photos prises par satellite. Une équipe de militaires américains est même infiltrée en Iran. Dirigée par le sergentDick Meadows, elle comportait un sergent de l'USAF qui parle le farsi, et deux sergents desSpecial Forces qui parlent couramment allemand et se font passer pour des touristes venant d'Allemagne de l'Ouest.
Le 30 mars 1980, un petit avion de la CIA amène discrètement surDesert One le major John Carney qui, muni d'une moto-cross, reconnaît la zone et marque une piste d'atterrissage en y posant des balises infrarouges.
Le 24 avril 1980, les C-130 se posent surDesert One dans l'ordre prévu. Des équipes de protection sont immédiatement installées sur les accès.
Un bus qui arrive sur le siteDesert One doit être neutralisé et ses44 passagers détenus sur place.
Les huit hélicoptères ont décollé du Nimitz et ont entrepris leur voyage de six heures à très basse altitude. À la suite d'un problème de pale, l'hélicoptèreno 6 doit se poser en plein désert et ne peut repartir. Il est abandonné et son équipage est recueilli par l'hélicoptèreno 8. Le système de navigation de l'hélicoptèreno 5 tombe en panne et son pilote décide de faire demi-tour. Il ne reste plus que six hélicoptères soit le strict minimum prévu pour accomplir la mission.
De violentes tempêtes de sable ralentissent le vol des hélicoptères qui atterrissent àDesert One avec une heure et demie de retard, leurs pilotes sont choqués et épuisés. Le ravitaillement en carburant est effectué immédiatement et le personnel embarqué. À ce moment, le commandant des hélicoptères signale que l'hélicoptèreno 2 est en panne de système hydraulique. Avec cinq hélicoptères, la mission devient impossible et le colonel Beckwith qui peste contre les pilotes demande l'annulation de l'opération. La force d'assaut rembarque dans les C-130 et les pilotes dans leurs hélicoptères pour un voyage de retour.
Les rotors des hélicoptères provoquent un épais nuage de sable. En décollant, le premier hélicoptère heurte un C-130, qui s'enflamme immédiatement. Les hommes, dont certains sont brûlés, quittent rapidement l'avion. Ce crash coûte toutefois la vie à huit hommes : cinq dans le C-130 et les trois hommes de l'équipage de l'hélicoptère. Trois autres hélicoptères sont endommagés par l'explosion d'un stock de munitions qui se trouvait dans leC-130 en feu. Il ne reste plus qu'à repartir à bord des autres avions et à abandonner sur place les morts, les hélicoptères et le C-130 en flammes. Dans l'affolement, des documents compromettants seront même laissés sur place. L'équipe de quatre hommes infiltrée à Téhéran pourra néanmoins quitter l'Iran sans problème.
Une commission appeléeSpecial Operations Review Group, plus connue sous le nom de « Commission Holloway » du nom de son président l'amiralJames L. Holloway III (en), fut chargée d'établir un rapport. Elle avait pour but de faire une critique professionnelle de l'opération, et releva vingt-trois points où des améliorations auraient pu être apportées, dont onze particulièrement importantes, parmi lesquelles celles-ci :
La commission conclut cependant que le concept d'une opération spéciale tenue secrète jusqu'à son exécution était valide, faisable et cohérente avec les objectifs recherchés ; qu'aucun autre pays n'aurait pu la mener ; qu'elle était à haut risque et « que l'Amérique avait eu le courage d'essayer »[4].
Les défauts constatés pendant l'opérationEagle Claw conduisirent à diverses réorganisations dans les forces spéciales américaines. La plupart eurent lieu en vue de mener une nouvelle tentative d'exfiltration des otages, appeléeopération Snowbird (etopération Honey Badger pour son volet aérien). Pour ce faire, diverses unités seront créées notamment laTask Force 160, une unité spéciale d'hélicoptères formée aux opérations spéciales, en particulier nocturnes.
L'opération Snowbird ne put être menée avant la libération des otages par les Iraniens, mais la plupart des unités et matériels créés pour l'opération furent conservées. Ainsi, la Task Force 160 devint le160th Special Operations Aviation Regiment (Airborne).
De son côté, l'US Navy créa sa propre unité antiterroriste, le SEAL Team Six, et l'US Air Force lança un programme destiné à moderniser ses HH-53 Super Jolly Green Giant enMH-53 J Pave Low III, par l'ajout de systèmes de navigation, de vision nocturne et de réservoirs supplémentaires.
En revanche, c'est surtout le manque d'interopérabilité constaté entre les forces spéciales et les forces conventionnelles lors de l'Invasion de la Grenade qui conduira à la création duUS Special Operations Command et des commandements des forces spéciales de chaque armée, à partir de 1986.