Avec ses 2 745 places assises[1], la grande salle de l'opéra Bastille est l’une des plus importantes au monde en termes de capacité. En comparaison, leConcert Hall de l'opéra de Sydney peut accueillir 2 679 personnes assises et lethéâtre Bolchoï de Moscou peut en accueillir 1 720. Elle correspond aussi à plus de deux tiers duMetropolitan Opera deNew York qui comporte 3 800 places.
L'anciennegare de Paris-Bastille, située à la place du bâtiment de l'opéra, ferméeen 1969 et démolieen 1984.
LeprésidentFrançois Mitterrand décide en 1982, sur proposition de son ministre de la CultureJack Lang, la construction d'un nouvel opéra dans Paris, considérant l'opéra Garnier trop petit en jauge et dépassé en matière technique. Il veut un opéra« moderne et populaire ». Pour les besoins de l'époque, est créé en 1983 l'Établissement Public Opéra-Bastille (EPOB).
L’emplacement de l'anciennegare de Paris-Bastille, située sur la place entre larue de Lyon et larue de Charenton, est choisi. Ouverte en 1859, elle avait fermé définitivement en décembre 1969 pour permettre l'intégration de laligne de Vincennes auRER A. Elle servait depuis de hall d'exposition temporaire. La gare est démolie en 1984 pour permettre les travaux. Le viaduc est conservé et devient pour sa part lacoulée verte René-Dumont.
Un concours pour désigner l’architecte de ce nouvel opéra est lancé en1983. 1 700 cabinets d'architecte du monde entier y participent[2]. C'estCarlos Ott, un architecte uruguayen et canadien, qui remporte le concours le.
Les représentations régulières ne débutent que le, avecLes Troyens deBerlioz.
En 1993, l’Établissement Public Opéra-Bastille (EPOB) est dissous. L’année suivante, l’Opéra Bastille devientOpéra de Paris et devient unétablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC)[5]. Les premières années de fonctionnement de la salle ont été marquées par des difficultés persistantes dans la gestion automatisée de la machinerie scénique, défaut fréquent des nouveaux théâtres qui a cependant occasionné plusieurs scandales à Paris. Des travaux réalisés sans fermeture du théâtre ont permis de parvenir à un fonctionnement satisfaisant de l’ensemble de l’équipement.
L’État a par ailleurs engagé un procès pourmalfaçon en 1991 contre les entrepreneurs en raison de la dégradation très rapide de la façade du bâtiment. Une dalle était tombée en 1990 et avait nécessité la pose de 5 000 m2 de filets de sécurité pour 530 000 euros[6]. Une polémique, de nombreux audits et études vont faire durer pendant de nombreuses années la détermination des torts, la part des assureurs et les montants financiers d’autant plus que les études vont révéler de nouveaux problèmes. Cependant la seule pierre qui soit tombée était collée et non attachée[7]. L’urgence de la livraison pour être prêt pour le bicentenaire de la révolution a conduit à des raccourcis coûteux pour la suite. L’État va finalement gagner ce long procès en 2007 : les constructeurs ont été condamnés à payer neuf millions d’euros[8] pour le remplacement des 36 000 dalles en pierre calcaire de 90 cm × 90 cm. Les études ayant été faites en 2005-2006, les travaux ont pu commencer durant l’été 2007 et ont duré 2 ans.
Avec la vétusté due au temps, les besoins du bâtiment pour les mises aux normes, notamment incendie, sont évalués à hauteur de 12 millions d’euros sur cinq ans jusqu'en 2011 selon un rapport d'information sénatorial[8].
Dans un rapport d’octobre 2024, laCour des comptes met en avant la vétusté de la structure, pointant des problèmes d’étanchéité, de machinerie, de consommation énergétique (2700 tubes fluorescents) et d’infrastructures techniques. En 2025, la presse mentionne le fait que l’Opéra Bastille devra fermer deux ans, de 2030 à 2032, pour des travaux de rénovation évalués à 400 millions d’euros, en raison de risques d’effondrement. Selon la ministre de la CultureRachida Dati, la scène est susceptible de « s’écrouler ». Ce chantier de rénovation représentera plus de la moitié du coût de construction initial (784 millions d’euros actuels)[9].
La salle principale de l'opéra comporte 2 745 places. Elle mesure 20 m de haut, 32 m de profondeur et 40 m de large[1]. Parmi les matériaux, on compte du granit bleu provenant de Lanhélin en Bretagne et du bois de poirier provenant de Chine. Le plafond lumineux est en verre. La fosse d'orchestre peut contenir jusqu'à 130 musiciens. Elle peut également être couverte.
Sa scène, une des plus modernes au monde, mesure 45 mètres de haut, 30 mètres de large et 25 mètres de profondeur[2]. Elle comporte 9 élévateurs permettant de créer plusieurs niveaux. Elle est posée sur 3 élévateurs principaux, qui lui permettent de descendre jusqu'au plateau d'arrière-scène inférieur situé au sixième sous-sol.
Foyer panoramique
Grande salle, côté balcons
Grande salle, côté scène
Scène
Deux plateaux d'arrière scène sont disposés derrière la scène :
Leplateau principal est situé au même niveau que la scène (1er étage)[1]. Il comprend un large plateau tournant situé derrière la scène, 4 espaces de stockage aux mêmes dimensions que la scène et la scène de répétition Gounod. Cette scène de répétition a les mêmes dimensions que la scène principale et dispose d'une fosse d'orchestre, de sorte qu'on peut y installer un décor complet et qu'il est possible d'y répéter dans les mêmes conditions que sur la scène principale le jour de la représentation. En outre elle est séparée du reste du plateau par un épais volet assurant l'isolation acoustique de sorte qu'il est possible d'organiser une répétition pendant que se déroule une représentation sans perturber cette dernière.
Ces deux niveaux sont reliés par un grand monte-charge, et par le plateau scénique qui peut monter et descendre entre le 1er étage et le 6e dessous. Sur chaque niveau, un système de rails et de chariots motorisés permet le déplacement des décors.
L'organisation du travail du plateau technique est de type « projet », autrement dit, il est organisé en fonction d'objectifs de spectacles bien précis. Les équipes techniques sont structurées par spectacle, depuis la création jusqu'au stockage des décors et costumes.
L'exhaustivité des métiers représentés à l'opéra contribue à un nombre important d'équipes, et donc d'employés, soit environ50 corps représentés dans une seule structure.
Le coût de fonctionnement de l'opéra Bastille a été de122 millions d’euros en 2015, financés à 48 % par des subventions publiques, le reste provenant de la billetterie des spectacles, de la location des salles, du mécénat.
En 2023, en dépit d'un taux de remplissage de 92 %, chaque billet est subventionné par l’État à hauteur de 123 euros. L’État contribue ainsi au budget de l'établissement pour199,8 millions d’euros[9].
↑On écrit le mot « opéra », sans majuscule initiale lorsque ce mot désigne le bâtiment et non la compagnie et qu'il est suivi d'un nom spécifique, comme dans « l'opéra Bastille » ou « l'opéra de Paris » (à l'époque où ce bâtiment était seul dans Paris) ; néanmoins pour désigner le bâtiment public (et pas seulement la construction), on peut aussi écrire « l'Opéra » (sans rien derrière) lorsqu'il est implicite qu'on parle de ce bâtiment précis. Ces choix sont desconventions typographiques concernant les monuments et bâtiments publics, issues pour l’essentiel d’ouvrages spécialisés en la matière, commep. ex. leLexique.
Gérard Charlet,L'Opéra Bastille, Paris, Éditions du Moniteur,, 70 p.(ISBN2-281-19039-0)..
Jean-François Pinchon et Geneviève Latour, Florence Claval (études réunies par),« L'Opéra Bastille », dansLes théâtres de Paris, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris. Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Association de la régie théâtrale,(ISBN2-905118-34-2),p. 82-89
Jean-PhilippeBiojout et PascalFardet,Les insolites de l'Opéra Bastille, Paris, bleu nuit éditeur,, 232 p.(ISBN2-913575-06-4).