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Schéma de l'apparition d'une ombre pluviométrique.
L’ombre pluviométrique est un phénomène météorologique qui se produit sur le versant d'une montagne qui n'est pas soumis au flux direct des masses d'air humide. Alors que le versant au vent de lamontagne est copieusement arrosé lors de l'arrivée de masses d'air humide menant à la formation denuages et deprécipitations, le côté protégé des vents reste beaucoup plus au sec car l'humidité atmosphérique s'est déjà déposée sur le versant face auvent au moment où la masse d'air arrive. Le phénomène est parfois lié à l'effet de foehn et parfois à une séparation entre la circulation de bas niveau et celle de haut niveau près d'unrelief montagneux important.
« Ombre » est employé par analogie parce que le versant au vent de la montagne fait écran à la pluie pour le versant moins arrosé. L'expression est relativement récente (en anglaisrain shadow) mais reconnue par l'Organisation météorologique mondiale[1]. Lesclimatologues lui préfèrent souvent la notion plus générale declimat d'abri, qui englobe les multiples effets, pluviométriques et autres, que produit ce positionnement topographique.
Au niveau des océans, sous l'effet de la chaleur, d'énormes quantités d'eau s'évaporent avant d'être transportées par des masses d'air. Lorsque ces masses d'air rencontrent des montagnes, elles sont forcées de prendre de l'altitude pour pouvoir passer outre à la dénivelée et continuer leur course. En grimpant et alors que lapression atmosphérique diminue, l'air se refroidit lentement lors d'un processusadiabatique. L'humidité de l'air a alors tendance à se condenser et à former des nuages qui donnent des précipitations parfois abondantes. Le versant de la montagne qui est face au vent peut recueillir ainsi d'énormes quantités de précipitations (pluvieuses ou neigeuses en fonction de l'altitude et des températures).
Il existe ensuite deux façons pour que le côté sous le vent soit en ombre pluviométrique :
Effet de foehn
Lorsque les nuages ont atteint le sommet et se sont refroidis, le processus inverse se produit. En descendant sur l'autre versant et alors que la pression augmente d'autant, l'air se réchauffe petit à petit (effet de foehn) et la condensation se réduit fortement, ce qui fait que les précipitations diminuent puis disparaissent d'autant plus qu'une grande partie de l'humidité a déjà disparu sous forme de précipitations sur l'autre versant. La région qui est affectée par l'ombre pluviométrique est ainsi plus aride[2].
Effet de barrière
Si lacirculation atmosphérique n'est pas assez forte ou non perpendiculaire à l'obstacle sous le sommet de la montagne, l'air de bas niveau ne passe pas de l'autre côté. Ainsi, un découplage se produit entre la circulation humide de bas niveau qui demeure en amont et celle en altitude qui continue de l'autre côté. Cette dernière peut être chargée de nuages mais les précipitations tombent dans de l'air sec de l'autre côté et s'évaporent, donnant de lavirga qui ne touche pas le sol.
Leplateau Tibétain (au-dessus) est un exemple concret de l'ombre pluviométrique. L'humidité qui arrive par le sud et l'ouest est bloquée par la chaîne de l'Himalaya (zone de coloration verte et blanche). Le plateau tibétain est ainsi privé d'une grande partie des précipitations, ce qui rend la région plus aride.
Vu que les vents dominants sont généralement orientés dans un flux d'ouest aux latitudes tempérées, les zones d'ombres pluviométriques sont généralement situées à l'est de zones montagneuses. Cependant, l'orientation des chaînes montagneuses étant aussi importante, la position de certaines zones pourra être différente. Dans les zones tropicales soufflent lesalizés qui sont des vents de nord-est dans l'hémisphère nord et de sud-est dans l'hémisphère sud. Les zones d'ombres pluviométriques se situent donc sur les versants ouest des montagnes aux basses latitudes.
Ci-dessous sont donnés quelques exemples de zones d'ombre pluviométrique.
Le côté au vent deMadagascar reçoit de l’air chaud et humide par les alizés alors que le côté opposé (l’ouest) est désertique, l’air devant passer au-dessus d'un haut plateau.
Les chaînes de montagnes le long de la côte ouest du continent (Cascades,Rocheuses,Sierra Nevada, etc.) offrent un important obstacle à l’entrée de l’humidité du Pacifique à l’intérieur des terres. L’effet le plus prononcé est dans les régions entre deux chaînes parallèles qui peuvent ainsi bloquer l’humidité arrivant de l’est également[3]. Il s'agit entre autres des déserts de laprovince géologique de Basin and Range et auMexique, incluant :
plusieurs vallées de Californie dont lavallée de la Mort, l'un des endroits les plus secs de la Terre.
La côte sud-ouest des Antilles (Cuba,Hispaniola, laJamaïque, etc.) est plus sèche que leur côte est à cause de l’ombre pluviométrique des montagnes subissant lesalizés. De la même façon, il y un contraste marqué entre les deux côtés desîles Hawaï.
Laprovince de Mendoza, enArgentine, est une région agricole et vinicole importante qui dépend entièrement de l’irrigation provenant des eaux de fonte des glaciers car elle est dans l’ombre desAndes qui la coupe de l’humidité du Pacifique.
LaPatagonie est dans le même cas et n’est utilisée que pour le pâturage des moutons.
Lapéninsule de Guajira, dans le nord de la Colombie, est dans l’ombre de lasierra Nevada de Santa Marta. Malgré sa position près des tropiques, elle est semi-aride et il ne tombe pas de pluie de sept à huit mois de l’année.
EnFrance métropolitaine, lesCévennes jouent un rôle analogue. À l'ouest de la chaîne, les hauts-plateaux sont très humides, alors que les basses vallées de l'Ardèche et duGard, ainsi que la basse-vallée du Rhône sont beaucoup plus arides et ont unclimat méditerranéen. On observe aussi un phénomène similaire au nord duMassif central : lachaîne des Puys provoque également un effet de foehn qui a pour conséquence de réduire considérablement les précipitations dans la plaine de laLimagne (qui a un climat semi-continental d'abri). Ainsi, la moyenne annuelle de précipitations n'est que de 57 cm àClermont-Ferrand[5], ce qui en fait l'une des villes avec la pluviométrie la plus faible de France. Un phénomène analogue se produit dans les vallées intra-alpines (notamment autour deGrenoble et sur laSavoie). Il en est de même enHaute-Provence et sur les versants français et espagnol desPyrénées. De même, l'effet de foehn fait queColmar, dans leGrand Est, est aussi une ville française assez sèche avec 61 cm de précipitations par an[6].
En Suisse, le canton duValais est connu pour être particulièrement sec.
La région vinicole duPiémont, dans le nord de l’Italie, est presque entièrement entourée des Alpes et reçoit peu de pluie (ex. 527 mm àAsti[7]).
EnScandinavie, des villes commeOslo qui se situent à l'est des montagnes bénéficient d'un climat plus sec que celles de la côte atlantique commeBergen (Norvège).
EnNouvelle-Calédonie, la côte est environ trois fois plus arrosée que la côte ouest de laGrande Terre. Les pluies apportées par les alizés sont bloquées par laChaîne centrale qui parcourt l’île sur toute sa longueur.
↑Organisation météorologique mondiale, « Ombre pluviométrique », surLe grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française,(consulté le)